OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 FCC: à neutralité, neutralité et demi http://owni.fr/2011/01/07/fcc-a-neutralite-neutralite-et-demi/ http://owni.fr/2011/01/07/fcc-a-neutralite-neutralite-et-demi/#comments Fri, 07 Jan 2011 14:09:00 +0000 Clothilde Le Coz http://owni.fr/?p=41397

[Tous les liens sont en anglais] Après plus d’un an de tergiversations, la plus haute instance américaine de régulation des communications, la Federal Communications Commission (FCC) a déterminé le 21 décembre dernier que les fournisseurs américains d’accès à Internet (Verizon, AT&T, Comcast, etc.) ne pouvaient pas, entre autres, discriminer le contenu qui passe dans leurs câbles, permettant ainsi normalement à tous les internautes d’accéder équitablement à tous les contenus disponibles en ligne. C’est ce qui est appelé « neutralité du Net ». Une décision adoptée à trois votes démocrates contre deux républicains.

Julius Genachowski, le président de la FCC, s’est bien soucié d’adopter des règles dans « un cadre non idéologique – qui protège les libertés numériques et l’ouverture d’Internet tout en assurant l’innovation et l’investissement sur tout le réseau câblé ». Pourtant, ce compromis n’a satisfait personne.

Le WiFi, en pleine croissance mais oublié

D’abord, la FCC a seulement statué sur le réseau câblé, décrétant qu’il était trop tôt pour en faire de même avec le réseau WiFi. À ce titre, l’instance de régulation a même demandé aux opérateurs WiFi de rester « transparents » sur la gestion de leurs contenus. Aujourd’hui, 77,3% des foyers américains accèdent à Internet par câble ADSL, mais le WiFi gagne du terrain avec l’utilisation des Smartphones,  qui, pour Jerry Rocha, directeur de la division Internet de l’entreprise Nielsen, « sont en passe de devenir le type de téléphone le plus utilise en 2011 ».

C’est notamment pour cette raison que FreePress, une ONG fondée en 2002 qui s’attèle à la reforme des médias aux États-Unis, a confié sa déception à Reporters sans frontières à l’issue du vote de décembre 2010 : « Après un an de promesses en faveur de la neutralité du Net, [Julius Genachowski] a pris une décision qui favorise largement l’industrie que son agence est censée réguler, et non les internautes » a expliqué Tim Karr, directeur de la campagne consacrée à la neutralité du Net.

FreePress : « Internet à deux vitesses »

Selon l’organisation, qui s’est largement illustrée dans la lutte en faveur de la neutralité du Net, les règles adoptées permettent d’instaurer un « Internet à deux vitesses » sans protéger les internautes contre la discrimination des contenus car elles ne concernent pas les millions d’Américains qui n’accèdent à Internet que par leur téléphone.

D’ailleurs, le 5 janvier 2011, la FCC a lancé un concours pour la création d’une application qui vise a fournir aux internautes des informations sur le niveau de respect des libertés numériques de leurs fournisseurs d’accès, qu’il s’agisse de réseau ADSL ou WiFi.

Ensuite, parmi les sceptiques, on relèvera la position d’Harold Feld, consultant juridique du groupe de défense des droits digitaux Public Knowledge à Washington. Pour lui, il s’agit d’un « pas en avant », mais surtout d’une «occasion ratée d’être précurseur en la matière». « Espérons qu’un jour, nous arrêterons de faire des pas en avant pour définir un Internet ouvert et que nous serons a même de donner aux consommateurs la protection réelle qu’ils méritent ».

Parmi les déçus, on peut également compter les entreprises de télécommunication. AT&T a par exemple déclaré que cette décision n’était «pas idéale» et Verizon s’est avoué «très préoccupé». Même les fournisseurs de contenus – notamment l’entreprise de vidéo en streaming Netflix- a montré son mécontentement devant le manque de protection de ses services.

La capacité d’innovation remise en cause ?

Enfin, contrairement aux partisans de l’interventionnisme de l’État et prônant le choix des consommateurs, la compétition et l’autorégulation du marché, d’autres organisations telles que Hands Off The Internet et Net Competition refusent tout contrôle du gouvernement. Lors du vote du 21 décembre, Scott Cleland, président de Net Competition, a d’ailleurs déclaré que « le vrai danger réside dans le fait que la FCC bloque, dégrade et affaiblit la capacité d’Internet à évoluer et à s’améliorer comme cela s’est déjà vu, en imposant des règles coercitives et superflues à un système qui repose sur un consensus ». Et pour certains, la FCC n’a en aucun cas l’autorité pour réguler Internet. L’une des premières résolutions de 2011 du Congrès américain nouvellement constitué a d’ailleurs été d’introduire un projet de loi, l’Acte pour les libertés numériques (Internet Freedom Act), statuant notamment que seul le Congrès pouvait réguler le Net. Co-signé par 60 membres en majorité républicains, il pourrait annuler le rôle de la FCC dans ce domaine.

