OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Les moteurs de recherche amenés “à devenir des espions pour le gouvernement” http://owni.fr/2010/06/29/les-moteurs-de-recherche-amenes-a-devenir-des-espions-pour-le-gouvernement/ http://owni.fr/2010/06/29/les-moteurs-de-recherche-amenes-a-devenir-des-espions-pour-le-gouvernement/#comments Tue, 29 Jun 2010 12:10:07 +0000 Astrid Girardeau http://owni.fr/?p=20579 «Le Parlement européen veut vous enlever le droit de rechercher en toute intimité», écrit le moteur de recherche Ixquick en réaction à l’adoption de la “Déclaration écrite 29“, il y a deux semaines, au Parlement Européen. Un texte qui vise à mettre en œuvre la directive sur la conservation des données “en l’étendant aux moteurs de recherche” afin de lutter contre les “pédophiles et les auteude-recrs de harcèlements sexuels”.

«Présentée comme une mesure visant à sévir contre les pédophiles», la directive «appelle à une réglementation qui imposerait aux moteurs de recherche de procéder à l’enregistrement de toutes les requêtes» écrit le moteur. Face aux nombreuses attaques contre le texte et les manières utilisées pour le faire adopter, l’euro-député et co-auteur de la déclaration, Tiziano Motti s’est défendu avoir utilisé l’expression “moteurs de recherche” par “souci d’éviter les aspects techniques”.

“La vie privée est un droit fondamental et la base d’une société libre”

“La vie privée est un droit fondamental et la base d’une société libre. L’espionnage des citoyens respectueux de la loi n’est pas la voie à suivre», écrit Robert Beens, CEO d’Ixquick. Il s’engage à«s’opposer fortement au fait que cette mesure devienne une loi». Pour rappel, une déclaration n’a pas d’effet législatif direct, mais indique la position officielle du Parlement européen. Or d’ici septembre, la directive sur la conservation des données doit justement être évaluée, et peut-être ensuite révisée.

Sur le marché des moteurs de recherches, Ixquick se distingue par le respect de la vie privée : pas de cookies d’identification uniques, ni d’enregistrement des adresses IP. «Nous avons travaillé dur pour créer un moteur de recherche respectant la vie privée (…) en conformité avec les recommandations strictes du Groupe de travail 29. Cette déclaration est la preuve que la main gauche de l’UE ne sait pas ce que fait la main droite» a déclaré Robers Beens le CEO d’Ixquick. En 2008, le site s’est vu remettre un sceau européen de la protection de la vie privée par le CEDP (Contrôleur européen de la protection des données).

“Les délinquants sexuels échangent des fichiers à travers des réseaux souterrains”.

“Les délinquants sexuels échangent des fichiers à travers des réseaux souterrains. Ils ne trouvent pas ce genre de choses par le biais des moteurs de recherche. J’ai passé huit années à aider les forces de l’ordre à suivre les délinquants sexuels en ligne et pas une fois nous avons vu un cas où les données des moteur de recherche ont été utiles” déclare de son côté Alex Hanff de Privacy International.

L’organisation a récemment lancé une campagne contre cette mesure qu’elle qualifie de “draconienne, illégale et profondément intrusive”. Une campagne à laquelle Ixquick annonce se joindre.

Sur le même sujet :
- Instrumentalisation de la pédo-pornographie en Europe
- Conservation des données par les moteurs de recherche: l’Europe s’agite
- Déclaration 29 adoptée: vers des moteurs d’archives

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Déclaration 29 adoptée: vers des moteurs d’archives http://owni.fr/2010/06/19/la-declaration-29-adoptee-conservation-des-donnees-des-moteurs-de-recherche/ http://owni.fr/2010/06/19/la-declaration-29-adoptee-conservation-des-donnees-des-moteurs-de-recherche/#comments Sat, 19 Jun 2010 14:53:03 +0000 Astrid Girardeau http://owni.fr/?p=19401 La déclaration 29 a finalement été adoptée, au Parlement Européen, jeudi dernier. Pour rappel, ce texte, déposé en avril dernier par Tiziano Motti et Anna Zaborska, du PPE (Parti chrétien-démocrate), se dit pour la «création d’un système d’alerte rapide européen (SARE) contre les pédophiles et les auteurs de harcèlements sexuels ». Derrière, il vise aussi à étendre la directive sur la conservation des données aux moteurs de recherche.

