OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Vendredi c’est graphisme http://owni.fr/2012/01/20/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s03e03/ http://owni.fr/2012/01/20/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s03e03/#comments Fri, 20 Jan 2012 10:11:57 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=94665

Bonjour à vous et bienvenue sur un nouvel épisode de “Vendredi c’est Graphism !”

Bon, je ne vous le cache pas, la semaine a été dense en actualités et notamment avec ce fameux BlackOut mercredi, ce jeu vidéo avec Super Mario, Megaman et Metroid ou encore ces princesses de Disney. On ira également faire un tour du côté du documentaire “Press Play Pause” et de Saul Bass pour terminer sur un gros WTF à base de cochons !

C’est vendredi, tout va bien et c’est “Graphism” !

Geoffrey

Allez, on commence la semaine sur le coup de gueule graphique réalisé par un petit nombre de sites internet avant-hier. Afin de protester contre la loi SOPA et PIPA mais également contre toutes les lois liberticides comme la loi Hadopi, Loppsi, l’Arjel, l’Acta ou encore l’Ipred, des sites comme Wikipedia, Wired, Mozilla, Ubuntu, Wordpress – ou encore mon site – ont arboré un design noir rappelant la censure et la protestation. Voici un petit aperçu de certains de ces sites dont nous nous étions tellement habités au design.

source

Toujours cette semaine, Machinima a mis en ligne un nouvel extrait pour nous annoncer la sortie du prochain “Super Mario Bros Crossover 2.0″. Ce jeu permet d’explorer les niveaux de Super Mario Bros NES avec des personnages différents tels que Samus Aran, Mega Man, j’en passe. Ce grand jeu rétro vous replonge donc dans ce qui fut notre jeunesse, notre enfance ou – pour certain(e)s – le quotidien ! Aux graphiques 16 bits, les niveaux se complèteront au fur et à mesure… hâte de voir la suite !

Cliquer ici pour voir la vidéo.

source | source

Cette semaine a été l’occasion pour moi de découvrir cette série de photos signées Thomas Czarnecki. Intitulée “From enchantement to Down”, l’idée est de raconter comment toutes les belles princesses de Disney terminent leur vie. Dans les contes de Disney tout se termine plutôt bien, c’est donc une façon de réécrire l’histoire et de réinventer l’enchantement d’une autre façon. Pauvre Ariel, Blanche Neige et pauvre Alice !

sourcesource

On continue notre revue de la semaine avec un petit documentaire qui risque de vous motiver à créer! « Press Play Pause » nous présente la révolution numérique de la dernière décennie et sa résultante qui est la créativité et l’expression du talent d’une manière inédite, avec des possibilités illimitées. Mais cette culture et cette révolution numérique ne signifient pas du tout que l’art s’est démocratisé ni que le talent est devenu plus facile à trouver, en effet, il a pu se noyer dans la quantité d’oeuvres créées. C’est sur cette question que « Press Pause Play » se fonde et offre le recul d’une réflexion au travers d’interviews avec certains des créateurs les plus influents du monde de l’ère numérique.

L’affiche :

pause [documentaire] La révolution créative numérique : Press Pause Play

Le documentaire :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

source

On termine sur une note historique avec un film des travaux de Saul Bass sur le design et l’identité visuelle d’AT&T. Pour rappel AT&T est le plus grand fournisseur de services téléphoniques locaux et longue distance des États-Unis. Ainsi, dans les années 1970, Saul Bass dessina cette “cloche” en guise de logo pour la marque, un symbole qui sera omniprésent pendant plus d’une décennie. Une des raisons de l’omniprésence du logo de Bell a été également son déploiement, un des plus important des États-Unis avec :

- 135 000 véhicules
- 22 000 immeubles
- 12 500 00 cabines téléphoniques
- 170 000 000 annuaires téléphoniques

