OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 La tuyauterie du net éclairée http://owni.fr/2011/10/15/telegeography-entrailles-du-net-reseau-data/ http://owni.fr/2011/10/15/telegeography-entrailles-du-net-reseau-data/#comments Sat, 15 Oct 2011 09:06:47 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=83175

Visualiser le réseau, rendre matériel le prétendu virtuel. Bref, mettre les mains dans le cambouis d’Internet. C’est le fond de commerce de la firme Telegeography.

Depuis plus de vingt ans, elle collecte des informations sur le marché des télécommunications pour en déduire les grandes tendances du secteur, réalisant, au passage, des visualisations et applications esthétiques et pratiques.

Dernière en date: la carte interactive des câbles sous-marins, déjà évoqué par OWNI, et qui donne au réseau des réseaux son ampleur internationale. On saisit mieux les infrastructures titanesques qui sous-tendent nos habitudes de navigation. Et l’on découvre ces trajets Marseille-Alexandrie ou, plus exotique, Lannion (France) – Manasquan (New-Jersey, USA), que nous empruntons, malgré nous, chaque jour.

Interrogé par Gizmodo sur la dangerosité d’une telle publication, dévoilant une architecture stratégique, Telegeography affirmait avoir volontairement réduit la fonctions de grossissement de l’application, afin que les emplacements exacts des câbles ne soient pas révélés. “C’est en fait plus dangereux de ne pas savoir où se trouve la fibre, car la mise en place d’une redondance dans les réseaux serait alors plus difficile”, ajoutait alors un analyste de la société.

D’autres schémas tout aussi instructifs, présentent en détail la morphologie du net, en en découvrant par exemple ses entrailles, ou bien se lancent dans un bilan de santé plus global, dévoilant l’idiosyncrasie du réseau.

Montage réalisé à partir de la "Global Internet Map 2011". Cliquer pour en voir l'intégralité.

Tout en saluant l’initiative, on regrettera simplement que Telegeography ne se consacre pas uniquement à des activités de recherche, s’employant également à du conseil aux entreprises dont elle tire toutes ses données. Prestataire de grands groupes tels Skype, Deutsche Telecom ou Netflix, sa méthode de collecte repose avant tout sur les informations que veulent bien lui fournir les fournisseurs d’accès à Internet (FAI). Interrogée par OWNI sur son indépendance, la société ne fait aucun commentaire, indiquant néanmoins s’appuyer également sur des données publiques.

Le bon point est qu’une grande partie de celles-ci est accessible gratuitement sur le site de Telegeography. Histoire de s’en approprier… et de les vérifier.


Illustrations réalisées à partir des visualisations de Telegeography.

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Les vrais Net-goinfres, ce sont les FAI http://owni.fr/2011/08/22/les-vrais-net-goinfres-ce-sont-les-fai/ http://owni.fr/2011/08/22/les-vrais-net-goinfres-ce-sont-les-fai/#comments Mon, 22 Aug 2011 16:39:05 +0000 Henri de Bodinat http://owni.fr/?p=76636

Monsieur Lévy [Jean-Bernard Lévy, ndlr], le patron de Vivendi (SFR), celui de Deutsche Telekom, et celui d’Alcatel ont récemment planché devant la Commission européenne, et ont récemment publié dans Le Monde une tribune libre, expliquant onctueusement que pour le bien de tous, pour permettre de financer les investissements épouvantablement lourds en fibre optique, et pour permettre un accès sans problème aux sites Internet consommateurs de bande passante, comme YouTube, il fallait… faire payer les opérateurs de ces sites Internet…

Derrière ces grands démonstrations quasi-humanitaires, il n’y a qu’une idée, très simple : essayons de gagner encore plus, en utilisant notre position de monopole pour faire payer non seulement le client final de notre service d’accès Internet, mais aussi les grands sites Internet eux-mêmes. Derrière le rideau du bien commun, la cupidité pure. Quand Neelie Kroes demande à ces dirigeants leur position sur l’Internet du futur, c’est un peu comme demander au renard comment gérer le poulailler…

L’idée de faire payer le transport de données Internet aux sites eux-mêmes est un serpent de mer qui revient périodiquement dans le discours des opérateurs de réseaux télécoms, toujours à l’affut de leviers leur permettant de gonfler leurs profits déjà considérables et parfois injustifiés.

