OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Ces opposants achetés qu’Hadopi a oubliés… http://owni.fr/2011/07/26/ces-opposants-achetes-quhadopi-a-oublie/ http://owni.fr/2011/07/26/ces-opposants-achetes-quhadopi-a-oublie/#comments Tue, 26 Jul 2011 10:11:41 +0000 Paul Da Silva http://owni.fr/?p=74777 Hier [21 juillet 2011, NdlR] j’ai eu la chance d’être convié à la présentation du plan France Numérique 2020 au ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie. Outre les petits fours (depuis le temps que je voulais goûter des macarons fauchon ^^) et le bon vin je retiendrai une réelle volonté d’ouverture (ne serait-ce que par ma présence et celle de représentants de sociétés d’auteurs dans la même salle) et un début de clash sur Twitter avec Éric Walter (secrétaire général de la Hadopi) auquel j’ai fini par arrêter de répondre devant la mauvaise foi de celui-ci et le débat que j’étais venu suivre qui se poursuivait en face. Je profite donc de mon blog pour revenir sur le « clash » en question de façon plus argumentée et construite que les classiques 140 caractères me le permettent.

Se faire traiter publiquement de menteur ? Pas question !

Tout est parti de l’interrogation légitime de Benjamin Bayart sur le fait qu’il n’ait pas été invité à la cérémonie d’hier, il a alors tweeté « Ils n’invitent que les geeks qui acceptent l’argent de l’#hadopi ? » et je me suis donc empressé de répondre que je n’avais jamais accepté de l’argent de la Hadopi, bien que ceux-ci me l’aient proposé à plusieurs reprises. La réponse ne se fit pas attendre, et ce même si Eric Walter a récemment décidé de me bloquer sur Twitter au motif que je le mettais trop souvent en copie avant que je ne lui explique au téléphone que son blocage avait aussi comme conséquence de m’empêcher de le suivre… Je le cite : « laquelle #hadopi ne vous en a jamais proposé d’ailleurs ».

Manque de chance, j’ai une mémoire terrible et donc je note tout ce qui peut avoir de l’importance sur ce sujet dans un joli fichier oowriter (de plusieurs dizaines de pages) que je conserve en sécurité tant les pratiques de la Hadopi sont douteuses. Je n’avais jusque-là pas ressenti le besoin d’en parler, puisque finalement ils gèrent leur business comme bon leur semble mais laisser quelqu’un qui a justement tenté de m’acheter (haha quand on sait ce que je pense de l’argent…) me traiter publiquement de menteur est juste au dessus de mes forces…

Ma première rencontre avec Éric Walter a eu lieu chez eux, en octobre 2010 et a duré plusieurs heures (5 pour être précis). Elle faisait suite à une conférence de presse au cours de laquelle déjà Éric (je le vouvoie toujours pour conserver de la distance avec lui mais pour éviter de surcharger le texte l’on va se contenter du prénom) m’avait proposé de rejoindre les labs.

Au cours de notre entretien il réitérera cette proposition à plusieurs reprises, restant volontairement dans le flou sur le poste exact qui m’était proposé. Le lab « Internet et société » a été évoqué mais rien de particulier sur l’intitulé du poste. A ce moment là les postes d’experts associés n’étaient pas au programme et Turblog (/Spyou) qui était dans la même pièce que moi s’est vu proposer grosso-modo les mêmes choses que moi, et l’on sait comment cela s’est fini (avec tout le respect que j’ai pour la démarche et la personne de Turblog).

Un budget sur-dimensionné pour embaucher des opposants

Dans le même temps des budgets ont été débloqués pour des marchés relevant des missions de la Hadopi dont un était la création d’un portail d’information sur les moyens de sécurisation de la connexion. Ce budget à 7 chiffres a été proposé à nouveau à des opposants pour la réalisation dudit portail. Il était clairement sur-dimensionné et lesdits opposants l’ont donc refusés (je ne donnerai pas de noms, ne les ayant pas associé à la démarche qui est derrière cet article).

Dans un moment d’égarement et d’humour noir j’avais répondu à l’offre d’emploi de community manager de la Hadopi (lisez le texte avant d’hurler, je ne voulais pas vraiment ce poste hein !) sur mon blog. J’ai donc logiquement été contacté à nouveau par Éric (en DM twitter) qui me demandait, sur le ton de l’humour, quelles étaient mes prétentions salariales. Gageons que si j’avais répondu un chiffre l’humour aurait vite disparu de la discussion. Ma réponse fut plus simple : « vous n’avez pas assez de budget pour m’acheter ».

