OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Le jour où Facebook m’a rendue zinzin http://owni.fr/2012/09/25/le-jour-ou-facebook-ma-rendue-zinzin/ http://owni.fr/2012/09/25/le-jour-ou-facebook-ma-rendue-zinzin/#comments Tue, 25 Sep 2012 15:21:23 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=120871

Mini-pizzas, vin rouge et Fifa (un beau Chelsea-Bayern de Munich). On était tranquilles quand tout s’est emballé. Le bug Facebook a pris le contrôle de nos esprits. Et accessoirement, m’a fait perdre la partie.

Pourtant, c’est pas comme si on était pas au courant. Plus tôt dans la journée, tout l’Internet français avait été alerté. Pour ma part, c’est vers 16 heures que j’apprends que Facebook aurait rendu publics par erreur des messages privés envoyés aux alentours de 2009. Affiché des conversations sur la timeline qui nous sert depuis fin 2011 de profil.

Immédiatement, je me rue sur le mien afin de vérifier la fameuse “rumeur” (à prononcer l’air grave avec un tremblement dans la voix). Là, je tombe sur une boîte louche, au début des contenus publiés chaque année depuis mon inscription sur le réseau social. Intitulée, par exemple “Friends 2009″ :

x friends posted on Andrea’s timeline.
[NDLR : oui, je ne sais pour quelle raison, mon profil est toujours en anglais. Ce qui donne en bon français : "x amis ont posté sur le journal d'Andréa"]

Et qui figure juste à côté d’une boîte similaire, consacrée aux messages d’anniversaire de la même année.

Dans cette boîte, j’aperçois des messages de ma sœur, de mon père (“j’ai envoyé un mail, tu l’as vu?!”), d’amis qui me demandent les plans pour le Nouvel an, de commentaires du petit ami de l’époque. Mais rien de croustillant. Enfin, de ce que j’ai pu apercevoir. Paniquée à l’idée que quoi que ce soit d’intime puisse tomber entre les mains d’amis stalkers, je décide de tout cacher (“Hide”) et de vite aller lorgner sur les comptes des copains. Sans prendre de captures d’écran du mien. Erreur fatale.

Capture or it didn’t happen

Pourtant j’ai hésité. Sur Internet, tout le monde le sait : la capture d’écran est reine. Parce que si le fail (de la faute d’orthographe à l’insulte regrettable, en passant par le DM rendu public) peut vite être publié, sa disparition est tout aussi rapide. Dans ces cas là, seule la capture fait foi. Et on ne s’est pas privé de me le rappeler. Faisant basculer ma soirée dans un véritable cauchemar.

Car ce qui était une bonne occasion de rire et, avouons-le, d’aller fureter dans les comptes des uns et des autres, a tourné à l’affaire d’État. Vers 20 heures, Facebook déclare :

Nos ingénieurs ont étudié ces cas et constaté que ces messages étaient en réalité d’anciens messages postés sur les murs qui ont toujours été visibles sur les profils des utilisateurs. Facebook affirme qu’il n’y a aucune atteinte à la vie privée des utilisateurs.

Deux camps se sont alors faits face. La team #bug, persuadée d’avoir vu des messages trop prosaïques, trop évocateurs ou trop répréhensibles pour avoir été volontairement ouverts au grand public ; et la team #hallu, voyant dans cette agitation la manifestation d’une hallucination collective.

Là, les messages pleuvent. Facebook, évidemment : captures, commentaires. “Si ça n’est pas un bug, alors j’étais vraiment très con de publier ce genre de choses sur le wall”. Twitter aussi. Le doute s’installe. ”C’est pas possible de pouvoir penser ça !” On s’écharpe, on essaie de prouver que ce qu’on a vu, ou non, est la preuve d’une ou l’autre théorie.

Équivalent Petit-gris du point Godwin, la théorie du complot rapplique vite. Jusqu’à en venir aux SMS :

Prouve moi que le 11 septembre n’est pas arrivé !