Avant le vote, l’association progressiste Progressive Change Campaign Committee (PCCC) avait qualifié les règles mises en avant par la FCC de «fausses» allant jusqu’à déclarer qu’elles avaient été «écrites par AT&T, Comcast et Verizon». La FCC n’a jamais fait de remontrances à Google, qui s’est prononcé en faveur de la neutralité du Net, et Verizon, qui avait défini un accord afin de favoriser l’accès des abonnés à leur réseau respectif dès juin 2009. Les deux entreprises avaient annoncé ce partenariat afin d’ « offrir aux consommateurs une palette de produits alliant la vitesse de l’opérateur le plus important aux États-Unis avec la flexibilité de la plateforme mobile Android ». L’accord est déjà mis sur pieds, comme l’a rapporté TechCrunch.

L’idée a donc fait du chemin depuis 2007, quand AT&T, le plus large fournisseur américain d’accès à Internet, avait omis de retransmettre le son d’une chanson du groupe Pearl Jam lors d’un festival à Chicago. Sans régulation, les opérateurs pouvaient en faire à leur guise et AT&T n’a d’ailleurs jamais été sanctionné pour ce que le groupe avait qualifie de « censure » – l’opérateur d’ « erreur ». Les deux vers muets étaient : « George Bush, leave this world alone » (« George Bush, laisse ce monde tranquille ») et « George Bush find yourself another home » (« George Bush, trouve un nouveau foyer »). Intentionnel ou non, le fait qu’un opérateur puisse agir à sa guise sur un réseau sans règles avait fait débat. La question s’était reposée un mois après quand Verizon avait déclaré avoir le droit de rejeter des contenus « controversés et offensants » en refusant de laisser le groupe anti-avortement Naral Pro-Choice America utiliser son réseau pour une campagne de SMS.

Et l’information dans tout ça ?

On peut aisément imaginer que les organisations en faveur de la neutralité du Net craignent que les citoyens ne puissent pas accéder à WikiLeaks aussi aisément qu’à CNN par exemple car les opérateurs favoriseraient la diffusion de certains contenus. Une étude publiée par la Commission Knight réunissant dix-sept experts des médias en octobre 2009 déclarait déjà que « l’ouverture des réseaux est essentielle pour répondre au besoin d’information des différentes communautés » et allait dans le sens de la protection de la neutralité du Net afin de garantir l’avenir du journalisme au États-Unis.

Malgré tout, le seul journal à s’être prononcé sur la question reste le Wall Street Journal. Dans un édito daté du 30 décembre dernier, la rédaction s’interrogeait pourtant sur la légitimité de la FCC à adopter ces règles ainsi que sur le besoin de régulation.

Les six principes adoptés par la FCC le 21 décembre 2011

1 – Transparence : consommateurs et innovateurs ont le droit de connaître les caractéristiques basiques de performance de leur service d’accès à Internet ainsi que la manière dont le réseau auquel ils appartiennent est géré.
2 – Pas de blocage : ce principe inclut le droit d’être à la source et de recevoir un trafic qui réponde aux termes de la loi. Il est interdit de bloquer tout trafic légal, applications, services et mode de connexion d’appareil qui ne porte pas atteinte à l’intégrité du réseau.
3 – “Level Playing Field” : consommateurs et innovateurs ont le droit a une certaine marge de manœuvre (ou “Level Playing Field”). Ceci signifie qu’il est possible de bannir la discrimination abusive de contenus. Il ne peut y avoir d’accord favorisant le principe de “payer pour la priorité” qui impliquerait des connexions rapides pour certaines entreprises seulement.
4 – Gestion du réseau : les FAI peuvent définir eux-mêmes la gestion de leur réseau. Il leur est possible de proposer des service tiers à leurs clients en fonction de leur consommation de bande passante.
5 – Mobilité : les règles adoptées aujourd’hui ne sont pas toutes applicables au réseau mobile. Doivent l’être celles qui demandent une transparence de la part des FAI et leur interdisent de bloquer des sites ainsi que l’accès à certaines applications.
6 – Vigilance : ces principes créent un Comité consultatif sur l’ouverture d’Internet (Open Internet), qui assiste  la Commission en surveillant l’état des libertés numériques et les résultantes de ces règles.