Un peu plus tard, lors de la sortie du site hadopi.fr, des opposants ont jugé opportun de revoir la FAQ du site qui était pleine de désinformation et se sont, par conséquent, vu proposer de l’argent en rétribution de ce travail. Qu’on s’entende bien, cela est normal, mais je suis convaincu que cela n’était pas nécessaire et, d’un point de vue strictement éthique, risqué pour les deux parties. Je ne sais pas ce que cet argent a fini par devenir mais là encore la Hadopi en la personne d’Éric ont vu large avec le chéquier.

Et enfin tout récemment, quelques jours avant la sortie de la campagne de publicité propagande de la Hadopi, Éric m’a appelé pour me demander si j’acceptais « un travail de la part de la Hadopi » (et ce sont là ses mots). J’ai bien sûr commencé par répondre par la négative avant qu’il m’explique qu’il désirait un avis très critique sur la campagne à venir. J’ai alors accepté à la seule réserve que l’on ne me demande pas d’accepter de l’argent pour ceci. Il me répondra que je suis pourtant en droit de le demander… Finalement pour des raisons d’emploi du temps j’ai découvert les pubs en même temps que vous, avec probablement la même grimace…

Je ne parle ici que de quelques faits, ils sont multiples et tous aussi troubles… Donc monsieur Walter, merci de ne pas me prendre pour un con et d’assumer votre démarche, aussi contestable soit-elle.

Et puisque l’on est dans le full disclo, il est bon de savoir qu’à chaque opposant qu’il a rencontré et que je connaisse, Éric s’est présenté comme anti-Hadopi…

Article publié à l’origine sur le blog de Paul da Silva sous le titre Quand l’Hadopi n’assume plus d’avoir essayé d’acheter ses opposants.

Photos FlickR PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales nitot ; PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales catalyseurs_numeriques ; Paternité choisirtoujours.

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HADOPI HIHI http://owni.fr/2011/05/12/hadopi-communication-lol-mitterrand/ http://owni.fr/2011/05/12/hadopi-communication-lol-mitterrand/#comments Thu, 12 May 2011 06:32:55 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=62245 Un ministre de la Culture fuyant, aucun chiffre et une étude incomplète. On ne va pas se mentir : hier, au retour d’une énième conférence de presse de l’Hadopi, en présence, excusez du peu, de Frédéric Mitterrand lui-même, nous n’avions nullement l’intention de transformer l’essai en papier. Et pour tout dire, nous étions un poil irrités d’avoir assisté, avec cette assiduité qui nous caractérise (si, si) à cette nouvelle opération de com’ de la Haute Autorité. En même temps, si nous ne voulions pas nous faire le relais RP de l’Hadopi, nous ne pouvions nier l’évidence, même couverte par le voile de l’exaspération qui enfle telle une calzone trop cuite : de par sa vacuité, cette dernière mascarade a été l’occasion d’une bien belle marade. Alors autant qu’on la partage avec vous.

Plantons un peu le décor. Mardi 10 mai 2011 : la Haute Autorité représentée par ses infatigables secrétaire général Éric Walter et présidente Marie-Françoise Marais, donne rendez-vous à la presse dans un grand hôtel du 14e arrondissement de Paris. Exit la rue du Texel : on met les petits plats dans les grands, car le ministre de la Culture est de passage, et s’apprête à faire une communication “pour tirer le bilan des sept premiers mois d’activité.”. Une allocution -sur laquelle on reviendra- qui a fait suite à une visite des locaux de la Haute Autorité et à une “réunion de travail” avec ses représentants, ainsi que certains membres des Labs, comme Bruno Spiquel de Turblog, ou Jean-Michel Planche. Réunion qui, comme l’a relevé Marie-Françoise Marais dans un éclat de rire sonore, a été “live-tweetée” (“c’est comme ça qu’on dit ?” Oui, oui, madame la présidente, pas d’inquiétudes). Malheureusement pour nous, la couverture live en question n’a pas donné grand chose. Nous avons simplement appris que la Commission de protection des droits (CPD, le bras armé de l’Hadopi) n’a pas souhaité donner de chiffres, qu’ils étaient à la bourre et, qu’en gros, un ministre de passage, ça écoute et ça dit “oui”, trois fois:

Dommage, nous qui voulions nous mettre en bouche avant la grand messe, dans laquelle, logiquement, nous avons par la suite placé toutes nos espérances. Peine perdue, puisqu’après 45 minutes passées rue du Texel (“ce qui n’est pas rien pour un ministre”, selon Marie-Françoise Marais), Frédéric Mitterrand a expédié en dix minutes chrono (on ignore ce que ça représente pour un ministre) un texte écrit pour l’occasion, empruntant un débit “mitraillette”, pour reprendre les dires d’un confrère, qui empêchait de piper mot à ses propos. Suite à quoi le ministre s’en est simplement allé, refusant de répondre à toute question, et laissant une salle de conférence à moitié vide.

On retiendra quand même une chose de sa visite: la raison invoquée pour justifier son déplacement:

Je suis aussi ici pour dissiper les éventuelles allégations vues ci et là dernièrement et réaffirmer de la manière la plus forte ma totale confiance et mon appui à l’Hadopi

Redorer le blason de l’Hadopi en réaffirmant la confiance du gouvernement en son action, tel était donc l’objet de tout ce tremblement ? L’erreur… euh… l’épisode malheureux de l’installation du Conseil National du Numérique, pendant laquelle Nicolas Sarkozy avait évoqué l’erreur… euh… la “solution imparfaite” figurée par la loi Création et Internet aurait donc laissé des traces du côté de la Haute Autorité ? Pas du tout, ont rétorqué en cœur Marie Françoise Marais et Éric Walter. Cette conférence de presse est justifiée un peu par le Festival de Cannes (yeah, yeah, Robert, we’re talking to you) et beaucoup par une étude d’impact d’Hadopi, qui succède à un premier volet rendu en janvier dernier. Problème : ce rapport n’est pas finalisé et ne sera disponible dans sa version intégrale que le 18 mai prochain. Mais le rush provoqué par l’affront sarkozien à la Haute Autorité a du bon: celui de livrer des chiffres rigolos. Voyez plutôt.

A en croire les premiers résultats de cette étude réalisée sur un panel de 1.500 personnes et relayés par Le Figaro qui les a dépiautés en exclusivité: “50% des internautes avertis ont arrêté de pirater” grâce à Hadopi. Ce qui ne pèserait pas bien lourd, si l’on se fie au calcul de Guillaume Champeau. La Haute Autorité explique ainsi que “7% des internautes déclarent qu’eux-mêmes ou un membre de leur entourage a reçu une recommandation de l’Hadopi. Selon des informations de Numerama, parmi ces 7%, seul un individu sur cinq serait directement visé par un courrier de la Haute Autorité. On fait les comptes ? 20% de 7% de 1.500… Dix. Dix internautes avertis déclarent avoir changé de comportement.

Dix individus ont changé de comportement après avoir reçu un avertissement de l'Hadopi. Sauras-tu les retrouver ?

Pour certains, ce chiffre suffit à graver dans le marbre l’efficacité de la machinerie Hadopi. Quand la SACD les juge “très encourageants”, Emmanuel Torregano, qui a également contribué à la réalisation de ce sondage, écrit sur ElectronLibre qu’Hadopi est “apprécié de la France profonde”, et que si la réussite de cette “politique du bâton” est à “à désespérer de l’humanité, [...] sous les coups, le rebelle endurci fini par ployer. “ Sauf que dix personnes pour figurer l’humanité entière, ça fait plutôt maigre. Constat que reconnaît d’ailleurs volontiers l’intéressé, qui confiait à OWNI que ce chiffre “pouvait poser problème”, même s’il allait “certainement être confirmé par le prochain baromètre”. Du côté de l’Hadopi, si on ne confirme ni n’infirme les proportions données par Numerama, on concède néanmoins qu’il faut prendre ces chiffres “avec précaution”.

Du vent et du bullshit, voilà donc la soupe qu’a servi hier la Hadopi. Aucune information n’a été donnée sur les moyens de sécurisation, qui font l’objet d’une seconde consultation (mais, qui, rappelez-vous, ne servent de toute façon à rien), ou sur le rôle éventuel de la Haute Autorité au prochain e-G8. De même, aucun chiffre n’a filtré sur les volumes d’envois de la CPD -“vous saurez tout dans le prochain rapport annuel à paraître mi-juillet” étant la réponse passe-partout du jour.