Pour se chambrer d’abord, plus sérieusement ensuite. Dans mon coin, je tape des pieds : je tiens à prouver ce qui me semble être vrai. Avec la même obsession que le camp d’en face.

Je consulte l’”activity log” de mon compte (sur votre profil, en haut à droite), supposée archiver tous mes faits et gestes depuis mon inscription. Je télécharge, grande première, l’intégralité de mon profil en .zip. Et me retrouve très vite dans l’impasse : la seule façon de prouver avec certitude que des messages privés se sont retrouvés à l’air libre, sur mon profil, est d’en retrouver la trace dans une autre boîte aux lettres que celle proposée par Facebook. Il est en effet possible de recevoir une notification à chaque nouvel envoi de message privé… Encore faut-il retrouver celles qui datent de 2009. Et à cette date, mon adresse actuelle n’existait pas. Il faut s’en retourner vers les limbes. Hotmail. Pire : wanadoo.

Et surtout, retrouver les mots de passe qui pourraient à eux seuls tout résoudre. Deux, trois, quatre tentatives : sans succès. Il est minuit, je n’en peux plus : il est temps de cliquer sur le fameux ”j’ai oublié mon mot de passe”. ”Quel est le nom de mon premier animal de compagnie ?” Fuck. Je les ai pourtant tous aimés, impossible de s’en souvenir avec certitude. Finalement, “Melchior” l’emporte (oui, Melchior). Enfin, je vais savoir si oui ou non Facebook déploie une communication éhontée dans toute cette histoire. Ou pas. Après toutes ces épreuves, je découvre que MSN a supprimé tous mes mails. Sans préavis. Rien, nada, dans cette boîte souffle un vent glacial. Et ce n’est pas mieux sur wanadoo, qui demande que l’utilisateur principal de la ligne change lui même mon mot de passe d’utilisateur secondaire. A l’époque, mon père certainement. Qui depuis longtemps a fermé son abonnement. Désespoir.

Moi, cette nuit, vers 1h30 du matin

Je vois des messages qui sont morts

Oui, Facebook m’a rendue zinzin. Jusqu’à venir me hanter la nuit et à en faire des cauchemars :

Toi aussi tu vois les messages qui viennent de la porte ?

L’intérêt de cette histoire réside précisément dans ce drôle d’intérêt qu’elle a su susciter.

Partout, l’affaire du bug a provoqué une déferlante de réactions et d’interrogations, médiatiques ou non, sur son éventuelle véracité et les preuves qui seraient susceptibles de l’appuyer. Jusqu’au coeur du gouvernement, en poussant les services presse d’Arnaud Montebourg (ministre du redressement productif) et Fleur Pellerin (économie numérique) à envoyer un communiqué à 2 heures du matin ! Les deux ministres exigeant ”des explications claires et transparentes” du site américain, convoqué illico devant la Cnil.

Du côté de chez Owni, notre Jean-Marc Manach national est harcelé de questions de confrères et les articles que nous avons déjà publiés sur Facebook sont pris d’assaut, faisant exploser notre courbe d’audience.

L’affaire du bug Facebook a généré une attente indéniable. Un suspense, dont l’intimité serait l’actrice principale.

Il faut dire que le site croise nos moments de vie brandis et ceux qu’il vaut mieux taire. Quelque part entre l’interaction publique et l’illusion du privé : car quoiqu’il arrive, ces données que l’on souhaite secrètes, ne le restent qu’à condition du bon vouloir du site. Réalité à laquelle les plus de 900 millions d’utilisateurs se sont déjà confrontés : Facebook est réputé pour avoir trop souvent fait joujou avec la confidentialité des profils. Le voilà à tout jamais frappé du sceau de la culpabilité.