Un texte en cache un autre

Ainsi, la la déclaration 29 (pdf) «invite le Conseil et la Commission à «mettre en œuvre la directive 2006/24/CE en l’étendant aux moteurs de recherche (…)”. On note que la référence, par son numéro, à la directive sur la conservation des données n’est pas explicite. Et le texte très imprécis : quelles données, quelle durée et pour quelle utilisation ?

Surtout, les supports (prospectus, affiches, site web”, etc.) utilisés pour inciter les euro-députés à signer la déclaration, ne mentionnent jamais ce point. Y figure seulement la création du système d’alerte rapide, ce que nombre d’euro-députés sont prêts à soutenir. Une méthode que Françoise Castex (S&D) qualifie de “malhonnête intellectuellement”.

Il y a deux semaines, le texte avait recueilli 324 signatures, soit près des 369 nécessaires à son adoption. Certains euro-députés ont découvert l’existence ont alors découvert l’existence de cette mesure. Estimant avoir été induits en erreur, ils ont retiré leur signature, et appelé leurs collègues à faire de même.

Et, il y a quelques jours, le nombre de signataires était inférieur à 300. En réaction mardi dernier, Tiziano Motti a envoyé un mail de “clarification” à l’ensemble des euro-députés. Il y explique avoir utilisé les termes “moteurs de recherche” par “souci d’éviter les aspects techniques”. Et que l’initiative concerne en fait «les contenus, images et vidéos figurant des abus d’enfants sur des plates-formes Internet”, tels que Facebook ou YouTube. Jeudi, le texte avait ses 369 signatures.

Quelle portée ?

Hier, dans une interview au au site suédois Europaportalen l’euro-député rappelle qu’une déclaration écrite n’est pas un texte législatif. En effet. Mais elle indique la position officielle du Parlement européen vis-à-vis de la Commission. Or, justement la directive sur la conservation des données doit être bientôt évaluée par la commissaire aux Affaires Intérieures, Cécilia Malmström. Et pourrait être révisée avant fin 2010.

Signalons que, par ailleurs, Cécilia Malmström est l’auteur de la proposition de directive “relative à l’exploitation et aux abus sexuels concernant des enfants et à la pédo-pornographie”, dont l’article 21 envisage de filtrer les contenus au niveau des FAI. Mesure sur laquelle le Contrôleur européen de la protection des données (CEPD) a émis un avis très critique quand à son impact “sur les droits fondamentaux à la vie privée et à la protection des données”.

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Conservation des données par les moteurs de recherche: l’Europe s’agite http://owni.fr/2010/06/16/la-conservation-des-requetes-par-les-moteurs-de-recherche/ http://owni.fr/2010/06/16/la-conservation-des-requetes-par-les-moteurs-de-recherche/#comments Wed, 16 Jun 2010 11:06:21 +0000 Astrid Girardeau http://owni.fr/?p=18875 Le 19 avril dernier, les euro-députés Tiziano Motti et Anna Zaborska (Parti chrétien-démocrate) déposaient une déclaration écrite “sur la création d’un système d’alerte rapide européen (SARE) contre les pédophiles et les auteurs de harcèlements sexuels”. Comme nous le rapportions la semaine dernière, de nombreux euro-députés adhérant à ce projet l’ont donc facilement signé.

Problème : ce texte, dit déclaration 29 (PDF) , contient un deuxième point qui vise à étendre la directive sur la conservation des données aux moteurs de recherche. Soit obliger Google, Bing, etc. à conserver des données. Quelles données, comment, pour quelle durée, et quelle utilisation ? Le texte ne le dit pas. Deuxième problème : ce point est sciemment occulté dans les différents supports de présentation de la dite déclaration (prospectus, mail, site Internet, etc.). L’euro-députée Françoise Castex (S&D), qui depuis a retiré sa signature, parle de “malhonnêteté intellectuelle”.

Début juin, des euro-députés de tous partis confondus, réalisent la teneur réelle du texte et s’en inquiètent publiquement. Et Cecilia Wikstrom (ADLE), suivie par Alexandre Alvaro (FDP), appelle ses collègues à retirer leur le nom de la liste. La semaine dernière, la déclaration avait recueilli 324 signatures. Soit tout près des 369 qu’elle doit atteindre pour être adoptée. Aujourd’hui, le chiffre est de 300.