Images CC Flickr PIXistenz et WSDOT

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J’ai mal à ma Net neutrality http://owni.fr/2010/04/09/j%e2%80%99ai-mal-a-ma-net-neutrality/ http://owni.fr/2010/04/09/j%e2%80%99ai-mal-a-ma-net-neutrality/#comments Fri, 09 Apr 2010 13:57:22 +0000 Bluetouff http://owni.fr/?p=11928 La neutralité du Net semble attaquée de toute part en ce moment par les FAI: en France avec Orange, aux États-Unis avec Comcast… Il est pourtant primordial de défendre cette notion.

Aujourd’hui, ce n’est pas une news qui me fait réagir mais deux. La première est issue de l’excellent billet de Fabrice dont je vous recommande vivement la lecture et qui épingle Orange comme il se doit … mais Fabrice est à mon sens encore trop gentil et nous allons voir pourquoi. La seconde est une décision de justice américaine qui piquote derrière les yeux.

Allez, c’est parti, on commence svp, par visionner cette nouvelle vidéo, suite d’une longue série thématique sur la définition de chacun de la Net Neutrality lancée par l’ARCEP (que je remercie au passage très chaudement pour cette initiative qui n’a pas finit de faire pisser du pixel).

Dernier épisode en date, Stéphane Richard, directeur Général d’Orange, pour qui la Net Neutrality revêt une définition pour le moins assez singulière.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Heureusement que nous avons Orange pour nous faire un petit recadrage sémantique !

Puis c’est vrai ils sont un peu cons à l’ARCEP, ils parlent d’Internet Neutre alors que chez orange l’Internet il est « ouvert »… mais pas neutre … c’est une spécificité d’Orange, ne cherchez pas à comprendre.

Pour vous la faire courte :

  • Orange, Chine et Iran = Internet ouvert (n’importe qui peut se connecter  à un Net qui repose sur des protocoles ouverts… la classe, oui sauf que c’est tout sauf nouveau)
  • Reste du Net (sauf Chine et Iran) = Internet ouvert et neutre.

Rappelons que pour être « ouvert et neutre » (au passage si Internet était fermé on appellerait ça un Lan … AOL a essayé … AOL n’existe plus … CQFD) on ne doit pas assister à ce  mélange des genres entre FAI qui fournissent les tuyaux et producteurs de contenus… ça aussi, c’est une particularité française, merci Universal/SFR, merci Numericable, merci Orange, et dans une moindre mesure mais il a pas dit son dernier mot … merci Bouygues/TF1…

L’Internet français est ouvert, mais il est loin d’être neutre

Sur ce point, Stéphane Richard a raison, l’Internet français est ouvert, mais il est loin d’être neutre, pour la bonne et simple raison que certains FAI sont de véritables rapaces et qu’ils n’ont rien trouvé de mieux que d’imposer leurs propres contenus à leur abonnés « en exclusivité », pour se faire des pépettes.

Maintenant, si vous me demandez si je trouve ça normal … je vous répondrais que non, je trouve ça malsain et honteux, mais encore une fois, le Net français, tu l’aimes ou tu te casses ! Inutile donc de me demander pourquoi ce blog est hébergé en Suède et pourquoi je compte délocaliser à terme tous mes sites.

D’ailleurs, je m’amuse de voir que je ne suis pas le seul et que certains parti politiques en font de même ! Je vous rappellerais donc simplement une petite citation de Benjamin Bayart lors de la table ronde à la Cantine sur la Neutralité du Net :

“Quand 10% de la population a envie de prendre le maquis c’est qu’on commence à vraiment être dans la mouise”

Ce terme de neutralité, Orange ne l’aime pas, c’est d’ailleurs assez explicable, il y a certains signaux qui ne trompent pas. Vous ne voyez pas de quoi je veux parler ? Allez je vous aide …

“En 2010, pour me remercier de mes compétences en matière d’Internet  et pour avoir appliqué en bon petit soldat la volonté présidentielle de faire voter un texte inapplicable, qui n’a ni queue ni tête et que je n’ai même pas réussi à faire passer du premier coup, je me vois confier un poste de responsable des contenus chez un grand FAI français, ce, afin de porter une nouvelle fois atteinte au principe de Neutralité du Net”

Qui suis-je ? … Bingo Christine Albanel ! Orange a inventé la Net Neuneutrality® … exception culturelle quand tu nous tiens !

