OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Nos mémoires ne valent pas un cloud http://owni.fr/2011/06/17/nos-memoires-ne-valent-pas-un-cloud/ http://owni.fr/2011/06/17/nos-memoires-ne-valent-pas-un-cloud/#comments Fri, 17 Jun 2011 09:02:53 +0000 Olivier Ertzscheid http://owni.fr/?p=68408 Il est 19 heures dans la vraie vie. Monsieur Toumaurau habite Nantes. Il cherche à se procurer un livre. Il veut se rendre à la librairie, mais la librairie n’a plus d’adresse stable. Elle est un jour située au pied du quartier de la défense à Paris, un autre jour dans le Jura, un troisième jour à Toulouse. La librairie n’a plus d’adresse stable parce qu’elle dispose de toutes les adresses existantes. Il suffit à Monsieur Toumaurau de pousser une porte pour être dans la librairie. Il entre et cherche quoi lire. Il aimerait bien un roman de science-fiction. En rayonnage le classement par nombre de “like” a déjà depuis longtemps remplacé l’ordre alphabétique ou thématique. Monsieur Toumaurau optera pour le roman Bit.ly/Ep6bCKtt.

Pratique de ne plus avoir à retenir de nom d’auteur ou même de titre. Avec 17 000 like dont 70 en provenance de profils affichant les mêmes préférences littéraires que les siennes, Monsieur Toumaurau voit, en même temps qu’il règle 6 euros depuis son cellulaire, s’afficher sur l’écran de sa liseuse qu’il n’a que 17% de chances de ne pas aller au bout de le lecture du roman Bit.ly/Ep6bCKtt. Il commence à lire et à générer des liens sponsorisés qui, s’il s’applique, lui rapporteront un peu plus de 2 euros la semaine. Ce qui ramènera donc le prix d’achat de son roman à moins de 4 euros net. Monsieur Toumaurau est un bot, un lecteur industriel, un robot de dernière génération qui indexe en temps réel les ouvrages disponibles et génère des liens sponsorisés. Il est 19h01 sur le réseau. Monsieur Toumaurau habite Lyon.

Les 3 petites morts du web

Le web s’est construit sur des contenus, bénéficiant d’un adressage stable, contenus librement accessibles et explicitement qualifiables au moyen des liens hypertextes. Ces 3 piliers sont aujourd’hui ouvertement menacés.

  • L’économie de la recommandation est aussi une économie de la saturation. Les like et autres “+1″, les stratégies du graphe des bouton-poussoir menacent chaque jour davantage l’écosystème du web. nous ne posons plus de liens. Nous n’écrivons plus, nous ne pointons plus vers d’autres écrits, vers d’autres adresses, vers d’autres contenus. Nous préférons les signaler, en déléguant la gestion de ces signalements éparpillés à des sociétés tierces sans jamais se questionner sur ce que peut valoir pour tous un signalement non-pérenne, un signal éphémère.
  • L’externalisation de nos mémoires est devenue l’essentiel de nos modes d’accès de de consommation. L’informatique est “en nuages”. Nos mémoires documentaires, mais également nos mémoires intimes sont en passe d’être complètement externalisées. Nous avons tendance à oublier l’importance de se souvenir puisqu’il est devenu possible de tout se remémorer.  Les contenus sont dans les nuages. Ils ne nous appartiennent plus, ils ne sont plus stockables. La dématérialisation est ici celle de l’épuisement, épuisés que nous serons, demain, à tenter de les retrouver, de les rapatrier, de se les réapproprier.
  • Le web ne manque pas d’espace, son espace étant virtuellement infini. Pourtant les services du web s’inscrivent dans une logique d’épuisement. Les raccourcisseurs d’URL, nés sur l’écume de la vague Twitter fleurissent aujourd’hui partout. Même la presse papier y a de plus en plus fréquemment recours. les adresses raccourcies, épuisent les possibilités de recours, les possibilités de retour. IRL comme URL, sans adressage pérenne, les digiborigènes que nous sommes se trouvent condamnés au nomadisme à perpétuité.

