OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Encadrer les réseaux sociaux: pourquoi les médias se trompent http://owni.fr/2011/08/02/encadrer-les-reseaux-sociaux-pourquoi-les-medias-se-trompent/ http://owni.fr/2011/08/02/encadrer-les-reseaux-sociaux-pourquoi-les-medias-se-trompent/#comments Tue, 02 Aug 2011 06:30:23 +0000 Morgane Tual http://owni.fr/?p=75239 Ça y est. Avec l’affaire DSK, les médias français ont pris conscience de l’existence des réseaux sociaux. Ou tout du moins, de leur importance. Comme les hommes politiques, qui semblent avoir découvert il y a peu Internet, il est désormais temps de “régulariser”, de “charter”, bref, de censurer.

De quoi souffre la presse aujourd’hui ? Les plus hypocrites répondront « des journaux gratuits et du Web ». Les plus honnêtes admettront que la presse souffre d’une immense crise de confiance de la part de ses lecteurs, qui critiquent ses collusions avec le pouvoir politique et économique, son manque de transparence, d’audace, et la docilité de ses journalistes.

Que veut faire la presse aujourd’hui ? Empêcher ses journalistes de raconter ce qu’ils veulent sur les réseaux sociaux. Les empêcher par exemple de critiquer « son entreprise, sa direction, son service », (Nouvel Obs.com) ou d’émettre « une opinion personnelle en contradiction avec celle de l’entreprise » (Rémy Pfimlin, France Télévisions). Tout en les incitant à faire « attention aux tweets humoristiques » (NouvelObs.com again).

Pour la transparence, l’indépendance d’esprit et le reste, on repassera.

Rafraîchir l’image de la presse

Pourtant, la liberté de ton que les journalistes ont trouvée sur Twitter est, je pense, une énorme opportunité pour rafraîchir l’image de la presse en France. Ici, le réseau a très vite été trusté par des hordes de journalistes, qui ont très récemment été rejoints en masse par les autres. Qu’y ont découvert ces personnes ? Des journalistes très différents les un des autres, très différents aussi de l’image du jeune-cadre-dynamique-sourire-colgate-pisseur-de-copie-formaté-un-brin-trop-propret.

Ils y ont découvert des humains, dans toute leur diversité, qui tweetent corporate, parlent de leurs gamins, évoquent leurs problèmes de cœur, balancent des photos cochonnes, des blagues stupides, s’émeuvent des conflits du bout du monde, se gaussent des dernières âneries de nos « représentants », photographient leur dîner, leurs pieds sur la plage, leur chien, live-tweetent une manif, racontent ce qui se passe au bureau ou dans l’Amour est dans le Pré. Des gens comme eux.

Et des journalistes motivés, intéressés, passionnés, indignés, des journalistes accessibles, qui leur racontent comment ça se passe à l’intérieur, là où se fait le journal, et aussi là où se fait le pouvoir. Bref, des journalistes qui font leur boulot, et qui redonnent confiance, je crois, à leurs lecteurs.

Je comprends qu’un média puisse être dérangé par le tweet d’une de ses journalistes s’étonnant que la rédaction soit vide à 9h. C’est ce qui s’est passé au NouvelObs.com. Mais que doit-on remettre en cause ici ? Le tweet de la journaliste ? Ou le fait que la rédaction soit vide à 9h – si tant est que ce soit un problème ?

Que des journalistes parlent de ce qui se passe au sein de leur rédaction avec un œil critique donnera finalement, je pense, une image de la presse plus transparente, plus accessible, moins arrogante.

En critiquant Libé, ses journalistes lui ont rendu service

Regardez ce qui s’est passé à l’arrivée d’Anne Lauvergeon au conseil de surveillance de Libération. Dans le journal, un sobre filet annonce sa nomination « dans l’intérêt du journal ».