Et voici le film en question :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Le WTF de cette semaine est une application iPad pour relier les humains avec… les cochons ! Non, non, ne vous frottez pas les yeux, ce projet réalisé par des étudiants de l’Ecole d’Art d’Utrech est un jeu “multi-inter-espèces“. Vous allez donc pouvoir, en tant qu’humain, jouer avec des porcs (si si ça arrive ;-)). De son doux nom “Pigs Chase”, l’idée sous jacente est d’étudier la relation cognitive complexe que nous avons avec les porcs domestiqués. Les étudiants veulent ensuite concevoir de nouvelles formes d’interaction homme-cochon.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

source

Pour conclure, je vous propose de vous rendre à Paris pour VIA Design, à Nantes pour l’expo du Musée de l’Imprimerie ou encore à Nancy pour voir Luis Dourado ! Et si vous préférez restez au chaud chez vous sans traverser la France, vous pouvez vous droguer d’images, construire du zombie ou encore jeter un oeil sur ce livre fait uniquement avec des tampons encreurs !

Bon week-end et… à la semaine prochaine !

Geoffrey

]]>
http://owni.fr/2012/01/20/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s03e03/feed/ 4
[infographie] Les forçats du jouet http://owni.fr/2011/12/19/chine-les-forcats-du-jouet-mattel-disney/ http://owni.fr/2011/12/19/chine-les-forcats-du-jouet-mattel-disney/#comments Mon, 19 Dec 2011 16:28:59 +0000 Loguy et Fabien Soyez http://owni.fr/?p=91139 La majorité des jouets offerts à Noël sont fabriqués en Chine, près de Hong Kong. Dans les fabriques de poupées et de voitures en plastique, les ouvriers ont le choix : travailler plus et gagner une misère, ou travailler moins et gagner encore moins. Parmi les géants du jouet, Mattel et Disney se disputent la première place.

Travail: ce que dit la loi chinoise

Pour comprendre cette infographie, il est nécessaire de connaître le code du travail chinois. Quelques éléments :

Les salariés ne doivent pas travailler plus de 8h par jour et plus de 44h par semaine.
Une semaine ne doit pas excéder 5 jours.
Le maximum légal est fixé à 174h de travail par mois.
Côté heures supplémentaires, un salarié chinois ne peut effectuer plus de 36 heures supplémentaires par mois.
Soit 2h supplémentaires par jour en moyenne ; 9h supplémentaires par semaine.


Salaire de base : le salaire de base varie selon la localité : à Shenzhen, c’est 154 euros/mois, à Dongguan, c’est 128 euros/mois.

Horaires réels: de l’entrée dans l’usine à la sortie de l’usine. Sont compris la pause déjeuner (1h30 environ), le dîner (1h) et les heures supplémentaires.

6 jours par semaine : les usines étudiées font travailler leurs salariés 6 jours par semaine au lieu de 5.

44h de travail par semaine maximum, 9h supplémentaires par semaine maximum ; donc 53h de travail réel par semaine. Pour les usines concernées, on atteint entre 60 et 72h par semaine.

Heures supplémentaires : 2h par jour, selon la loi chinoise.

Au “total” : un salarié ne peut travailler plus de 174h/mois et 36h  supplémentaires /mois, il ne peut donc dépasser 210h/mois de travail effectif. Pour les usines étudiées, ce chiffre total atteint entre 240 et 288h/mois (donc heures  supplémentaires  comprises).


Infographie réalisée par Loguy

]]>
http://owni.fr/2011/12/19/chine-les-forcats-du-jouet-mattel-disney/feed/ 19
Les chinoiseries des fabricants de jouets http://owni.fr/2011/12/19/les-chinoiseries-des-fabricants-de-jouets/ http://owni.fr/2011/12/19/les-chinoiseries-des-fabricants-de-jouets/#comments Mon, 19 Dec 2011 11:27:18 +0000 Fabien Soyez http://owni.fr/?p=90897

Comme Mattel, la Walt Disney Company (WDC) a recours à des sous-traitants pour fabriquer les jouets à l’effigie de Mickey. Et dans pareil cas, Disney délègue sa responsabilité sociale à ses sous-traitants. Ceux-ci doivent s’engager à faire respecter, dans les usines qu’ils démarchent, un code de conduite propre à la WDC, intégré dans les contrats de licence et d’approvisionnement passés par le groupe.

Mattel et Disney fêtent Noël en Chine

Mattel et Disney fêtent Noël en Chine

Salaires de misère, amendes punitives, quatorze heures de travail par jour, six jours par semaine. Discrimination et ...