Saturation. Epuisement. Externalisation. Les 3 fléaux.

Big Four

Facebook, Google, Apple, Twitter sont des dévoreurs d’espace. Ils ont colonisé le cyberespace. Ils y ont installé leurs data centers. Ils y ont instauré des droits de douane. Ils ont décidé qu’il serait plus “pratique” pour nous de ne pas pouvoir télécharger et stocker un contenu que nous avons pourtant payé, qu’il serait plus pratique d’y accéder en ligne. A une adresse qui n’est plus celle du contenu mais celle du service hôte. Leur adresse. Ils ont décidé d’organiser la hiérarchie et la visibilité de ces contenus à l’applaudimètre. Ils ont décidé que nos messages seraient limités à 140 caractères. Ils nous ont contraint à passer par des adressages indéchiffrables (url shorteners) pour pointer vers un contenu.

Consentement en clair-obscur. Les choses ne sont naturellement ni aussi simples ni aussi noires. Nous avons soutenu ces projets ; nous avons peuplé ces espaces vierges ; nous avons profité des infrastructures qu’ils mettaient à notre disposition gratuitement. Nous avons emménagé librement dans ces colonies.

Retour aux fondamentaux. Le rêve réalisé de Tim Berners Lee et des autres pionniers avant lui était celui de l’infini des possibles, celui d’une écriture dans le ciel que rien n’entrave. Certainement pas le projet d’une inscription, d’une engrammation dans des nuages fermés et propriétaires.

Pour les contenus. Le droit d’avoir une adresse stable. Le droit de pouvoir y être trouvé, retrouvé. Le droit au stockage local sans lequel il n’est plus de droit de transmettre un bien (culturel) en dehors du super-marché qui l’héberge.

Que serait Sisyphe sans mémoire ? Les sociétés humaines, les “civilisations” se construisent sur de la mémoire. Sur une mémoire partagée et rassemblée et non sur des fragment mémoriels largement “partagés”, en permanence “disséminés”, épars. Le seul vrai projet pour civiliser l’internet serait d’empêcher cette priva(tisa)tion de nos mémoires, de nos mémoires intimes, de nos mémoires sociales, de nos mémoires culturelles. Des bibliothèques y travaillent, avec le dépôt légal de l’internet, avec le Hathi Trust pour la numérisation des oeuvres libres de droits, y compris même en archivant la totalité de Twitter. Elles essaient. Elles tatônnent encore parfois. Mais elles ont compris. Pas de mémoire sans archive. Pas d’oubli sans traces effacables. Pas de civilisation sans patrimonialisation pensée. Le temps de cerveau reste disponible. Le temps d’accéder à nos mémoires est compté. Nous seuls en sommes comptables. Sauf à considérer que …

… Nos mémoires ne valent pas un cloud.

<Update> Dans la guerre qui s’annonce entre les lieux de mémoire et de conservation que sont les bibliothèques d’une part, et les grands acteurs commerciaux de la marchandisation des accès mémoriels que sont les big four suscités d’autre part, il est urgent de rappeler que les premières sont dans une situation critique en Angleterreen Espagneaux Etats-Unis … sans parler de celles du Portugal, de la Grèce, etc … </Update>

A l’origine de ce billet :

  • L’entrevue éclairante avec Tim Berners Lee dans le dernier numéro de Pour la Science.
  • Un tweet signalant le service http://urlte.am/ qui tente, un peu à la manière du Hathi Trust dans un autre domaine, de bâtir une archive stable et pérenne des adresses raccourcies.

Billet initialement publié sur Affordance.info


Crédits photo: Flickr CC Yoshi HuangJulian Bleecker, Biggies with Fish,

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Warlogs: la nouvelle guerre de l’information http://owni.fr/2010/07/27/warlogs-la-nouvelle-guerre-information/ http://owni.fr/2010/07/27/warlogs-la-nouvelle-guerre-information/#comments Tue, 27 Jul 2010 15:00:46 +0000 David Dufresne | davduf http://owni.fr/?p=23156 Ce qui s’est joué dimanche soir, avec la divulgation de plus de 90.000 documents classés « secrets » sur la guerre en Afghanistan, c’est probablement une révolution en marche. Celle de la mort lente, inexorable, d’une certaine vision du métier. La fin annoncée du journalisme fermé, jaloux de ses sources, pris entre l’étau de la course à l’info, du buzz-minute, et des deux feuillets-pépère. Et la confirmation d’une nouvelle ère : l’Internet en média majeur.