Sur Twitter, autre ambiance : les journalistes de Libération se déchaînent avec des tweets tout à fait contraires à la ligne du papier, « contradiction » relevée avec humour par un TumblR dédié. Mais qu’auraient donc pensé les lecteurs de Libération si les journalistes s’étaient tenus à carreau après cette annonce ? Si le décalage entre la ligne du journal et l’expression personnelle de ses journalistes est effectivement risible, le silence des journalistes sur les réseaux l’aurait été encore plus ! Comment un lecteur de Libération, journal supposé engagé, décalé, transparent, aurait pu accepter que les journalistes se taisent sur une énormité de ce genre ? Le journal et son équipe n’en auraient été que plus décrédibilisés, ce dont ils n’ont clairement pas besoin. En critiquant leur entreprise sur les réseaux sociaux, les journalistes de Libération lui ont en fait rendu service.

Toujours est-il que les contours de ces chartes/recommandations restent très flous, et qu’il me paraît difficile de les éclaircir. On en revient à l’éternelle distinction entre prise de parole publique et privée, arbitrant du fameux « devoir de réserve ». Sauf qu’aujourd’hui, les limites n’ont plus rien de clair. A quel moment notre parole doit-elle être « modérée » ? Dans un dîner avec des amis ? Dans un dîner avec des journalistes ? Dans une formation entre professionnels ? Dans une conférence ? Sur un blog ? Sur Twitter ? A la télé ? Sur Facebook ? – ce dernier étant particulièrement problématique : ce que nous y postons est-il privé ou public, étant donné que nous choisissons nos “amis”/”lecteurs” ?

Quand je tweete ivre à trois heures du matin, je ne suis pas journaliste

Autre question : qu’a-t-on le droit de dire ou non ? Un tweet anti-gouvernement est-il interdit ? Blague raciste ? Gif scato ? Critique de l’entreprise ? Jeu de mot foireux sur un fait-divers ? Dire qu’on mange des pâtes ? Dire qu’on a croisé une star dans l’ascenseur du journal ? Appel au boycott ? Poster un lien vers un média concurrent ? Mort aux vaches, mort aux condés ?…

A vrai dire, je crois que je m’en contrefous. Le simple fait d’avoir à me demander, en France, en 2011, ce que je suis autorisée à écrire ou non me colle un franc bourdon. L’impression que toutes ces années passées à bloguer, à Tweeter, participer à la création d’un nouvel espace auto-géré pétillant et ultra-fertile n’aura servi à rien. Il faut, encore une fois, que l’establishment vienne s’en mêler pour expliquer ce qu’il convient, ou non, de faire, de dire, de penser.

Cela dit, certains médias, comme le Nouvel Obs, expliquent que les restrictions s’appliquent « si vous indiquez ‘journaliste de l’Obs’ dans votre bio ». Pourquoi pas. S’il faut un compromis, autant que ce soit celui là. Ou le coup du double-compte : un pro, un perso. Mais c’est un peu hypocrite. Et limite prendre les gens pour des idiots, puisqu’avec une simple recherche sur Google, chacun peut savoir à quel média appartient le journaliste en question.

L’autre souci est que cette règle ne semble pas si claire puisque, quelques lignes plus loin, il est recommandé de limiter les blagues, « si vous mentionnez votre vie professionnelle », ce qui est TRES différent de « si vous indiquez ‘journaliste de l’Obs’ dans votre bio ». – ceci dit, ces indications sont issues d’un mail envoyé par le rédacteur en chef à son équipe, ce n’est pas une charte longuement ruminée.

Quoi qu’il en soit, les frontières entre vie professionnelle et vie privée ont bougé. On n’est plus, de 9h à 19h, le prototype du journaliste parfait, pour devenir un anonyme une fois gentiment rentré chez lui. Notre identité virtuelle nous poursuit. Cela signifie-t-il que l’on est journaliste 24/24h ? Non, mille fois non. Quand je tweete ivre à trois heures du matin, je ne suis pas journaliste. Mais je suis toujours une internaute, qui publie du contenu en ligne. Et je ne vois pas de quel droit mon entreprise aurait le droit de s’immiscer là-dedans.

Entre auto-censure et bon sens

Mais finalement, le fait que je raconte, comme tout le monde, des bêtises sur Twitter signifie-t-il que je suis une mauvaise journaliste ? Les personnes me suivant sur ce réseau auront-ils moins confiance dans mes articles ? Et au final, les rédactions rechigneront-elles plus à collaborer avec moi ? Je ne crois pas – en tout cas jusqu’ici. Et j’aurais même tendance à dire, sans certitude toutefois, « au contraire ».