Ainsi, les fabricants “n’utiliseront pas” le travail infantile, le travail involontaire ou forcé, “traiteront chaque salarié avec dignité et respect”, “offriront un lieu de travail salubre et non-dangereux”, respecteront “au minimum” les lois en vigueur concernant les salaires et la durée du temps de travail, et ils respecteront le “droit des salariés à s’associer et à négocier collectivement”. Disney est associée à lInternational Council of Toy Industries (ICTI), mais possède sa propre équipe dédiée, The International Labor Standard (ILS), une équipe de juristes qui assure avoir commandité plusieurs milliers d’audits “maison” chez les fournisseurs de l’entreprise.

Chez Disney, on minimise : “Dans ces usines (Hung Hing et Sturdy Products), nos produits ne représentent que 5% de la production. Nous ne sommes pas les seuls clients de ces fournisseurs.” Et d’ajouter, agacés : “Comme par hasard, ces enquêtes sortent à la veille de Noël, elles ont été faites pendant la pleine saison… Je serais curieuse de voir la même étude pendant la période creuse. Mais nous ne cherchons pas d’excuse, bien sûr.’”

Depuis 2005, l’ONG Students & Scholars Against Corporate Misbehaviour (Sacom) a mené une dizaine d’enquêtes sur les usines sous-traitantes de Disney. “Nos rapports prouvent que les audits de Disney sont tout aussi inefficaces que ceux de l’ICTI”, affirme Debby Chan. A l’association Peuples Solidaires, Fanny Gallois s’interroge :

Comment nous faire croire que Disney arrive à faire respecter son code de conduite à des détenteurs de licence que l’entreprise connaît à peine ? Avec son système de licences, Disney sous-traite tellement qu’il n’est plus capable de remonter la chaîne d’approvisionnement, et de la maitriser.

Fanny Gallois décrit le système : “quand un scandale éclate, comme ici avec On Tay Toys ou Sturdy Products, Disney doit d’abord retrouver le nom du sous-traitant avant celui de l’usine, car elle ne possède pas la liste des usines.” Nathalie Dray, directrice de la communication corporate pour Walt Disney France, reconnaît :

C’est très compliqué de contrôler à 100% notre chaîne de production, il faut que les détenteurs de licence jouent le jeu. Mais on essaie de faire au mieux et on les pousse à mettre les usines en conformité.

Code de conduite

Grand classique de la communication de crise, les différents géants du jouet interrogés répondent tous peu ou prou la même chose : “Nous prenons le cas de ces usines très au sérieux”, lancent en chœur Disney et Mattel, qui précisent avoir demandé à leurs sous-traitants de “vérifier” les informations de la Sacom, avant de “prendre des mesures”.

Sur le site de On Tai Toys, les ouvriers fabriquent également les fameux Lego Books, des livres illustrés sur l’univers des briques à plot. Ces Lego Books sont distribués depuis douze ans pour Lego par un détenteur de licence, Dorling Kindersley (DK). Une bonne excuse pour Lego, qui minimise : “Nous avons demandé à DK de faire une enquête sur On Tai Toys. Par ailleurs, nous ne produisons que 10% de nos briques en Chine, dans des usines en relation très étroite avec nous. Ces usines et celles utilisées par nos détenteurs de licence sont régulièrement contrôlées par des cabinets d’audit accrédités par l’ICTI. Nous prenons tout cela très au sérieux et en cas de violation de notre code de conduite, nous pouvons aller jusqu’à la rupture des relations commerciales avec les usines concernées, mais en tout dernier recours“, explique Charlotte Simonsen, porte-parole du groupe danois.

Mattel, qui se contente de fournir aux journalistes ses statements et refuse “les interviews one to one”, rappelle que “depuis plus de 15 ans“, l’entreprise utilise un système de contrôle indépendant dans ses usines, avec un code de conduite “des plus exigeants”, et collabore activement avec l’ICTI “pour améliorer sans cesse les conditions de travail dans les usines.”