Les utilisateurs font donc de fait confiance au géant américain tout en se sachant vulnérables. Sur la brèche, à deux doigts de basculer à poil sur Internet. C’est peut-être pour cette raison que les utilisateurs sont si prompts à vouloir voir dans ce remue-ménage une erreur manifeste de la part du géant américain. Ou peut-être aussi par amour des reptiliens, illuminati, petits-gris et autres contes complotistes…


Illustration © Bojan Kontrec (Istock)

]]>
http://owni.fr/2012/09/25/le-jour-ou-facebook-ma-rendue-zinzin/feed/ 6
France.fr: nouvelle spécialité, le sauté de bugs aux fails http://owni.fr/2010/07/15/france-fr-nouvelle-specialite-le-saute-de-bugs-aux-fails/ http://owni.fr/2010/07/15/france-fr-nouvelle-specialite-le-saute-de-bugs-aux-fails/#comments Thu, 15 Jul 2010 13:16:45 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=22123 Quel beau symbole : lancer France.fr, le portail officiel de la France le 14 juillet. Sauf que l’objet a attiré les railleries en rafale. Prudent, la HP annonçait pourtant la veille “lancement en 2010″. Ils auraient été bien inspiré de travailler plus le cher bébé - 1,6 millions d’euros – que de précipiter sa mise en ligne. S’il y avait urgence à lancer un portail, puisque la première destination touristique du monde n’en avait pas encore, patienter quelques semaines de plus pour peaufiner la chose eût été préférable, comme le montre cette petite revue de fails en mode mi-crowdsourcé via Twitter. La liste n’est pas exhaustive, sinon on y aurait passé la journée.

Sans rien toucher, dès la HP, c’est franchement LOL :

La France est composée de 7 massifs, caractérisés par une population chaleureuse.

Et les Français portent un béret. On peut lire aussi que notre beau pays a “un littoral très préservé”.

C’est ballot, le bilan de vingt ans d’application de la Littoral réalisé par le Comité français de l’Union mondiale pour la nature (UICN) indiquait que :

Cette loi importante, qui initiait en 1986 une politique volontariste de préservation des espaces remarquables et de gestion intégrée des zones côtières, a été mal appliquée et érodée.

Pages non accessibles

Explorons le site, enfin essayons. Les visiteurs sont par exemple tombés sur des erreurs 404. “Les rubriques Histoire, Économie et Institutions et valeurs sont vides” indique encore @eni_kao. “Le site France.fr est moche mais drôle. Cartes interactives : Monuments, Unesco et… Pôle emploi“, note-t-il aussi.

Quand les rubriques sont remplies, ce n’est pas toujours ça. À la rubrique Edito, on a ainsi droit à du lourd. Un poème de Carla Bruni sur la beauté du pays ? Nenni, “on peut lire la recette du far breton aux pruneaux“, note @monsieurkaplan.

Paradoxalement, ce site destiné aux touristes n’est traduit qu’en quatre langues, dont le choix a suscité des ricanements mérités : anglais, allemand, italien et espagnol. Pas de chinois, ni d’arabe. Il ne faut pas beaucoup de mauvais esprit pour mal interpréter la chose…

Nos confrères de PC-Impact ont aussi vu que le site n’était pas aussi conforme aux normes qu’il l’affirme.

Les mentions légales indiquent par ailleurs que France.fr « est développé selon les recommandations du Référentiel général d’accessibilité des administrations (RGAA) et les normes W3C ». Un test sur le site validator.w3.org révèle plus d’une dizaine d’erreurs sur http://www.France.fr et 20 avertissements(*).

Par ailleurs, soucieux des utilisateurs handicapés, le site “est accessible à tous, sauf en cas de force majeure” a relevé @ls01

Des fois que l’internaute aurait envie de piquer du fail, il est précisé “Tous droits réservés SIG-2010“. Et si on a le droit de linker, et même de deeplinker, “La mention explicite du site France.fr dans l’intitulé du lien est impérative.” Pratique. On leur souhaite bien du courage pour faire appliquer la consigne.

Sur la forme, le site est loin d’être nickel. @monsieurkaplan toujours, SR de métier, note avec regret que “les guillemets sont ANGLAIS.” Nous avons pour notre part aussi noté que l’espace avant un point d’exclamation n’était pas toujours présent, là encore un emprunt au monde anglo-saxon.