Avec les warlogs, la guerre de l’info a — enfin — pris une nouvelle tournure. Le métier redevient passionnant. Même si l’issue, comme dans toute guerre, est foutrement incertaine. Ces warlogs sont ni plus ni moins un acte fondateur comme, en son temps, l’embuscade tendue par le Drudge Report. Avec une nuance, de taille : entre une connerie de cigare présidentiel et une saleté de guerre, il y a un monde. Ce monde, c’est quinze ans d’informations sur Internet, et c’est cette histoire de warlogs, proprement sidérante.

Récapitulons.

Une nouvelle forme d’informateurs

A la base, l’organisation Wikileaks. Une drôle d’entité. A la fois la source, le relais et le co-diffuseur d’informations sensibles. Jusqu’ici, Wikileaks s’était fait connaître en publiant des révélations refusées parfois par des titres, disons, institutionnels. Dans le cas des Warlogs, c’est l’inverse : Wikileaks est le fournisseur. La logique est inversée, le journalisme bientôt bouleversé.

Dans les troupes de Wikileaks, on retrouve un personnage charismatique, comme il se doit, l’australien Julian Assange, son porte-parole ; sorte de leurre people malgré lui, tête d’ange et calme fou, qui permet à toute une équipe de travailler dans le secret et l’anonymat. Une équipe composée, entre autres, de journalistes. Assange lui-même, et ça compte, si l’on veut observer les bouleversements de la corporation, vient « du journalisme papier », comme il l’a rappelé hier lors de sa conférence de presse. La relation à cette nouvelle forme d’informateurs, la génération wiki, venue de l’open source et revenue (probablement) du reste, risque bien de modifier certaines méthodes de travail pour tous ceux dont informer est le métier.

Julian Assange, Porte parole de Wikileaks.org (à gauche)

Victoire du « slow journalism »

Un des faits d’armes de cette bataille de l’info, c’est évidemment l’embargo imposé à trois des plus prestigieux titres de la presse mondiale. En effet, le New York Times, le Guardian et le Spiegel ont accepté — chose inédite — de travailler ensemble et en silence ; et d’attendre le 25 juillet pour faire feu, au moment même où Wikileads mettait en ligne ses documents. Le Guardian a ce mot, étonnant, dans le monde ultra-compétitif dans lequel la presse se débat : les journaux en question et Wikileaks ont scellé une « joint venture ». La masse d’informations à traiter impliquait une telle solidarité.

Jusqu’ici, cette solidarité se voyait parfois sur le terrain, entre deux reporters copains ; ou entre télévisions (pour des raisons techniques : satellites, lumières, batteries, K7) ; mais jamais à ce niveau, et jamais sur cette durée, jusqu’à dimanche.

Plus notable encore, cette alliance est aussi la marque du slow journalism, le journalisme lent, calqué sur le mouvement slow food, celui qui prend son temps, qui recoupe, qui évalue, pèse, doute, soupèse, et re-doute. Il faut des nerfs, ne pas craindre les fuites aux fuites, les tirs amis de la concurrence. Sur ce coup, le New York Times, le Guardian et le Spiegel ont été magistraux.