D’autant plus que, si les entreprises de presse s’inquiètent d’avantage de ce que leurs employés balancent sur les réseaux sociaux, elles sont néanmoins les premières à leur réclamer de tweeter du contenu corporate, d’autant plus s’ils disposent d’un nombre conséquent de followers. Personnellement, j’ai toujours détesté qu’une rédaction me demande de tweeter du contenu. Et je me suis quasiment toujours débrouillée pour ne pas le faire : mon blog, mon Facebook, mon Twitter n’appartiennent pas à l’entreprise. Partager du contenu sur mes espaces personnels ne fait pas partie du contrat. Cela dit, bien évidemment, je retweete de moi-même les contenus que je juge intéressants produits par le média en question. Rester maître de son contenu est aussi une question de crédibilité vis-à-vis de ses followers. Car si Twitter devient une zone « corporate », où chacun propage, sans saveur, ce que sa boîte lui demande… qui ira s’abonner à ces comptes ? Un peu de #LOL, de #NSFW (ndlr : “not safe for work”) et d’insolence font tout le charme de nombreux comptes « influents ».

Toutefois je dois admettre que, même si je ne me gêne pas pour exprimer mes opinions sur l’actualité et propager des LOLcoiffeurs stupides, je ne critique néanmoins jamais les entreprises dans lesquelles je travaille. Certains diront que c’est du bon-sens. Qu’il ne faut pas cracher dans la soupe. En réalité, ce n’est rien d’autre que de l’auto-censure. De la peur. « Si je dis ça, je risque de déplaire à mon employeur, peut-être de perdre mon job et d’être mal vue dans le milieu », point.

Il est loin, le journalisme gonzo.

Billet initialement publié sur le blog de Morgane Tual sous le titre “Encadrer les réseaux sociaux : pourquoi les médias se trompent”

Illustrations FlickR CC PaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification par Laughing Squid Paternité par Johan Larsson

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Jeunes journalistes: qu’est-ce qu’on attend pour ne plus suivre les règles du jeu ? http://owni.fr/2011/01/10/jeunes-journalistes-quest-ce-quon-attend-pour-ne-plus-suivre-les-regles-du-jeu/ http://owni.fr/2011/01/10/jeunes-journalistes-quest-ce-quon-attend-pour-ne-plus-suivre-les-regles-du-jeu/#comments Mon, 10 Jan 2011 14:45:59 +0000 Morgane Tual http://owni.fr/?p=41689

[Préambule de Jean-Christophe Féraud, sur le blog duquel ce billet a été publié.]

Cela faisait un moment que j’avais envie de savoir comment les jeunes journalistes web-natives vivaient leur entrée dans une profession qui, dans les faits, n’a plus rien d’un rêve de gosse rose bonbon : précarité institutionnalisée en forme de stages et CDD à répétition, productivisme Shiva en guise de vadémécum, règne des petits chefs sur des rédactions web organisées pour le flux et rien que pour le flux, arrogance aveugle des “newsosaures” de l’ère imprimée face à la grande mutation numérique de l’information… La condition faite à cette génération surdiplômée et bien mieux formée que nous ne l’étions est indigne. Et la crise de la presse n’explique pas tout. Notre génération, celle de Gutenberg, a été jusque-là incapable de comprendre et de s’adapter aux enjeux de la révolution Internet. Et dans bien des cas, tue toute velléité d’innovation dans les rédactions en ignorant superbement ce que les jeunes ont à nous apprendre du web. Je voulais lire tout cela sous la plume d’un confrère de moins de 30 ans. Morgane Tual, qui fut ma stagiaire il y a quelques années, a relevé le gant. Et le résultat décoiffe au-delà de mes espérances. Car la “Génération Y” en prend aussi pour son grade… Lisez plutôt le billet de mon invitée.

Envie d’écrire, mais manque d’inspiration. Twitter sert à tout, même à trouver de quoi bloguer. C’est Jean-Christophe Feraud, mon ancien patron aux Échos, vieux con autoproclamé du genre qu’on aimerait voir plus souvent, qui m’a soufflé cette idée de sujet : “Jeunes/vieux journalistes, papier/internet, conflits de génération ?”.