Faire payer ceux qui leur ont permis de réaliser des profits importants

Cette proposition est à la fois indécente et destructrice de valeur.

Elle est indécente car les grands opérateurs télécoms, qui sont essentiellement des opérateurs de réseaux fixes ou mobiles, obtiennent déjà une rentabilité très élevée en facturant le service d’accès Internet aux client final, ménage ou entreprise. Le paiement de l’accès Internet, de 30 à 100 euros par mois voire plus pour les entreprises, a même sauvé les opérateurs de réseaux fixes de la chute brutale de leurs revenus quand les appels sur mobile ont cannibalisé les appels sur le fixe. Cette chute de la voix sur le fixe a été plus que compensée par l’utilisation du fil de cuivre ou de la fibre pour transporter non pas des conversations mais des données. Internet et ses contenus ont sauvé les opérateurs de réseaux fixes et sont aujourd’hui en train, avec les smartphones, de booster les revenus des réseaux mobiles, grâce à l’Internet mobile.

Pourquoi un ménage ou une entreprise s’abonnent-ils à l’accès Internet de Deutsche Telekom, de SFR ou de Comcast ? Tout simplement pour avoir accès aux contenus ou aux services qui leur sont apportés gratuitement par les grands fournisseurs de contenu Internet, de Google à Facebook. SFR ou Comcast veulent aujourd’hui faire payer les entreprises Internet qui leur ont permis de réaliser des profits importants en facturant au client final l’accès à ces sites. Mais sans Google, Amazone, YouTube ou Facebook, qui s’abonnerait à Free ou à SFR ?

C’est un peu comme si Canal +, qui fait aussi partie du groupe Vivendi, demandait aux producteurs américains de films et de séries, qui représentent l’essentiel de son offre de fiction, ou à la Ligue française de football, de payer pour être transporté par satellite ou câble jusqu’au consommateur final. J’aimerais voir la tête du patron de Paramount quand Monsieur Lévy lui expliquera pourquoi il doit payer pour monter sur Canal Sat, au lieu d’être payé pour son contenu exclusif.

Si quelqu’un devait payer quelqu’un d’autre, il serait d’ailleurs plus logique que SFR ou Comcast partagent avec YouTube ou Facebook les revenus considérables d’accès Internet payants, qui n’existeraient pas sans ces grands sites, comme Canal + paie les producteurs de contenus permettant de recruter des abonnés payants.

Un nouveau clou dans le cercueil de nos économies

Cette position surréaliste des rentiers des réseaux cherchant à tout prix à augmenter leur rente de monopole est par ailleurs destructrice de valeur. L’Internet s’est développé très rapidement car il a été essentiellement un modèle gratuit. On ne paie pas pour utiliser Google, YouTube ou Facebook, et Google, Facebook et YouTube ne paient pas pour être amenés jusqu’au client final. C’est ce qu’on appelle la « neutralité du Net » qui a permis son éclosion et son développement. La floraison des sites Internet, cette économie vibrante et entrepreneuriale, est aujourd’hui l’un des principaux ressorts de croissance et de qualité de vie dans les économies occidentales délabrées par la mondialisation. Faire payer les sites pour la bande passante freinerait cet essor créatif et bénéfique pour tous, qui permet l’accès facile et riche à l’information, aux services ou même aux produits grâce au e-commerce.

C’est comme si une bande de rentiers riches et peu créateurs de valeur proposaient de faire les poches à un groupe de jeunes entrepreneurs. Transférer des ressources de l’entrepreneuriat du Net aux rentiers des réseaux reviendrait à transformer l’investissement dans de nouvelles entreprises en dividendes pour des actionnaires passifs et serait une colossale erreur qui handicaperait durablement les économies occidentales. Nous avons déjà observé un transfert massif de ressources de l’économie productive vers l’économie financière, qui a plombé les économies occidentales pour permettre de gaver les banquiers de bonus. Un péage permettant aux opérateurs de réseaux de faire payer les producteurs de contenus Internet, en risquant de casser l’essor d’Internet, serait un nouveau clou dans le cercueil de nos économies, dont le seul intérêt serait de gonfler les dividendes et les bonus d’oligopoles déjà riches.