Dès la publication des warlogs, les deux premiers s’expliquaient d’ailleurs. Ils faisaient du méta journalisme, comme c’est devenu désormais l’usage, depuis l’irruption du Net comme aide logistique à la critique des médias. C’est ainsi qu’un rédacteur en chef du NY Times nous apprend que son journal « a passé près d’un mois à fouiller les données à la recherche d’informations et de tendances, les vérifiant et les recoupant avec d’autres sources. » Il ajoute que « Wikileaks n’a pas révélé la manière dont il a obtenu les fichiers, pas plus qu’il n’a été impliqué dans le travail journalistique des entreprises de presse ». Au détour de ce making of salutaire, on apprend aussi que chacun a pris ses responsabilités : la Maison Blanche, mise au parfum par le New York Times, qui légitimement lui demandait sa version des faits, a exhorté WikiLeaks à ne pas rendre publics des documents qui auraient pu nuire à la sécurité des troupes présentes sur place. Ce qui a été fait. On notera au passage le fair-play du bureau ovale (qui ne pouvait, de toutes façons, que constater les dégâts) : pas de pré-fuites, pas de diversion ante-publication, comme c’est bien souvent le cas en France.

Pour être complet, le slow journalism existait avant le slow journalism. Le New Yorker en est l’illustration parfaite, voir le portrait fleuve de Julian Assange publié en juin.

Lignes de front et Grande Chasse A La Donnée Brute

Depuis dimanche, deux écoles s’affrontent. Comme de juste, en pareil cas. Ceux qui s’interrogent sur la source, ses méthodes, sa « stratégie bien rôdée », ses relations, son « opacité », comme pour mieux la dévaluer si besoin était. Et ceux qui embrayent, et répercutent l’information, de plus ou moins bonne grâce.

Mais avec les warlogs, un fait nouveau apparaît aux yeux du grand public. Ce fait, c’est le data-journalism. « J’admets, dit ainsi Roy Greenslade, de la City University de Londres, que j’ai longtemps défendu l’idée que les sources sont l’âme du journalisme. Mais j’ai rejoint le point de vue selon lequel les données sont plus précieuses [...] Wikileaks, tant d’un point de vue éthique que pratique, est le produit du nouveau paysage médiatique qui permet une plus grande transparence et une responsabilité accrue comparée au passé. »

En rendant publiques les données, l’équipe de Wikileaks permet en effet à tout un chacun de s’en saisir. Dans le monde entier, des gens, des blogs, des journaux, ont commencé à scruter, à s’intéresser aux fiches, à les recouper. C’est la nouvelle école. D’autres, dans un même élan contributif, se sont mis à plusieurs pour retranscrire sur un Google Doc la conférence de presse londonienne de Julian Assange (lundi après midi).

La Vieille presse AVEC Internet (ou la consécration du fanzinat)

L’affaire des warlogs n’aurait, évidemment, pas eu le même retentissement sans l’alliance presse écrite/internet. Selon Libération,

cette stratégie permet à Wikileaks de jouer sur deux tableaux : elle donne d’abord un retentissement bien plus important à son travail, mais lui permet également de se « protéger » des remontrances de l’administration américaine.

Pour d’autres, l’accord Wikileaks et NY Times/Guardian/Spiegel signe que l’information sur Internet a encore besoin de béquilles — et tous les pure-players vous le diront : sans ce qu’on appelle des « reprises » de leurs informations (par l’AFP, sur les matinales radiophoniques, par des télés ou des journaux), les pure players ont encore du mal à se faire entendre, du moins de ce côté-ci de l’Atlantique.

L’ampleur des warlogs balaye ces deux réserves. C’est en effet bien plus que la recherche d’un adoubement, et bien moins qu’un signe d’impuissance, que révèle cette alliance. C’est tout simplement l’avenir de l’information qui se joue en direct. D’un côté, l’avènement du Net ; de l’autre l’intelligence de quelques rédactions qui saisissent que la donne a changé.

Hier, lors de sa conférence de presse londonienne, Julian Assange a précisé les dessous de l’opération. Un, il n’y a eu aucun accord commercial entre les parties. Deux : « nous ne pouvions évidemment pas avoir une coalition journalistique trop importante… Alors, nous nous sommes focalisés sur trois ou quatre médias. Nous pouvions réellement nous réunir dans une même pièce et nous mettre d’accord sur toutes les conditions [de publication]. Et pour faire simple, à l’exception de certaines publications en français, les trois meilleurs journaux d’investigation papiers sont The New York Times, Der Spiegel, et The Guardian. »

Le fanzine, modèle pour l'avenir du journalisme?