Tout va bien dans le meilleur des mondes. Après avoir “mené sa propre enquête”, Mattel considère le suicide de l’ouvrière de l’usine Sturdy Products Nianzhen Hu, comme un “incident tragique, mais isolé.” Et de préciser que “l’audit n’a trouvé aucune preuve de dépassement d’horaires imposés”, et que les ouvriers ayant dépassé la limite d’heures supplémentaires durant l’été “pouvaient refuser de les effectuer”.

Solution de survie

À la Sacom, Debby Chan demande aux géants du jouet de “prendre leurs responsabilités, et de ne plus lancer de promesses en l’air après chaque scandale : c’est à eux de changer leurs pratiques d’achat, la pression que Disney ou Mattel exercent sur les fournisseurs pour obtenir des prix toujours plus bas, les pousse à violer les lois du travail.” Les multinationales, exigeant des producteurs des délais de livraison “de plus en plus courts”, inciteraient les usines à fabriquer vite, quitte à ne pas respecter les codes de conduites.

“Les sous-traitants ont le couteau sous la gorge, exploiter les ouvriers devient presque pour eux une solution de survie !”, lance Marie-Claude Hessler, qui demande aux multinationales d’augmenter le prix à la commande, pour “permettre aux fournisseurs de payer un salaire décent aux ouvriers.” A Disney, on répond tout de go : “Nous ne sommes pas des donneurs d’ordres, ce sont nos licenciés qui passent les commandes, et nous on ne va pas leur imposer quoi que ce soit.” Qui sont ces détenteurs de licence ? “Nous ne révélerons pas la liste de nos sous-traitants, de nos fournisseurs et de nos licenciés“, répondent Disney et Mattel. À la Sacom, Debby Chan soupire :

Les géants du jouet ne jouent pas le jeu. S’ils rendaient publiques les listes de leurs fournisseurs, comme Nike, Adidas ou Puma l’ont fait avant elles, les organisations civiles pourraient au moins renforcer leur surveillance et pousser les usines à adopter une meilleure conduite.

Pour le moment, parmi les géants du jouet, seul l’éditeur du Monopoly, Hasbro, publie sur son site internet la liste de ses fournisseurs en Chine. Des usines situées sans surprise autour de Shenzhen et de Dongguan.

Ce que les ONG réclament, c’est aussi une “nouvelle organisation”, autre que l’ICTI, qui travaillerait en étroite collaboration avec les fournisseurs et les associations, pour pousser le gouvernement chinois et les usines à garantir aux ouvriers une “réelle liberté syndicale”. En Chine, pays qui n’a pas adhéré aux normes fondamentales de l’OIT (Organisation Internationale du Travail) sur la liberté d’association et de négociation collective, le système est celui du syndicat unique. “Les syndicats qui existent dans les usines sont assujettis au syndicat unique, qui est lui même soumis à l’État et au parti communiste”, explique Anthony Jin, qui a dirigé une entreprise en Chine pendant cinq ans.

La Fédération syndicale de Chine (ACFTU) donne une illusion de liberté syndicale, mais en réalité c’est une façade. L’ACFTU est le syndicat des patrons, il fait le lien entre les ouvriers et la direction, mais il ne permet pas aux ouvriers de défendre leurs droits, qui ne peuvent pas former eux mêmes le syndicat de leur choix.

D’après Anthony Jin, “le gouvernement chinois a peur des revendications collectives, il se souvient de l’URSS et de Solidarnosc.” Pour Debby Chan, de la Sacom, il revient aux multinationales comme Mattel ou Disney de faire pression sur le gouvernement chinois. A Disney, Nathalie Dray constate : “Isolément, nous n’avons pas de poids, pour faire changer les choses au niveau du gouvernement chinois, nous ne pouvons nous reposer que sur l’ICTI, c’est au travers de la Fédération que nous pourrons négocier.”

D’ici là, la Sacom, qui ne fait “aucunement confiance en l’ICTI” et demande donc la création d’une nouvelle Fédération, propose une alternative : la mise en place dans les usines de “comités d’ouvriers”, qui ne sont pas mentionnés dans la loi chinoise. “C’est une zone grise, ces comités peuvent donc être créés, en théorie.” Dans deux usines sous-traitantes de Disney, “les ouvriers ont pu élire des représentants, grâce à la pression de Disney. Il ne s’agit pas de vrais syndicats, mais c’est déjà un progrès”, lance Debby Chan.