Seule info: la labellisation des offres légales est en cours, et va faire l’objet d’une vaste campagne d’information. Vous n’en saurez pas plus, si ce n’est que l’Hadopi peut encore fréquenter les péages cet été. D’ailleurs, pour leur donner un coup de pouce, et pour meubler un peu l’actualité molle de la Haute autorité, OWNI lance un concours du meilleur slogan Hadopien. Plus d’info dans la journée, en attendant, à vos cerveaux /-)


Illustrations CC: Wikimedia Commons, FradiFrad

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Hadopi: Labs Sans http://owni.fr/2011/02/03/hadopi-labs-sans/ http://owni.fr/2011/02/03/hadopi-labs-sans/#comments Thu, 03 Feb 2011 15:50:24 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=45075 Article initialement publié en février dernier, à l’occasion de la création des Labs.

Deux semaines seulement après avoir fait un premier bilan des opérations, la Hadopi a remis le couvert, cette fois-ci pour faire la présentation de ses fameux “Labs“. Annoncée en octobre dernier, l’initiative consiste à réunir “ceux qui le souhaitent” autour de cinq tables de réflexion, consacrées à “la place de la création sur Internet” et, plus largement, à “l’impact du numérique sur la société en général”.  Le tout, placé sous le haut patronage de sept experts nommés et rémunérés par la Haute Autorité, que sa présidente Marie-Françoise Marais et son secrétaire général Éric Walter ont officiellement introduits hier, saluant au passage “leur courage”.

Car il faut dire que cette nomination, comme d’ailleurs l’ensemble du projet Labs, sont plutôt restés en travers de la gorge de la plupart des opposants à la loi Création et Internet, et aux dispositifs tortueux dont elle est à l’origine -suivez mon regard. De ce côté du front, les Labs ne se résument qu’à une opération de communication visant à redorer le blason terni de la Haute Autorité, et font d’autant plus tiquer qu’ils réunissent en leur sein d’anciens “anti”, qui “ont compris que l’on devait travailler ensemble, car les questions du numérique sont devant nous”, déclarait il y a un mois Éric Walter au Figaro. Accusée de diviser pour mieux imposer ses vues sur le réseau français, la pieuvre Hadopi, ainsi que les experts soupçonnés d’être passés du côté obscur de la Force, se débattent pour prouver leur bonne foi.

“Désormais je suis un métis, je ne suis bien nulle part”

Labs, subtil plan com’ machiavélique ? Dans un éclat de rire, Éric Walter lance :

Pas du tout ! Vous pensez vraiment qu’on se donnerait autant de mal pour de la communication ? Nous n’en avons pas besoin ! Ce sont des fantasmes ! On bascule même dans le procès d’intention ! Où voyez-vous un plan de com’ ?

Il est vrai que la location de la Bellevilloise pour l’occasion, vestiaires et crêpes à l’appui -Chandeleur oblige-, venue succéder aux conférences blindées dans le sous-sol de la rue du Texel, ne fait pas du tout l’effet d’un coup savamment dosé. Les journalistes semblent d’ailleurs avoir senti le coup fourré, la plupart des habitués ayant boudé la présentation.

“Plus sérieusement”, tempère le secrétaire général, “il est absolument nécessaire de mener une vraie réflexion sur Internet en France, et de mettre du sens sur des concepts auxquels beaucoup, comme les parlementaires, ne sont pas familiers”.

Une ligne reprise par l’ensemble des experts, à commencer par les dissidents interceptés par la Hadopi. Jean-Michel Planche, président de Witbe et en charge du Lab “Réseaux et Techniques”, déclare ainsi “avoir deux objectifs : faire parler des gens qui n’ont pas l’habitude de parler ensemble et créer du sens”. Pour Bruno Spiquel, entrepreneur et auteur de Turblog, “expert associé” chargé de coordonner les échanges entre Labs, l’objectif est de “faire avancer les choses”. Sur leur blog respectif, les deux experts ont multiplié les billets (ici et ) justifiant les raisons de l’engagement au sein des Labs ; une adhésion qui leur a attiré les foudres d’une partie de la communauté en veille sur ces thématiques. Désormais, “on va guetter le moindre de nos faux pas”, lance Jean-Michel Planche, qui se définit désormais comme “un métis” :

Je ne suis bien nulle part.

"L'Ecosystème Hadopi", qui place les "usagers" sur le quatrième cercle

Une “mascarade” d’indépendance ?