L’esthétique du site en prend aussi pour son grade, par des critiques lancées par des designers. Pour @nodesign,La charte graphique de france.fr est de Ora-Ito, un coup de poignard dans le design.” “Un people qui bosse pour des people.” [il a entre autres travaillé pour Adi­das, le groupe AIR, Thier­ry Mu­gler, Le­vi’s, David­off, Nike, Ken­zo, Guer­lain, ndlr] Le bling-bling n’aurait donc pas totalement disparu. De son côté, @bdrouillat juge que “la France a besoin d’un peu de design“.

HS le jour du lancement

Dans ce contexte, que le site soit complètement HS le jour de son lancement est finalement un moindre mal. Naturellement, il ne s’agit d’une erreur : “France.fr est victime de son succès“. C’est plus correct de que de reconnaître que les capacités d’hébergement ont été sous-estimées.

Là encore, c’est l’occasion de loller, comme @NotAFri3nd : Vous cherchez à savoir dire “Site momentanément indisponible” en anglais, en allemand, en espagnol et en italien ? C’est ici : www.france.fr“. @guybirenbaum se lance, lyrique : “Ne m’appelez plus jamais France… La France elle m’a laissé tomber…

Même sur cette page d’erreur, il y a un problème : @jprieur signale que “http://france.fr déclare l’indépendance de la Bretagne et du Nord-Pas-de-Calais

Et @bigdjim de conclure :

On n’est pas gatés avec les équipes de France : “l’équipe de France.fr vous prie de l’en excuser”

Ceci dit, n’était-ce pas un peu prévisible ? En matière de fail, nous n’en sommes pas au premier fail : Geoportail, Elysee.fr… Encore un complot de ce sale trotskiste d’Edwy Plenel /-)

TechCrunch s’en amuse

Tout cela amuse beaucoup TechCrunch, nos confrères américains :

Il y a cette blague sur la Révolution Française qui dit que le seul peuple que les Français peuvent battre, ce sont les Français eux-même. Mais je ne vais pas la refaire. A la place je dirais juste :

Vive la France ! [en Français dans le texte, ndlr]

Les commentaires de l’article moquent plus ou moins gentiment le projet et les Français :

Cela me fait penser qu’il y a vraiment un juste milieu entre travailler 14 heures par jour et prendre une pause déjeuner de deux heures avec une bouteille de vin. En général, cependant, les développeurs français semblent vouloir faire comme leur équipe de foot. Oh, et bon 14 juillet !

Pour le gouvernement Français, voici une arme secrète des Américains peu connue : http://httpd.apache.org/docs/2.0/programs/ab.html

Pour avoir vécu à Nice six mois, je peux vous certifier que la plupart des Français DÉTESTENT les langues étrangères

Finalement, le SIG (service d’information du gouvernement) a annoncé le jeudi de la semaine suivante que la remise en service de ce “site complet et complexe” était prévue “dans la deuxième quinzaine du mois d’août”. Sur la HP, un nouveau message s’affiche, remerciant entre autres “tous les internautes qui nous ont aidés dans cette chasse aux bugs”.

Nos voisins font-ils mieux ? Allez regarder les sites de l’Italie, de l’Allemagne, de l’Espagne

À lire aussi : J’ai un ami chinois qui est mort de rire ; France.fr : les erreurs à éviter lors du lancement d’un site d’envergure

Image CC Flickr willem velthoven

Traduction : Martin Untersinger

MAJ le jeudi 22 juillet.