Photos sous licences Creative Commons via Flickr : source

]]>
http://owni.fr/2011/12/19/les-chinoiseries-des-fabricants-de-jouets/feed/ 9
Mattel et Disney fêtent Noël en Chine http://owni.fr/2011/12/19/mattel-disney-noel-chine-usine-jouets/ http://owni.fr/2011/12/19/mattel-disney-noel-chine-usine-jouets/#comments Mon, 19 Dec 2011 07:35:01 +0000 Fabien Soyez http://owni.fr/?p=90241 Les ménages français dépenseront en moyenne 67 euros en jouets pour ces fêtes de Noël. Toupies Beyblade, Zhu Zhu Pets et voitures télécommandées Cars 2 devraient être les jouets vedettes de ces fêtes. Mais dans les coulisses, se profile un tableau moins joyeux. Celui de la production des jouets en question. Ce marché du jouet qui connaît peu la crise. Il pèse 80 milliards de dollars sur le plan mondial, 3 058 millions d’euros en France. Pas de chance pour les majors du secteur, un rapport sur les conditions de travail dans l’industrie du jouet en Chine accable particulièrement Disney et Mattel.

Les chinoiseries des fabricants de jouets

Les chinoiseries des fabricants de jouets

Mattel, Lego ou Disney profitent allègrement des terribles conditions de travail imposées dans les usines chinoises où ...


Entre mai et octobre, quand les usines de jouets tournent à plein régime en vue des fêtes de Noël, une association d’universitaires basée à Hong Kong, la Sacom, et l’organisation China Labor Watch (CLW), ont mené une enquête approfondie chez plusieurs sous-traitants de ces multinationales.

Salaires payés en retard, heures supplémentaires obligatoires, privation de jours de repos, interdiction de parler ou de se rendre aux toilettes, amendes punitives, discrimination sexuelle, harcèlement au travail : l’enquête révèle une liste impressionnante d’abus et de violations de principes fondamentaux. Les responsables de Disney et Mattel que nous avons contactés ont cherché à relativiser les résultats de ces travaux , en citant les audits qu’ils affirment réaliser sur le sérieux de leurs sous-traitants en Chine (lire notre enquête sur ce point).

Trois Barbie vendues par secondes

L’industrie du jouet en Chine, ce sont 4 millions d’ouvriers, qui produisent 80% des jouets vendus à travers le monde, 90% des jouets importés en Europe. 60% de ceux importés en France. 4 000 usines chinoises travaillent pour les sous-traitants de Mattel et Disney. 70% de ces usines se situent en Chine du Sud, près de la côte, dans le delta de la Rivière des Perles, une “zone économique spéciale“, sorte d’arrière-pays de Hong-Kong.

Barbie à la chaîne

En 2001 déjà, un rapport du Hong Kong Christian Industrial Committee (HKCIC) y dénonçait des conditions de travail “infernales”, épinglant sans ménagement Hasbro, McDonald’s, Disney et Mattel. “Dix ans plus tard, rien n’a vraiment changé, malgré quelques améliorations minimes”, déplore Debby Chan, chef de projet à la Sacom.

Premier géant du jouet pointé du doigt : Mattel. Chaque année, le leader mondial du jouet commercialise des millions de poupées Barbie (trois par seconde) fabriquées à 80% en Chine. Sur le site de Sturdy Products, à Shenzhen, on ne fabrique pas la célèbre poupée, mais des voitures miniatures, qui s’arracheront probablement à Noël : les Hot Wheels. Dans l’usine chinoise, déjà dénoncée par la Sacom en 2007, quelque 6 000 ouvriers travaillent d’arrache-pied, 12h par jour, 6 jours par semaine, pour des salaires ridiculement bas. Selon la Sacom :

Les salaires sont maintenus à des niveaux extrêmement bas, à cause des quotas de production qui sont presque impossibles à remplir.