Comment voulez vous qu’un opérateur qui embauche une personne qui a prouvé qu’elle avait non seulement une incompétence manifeste sur ces sujets et qui en plus est à la solde des industries culturelles soit d’accord avec le principe de Net Neutrality ?

Revenons en à l’ami Stéphane Richard qui confesse volontiers ne pas être un spécialiste de l’Internet (là tout de suite comme ça, ma première réaction est de me demander ce que fout ce type à la direction générale du plus important FAI français … pas vous ?).

Notez que le monsieur sur la vidéo n’en ramène pas lourd non plus, “je ne suis pas un ancien dans les réseaux, je suis tout neuf”, comprenez “j’y capte rien moi à Internet, j’ai été embauché pour faire de la thune alors venez pas me gonfler avec votre neutralité”.

Et la thune, je la fais comme je veux, si je veux que mon FAI soit partenaire avec le Figaro, il ne m’apparait pas choquant que tous mes abonnés se voient interdire l’accès à d’autres journaux ou sources d’actualités en ligne… ou alors ils auront le droit mais ce sera payant… faire payer sur son réseau l’accès à une information gratuite sur tous les autres réseaux pour privilégier ses propres contenus, voilà une idée qu’elle est séduisante … bienvenue dans la vie.com avec Orange.

Assez trollé et si vous souhaitez lire des arguments sérieux « contre » la Net Neutrality, ce sont ceux avancés par Alexandre Archambault, responsable des affaires réglementaires chez Iliad, qui contrairement à monsieur Richard connait bien son sujet.

Et encore, après bonne lecture, vous comprendrez que la position d’Alexandre, fort juste, ne va pas tant que ça contre la « bonne intelligence » d’une Net Neutrality responsable, cohérente, où toutes les parties seraient gagnantes, vous verrez en plus que c’est quand même dit avec une autre classe et une réflexion plus poussée que ce que nous sert monsieur Richard…

Toujours suite à cet argumentaire d’Alec, je vous invite ensuite à lire la réponse de Benjamin qui vaut comme d’habitude son pesant de cacahuètes.

FCC vs Comcast

Ce qui nous mène au second point de ce billet qui est l’affaire FCC vs Comcast, un opérateur qui s’était fait taper sur les doigts car il s’adonnait à du trafic shaping un peu trop prononcé sur les réseaux P2P. Cette décision en appel n’a évidemment pas non plus échappé à Fabrice.

L’affaire remonte à 2007, la FCC (Federal Communication Commission) qui est l’équivalent de l’ARCEP aux USA avait sommé Comcast, le Orange local, de ne pas s’adonner au filtrage des contenus au nom du principe de Net Neutrality.

Elle gagna le procès contre l’opérateur en première instance marquant ainsi un point en faveur de la Net Neutrality. La cour d’appel fédérale a tranché, la FCC n’a pas le droit  d’imposer la Net Neutrality à Comcast.

La décision en appel intervient à un moment particulier, car croyez le ou non, les USA sont un véritable désert numérique… aux USA, ils n’ont pas Free, ils n’ont rien compris.

L’offre plafonne souvent à 5 mégas sur un réseau câblé vieillissant et la FCC lance un plan national en faveur du haut débit.

La FFC comptait bien faire de la Net Neutrality une composante importante de son plan et pour qui connait Internet, on se rend vite compte que non seulement c’est la bonne méthode mais qu’en plus cette Net Neutrality est nécessaire pour qu’un accès au haut débit se fasse dans les meilleures conditions pour tous (et là je pense surtout accord de peering pour les petits opérateurs locaux qui pullulent aux Etats Unis).

Cette décision est fort intéressante, car elle est à mettre en parallèle avec l’action de l’ARCEP dont on sait qu’elle n’a qu’un rôle consultatif … un peu comme une Haute Autorité sans autorité (oh c’est un peu facile … mais oui … comme HADOPI). Sauf  que contrairement à HADOPI, l’ARCEP a une utilité réelle et coûte au contribuable 10 à 50 fois moins cher. Si les avis de l’ARCEP sont consultatifs, ils n’en demeurent pas moins souvent fort respectés car guidés par la bonne intelligence, pour le bien commun et pour le bien des réseaux.

Attention, cette décision de la cour d’appel fédérale ne veut cependant pas dire que la Net Neutrality est morte aux USA, cette problématique reste au coeur des préoccupations des internautes américains comme des politiques qui se sont emparés de cette cause, flairant l’importance que ce débat revêt pour une démocratie saine.

Il faut donc s’attendre à de nouveaux rebondissements sur ce dossier très sensible.


> Article initialement publié sur le blog de Bluetouff

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