]]>
http://owni.fr/2010/07/15/france-fr-nouvelle-specialite-le-saute-de-bugs-aux-fails/feed/ 44
Internet et les jeunes: désolé, ça se passe plutôt bien http://owni.fr/2010/04/24/internet-et-les-jeunes-desole-ca-se-passe-plutot-bien/ http://owni.fr/2010/04/24/internet-et-les-jeunes-desole-ca-se-passe-plutot-bien/#comments Sat, 24 Apr 2010 16:47:20 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=12730 Bonne nouvelle pour vos enfants : Internet est moins dangereux que la vie puisque seulement 82,5% des jeunes y ont fait une expérience “malheureuse”, contre 100% dans la vie réelle, de la souffrance à la naissance lorsque l’air pénètre les poumons en passant par les griffes aux genoux et autres garçons expurgeant leur trop-plein d’hormones d’une main aux fesses. C’est la conclusion d’une étude récente menée par Fréquence écoles, association d’éducation des jeunes aux médias, intitulée “Comprendre le comportement des enfants et adolescents sur Internet pour les protéger des dangers.”
Plus sérieusement -quoique…-, l’enquête en question, offre une vision dédramatisante sur le sujet, soulignant l’inadéquation entre la prévention et la réalité des risques.

Il faut dire que les auteurs, Barbara Fontar et Elodie Kredens, sont parties sans a priori quant à la définition du terme danger et sur la hiérarchie, une méthodologie appréciable en ces temps de lutte anti-Hadopi et de reportages racoleurs.

“Il est difficile d’appréhender [la notion de danger] sans être tenté de lui appliquer des principes normatifs. Si le danger est une situation dans laquelle un individu est menacé sur le plan physique, psychologique ou social, sa définition, sa perception et son expérimentation restent pour partie subjectives.”

“Afin de minimiser les biais et pour ne pas influencer les jeunes dans leurs réponses nous avons pris soin de ne jamais suggérer les dangers potentiels d’Internet. En entretien, nous avons fait en sorte que les jeunes initient eux mêmes la thématique des risques ou bien nous avons l’avons abordée sans pour autant orienter leurs visions des dangers. Cette précaution s’est traduite dans la phase qualitative par le choix d’une question ouverte.”

Au terme de leur enquête, il ressort que les jeunes n’ont globalement pas un comportement à risques sur le web. Loin de l’image de l’ado naïf errant sans but, facile proie du premier cyber-pervers venu, ils ont ainsi un usage extrêmement bordé du Net :

Chez les jeunes, les « aventuriers de la toile » sont plutôt rares comparés aux « voyageurs organisés ». Une majorité a d’ailleurs balisé ses sentiers en utilisant des moteurs de recherche, en allant toujours sur les mêmes sites et en créant des « favoris ». Certains ont même des rituels de navigation et surfent selon un ordre déterminé.

En outre, Internet est avant tout pour eux un outil de loisir et de socialisation avec leurs pairs. 9 sur 10 regardent des vidéos (films, clips) et écoutent de la musique, 8 sur 10 s’en servent pour jouer. Sur le podium de leur sites favoris, on retrouve Facebook, Youtube et MSN. Enfin, 3 sur 4 utilisent Internet pour discuter et rester en lien avec leur cercle de connaissances :

La grande majorité des jeunes n’utilise pas Internet pour élargir son réseau relationnel. On constate que la plupart des inconnus rencontrés sur le Net le restent. Si 1/3 du panel a déjà noué des relations amicales avec des gens sur Internet, lorsque les jeunes entament des relations, elles sont éphémères et peu approfondies. Si quelques cas d’amitiés nous sont rapportés lors des entretiens, ils débouchent très exceptionnellement sur des appels téléphoniques ou sur une rencontre. Ce sont donc plus de deux jeunes sur trois qui s’abstiennent de nouer des contacts avec des personnes inconnues.

En clair, ils chattent chez eux avec leurs potes de la cour ou ils écoutent de la musique (voire les deux en même temps, petits malins).

Si inconnu il y a, il faut le relativiser :

Derrière chaque inconnu sur Internet ne se cache pas un/une pervers(e). L’inconnu est aussi celui qui répond à des questions sur un forum, qui laisse des commentaires sur un blog, qui devient un partenaire de jeu le temps d’une partie et qui s’en retourne sans que des liens se soient créés pour autant.

