OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Bye bye banquise http://owni.fr/2012/09/28/bye-bye-banquise/ http://owni.fr/2012/09/28/bye-bye-banquise/#comments Fri, 28 Sep 2012 15:33:37 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=121237 Owni fait le tour de la question avec plein de data dedans.]]>

D’ici 3 ans, l’Arctique pourrait devenir un océan comme les autres.

Les derniers relevés du National Snow and Ice Data Center (NSIDC hebergé par l’université du Colorado) et la Nasa faisaient état d’une chute à 3,41 millions de kilomètres carrés de banquise au Pôle Nord (16 septembre dernier), soit 18% sous le précédent record en septembre 2007 (4,4 millions de km2). Mais surtout, moins de la moitié de mer gelée qu’à la fin des années 1970, aux premières mesures. Selon le glaciologue Peter Wadhams du département de physique de l’Océan polaire de l’université de Cambridge, l’accélération du phénomène pourrait mener à la disparition pure et simple de cet océan gelé non pas à l’horizon 2070, comme le prévoyait le Giec en 2007, mais en… 2015-2016.

L’ampleur du phénomène est difficile à se figurer en se postant sur un pôle (exercice peu courant sous nos latitudes). La quantité de mesures réalisées (et mises à disposition en ligne) par le NSIDC permet néanmoins de constater l’évolution générale du phénomène. Comme toute étendue de glace (terrestre ou marine), la banquise arctique gèle et fond au rythme des saisons, suivant un yoyo d’une amplitude de plusieurs millions de kilomètres carrés de patinoire. Un graphique de ce cycle prenant en compte toutes les données mises à disposition par le centre depuis les premières mesures en 1978 ne met guère en évidence phénomène qui alarme les scientifiques (voir le graphique ci-dessus).

En revanche, en relevant les minimas de chaque année (généralement au mois de septembre), le rétrécissement de la banquise arctique apparaît comme brutal et récent (voir le graphique ci-dessus). Entre 1978 et 2000, la surface ne dépasse pas les 7,6 millions de kilomètres carrés et ne descend jamais sous 5,6. A partir de 2001, elle n’excèdera plus les 6 millions de kilomètres carrés et approchera même 4 millions de kilomètres carrés en 2007.

Un datagif qui glace le sang

Rapportés à un carte, le constat n’est pas si évident : coincée entre le Nord de la Russie et le champs clairsemé des îles canadiennes, la régression est visible mais pas spectaculaire. A la manière de Skytruth, nous avons transposé la surface de ces étendues glacées aux contrées tempérées de notre luxuriante Europe. Les relevés géographiques mensuels des contours de la banquise de NSIDC, une fois projetés sur Google Earth, font apparaître l’effondrement (voir notre carte en .gif ci-dessous). Dans les années 1980, c’est toute l’Australie que l’on aurait pu cacher sous les glaces arctiques tandis que depuis 2007, seuls les Etats membres de l’Union européenne y trouveraient leur place…

Faute de relevés géographiques, nous avons du nous contenter pour le record de 2012 d’une projection. Le plus bas de 2012 étant de 18% inférieur à celui de 2007, les contours représentés sur la carte représentent, à proportion, la diminution de la surface minimum de la banquise. Au 16 septembre 2012, la partie gelée de l’Arctique représentait seulement 3,41 millions de kilomètres carrés, soit l’équivalent des surfaces ajoutées de 16 pays européens (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France, Irlande, Italie, Norvège, Pologne, Portugal, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède et Suisse, en se basant sur les données géographiques de la Banque mondiale).

Plongée dans la mer, la banquise se comporte comme un glaçon dans un verre : l’eau issue de sa fonte n’entraîne pas, ni n’entraînera directement la montée des eaux. Elle représente cependant un “stock” de froid qui influence la température des courants marins et aériens, dont l’évolution pourrait influer sur notre climat si ce stock venait à disparaître. Si la banquise arctique n’est pas la fièvre elle-même, elle constitue un thermomètre efficace du bouleversement climatique qui s’opère. Mais un thermomètre qui disparaît à vue d’oeil et ne sera bientôt plus qu’une goutte d’eau dans l’océan.


Nos données

Toutes les données utilisées sont tirées du Sea Ice Index du NSIDC (à l’exception des données de surface des pays, récupérées sur le site de Banque mondiale) :
-l’intégralité des mesures de l’étendue de la banquise arctique depuis le 26 octobre 1978 (Google fusion table) ;
-les minima et maxima de surface de 1979 à 2010 (Google Drive). Les mesures n’étant pas complètes pour l’année 1978, nous avons préféré l’exclure de ce tableau.