Leur engagement semble pourtant peu assuré et, si elle est actée, leur présence n’a elle rien de définitif. “Certaines critiques sont valables”, concède Bruno Spiquel.

La question de l’indépendance, en particulier, sans cesse remise sur le tapis. Comment croire en la neutralité d’experts recrutés et rémunérés à hauteur de 2 000 euros par mois par une institution ? La manoeuvre ressemble plus à une ouverture démagogique à la sauce Sarkozy, raillent certains, quand d’autres, comme la Quadrature du Net, la qualifie de “ridicule mascarade”, simple “campagne de communication contrôlée par l’Hadopi” et les “mêmes lobbies qui ont présidé à sa création.”

Que nenni, réplique la Haute Autorité, dont les mots d’ordre sont désormais “transparence” des travaux à venir et “accès libre et public” à tous les documents qui en découleront. Preuve désignée de sa bonne volonté, une “charte de déontologie des Labs Hadopi”, qui réaffirme pèle-mêle toutes ces valeurs. Problème : en matière réticulaire, les chartes ont très mauvaise presse, étant le signe moins d’une obligation que d’un simple arrangement cosmétique. Soupçon qui prend d’autant plus d’ampleur lorsque l’on apprend que le Collège de l’institution est “toujours libre d’adopter ou non, en tout ou en partie, les positions et études préparées par les Labs”. Retour fracassant du “peut mais peut ne pas”, qui semble indiquer, comme le souligne PCINpact, que malgré le recrutement d’experts au sein de la Hadopi, elle reste maîtresse en sa demeure.

Il était temps !

Un autre point difficile à avaler : pourquoi maintenant ? Avant de légiférer pour réguler certaines pratiques sur Internet, la Hadopi n’aurait-elle pas dû enclencher le remue-méninges ? Pour Éric Walter, qui explique que l’idée des Labs est survenue dans les premiers mois de vie de la Hadopi, cette éventualité était simplement impossible :

Réfléchir avant d’agir, c’est le travail des parlementaires. Quand elle a été créée, la Haute Autorité se voyait déjà attribuée d’une mission.

Si le timing est mauvais, voire complètement tourneboulé, difficile de refuser la parole après l’avoir autant réclamée, avancent les experts opposés à la loi Création et Internet. Ainsi, Jean-Michel Planche :

Sur le fond, on est assez nombreux à critiquer la façon de faire de la Hadopi et à dire que ses actions ne sont pas les bonnes, qu’elles ne vont pas dans le bon sens et qu’elle ne sont pas menées par les bonnes personnes. Aujourd’hui, on nous demande de réfléchir, pourquoi ne pas le faire ?

Pour certains néanmoins, la réflexion a été entamée bien en amont de la demande officielle : la laisser se faire phagocyter par la Hadopi devient donc inutile et dangereux, risquant ainsi de la voir complètement biaisée.

Transformatiiiiiooooooon !

Qui mange qui et à quelle sauce ?

Les travaux des labo made in Hadopi s’ouvrent donc sous le feu des critiques ; “il nous faut des gilets pare-balles”, ironise Jean-Michel Planche. Est invité à y participer quiconque le désire, à condition d’exposer au préalable ses motivations en ligne et que celles-ci soient retenues, dans le cas du “membre rédacteur”, ou de s’engager à respecter la charte déontologique et à renoncer à l’anonymat, pour l’option “contributeur”. Pour tous les autres, il sera toujours possible de consulter le substrat sorti des cuves du laboratoire.

Un premier rapport d’étape est d’ores et déjà prévu en juin prochain, histoire de voir si la montagne a accouché d’une souris et d’analyser les conditions de la mise à bas.

Une certitude pour Jean-Michel Planche :

J’aborderai les sujets qui fâchent, comme la question du filtrage au cœur des maisons. J’ai confiance en l’humain qu’il y a derrière Hadopi ; au moins en son secrétaire général et en sa présidente. Et si la teneur de leurs discours venait à changer, je m’en irai et je ne serai pas le seul.

Ceux qui jouent la carte de l’optimisme ne croient pas en un tel retournement et assurent à l’inverse que ce sont les experts qui vont impacter la Haute Autorité… quitte à complètement la dénaturer. Chansons pour certains mais véritable espoir pour d’autres. Du côté de Turblog, Bruno Spiquel s’explique:

Bien sûr un certain nombre d’écueils devra être évité. Mais mon objectif est de sortir tout ça de la Hadopi, de faire en sorte que cette réflexion ne soit ni dépendante d’un Conseil, ni d’une Autorité Administrative Indépendante. Je veux un hack de l’intérieur.