Face à ce mouvement de retrait, Tiziano Motti, co-auteur de la déclaration, a envoyé hier un mail de “clarification” à l’ensemble des euro-députés. Dans ce mail, que nous nous sommes procurés, il explique que “cette initiative invite le Conseil et la Commission à étendre la directive CE 2006/24, dite “directive sur la conservation des données”, pour les internautes qui téléchargent des contenus, images et vidéos figurant des abus d’enfants sur des plates-formes Internet (tels que les sites de contenus générés par les utilisateurs”.

La conservation des données ne concerne pas selon lui “les internautes qui chercheraient un autre type de sujet”. Il dit avoir utilisé les termes “moteurs de recherche” par “souci d’éviter les aspects techniques”, mais qu’il n’est pas question de viser “toute requête faite sur les moteurs de recherche”.

Sauf que ce que les euro-députés rejettent en bloc est l’idée même de conserver les requêtes des utilisateurs. Selon Lena Ek (ADLE):“L’UE n’a pas le droit de fouiner dans ce que les gens recherchent en ligne. Le droit à la vie privée est la pierre angulaire d’une société libre” D’autant que l’instrumentalisation de la pédo-pornographie, en matière de contrôle et surveillance d’Internet, notamment au cadre de la protection du droit d’auteur, est un fait décrié par beaucoup. “Le problème est que, depuis plusieurs années, on met toujours en avant la lutte contre la pédo-pornographie pour montrer que certaines pratiques sont possibles afin de chercher ensuite à les étendre tous azimuts” nous résume Cédric Manara, professeur de droit à l’EDHEC.

“Je serai plus qu’heureux d’être à votre entière disposition pour tout éclaircissement complémentaire”, conclut le mail de Tiziano Motti. La semaine dernière, nous avons contacté les deux auteurs de la déclaration afin de nous éclairer sur leur initiative.

Questions restées sans réponses.

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Instrumentalisation de la pédo-pornographie en Europe http://owni.fr/2010/06/09/instrumentalisation-de-la-pedo-pornographie-en-europe/ http://owni.fr/2010/06/09/instrumentalisation-de-la-pedo-pornographie-en-europe/#comments Wed, 09 Jun 2010 09:15:40 +0000 Astrid Girardeau http://owni.fr/?p=17821 En avril, une déclaration écrite “sur la création d’un système d’alerte rapide européen (SARE) contre les pédophiles et les auteurs de harcèlements sexuels” a été déposée au Parlement européen. Derrière est caché un autre objectif : obliger les moteurs de recherche (Google, Yahoo, Bing et les autres) à conserver des données. Il y a une semaine, en découvrant la teneur réelle du texte, des eurodéputés ont retiré leur nom de la liste des signataires de cette déclaration. Au-delà, cela pose de nouveau la question de l’instrumentalisation de la lutte contre la pédo-pornographie pour faire voter des lois enfreignant les libertés fondamentales, et ensuite les étendre, par exemple, au cadre de la propriété intellectuelle.

La déclaration écrite 29, qu’est-ce que c’est ?

Le texte, dit déclaration 29 (PDF) a été déposé le 19 avril dernier, à l’initiative de Tiziano Motti et d’Anna Zaborska, deux députés européens du PPE (Parti chrétien-démocrate), le groupe le plus important au Parlement.

Il comporte deux points :

- le premier propose la création d’un Système d’Alerte Rapide Européen (SARE), soit un moyen coordonné entre les États membres pour combattre la pédo-pornographie et le harcèlement sexuel.

- le second “invite le Conseil et la Commission à mettre en œuvre la directive 2006/24/CE en l’étendant aux moteurs de recherche pour contrer avec rapidité et efficacité la pédo-pornographie et le harcèlement sexuel en ligne”.

Étendre la conservation des données aux moteurs de recherche

La directive 2006/24/CE à laquelle il est fait référence, concerne la conservation des données. Elle a été adoptée au cours de la législature précédente, après une forte pression du Conseil, et malgré une opposition de la Commission des Libertés civiles. Elle exige que les fournisseurs d’accès Internet (FAI) et opérateurs de téléphone conservent, pendant une période allant de six mois à deux ans, des données permettant notamment d’identifier la source, la destination, la date et la durée d’une communication. Cela concerne uniquement des données techniques. En aucun cas cela porte sur le contenu des communications.