À la lecture, j’étais moyennement emballée. J’en ai un peu marre du branlage de nouille journalistico-twitto-intello du moment. Et puis j’ai changé d’avis. Les vieux journalistes et leurs grands principes, les jeunes journalistes et leur manque de principes, j’en parle souvent, à l’oral. Alors autant l’écrire. En précisant bien qu’il ne s’agit que d’un coup de gueule, et que mes propos sur les cons, vieux ou jeunes, ne sont pas à généraliser.

Les vieux cons

La seule fois où nous avons eu un semblant de cours sur Internet, dans mon école de journalisme, c’est un vieux type, une “pointure”, qui est venu nous faire la leçon. Globalement, j’ai toujours trouvé cela étrange que des personnes de soixante berges viennent nous apprendre la presse, alors qu’ils l’ont fichue en l’air. Ils nous lèguent des médias au bord de la faillite, un mépris généralisé (et bien mérité) des citoyens à notre égard, et nous enseignent la bonne vieille méthode pour continuer.

C’est d’autant plus amusant quand un journaliste d’un certain âge vient nous faire la leçon sur Internet. Ces types, qu’on a balancés à la tête de rédactions web parce qu’ils avaient “du bagage” et l’audace d’avoir ouvert un compte Facebook en 2007, ont tout appris dans des colloques. Ils sont généralement aussi sensibles au web qu’un ornithorynque confronté à une Playstation. Ils nous racontent avec une certitude insensée qu’écrire pour le web, c’est écrire court. C’est mélanger du texte avec de la vidéo et du son. Sinon, ce n’est pas “web”. Encore moins “web 2.0″.

Pas d’accord. En fait, personne ne sait ce qu’est le journalisme web, et finalement, c’est aussi bien. Ce qui est valable aujourd’hui ne le sera plus demain. Nous pédalons tous dans la semoule/choucroute/caviar et, confidence pour confidence, j’adore ça. Chercher à établir des “règles”, des “pratiques”, peut-être que c’est finalement cela qui est anti-web. Néanmoins, qu’un type de 40, 50, 60 ans – ou de n’importe quel âge – ne détienne pas toutes les vérités sur la publication en ligne n’est pas choquant en soi. Ce qui l’est, en revanche, c’est le manque de curiosité. Pendant ces cours, il ne viendrait pas à l’esprit du journaliste-professeur de nous interroger sur nos pratiques, tout occupé qu’il est à se faire mousser devant des jeunes admiratifs. On l’a vu, les vieux journalistes ne sont pas à une contradiction près. Entre le discours et la pratique, il y a un grand canyon.

Entre eux, dans les conférences où ils interviennent, tous tiennent le même discours : les jeunes sont formidables. “Nous avons tout à apprendre des digital-natives, ils ont le web dans le sang, nous sommes très à l’écoute des jeunes et des nouvelles pratiques”. Étrangement, dans les nombreuses rédactions que j’ai fréquentées, personne ne m’a jamais demandé mon avis de (presque) digital-native. Tu peux marquer HTML en capitales rouges sur ton CV, tout le monde s’en tamponne. Pour parader dans des séminaires en expliquant que les jeunes sont formidables, il n’y a aucun problème.

Mais la réalité, c’est que les jeunes moisissent dans des rédactions pourries, payés que dalle, parfois ignorés, rarement remerciés, pour des stages aux limites de la légalité, à bosser comme des bêtes à pondre de la dépêche minable jusqu’à pas d’heure. La remise en question, ce n’est bon que pour les conférences. En vrai, on attend sagement la retraite, en glorifiant le temps d’avant, en accusant le web de tous les maux de la presse, en évitant soigneusement de se sentir responsable. Après nous, le déluge.