Projet de piratage parfaitement assumé et même repris par la Hadopi, son secrétaire général déclarant “vouloir” cette démarche. Mais jusqu’où ? Un bouleversement complet de la Hadopi ? Voire même sa désintégration ?

Je ne sais pas, je n’écris pas l’avenir. Mais une transformation de l’intérieur est possible.

PS : le titre, les intertitres et citations de cet article sont en Comic Sans MS, une police de caractère créée pour Microsoft en 1995 et destinée aux enfants. Normalement, il est très, mais alors très très mal vu, d’écrire en Comic Sans. Classée l’an passé par le Time comme l’une des pires inventions de tous les temps, le Comic Sans MS fait l’objet depuis 2002 d’une campagne de boycott, “Bannissez le Comic Sans”, initiée par des typographes pour qui cette police de caractère “représente clairement la voix de la naïveté infantile”. A OWNI, on s’est dit que c’était plutôt marrant, de fêter ainsi l’arrivée des Labs de L’Hadopi, en Comic Sans…

Illustrations CC FlickR: otisarchives2 Valerie Everett

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http://owni.fr/2011/02/03/hadopi-labs-sans/feed/ 12
Hadopi: drame dans la maison close et poney rose http://owni.fr/2010/10/06/hadopi-drame-dans-la-maison-close-et-poney-rose/ http://owni.fr/2010/10/06/hadopi-drame-dans-la-maison-close-et-poney-rose/#comments Wed, 06 Oct 2010 12:20:42 +0000 Korben http://owni.fr/?p=30597 Journée chargée en actualité aujourd’hui… Déjà, on se rend compte que Delarue n’est pas le seul à avoir des petits problèmes « de santé » quand on voit que des gens (sains d’esprit) ont condamné un seul mec à rembourser 5 milliards d’euros. Je ne sais pas si je dois en rire ou en pleurer mais j’ai un vague sentiment que la justice s’américanise pour faire le show au-delà de toute logique et rationalité.

Bref, je ne me risque pas sur ce terrain glissant car je n’ai pas activé TOR… et je préfère revenir à un sujet qui nous fait vraiment marrer : Hadopi !

Déjà, je ne sais pas si vous avez suivi, mais Nathalie Kosciusko-Morizet a déclaré ce matin sur RMC :

Ce qui est important c’est qu’après des mois et des mois de polémique, le système est en place et on va pouvoir passer à autre chose. Ce que je crois c’est qu’on aura gagné la bataille le jour où l’Hadopi ne servira plus à rien. C’est-à-dire le jour où l’offre légale sera tellement chouette, tellement intuitive, tellement mieux, que vous ne vous poserez même pas la question d’aller chercher illégalement d’une manière beaucoup plus compliquée, avec beaucoup moins de qualité.

Tellement « chouette » cette Nathalie… J’ai de la sympathie pour elle car elle porte bien les bottes mais au-delà de ça, j’ai quand même l’impression que le soir, après le boulot, elle remonte sur son petit poney rose, et s’envole au pays des double-rainbows pour invoquer le pouvoir des fleurs, afin qu’un jour, les Hommes se mettent à vivre en paix et puissent télécharger de la musique sous DRM, sans y passer tout leur Smic, sur des plateforme légales, et avec le sourire…

Le problème, c’est que pour le moment, l’offre légale, c’est du Toblerone de poney. Les offres sont moisies et le peu de sites qui sont potables s’en sortent difficilement (genre Deezer), et je ne vous parle pas de Jiwa qui vient de disparaitre… alors que pendant ce temps là, on balance 12 millions d’euros dans l’Hadopi juste pour faire chier les internautes, leurrer les petits artistes et mettre en place l’infrastructure nécessaire au contrôle d’Internet par la classe dirigeante (DPI mon amour, quand vas-tu arriver ?).

Je suis sûr que NKM trouve que Hadopi c’est pas très très gentil, que la fermeture de Jiwa c’est très très très regrettable et que l’offre légale n’est pas pas pas pas assez développée… Mais comme ma soeur Anne qui ne voit rien venir, je commence à désespérer de voir un jour une « offre légale chouette » et le peu d’espoir que j’avais placé dans la « reine des geeks » pour remonter le niveau de bon sens du gouvernement, commence à disparaitre comme neige au soleil en grande partie à cause de son inaction (ou des batons qu’on lui met dans les roues ? Comment savoir ?).