Photos par StormPetrel et Jeff Huffman sous licences Creative Commons, remixées par Ophelia Nor pour Owni /-)
Carte et gif : Sylvain Lapoix et Nicolas Patte. La carte a été réalisée grâce à Qgis et Google Earth.

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Appel au buzz: les impacts mondiaux du réchauffement en Arctique dépassent les prévisions http://owni.fr/2009/09/03/appel-au-buzz-les-impacts-mondiaux-du-rechauffement-en-arctique-depassent-les-previsions/ http://owni.fr/2009/09/03/appel-au-buzz-les-impacts-mondiaux-du-rechauffement-en-arctique-depassent-les-previsions/#comments Thu, 03 Sep 2009 10:51:24 +0000 Isabelle Delannoy http://owni.fr/?p=3193 Par Isabelle Delannoy, d’Ecolo-Info, co-auteur du film Home, réalisé par Yann Arthus-Bertrand.

Le WWF vient de sortir une étude compilant les études récentes sur l’Arctique. Elle confirme ce dont nous vous avions déjà parlé dans Ecolo-Info après l’échec des précédentes pré-négociations à Bonn (cf notre billet du 17 août, Copenhague : la moralité des pourparlers de Bonn): les estimations les plus pessimistes réalisées par les scientifiques ne cessent d’être dépassées et de plus en plus vite. La machine climatique semble bien être une boîte noire qui contient des éléments accélérateurs que nous n’avons pas identifiés ou dont nous sous-estimons l’action.

Cette étude du WWF vient à point nommé alors que les pré-négociations pour Copenhague se déroulent en ce moment à Genève. Seule une levée massive de la population peut conduire les dirigeants à prendre les mesures qui s’imposent en décembre. ET CE N’EST POUR L’INSTANT PAS LA VOIE QU’ILS PRENNENT.

Le climat des vingt prochaines années est joué. Mais celui de la fin du siècle dépend de nous. Limiter le réchauffement à deux degrés implique de limiter par deux les émissions d’ici à 2050 à l’échelle planétaire (c’est à dire de 80 % pour les pays industrialisés)?* Ceci est une fourchette basse. De nombreux scientifiques commencent à parler de 50 % avant 2020. C’est à dire encore d’une diminution de 80 % pour les pays industrialisés.

80 pays se sont déjà alliés pour demander un accord permettant de ne pas dépasser une hausse des températures de 1,5°C à l’échelle de la planète. Nous en sommes déjà à près de 1°C. A Bonn, il y a 15 jours, les pays du Nord, nos pays, historiquement responsables leur ont claqué la porte au nez. Comment pourrons-nous continuer à vivre ensemble sur cette planète de plus en plus petite si nous ne faisons pas face à nos responsabilités? Vers quelles tensions à l’échelle globale nous avançons-nous?

Leurs conclusions dressent un tableau vraiment inquiétant” explique le Dr Martin Sommerkorn, conseiller scientifique sur le changement climatique pour le programme Arctique du WWF. “Ce que révèle ce rapport, c’est que le réchauffement de l’Arctique constitue bien plus qu’un problème local, c’est un problème mondial. En clair, si nous ne maintenons pas l’Arctique à des températures assez basses, des populations des quatre coins du monde en subiront les effets.”

Nous savons par l’étude des climats passés que le climat est un mécanisme qui peut s’emballer. A partir d’une certaine température, l’accélération n’est plus contrôlable et emmène vers une Terre aux mécanismes littéralement inconnus. Les études géologiques ont montré contrairement à ce que l’on pensait que ce changement peut être très brutal et se réaliser en quelques décennies. Tout montre que nous nous avançons vers cette phase. Nous n’en avons pas la mémoire car ces changements climatiques ne se sont pas passés du temps de l’homme, qui n’a que 200 000 ans sur une Terre qui a 4,5 milliards d’années.

C’est pourquoi il me semble que cette information sur l’accélération du changement climatique, doit être diffusée le plus largement possible. Toute pression citoyenne pour ne pas tourner Copenhague en échec, est bonne à prendre et nécessaire. Copenhague commence le 9 décembre. Il est temps de se mobiliser.