Les jeunes cons

Heureusement, la jeune génération est là pour prendre le relais. Non ? Non. La génération Y, c’est surtout la génération plan-plan. Aussi bien pensants que nos aînés. Sauf que les vieux, eux, ont au moins le mérite d’avoir été jeunes une fois dans leur vie, en essayant de tout foutre en l’air dans les années 60-70. Aujourd’hui, on fait du journalisme pour être reconnu socialement, et surtout pas pour faire évoluer le métier. On rêve de parler dans le poste avec le même ton cloné, d’écrire dans des journaux prestigieux et, si on a de la chance et la belle gueule qui va avec, de faire de la présentation à la télévision, summum de la gloire. Quitte à reproduire éternellement le même modèle qui, on le sait désormais, est voué à l’échec. Bref, réinventer le journalisme, très peu pour nous. Dorénavant, les rares à lancer de nouveaux projets ambitieux ont souvent passé la cinquantaine. Et le seul à s’être montré impertinent comme nous, jeunes cons, devrions l’être si nous remplissions notre rôle social, est un vieil anar octogénaire. Aujourd’hui, lancer un média est pourtant devenu techniquement et financièrement bien plus accessible qu’auparavant. Nous disposons d’une liberté immense. D’un espace de jeu illimité. Et nous n’en prenons pas possession. Les quelques journaux lancés par des jeunes motivés, même s’ils sont souvent d’une remarquable qualité, restent néanmoins d’une sagesse désespérante.

Nous sommes la génération CPE. Notre combat, ce n’était pas de changer le monde. Non, nous, tout ce qu’on voulait, c’est un putain de CDI ! En 1968, les jeunes voulaient abolir le travail et le consumérisme. Nous on veut un contrat afin de pouvoir s’acheter une bagnole à crédit. La sécurité. le confort. Surtout ne rien changer. Quid des “digital-natives” ? Dans ce contexte d’insécurité complète du marché de l’emploi, le web est devenu une immense opportunité pour se faire connaître, hors des sentiers-battus du CV à papa. Le “personal branding”, dépasser les mille followers sur Twitter, se faire inviter dans des soirées parisiennes VIP, chics et underground est devenu un but en soi.

Nous passons beaucoup de temps sur ces futilités, nous éloignant chaque jour davantage du reportage de terrain, de l’enquête et, surtout, des gens. De tous ces gens qui ne savent pas ce qu’est le web 2.0, encore moins ce qu’est Twitter, qui s’en foutent et qui, en plus, ont sans doute bien raison.Qu’est-ce qu’on attend pour ne plus suivre les règles du jeu ? Qui prendra la suite de Siné, pour chier dans la colle, à notre façon ?

Billet initialement publié sur Mon écran radar

Image CC Flickr squidtestes et infomatique

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Je suis une personal branleuse http://owni.fr/2010/09/21/je-suis-une-personal-branleuse/ http://owni.fr/2010/09/21/je-suis-une-personal-branleuse/#comments Tue, 21 Sep 2010 06:40:30 +0000 Morgane Tual http://owni.fr/?p=28680 Le jeune journaliste Jeremy Joly s’est récemment défendu sur son blog de mener une campagne de personal branding. Parce que c’est une accusation. Il y a quelques jours, j’ai moi même été « accusée » de personal branding. J’ai mis mon CV à jour et, naturellement, je l’ai signalé sur Twitter. Ce qui m’a valu quelques remarques acerbes me traitant, donc, de personal brandeuse.

Oui, et alors ?

Je suis une personal brandeuse. Et je ne vois pas où est le problème. Je traîne sur la toile, fabrique des sites et y publie du contenu depuis une douzaine d’années maintenant. En 2006, à mon entrée en école de journalisme, j’ai décidé, pour la première fois, de créer un site sous mon vrai nom. L’objectif – entre autres : me créer une vitrine sur internet, à destination de mes potentiels futurs employeurs. C’était il y a quatre ans, et je n’avais jamais entendu parler de personal branding.

Avec le développement des réseaux sociaux, j’ai comme tout le monde ouvert un compte Facebook, à usage purement personnel, créé une page DoYouBuzz, LinkedIn et ouvert un compte Twitter.

C’est là que les choses ont changé de dimension. Pour une journaliste web, Twitter permet de se connecter à tous ses semblables, d’échanger avec eux, de s’enrichir à leur côtés et… de se faire connaître d’eux. Auparavant, j’envoyais des CV. Aujourd’hui, je tweete. Et autant vous dire que le résultat est incomparable.