Dans quelles conditions, pour lutter contre la pédo-pornographie, cela pourrait être “étendu” aux moteurs de recherche ? La déclaration 29 est plus qu’imprécise. Elle n’indique ni la nature, ni les conditions de conservation de ces données. Contactés par nos soins, les auteurs de la déclaration, Tiziano Motti et Anna Zaborska, n’ont pas donné suite.

Quelles sont les conséquences d’une telle déclaration ?

Une déclaration écrite n”a pas d’effet législatif direct. Mais, quand elle est adoptée, elle indique la position officielle du Parlement européen sur le sujet. Elle est un signal important envers la Commission.

Or, d’ici septembre, la commissaire aux Affaires Intérieures, Cécilia Malmström, doit justement évaluer la façon dont la directive sur la conservation des données a été transposée. Cela pourrait être suivi d’une révision du texte avant fin 2010. À noter que Cécilia Malmström est également l’auteur de la proposition de directive “relative à l’exploitation et aux abus sexuels concernant des enfants et à la pédo-pornographie”, qui vise notamment à instaurer un filtrage des contenus au niveau des FAI.

Si la déclaration 29 requiert le nombre suffisant de signatures, la Commission pourra en tenir compte dans son évaluation. Pour être adoptée, une déclaration écrite doit être signée par la moitié des membres inscrits, soit 369 signatures. À ce jour, la déclaration en a recueilli 324. Il est donc très vraisemblable qu’elle soit bientôt adoptée. À moins qu’il y ait un vaste mouvement de retrait.

“Malhonnête intellectuellement”

Le fait d’étendre la directive sur la rétention des données aux moteurs de recherche est totalement occulté dans les différents supports utilisés pour inciter les eurodéputés à apposer leur signature à la déclaration 29. La communication est uniquement basée sur la création du Système d’Alerte (SARE), ce à quoi beaucoup d’eurodéputés adhèrent.

En effet, ceci n’est pas mentionné dans le texte de présentation de la déclaration (PDF), disponible sur un site Internet dédié et curieusement intitulé “smile29″. Il ne l’est pas plus ni sur les plaquettes distribuées au sein du Parlement européen, ni dans les mails envoyés aux eurodéputés.
“Ce point sur l’extension de la rétention des données n’est indiquée nulle part sur les prospectus distribués à l’ensemble des députés et sur le site smile29, ce qui est malhonnête intellectuellement”
nous indique l’euro-députée Françoise Castex (S&D) qui, depuis, a retiré son nom de la liste des signataires.

De plus, dans le texte même de la déclaration (PDF), le nom de la directive n’apparaît pas ; elle est simplement référencée par son numéro (“directive 2006/24/CE”), sans préciser ou rappeler de quoi il s’agit.

“Nouvelle brique à la société de surveillance”

La semaine dernière, le sujet a fait du bruit en Suède. Alertés sur la teneur réelle de la déclaration 29, des euro-députés ont réagi publiquement.

“Cette proposition ajoute une nouvelle brique à la société de surveillance, écrit Christian Engström, du Parti Pirate, sur son blog. Si cette déclaration est adoptée, Mme Malmstrom va rajouter de l’essence sur le feu. Elle pourra poursuivre sa croisade contre un Internet libre et ouvert sous la bannière de la pornographie enfantine.”

Avec Lena Ek (ADLE), il a adressé une question écrite à la Commission à ce sujet.“L’UE n’a pas le droit de fouiner dans ce que les gens recherchent en ligne. Le droit à la vie privée est la pierre angulaire d’une société libre”indique Lena Ek dans un communiqué de presse.

Parallèlement, des eurodéputés ont annoncé le retrait de leur signature, et exhorté leurs collègues à faire de même. Ainsi, Cecilia Wikstrom (ADLE) a envoyé un mail expliquant comment elle avait été induite en erreur. Elle dit avoir retiré sa signature et invite ses collègues à la suivre. “Cecilia Wikstrom est un exemple clair de la façon dont les députés ont été trompés. Quand elle a été contactée à ce sujet, elle a expliqué ne pas avoir eu connaissance d’avoir fait quelque chose destiné à renforcer la directive sur la conservation de données, et a immédiatement retiré sa signature” explique le bloggeur suédois Marcin de Kaminski.