D’une certaine façon, la victoire du Wiki est une nouvelle étape dans ce que j’appelle l’avènement du fanzinat — et, à mes yeux, rien n’est plus beau que ces publications passionnées venues du rock et du polar dans les années 70. Avènement du fanzinat ? Absolument. Il suffit de voir les tailles des rédactions et les chiffres de ventes, se réduire sans cesse, dans le monde entier. Il suffit de lire les interviews de Julian Assange, animé par cet esprit indie rock. Il suffit de constater comment, aujourd’hui, l’information circule ; comme avant le Rock se propageait : do it yourself et compagnie ; un garage band peut devenir Nirvana. Ou plus exactement : l’un et l’autre, c’est la même chose. On passe de l’un à l’autre, sans se soucier des chiffres d’affaire. Seule compte l’info, comme avant le son. Fanzinat, aussi, que ces coûts réduits de publication qu’offre Internet, et l’imagination au pouvoir portée par certains (pas assez, hélas).

Une carte de l’information redessinée

C’est haut la main le Guardian qui a poussé le plus loin l’intégration du Net dans son travail (profondeur et stockage des données ; orchestration visuelle ; interactivité, etc). Sa carte des warlogs est un modèle du genre, un char d’assaut interactif, probablement l’arme de données massives la plus efficace jamais mise en ligne. Pour les tenants du data-journalism, c’est beau comme l’invention de la poudre à canon. Au téléphone, un ami me disait hier soir : « cette carte, c’est la mort de la presse papier, et c’est plus efficace que la télé ». Ce qu’il y a de bien dans les amis, c’est quand ils pensent plus loin que vous.

Avec sa Googlemap, ses points colorés (tirs amis, tirs afghans, victimes civiles, etc), qui renvoient à des dates et ces dates à des fiches (les fameux logs, ici 300 géolocalisés), le Guardian fusionne ce qu’il est — le rigueur même — avec l’inventivité de l’outil et de l’époque.

Chapeau et casque bas.

Article initialement publié sur Davduf.net

Illustration CC Flickr Andy McGee, raketentim, alexcovic

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Données publiques en France: Girondins vs Montagnards ? http://owni.fr/2010/02/24/donnees-publiques-en-france-girondins-vs-montagnards/ http://owni.fr/2010/02/24/donnees-publiques-en-france-girondins-vs-montagnards/#comments Wed, 24 Feb 2010 11:26:46 +0000 libertic http://owni.fr/?p=8959

Eugène Delacroix-La liberté guidant le peuple
Image by DarFin Oil Painting via Flickr

La semaine dernière, @nicolasvoisin indiquait sur Twitter la création prochaine d’un état lab en France. Je n’avais pas réussi à trouver la source de l’information mais c’est chose faite grâce à @epsiplatform, il s’agit de la page 38 du rapport Riester remis la semaine dernière à Eric Woerth et Nathalie Kosciusko-Morizet.

Etat lab

La proposition n°22 du rapport Riester suggère la création d’une plateforme d’innovation de services ci-nommée « Etat Lab » qui permettrait aux  acteurs tiers de développer des services innovants à partir de données publiques*.

Cette plateforme prendrait appui sur le futur portail national de lAPIE (Agence du Patrimoine Immatériel de l’Etat) de mise à disposition des données publiques et serait initialisée fin 2010. Elle permettrait d’intégrer les bases de données et API, ce qui rappelle trait pour trait le principe du datagov aux Etats-Unis (notamment).

Ce que le rapport ne dit pas :

» Quelles données libère-t-on ?
» Sous quel format ?
» Quels seront les types de licences pour l’usage de ces données ?
» Les formats seront-ils user-friendly (usage citoyen) et/ou mashup friendly (developpeurs only) ?
» Comment interagiront les plateformes de différents niveaux (locales, régionales, nationales) ?
» Qui finance ces plateformes ?
» A partir de quelle phase privatise-t-on le service ?