Moi aussi j’aimerais guérir le monde de sa tristesse avec des bisous de bisounours…

Au-delà de ça, ce qui m’a quand même interpellé aujourd’hui, c’est que tous les FAI ont collaboré avec la Haute autorité en balançant lâchement leurs abonnés trop neuneus pour télécharger leurs compils NRJ sans chiffrement. Limite, ils y sont allés de bon coeur et pour certains, en avance sur le planning…

Free joue sur le flou de la loi

Tous les FAI ? Non, car un seul FAI résiste encore et toujours à la connerie ambiante, non content de se faire un bon coup de pub, tout en défendant ses clients : Free !

Ce FAI de rebelzzz n’a pas envoyé le mail Hadopi à ses abonnés chopés en plein download. L’explication est simple : les FAI se doivent de balancer votre nom à Hadopi, une fois que votre IP a été récupérée par TMG. S’ils ne le font pas, ils se prennent 1500 euros d’amende par identification non communiquée. Mais par contre, rien ne les oblige dans la loi, à prévenir les abonnés qui se sont fait choper par Hadopi. Le non-envoi de mail n’est pas sanctionné… Du coup, Free joue avec la loi (tout en la respectant à la lettre) et en profite pour rappeler au ministère de la Culture que les frais engagés pour permettre l’envoi de ces mails, doivent être remboursés par l’Etat (décision du Conseil Constitutionnel).

Évidemment, Free n’a pas consulté l’avis de ses clients avant de se lancer sur ce terrain, car ça en aurait effrayé plus d’un. En effet, si vous êtes chez Free, peut-être continuez-vous à télécharger alors que, n’ayant pas été prévenu, vous êtes en train de griller vos cartouches de riposte graduée. Ça vous fera peut être hurler, mais je pense que la stratégie est bonne car elle ébranle Hadopi qui du coup ne sait plus dans quel sens pédaler… On ne pourra pas couper la connexion des internautes de Free chopés par l’Hadopi car ceux-ci n’auront même pas été informés. Ça ne serait pas juste, ça ne serait pas en conformité avec ce que dit la loi et du coup, je suis sûr que ça ne se fera pas.

Free ne risque donc pas grand chose en faisant cela, et ses abonnés non plus. Reste à voir maintenant jusqu’où ce statu quo va aller, mais d’après France Inter, SFR s’apprête à rejoindre Free dans cette action.

… et se fait traiter de “preneur d’otages” par Éric Walter

Évidemment, je garde la partie comique pour la fin, car sans se faire attendre, Éric Walter, chef de la tribu des Hadopistes a réagi en qualifiant Free de preneur d’otages… En un sens, c’est vrai, mais si les otages (nous les abonnés) sont consentants, je vois plutôt ça comme une armée d’anti-Hadopi retranchés derrière leur forteresse Free. Certains appelleront ça le syndrome de Stockholm mais je crois plutôt qu’il s’agit de bon sens et d’une volonté à ne pas vouloir se la faire mettre profond par ces empêcheurs de surfer librement.

Genre le SNEP qui se jette sur son clavier pour balancer un communiqué de presse afin de gueuler contre Free, les accusant de concurrence déloyale vis-à-vis des autres FAI (non mais de quoi je me mêle…) et de « racolage » vis-à-vis des internautes téléchargeurs. Racolage ! C’est bon ça… Le SNEP qui traite Free de pute… D’ailleurs, si Free est une pute, j’ai l’impression que c’est celle qui s’est enfuie de sa maison close, faisant beaucoup de peine aux clients réguliers… ;-)

D’ailleurs, Hadopi qui qualifie Free de preneur d’otages, c’est l’hôpital qui se fout de la charité… Car pour le moment, les preneurs d’otages qui veulent décapiter les internautes à grands coups de renforts médiatiques, sur l’autel de la Culture nivelée par le bas, ce ne sont pas ceux qu’on croit.

J’en parlais avec un pote, il y a quelques jours… Plus le ministère de la Culture fait la chasse aux tipiakeurs, plus la diversité de la « culture » s’appauvrit… À la belle époque du peer-to-peer, on pouvait trouver des perles… des chansons ou des artistes peu connus, ou alternatifs, qu’actuellement, on ne trouve plus dans le circuit culturel traditionnel. Les gens se faisaient découvrir les uns les autres toute cette musique « underground », favorisant la diffusion de cette culture non grand public et l’émergence de petits artistes.