Ils font également montre de prudence :

S’ils ont été contactés par des gens qu’ils ne connaissent pas, la majorité des jeunes, quel que soit leur âge, n’accepte pas de discuter avec eux. Ils refusent ainsi d’ajouter des contacts inconnus sur MSN ou Facebook, ils déclinent des invitations sur les jeux en ligne pour devenir partenaire temporaire ou membre d’une guilde et n’ouvrent pas les mails d’incon- nus. Rappelons qu’un tiers des jeunes a noué des relations amicales avec des gens sur Internet. En outre, c’est moins d’un jeune sur trois qui discute en ligne avec des inconnus.

De même, les forums ne les intéressent pas puisque seulement 8% y naviguent souvent et plus de la moitié (54,8%) n’y met jamais la souris.

Sur le décalage entre les représentations des jeunes comme des parents et le réel expérimenté, les chiffres sont éloquents. Le danger n’est pas du tout là où ils pensent :

Ainsi, alors que 44,9% d’entre eux considèrent la mauvaise rencontre comme le danger n°1, ce sont 7,7% d’entre eux qui se sont vus fixer un rendez-vous par un inconnu. Une question se pose sur la sensibilisation aux risques : sans remettre en cause le potentiel de gravité de tels faits, l’abondance des informations sur les mauvaises rencontres ne conduit- elle pas à rendre moins visibles d’autres expériences fâcheuses plus fréquemment rencontrées par les jeunes ?

La pédopornographie, cet épouvantail si commode, affiche un misérable 1,4%, un chiffre logique. Et en tête, on retrouve… le virus et/ou piratage, avec 36, 4%, talonnée par la pornographie (un chiffre à relativiser toutefois car les jeunes seraient moins enclins à confier avoir vu du porn.)

Certes, il est déplaisant de voir un méchant virus flinguer votre ordi, voir surgir une image de fellation peut aisément choquer, mais c’est bien moins traumatisant et dangereux que de se retrouver avec un vilain monsieur de vingt ans votre aîné dans une chambre glauque d’hôtel. En revanche, c’est moins vendeur médiatiquement.

Si les reportages racoleurs ont peut-être eu un effet positif, notent les auteurs, c’est d’inciter à plus de prudence. À défaut d’honorer la profession de journaliste par leur déontologie.

Si la plupart des jeunes ont fourni des données personnelles, c’est parce qu’il est difficile dans l’état actuel du web de faire autrement, contextualisent les auteurs. Et encore, certains font preuve de prudence, parmi les plus âgés, en en donnant de fausses. Guillaume (16 ans) explique ainsi : « et puis quand t’as un formulaire à remplir sur Internet je mets jamais mon nom. Je mets ” Durand”, “Dupond”. L’adresse, je mets une connerie. » Au demeurant, ce type d’attitude n’a rien d’étonnant.

Donc Dieu merci, la situation n’est pas catastrophique, loin de là. Loin de nous l’idée de nier l’existence de  risques, simplement, ils appellent prévention sans diabolisation. La demande est bien réelle, de la part des jeunes mais aussi bien sûr des parents qui ont une image réductrice du grand méchant Net, “prenant les symptômes pour des causes”. Plus de quatre jeunes sur cinq pensent que la prévention est importante. Leurs inquiétudes vont à la mauvaise rencontre (44,9%), puis aux virus, spams… (33,6%) et enfin aux contenus violents ou choquants (14,8%)

En conclusion, les auteurs de l’étude appellent à reformuler la prévention aux dangers de l’Internet en partant de ce portrait plus réaliste du comportement de nos enfants. Malheureusement, l’étude laisse sur sa faim concernant la suite à donner, égrenant juste quelques pistes à la fin. On va essayer d’y remédier ;-)

Télécharger le rapport complet

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Photo CC Flickr aldoaldoz

]]>
http://owni.fr/2010/04/24/internet-et-les-jeunes-desole-ca-se-passe-plutot-bien/feed/ 9