Dans cette fabrique, qui a exporté en 2010 plus de 30 millions de dollars de jouets, les ouvriers touchent 154 euros par mois, le salaire minimum. En effectuant des heures supplémentaires, ils peuvent espérer atteindre 327 euros. Pour cela, le maximum légal de 36 heures supplémentaires par mois est allégrement dépassé. Les ouvriers de Sturdy Products ont ainsi effectué, l’été dernier, pendant la “haute saison”, entre 100 et 120 heures supplémentaires par mois, comme le prouvent des fiches de paie que s’est procurée la Sacom.

Une voiture Hotwheels, beaucoup d'heures supplémentaires

Au moment de l’embauche, certains ouvriers affirment avoir été poussés à signer un document les engageant à travailler au delà du maximum légal. Debby Chan, de la Sacom, décrit des conditions de travail “indignes”, proches de “l’enfer” :

Les ouvriers, des femmes le plus souvent, sont harcelés et insultés en permanence par leurs patrons. Les cadences de travail sont excessives, il faut produire beaucoup en peu de temps. Il y a de graves négligences en matière de sécurité du travail. Les ouvrières utilisent des produits chimiques dangereux, des diluants, des colles, du plomb. Des masques chirurgicaux leur sont fournis, mais ils sont inefficaces pour les protéger des vapeurs toxiques. Récemment, deux ouvrières ont dû être hospitalisées, mais elles n’ont reçu aucune compensation de la part de leurs employeurs.

D’après l’enquête de l’ONG, l’usine de Shenzhen aurait employé plusieurs enfants âgés de 14 à 15 ans. En mai 2011, Nianzhen Hu, une ouvrière de l’usine, s’est suicidée en sautant du sixième étage de l’usine. Selon sa famille, elle était souvent “réprimandée” par la direction “parce qu’elle n’était pas assez efficace”. On lui avait ordonné, en guise de punition, de ne pas venir travailler.

Audits inefficaces

Depuis 2006, l’usine est pourtant régulièrement certifiée décente” par la Fédération Internationale des Industries du Jouet (ICTI). Depuis dix ans, l’ICTI effectue des audits sociaux dans plus de 2 400 usines chinoises. Destiné à “promouvoir une fabrication éthique”, le “Care Process” de l’ICTI repose sur un code de pratiques commerciales” imposé aux sous-traitants de multinationales membres, comme Mattel, qui interdit le travail des enfants et édicte une série de “règles de bonnes conduites” à respecter : “environnement de travail sûr“, “assistante médicale en cas d’urgence”, congés maladie, etc.

Disney Store Toys

Un rayon de peluches au Disney Store des Champs Elysées. Tous ces jouets sont "made in China".

Marie-Claude Hessler, ancienne juriste d’Amnesty International, est actionnaire minoritaire de Mattel. À chaque assemblée générale, en mai à Los Angeles, elle prend la parole et pose aux dirigeants des questions qui fâchent. Les audits de l’ICTI, l’ex-juriste les considère comme “de la poudre aux yeux.”

Les inspecteurs de l’ICTI viennent d’Europe ou des Etats-Unis, sans vraie connaissance du terrain. Ils sont très faciles à leurrer. Et quand la Fédération fait appel à des compagnies d’audit externes, régulièrement, des usines se plaignent de la corruption des inspecteurs, qui leur réclament de l’argent contre une certification.

Les ONG dénoncent des audits sociaux inefficaces, inutiles. Feng Yu, 21 ans, a travaillé pendant trois ans dans plusieurs usines de jouets à Shenzhen. Elle raconte : “Avant les contrôles, on nous réunissait dans une salle, et on nous expliquait les questions que l’on allait nous poser, et surtout ce qu’il fallait répondre aux inspecteurs.” A Sturdy Products, la Sacom reporte même le cas d’ouvriers payés pour mentir lors des audits. Debby Chan ne se fait aucune illusion :

Dans la pratique, les directeurs d’usines sont informés à l’avance de l’arrivée des inspecteurs, ils ont le temps de faire le grand ménage, de cacher les produits chimiques, de faire partir les enfants, de fabriquer de faux contrats de travail, de fausses fiches de paie. C’est tout un cinéma qui est mis en place pour tromper les inspecteurs.