Mais avec l’arrivée des contrôles Hadopi et compagnie, toute cette culture rare, reste bien planquée au fond des disques dur et des CDs des connaisseurs, qui ne la partagent plus, ce qui prive ainsi toute une partie de la population qui ne soupçonne même pas l’existence de tel ou tel groupe, ou de telle ou telle chanson… À croire que si ça n’est pas à la Fnac, ça n’existe pas ! Mais c’est faux, ça existe, c’est là mais ça disparait petit à petit des radars, à cause de mecs comme lui qui sous prétexte de défendre la culture française, l’appauvrissent et la rendent triste à mourir. Ce problème de « culture » n’est en fait qu’un problème de pognon propre aux diffuseurs de culture mainstream (NRJ-style).

Appauvrissement culturel

Moi-même qui, il y a plusieurs années, partait en recherche de pépites musicales sur les réseaux peer-to-peer, je ne fais plus cet effort… J’ai capitulé et je n’écoute plus vraiment ce que j’ai choisi d’écouter et ce que j’aime vraiment. Je me contente la plupart du temps d’allumer la radio et d’écouter, sans spécialement apprécier, ce qu’on entend sur toutes les stations (qui est globalement la même chose) et je n’ai plus rien sur mon disque dur malheureusement. Alors effectivement, je manque de temps pour me replonger dans eMule comme au bon vieux temps mais les rares fois où je l’ai fait, pensant retrouver un morceau coup de coeur d’il y a quelques années, ce fut le désert… Le contenu a disparu. Les gens ne partagent plus, n’échangent plus, et se contente de consommer la même chose qu’à la radio ou à la TV mais en passant par le direct download. Plus moyen d’aller voir la liste de partage de tel ou tel pote pour retrouver des pépites, et pas moyen de trouver l’artiste qui m’intéressait à la Fnac ou sur Amazon. Artistes disparus ou trop petits pour être réédités, et c’est du bonheur qui part au fond des chiottes.

Dommage !

Je rêve qu’on retrouve cela, que chacun rallume son disque externe avec 3 To de MP3 classés aux petit oignons et les mette à disposition de tous sur la mule, permettant ainsi à nouveau les échanges et le partage propre à l’idée même de peer-to-peer que j’avais découvert avec Napster… Alalalala… Les offres légales existent à peine, alors la diversité musicale à l’intérieur de ces offres légale, je ne vous en parle même pas tellement elle est proche de nul. La solution du partage et de la rémunération : la licence légale…

Bon, j’ai les doigts qui chauffent, alors j’arrête de faire ma NKM en rêvant qu’un monde meilleur arrive sans avoir à bouger le petit doigt, et je vous dis à bientôt pour de nouvelles aventures comiques avec Hadopi et ses amis.

Billet initialement publié chez Korben

À lire aussi : Jiwa : la musique en ligne, un business de riches ?

Image CC Flickr jessica mullen

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Toi aussi candidate à la Hadopi ! http://owni.fr/2010/09/20/toi-aussi-candidate-a-la-hadopi/ http://owni.fr/2010/09/20/toi-aussi-candidate-a-la-hadopi/#comments Mon, 20 Sep 2010 17:18:14 +0000 Admin http://owni.fr/?p=28645 Votre job vous ennuie ? Popaul emploi ne trouve pas taf à votre CV ? Peut-être trouverez-vous votre bonheur à la Hadopi. La Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet recrute et le fait savoir par de modernes moyens, comme en témoigne ce tweet d’Éric Walter, son secrétaire général :

Mieux qu’un simple RT, partagez votre lettre de motivation à l’un ou plusieurs de ces trois postes, rédacteur documentaliste, community manager et chargé d’études Labs « Economie numérique de la création ».

Lettre écrite ou vidéo, laissez votre proposition en commentaire ou par mail (contact[@]owni.fr). Nous publierons un best-of de vos productions sur ce merveilleux blog dédié. Vous pourrez déjà y lire la contribution de notre éminent franco-belge préféré, Emgenius.

Captain Web a déjà fait acte de candidature [pdf] au poste de community manager, et nous réunissons nos forces pour vous inviter à concourir.

Jcfrog a déjà mis la barre très haut, la sélection sera rude /-)

Image CC Flickr mikecolvin82

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