Et l’argument du financement des réseaux de fibre est creux. Un opérateur de réseaux a pour rôle de… financer des réseaux. Et si la fibre optique ou la 4G ne sont pas rentables, eh bien restez à la 3G et au fil de cuivre, messieurs les opérateurs. Dans la réalité, la fibre va permettre une augmentation considérable de la bande passante, donc du trafic, et des facturations différenciées du client final en fonction de son utilisation. La fibre va permettre d’augmenter l’ARPU (Average Revenue Per User) de l’accès Internet, ARPU qui est le Graal des opérateurs de réseaux. Le financement de la fibre, rentabilisé par cette augmentation de l’ARPU, et largement aidé par les États, n’est ainsi qu’un prétexte transparent pour tenter d’instituer un péage illégitime sur les contenus.

Que la cupidité puisse ainsi de façon quasi institutionnelle menacer un secteur économique entier et s’opposer aussi frontalement à l’intérêt général en dit long sur la dérive du capitalisme actuel, et contribue peut-être à expliquer pourquoi nous sommes entrés en crise durable. Pour aggraver cette crise, rien de plus facile : faisons droit aux demandes des opérateurs télécoms en instituant un péage sur les fournisseurs de contenus Internet, et étouffons ainsi lentement Internet…

Billet initialement publié sur Stratégies, un blog de Challenges sous le titre « Association de malfaiteurs »

Image CC Flickr PaternitéPas d'utilisation commercialeCaptPiper

Les autres articles de notre dossier :
Internet illimité : les opérateurs s’agitent
Internet illimité : les opérateurs s’agitent
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Puisque personne ne veut fibrer nos bleds, pourquoi ne le fait-on pas nous-mêmes ? http://owni.fr/2010/10/17/puisque-personne-ne-veut-fibrer-nos-bleds-pourquoi-ne-le-fait-on-pas-nous-memes/ http://owni.fr/2010/10/17/puisque-personne-ne-veut-fibrer-nos-bleds-pourquoi-ne-le-fait-on-pas-nous-memes/#comments Sun, 17 Oct 2010 08:12:12 +0000 Jean-Michel Billaut http://owni.fr/?p=31690

Je me permets de vous livrer quelques élucubrations dominicales sur ce thème combien important… En tout cas à mes yeux…

1/ Tout un chacun – à part mon ami Louis Naugès et quelques autres papies irréductibles - s’accorde à penser qu’un réseau de télécommunications à TRÈS haut débit à base de fibre optique est indispensable pour le futur du pays. Indispensable pour tout le monde… Villes ET surtout campagnes.

2/ On met en place actuellement des politiques, des stratégies, on racle des fonds de tiroir. On se remue de-ci de-là… Ce n’est jamais facile en France de mettre tous les clans gaulois en ordre de marche pour aller dans le même sens (en Belgique non plus remarquez, ce n’est pas facile.)

3/ Mais personne ne s’occupe vraiment des campagnes. On est à peu près sûr que nos mégapoles vont être fibrées par nos aimables opérateurs privés… Enfin, on peut se convaincre qu’elles vont l’être dans les décennies à venir. Par contre, nos bleds dans nos magnifiques campagnes : nada… Les opérateurs privés, plutôt intéressés par l’évolution de leur cours de bourse, ne sont pas prêts de sortir des fortifs parisiennes et de nos autres grandes villes. Et savez-vous combien de bleds de moins de 5.000 habitants il y a en France ? Quelque 35.000…  Et il me semble que c’est surtout les habitants de ces 35.000 bleds qui ont le plus besoin de très haut débit, que ceux des mégapoles… Curieux quand même : ceux qui en auraient le plus besoin, on les renvoie dans leurs étables. Alors que l’on supprime la médecine de proximité, des bureaux de poste, des écoles, etc. Alors que le TRÈS haut débit permettrait de remplacer avantageusement ce que l’on nous supprime, sous prétexte que c’est trop cher, que l’État n’a plus un sous, blabla…

4/ Conclusion qui me vient à l’esprit : dans ce cas, pourquoi on ne fibre pas nous-mêmes nos campagnes et nos bleds ???