Marie-Claude Hessler déplore l’attitude de Mattel et d’autres géants du jouet, comme Disney, qui “se reposent de plus en plus sur les audits de l’ICTI, avant de mener leurs propres vérifications.” En 1997, Mattel avait monté une cellule d’experts indépendants, qui visitaient les usines tous les trois ans, faisant respecter le code de conduite de l’entreprise. “A l’époque, l’entreprise avait un PDG un peu avant-gardiste, mais depuis qu’il a été remplacé, Mattel a supprimé cette commission indépendante et se cache derrière l’ICTI, se bornant à publier de temps en temps les rapports de la Fédération”, lance Marie-Claude Hessler. L’ancienne juriste déplore l’attitude de l’ICTI : “Pour l’industrie du jouet, les audits doivent rester inefficaces… ça rapporte beaucoup trop.”

Interrogé par OWNI, le président de l’ICTI Care Process, Christian Ewert, n’apprécie pas. “Le but de notre Code de conduite est d’assurer un traitement équitable des ouvriers des usines de jouets, dans le monde entier. Quand une usine ne respecte pas le code, nous veillons à ce qu’elle corrige le tir. Nos contrôles sont quant à eux d’une grande qualité “ Et de tirer à boulets rouges sur la Sacom :

La Sacom n’est vraiment pas gentille avec l’ICTI Care Process. Ces dernières années, elle n’a cessé de nous critiquer, n’a jamais donné de crédit à nos actions, et refuse de nous rencontrer. Nous sommes pourtant ouverts au dialogue, acceptons les enquêtes des ONG, et agissons dès que les résultats de ces enquêtes nous sont communiqués, ou lorsqu’un ouvrier nous contacte pour dénoncer son usine. Notre travail se fait dans la durée, il prend du temps, et chaque année les choses vont de mieux en mieux.

30 heures de travail ininterrompues

Également pointée du doigt, la Walt Disney Company. À Sturdy Products, les ouvriers chinois produisent ses petites voitures à l’effigie de Flash McQueen, héros de Cars. Dans son dernier rapport, la Sacom se penche aussi sur la situation à On Tai Toys et Hung Hing Printing, deux usines nichées dans le delta de la Rivière des Perles. Les figurines Buzz l’Eclair, les albums de coloriage Disney sortent chaque hiver de ces fabriques, où les ouvriers travaillent entre 12 et 14 heures par jour, dans des conditions dangereuses.

Dans l’usine de On Tai Toys, les ouvriers manipulent ainsi des produits chimiques sans étiquettes, et sans moyens de protection (gants, masques). Ils dorment à l’usine, dans des dortoirs minuscules, envahis par les rats et les insectes. Le logement et la cantine, 40 euros en tout, sont retenus sur les salaires des ouvriers. A Hung Hing, l’une des 30 usines chinoises comptant le plus d’accidents de travail, les blessures sont monnaie courante, et les salaires sont payés avec trois semaines voire un mois de retard.

OWNI a contacté les différentes usines concernées, souvent en vain. À On Tai Toys, “on ne répond pas aux journalistes”, lance froidement un responsable de l’usine. A Sturdy Products, Damon Chan, l’un des responsables de l’usine, demande très poliment un peu de temps avant de répondre (OWNI attend toujours sa réponse), mais indique “prendre cette affaire, sujet très sensible à Sturdy Products, très au sérieux.”

Seule véritable réaction, celle du directeur général de Hung Hing Printing Group, Dennis Wong, qui justifie le dépassement des heures supplémentaires par des salaires de base “insuffisants pour vivre : les ouvriers ne peuvent gagner plus de 154 euros par mois, ils ont besoin de ces heures supplémentaires.” Entre juin et octobre, pendant la haute saison, des ouvriers de Hung Hing ont effectué jusqu’à 100 heures supplémentaires par mois, certains jusqu’à 30 heures interrompues, uniquement pour “honorer les délais d’une commande.”


Photos sous licences Creative Commons via Flickr : source et photo du Disney Store au mobile par Fabien Soyez

]]>
http://owni.fr/2011/12/19/mattel-disney-noel-chine-usine-jouets/feed/ 20