Je ne vois pas en quoi cela est un problème. Je n’ai pas le sentiment de me corrompre, ni de jouer un rôle. Je prends mon pied sur ce réseau social. Je poste des articles très professionnels, des photos de Scarlett Johanson aguicheuses, des gifs de pets, que cela plaise ou non à mes futurs – ou actuels – employeurs.

Il ne s’agit pas de se faire remarquer à tout prix, de plaire, de « rechercher la célébrité » ou « la reconnaissance », comme le déplore Jérémy Joly. Je suis ce que je suis, je suis simplement plus « accessible » aux personnes avec lesquelles je partage des intérêts communs.

Il ne s’agit que d’une simple affaire de réseau professionnel. Le personal branding a toujours existé, après tout. Avant aussi, on essayait « de se faire un nom ». On traînait dans les cocktails chics, on serrait les pinces des gens « importants », on distribuait des cartes de visite, on essayait de donner une certaine image de soi. Maintenant, tout va plus vite. Le personal branding, c’est comme Internet en général : la vraie vie, mais en amplifié.

Billet initialement publié sur le blog de Morgane Tual

Photo CC Flickr marichica88

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L’auto-critique, oui, mais seulement dans le discours http://owni.fr/2010/02/17/l%e2%80%99auto-critique-oui-mais-seulement-dans-le-discours/ http://owni.fr/2010/02/17/l%e2%80%99auto-critique-oui-mais-seulement-dans-le-discours/#comments Wed, 17 Feb 2010 10:53:12 +0000 Morgane Tual http://owni.fr/?p=8387 Il est impressionnant de voir comment, dans le documentaire d’Arte « Huit journalistes en colère », les « pointures » des médias sont capables de se remettre en question. Avec des discours parfois assez justes.

Cela m’a toujours surprise. Dans la plupart des rédactions dont j’ai croisé la route, même dans les plus suivistes et critiquables, les journalistes ont souvent fait preuve d’une grande capacité de remise en question. Là où je pensais que la plupart d’entre eux consacraient l’essentiel de leur temps de cerveau à reproduire bêtement l’AFP, je me suis rendue compte qu’il existait malgré tout une lueur d’intelligence, une petite place dans les méninges consacrée à l’auto-critique.

Le plus surprenant, c’est que malgré cette réflexion, la plupart d’entre eux (d’entre nous, devrais-je dire) passent toujours l’essentiel de leur temps à bâtonner des dépêches ou à ordonner aux autres de le faire. Même si certains ne l’assument pas et dissimulent cette triste vérité à eux-mêmes sous couvert de beaux discours. En clair, les journalistes sont conscients de faire de la merde, mais ils continuent gaiement tout en se disant « ce qu’il faut, c’est arrêter de faire de la merde ».

C’est du vécu

Un exemple m’a particulièrement frappée. En faisant le tour des dépêches (évidemment), je tombe sur cette information. Un virus tout aussi dangereux qu’Ebola a été découvert en Afrique du Sud. Point de rouge clignotant sur la dépêche, pas même un léger jaune, pas de redit, juste une dépêche perdue au milieu de mille autres. J’en informe mon rédacteur en chef qui, intrigué, vérifie aussitôt sur son propre fil AFP (une information donnée par un journaliste n’est validée par ses semblables que si elle a été donnée par un membre de la sacro-sainte Trinité AFP-AP-Reuters, mais c’est un autre débat).

L’information le souffle, « c’est dingue », s’exclame-t-il. Il montre ça à un collègue, et ils s’esclaffent, tous les deux « Ce qui est hallucinant c’est qu’un truc comme ça, tout le monde s’en fout alors qu’on en fait des caisses sur la grippe A ! » Bien, même dans un des médias les plus conformistes du secteur, on est conscient de l’absurdité de certains choix éditoriaux.

Sauf que. Une fois avoir bien ri, chacun est retourné à son poste. Et aucun sujet n’a jamais vu le jour.

> Article initialement publié sur le blog de Morgane Tual

> Photo d’illustration Truthout.org sur Flickr

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