Vous avez un blog ? Diffusez ce communiqué de presse. et si vous ne bloguez pas, vous avez bien un mail et un carnet d’adresse ! Buzzez…!

++ Notes ++

* jean Jouzel : interview donnée au Télégramme, le 5 janvier 2009

++ Liens ++

Le réchauffement en Arctique constitue une bombe à retardement car la fonte des glaces risque de provoquer un relargage de gaz à effet de serre et une montée des eaux menaçant 1/4 de la population mondiale. C’est ce que nous apprend le nouveau rapport du WWF.

Le rapport “Les rétroactions du climat en Arctique: implications mondiales” publié aujourd’hui, souligne les conséquences mondiales désastreuses du réchauffement de l’Arctique qui s’avèrent bien plus graves que les prévisions précédentes. Ce rapport inédit rédigé par des scientifiques leaders dans le domaine, fait le point sur les connaissances actuelles sur le réchauffement de l’Arctique.

Leurs conclusions dressent un tableau vraiment inquiétant” explique le Dr Martin Sommerkorn, conseiller scientifique sur le changement climatique pour le programme Arctique du WWF. “Ce que révèle ce rapport, c’est que le réchauffement de l’Arctique constitue bien plus qu’un problème local, c’est un problème mondial. En clair, si nous ne maintenons pas l’Arctique à des températures assez basses, des populations des quatre coins du monde en subiront les effets.”

L’Arctique en état de fièvre

Le rapport montre clairement que de nombreuses rétroactions liées aux bouleversements du climat de l’Arctique rendront le dérèglement climatique mondial bien plus grave que ce que nous indiquaient les projections les plus récentes, notamment celle du dernier rapport du GIEC en 2007.

La fonte spectaculaire des glaces de mer – qui est deux fois plus rapide que la moyenne mondiale – influencera radicalement la circulation atmosphérique et les conditions météorologiques en Arctique et dans le monde. Cela pourrait changer radicalement le climat (températures et précipitations) en Europe et en Amérique du Nord, affectant ainsi l’agriculture, les forêts et les réserves d’eau.

Le dégel des sols et zones humides : une bombe à retardement dont le compte à rebours est déjà amorcé

Les sols et zones humides gelés contiennent deux fois plus de carbone que l’atmosphère. Etant donné le réchauffement en Arctique, ces sols vont fondre et relarguer du dioxyde de carbone et du méthane dans l’Atmosphère, à des rythmes bien plus rapides. Les taux de méthane dans l’atmosphère, un gaz à effet de serre particulièrement puissant, ont augmenté ces deux dernières années. Cette augmentation semble liée au réchauffement de la toundra septentrionale.

L’élévation du niveau des océans qui s’accélère

Cette étude du WWF, première en son genre, qui intègre le sort des calottes glaciaires du Groenland et de l’Ouest de l’Arctique dans des prévisions de niveau mondial des mers, conclut que le niveau des mers risque fortement de s’élever d’au moins un mètre d’ici à 2100 (plus de deux fois plus que ce que prédisait le rapport du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat). Les inondations provoquées par ce phénomène dans les régions côtières toucheront plus d’1/4 de la population mondiale.

Selon le Dr Sommerkorn “ce rapport montre qu’il est urgent de ralentir les émissions de gaz à effet de serre tant qu’il est encore temps. Si on laisse l’Arctique devenir trop chaud, il n’est pas sûr que nous puissions garder ces rétroactions sous contrôle“.

Voir l’interview video du Dr. Sommerkorn, ainsi que plusieurs vidéos d’illustration

En décembre 2009, les gouvernements de 191 pays vont se rencontrer à Copenhague pour le cycle final de négociations pour un nouvel accord mondial sur le climat. Les négociations à Copenhague doivent approuver un nouveau cadre légal pour une action mondiale sur le climat à partir de 2013. Ce cadre devra garantir des réductions d’émissions bien plus fortes et rapides de la part des pays industrialisés, et le financement destiné à permettre aux pays en développement de prendre également des mesures pour le climat. Nous n’avons plus le choix, face à l’ultimatum climatique nous devons agir.

Il faut tenir compte de ces signaux de l’Arctique, et prendre les mesures nécessaires à Copenhague en décembre prochain pour parvenir à un accord qui limite rapidement et efficacement les émissions de gaz à effet de serre” déclare James Leape, Directeur Général du WWF International.



> Article initialement publié sur Ecoloinfo.com

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