S’il convient de garder ces questions en tête, elles ne devraient pourtant pas servir d’alibi à l’inaction. Pour Hugues Aubin, chargé de mission TIC à Rennes, plutôt que s’attarder sur la normalisation des données (pointée du doigt à la FING lors de la conférence du 11 février sur l’ouverture des données), partons des bases existantes pour avancer.

Et justement de l’avancement il y en a avec la plateforme Data Publica dont la fonction correspond tout à fait à la définition de l’Etat lab.

Data Publica va mettre en place et opérer une place de marché sur laquelle ceux qui possèdent des données viendront publier leurs méta-données ou leurs API ainsi que la ou les licences sous lesquelles elles peuvent être utilisées, et ceux qui développent des applications viendront prendre ces méta-données pour développer des applications au modèles économiques compatible avec la licence d’utilisation. Data Publica fournira aux éditeurs de données une palette de licences parmi lesquelles ils pourront choisir et des outils pour publier leurs données et méta données. Data Publica fournira aux dévelopeurs un annuaire des API et meta données et l’accès aux données. Cette place de marché contribuera au développement des applications valorisant les données publiques ou privées. Le projet est financé partiellement dans le cadre de l’appel à projet « Web 2.0 innovant ». Il est développé par un consortium de trois entreprises : Araok, Nexedi et Talend.

Au fur et à mesure des avancées dans la révolution de l’ouverture des données publiques, les acteurs tendent à se positionner derrière deux camps. Data Publica rejoindrait les Montagnards misant sur la centralisation. Leur plateforme semble prendre la voie d’un service exclusif aux développeurs, avec catalogue de données brutes, approche assez administrative, données en partie payantes et peu ou pas d’outils intégrés pour la visualisation ce qui rend ces données innaccessibles au citoyen lambda.

Les plateformes locales (Keolis et la ville de Rennes à suivre) sont en train de se constituer de manière plus rapide- relativement parlant- et polymorphe. Elles pourraient prendre une approche plus ludique et aussi accessible au public en proposant des outils de visualisation, de personnalisation et de comparaison. Ce seraient les Girondins de l’ouverture des données, proposant un service décentralisé

Ces approches vont-elles s’entrechoquer ou au contraire devenir complémentaires ?

Dans un article comparant la plateforme américaine Datagov et la plateforme anglaise datagov.uk, Flowing Data indique sa préférence pour la version anglaise, plus accessible, elle est plus démocratique. Un catalogue centrale des données est pourtant indispensable aussi pourquoi ne pas préparer dès aujourd’hui la conciliation des deux versions ?

Data Publica pourrait être le centre de référencement national pour trouver une donnée et l’en extraire pour les développeurs. Les plateformes locales permettraient l’accessibilité aux données par les développeurs mais aussi les citoyens, ce qui serait d’autant plus judicieux qu’il s’agira de données locales fortement plebiscitée: transport, tourisme, etc. Pour s’y retrouver et obtenir un service homogène, il faudrait d’ores et déjà mettre en place des règles, notamment un intitulé-type pour les sites de bases de données: ville.donnee.fr par exemple.

Et si on changeait l’équation Girondins vs Montagnards pour: Girondins + Montagnards ?

* « Orange » a fait parti du groupe de travail pour le projet Riester qui préconise l’ouverture des données publiques, données qui sont à la base de bons nombres d’applications smartphones.

> Article initialement publié sur Libertic

> Illustration de page d’accueil par suzannelong sur Flickr

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Ce que nous attendons de la gauche en Europe (par Bernard Stiegler) http://owni.fr/2009/06/16/ce-que-nous-attendons-de-la-gauche-en-europe-par-bernard-stiegler/ http://owni.fr/2009/06/16/ce-que-nous-attendons-de-la-gauche-en-europe-par-bernard-stiegler/#comments Tue, 16 Jun 2009 17:20:10 +0000 Aurélien Fache http://owni.fr/?p=1717 Cliquer ici pour voir la vidéo.

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