Selon le site DN, neuf eurodéputés suédois auraient déjà fait marche arrière. Et le mouvement a commencé à se rependre au sein du Parlement européen. Dans un mail intitulé “Warning about written declaration on paedophiles (no 29)” que nous nous sommes procurés, l’allemand Alexander Alvaro (FDP) soutient l’appel de Cecilia Wikstrom, et appelle, à son tour ceux qui auraient signé la déclaration “sans avoir connaissance du problème mentionné” à retirer leur signature.

“Le fait d’accéder, en connaissance de cause”

Comme dit plus haut, la commissaire Cécilia Malmström, en charge de la directive sur la conservation des données, est également l’auteur de la proposition de directive (PDF) pour lutter contre la pédo-pornographie. Outre l’article 21 visant au filtrage de contenus sur Internet, un autre article, le 5, dit : “Le fait d’accéder, en connaissance de cause et par le biais des technologies de l’information et de la communication, à de la pédo-pornographie est passible d’une peine privative de liberté maximale d’au moins un an.”

Reste à comprendre le sens et la portée de : “le fait d’accéder en connaissance de cause”. Nous avons posé la question au bureau de Cécilia Malmström qui n’a pas donné suite. Selon Cédric Manara, professeur de droit à l’EDHEC : “cela a pour objet de viser celui qui cherche des contenus sensibles, pas celui qui tomberait dessus par hasard”.

Au regard de la déclaration 29, on peut donc se demander si cela pourrait concerner la saisie de mots-clés explicites dans un moteur de recherche.

L’atteinte aux droits fondamentaux au nom de la pédo-pornographie

Si l’objectif est bien la conservation des mots-clés, cela porterait directement atteinte aux libertés fondamentales des internautes. Tout comme le filtrage prévu par la directive, et sur lequel le Contrôleur européen de la protection des données (CEPD) a émis un avis très critique quand à son impact “sur les droits fondamentaux à la vie privée et à la protection des données” (lire article).

Cependant nous explique Cédric Manara : ” les libertés fondamentales peuvent faire l’objet d’exceptions pour la protection de valeurs supérieures, par exemple pour protéger l’ordre public. Dans ce cadre, la lutte contre la pédo-pornographie peut ainsi justifier certaines mesures restrictives de libertés fondamentales.” Et de poursuivre : “le problème est que, depuis plusieurs années, on met toujours en avant la lutte contre la pédo-pornographie pour montrer que certaines pratiques sont possibles afin de chercher ensuite à les étendre tous azimuts”. Selon lui : “on cherche à provoquer des mesures de filtrage ou de blocage pour des raisons exceptionnelles et impérieuses (en mettant en avant la protection des enfants et des valeurs fondamentales), et un jour venu on dit : ça existe pour ces contenus-ci, on doit donc pouvoir les étendre à ces contenus-là”.

Instrumentalisation et glissement

Ce glissement, sous couvert d’assimilation et d’instrumentalisation, n’est plus à démontrer. Par exemple, en 2008, Jérôme Roger, représentant de la Société Civile des Producteurs de Phonogrammes en France, expliquait à PC Inpact:“les solutions de filtrage qui pourraient être déployées à cette occasion [lutte contre la pédo-pornographie, ndlr] devraient faire l’objet d’une réflexion à l’égard des contenus, dans le cadre de la propriété intellectuelle”.
Plus récemment, dans les colonnes du New York Times, Bono (U2) lançait : “Nous savons par le noble effort de l’Amérique pour stopper la pédo-pornographie, sans parler de l’effort ignoble de la Chine pour réprimer la dissidence en ligne, qu’il est parfaitement possible de suivre le contenu”, mettant au même niveau le combat contre la pédo-pornographie, la censure chinoise et le droit d’auteur.

Pour Jérémie Zimmermann, porte-parole de la Quadrature du Net : “Qu’il s’agisse de “protection” des artistes ou de l’enfance, la ficelle est la même : instrumentaliser un argument émotionnel fort pour justifier d’aller vers toujours plus de contrôle du réseau et des communications entre individus. Hadopi, Loppsi, ACTA, rapport Gallo, etc., c’est une seule et même offensive contre un Internet ouvert et libre.”
Sur le même sujet :
- Loppsi : Le Sénat opte pour un filtrage sans juge
- L’autorité européenne de protection des données critique le filtrage

Image CC Flickr Laughing Squid

À lire aussi : Une association de victimes de pédocriminels s’élève contre le blocage des sites ; La pédopornographie au secours des majors

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