5/ Pas simple allez-vous me dire… Pas simple du tout, en effet… D’abord les Gaulois ne sont pas trop habitués à prendre leur destin en main. Ils attendent que cela leurs tombe tout crû dans la bouche. Chacun vit dans son coin, en mode silo… Et pourtant dans nos campagnes, on a des pelles, des tracteurs… et des trancheuses de trottoirs et de rues (et il doit rester quelques fourches dans les greniers, au cas où). Bref de quoi mettre en œuvre un réseau optique de fibres noires.

6/ Pas simple non plus la technologie pour mettre en œuvre un réseau optique rural… Mais avec de la persévérance. On n’a pas besoin d’X-Telecom qui vont complexifier le problème, ni d’énarques qui vont s’égarer dans des considérations diverses autant que variées. On veut de la fibre et du très haut débit. Point barre. Je me permets de vous donner une marche à suivre, en tout cas celle que nous essayons d’appliquer à Villiers-le-Mahieu. Car nous apprenons en marchant…

Avoir des relations et connaître le terrain

7/ La première chose à faire est de connaître vos élus. De bien les connaître. Maires, mais aussi députés, sénateurs, conseillers généraux. Avoir leur nom, leurs coordonnées (mail, s’ils en ont un à leur nom, adresse postale, assistantes). Et de bien connaître votre bled… Nombre de foyers – si possible nombre de foyers déjà connectés en ADSL ou autres moyens exotiques, superficie de la commune, nombre de kilomètres de chemins vicinaux (en principe ils appartiennent à votre commune.). Où passe la départementale (là, c’est du ressort de votre conseil général), où passe la nationale (là c’est en principe du ressort de l’État ??), etc.

8/ La deuxième chose à faire est de savoir si votre département a mis en place un, ou un début de backbone public. Si oui, où passe-t-il ? Quand va-t-il arriver près de chez vous ? Connaître donc le fonctionnaire en charge de la chose au département… Vous faire connaître de tous ces braves gens en leur demandant benoîtement quand votre bled va être fibré. Attention : je ne conseille pas de sortir les fourches à ce stade… Il n’est pas non plus inutile de savoir où se trouve le NRA de Madame France Télécom. Est-ce qu’il est dégroupé ? Free ou autres y sont-ils ? Quelle est la longueur moyenne de la ligne téléphonique des habitants de votre bled ? Le NRA est-il relié en backbone optique ? (probablement oui) Votre bled est-il dépendant d’un seul NRA ou est-il écartelé entre plusieurs ? (mon bled est sur deux NRA)

9/ Ensuite il vous fait convaincre votre maire… C’est mieux. Et s’il est convaincu, il va faire passer l’idée au conseil municipal. S’il ne comprend pas, il faut lui montrer… “l’évangéliser” comme on dit aux États-Unis. Lui expliquer EN TERMES SIMPLES comment fonctionne Internet… Faire une démo chez vous en lui proposant un café… Le faire participer à un Skype visio sera le bienvenu (avec moi ?). Lui montrer quelques recherches sur Google sur son nom ou des choses qui lui tiennent à cœur, etc.

Attention : PAS DE PHILOSOPHIE, comme j’ai pu voir ici ou là. QUE DU CONCRET. La philosophie à ce stade est le meilleur moyen pour qu’il ne fasse rien… Les élus sont plutôt des gens âgés qui sont nés avec la télévision et le téléphone analogique. Ils ne sont pas rompus, comme nos “digital natives”, aux joies ineffables des réseaux sociaux. Chaque génération a ses technologies et donc ses usages. Il faut faire de vos élus des “e-immigrants”, en douceur… En ayant toutefois en tête un plan de développement économique de votre (vos) bled(s) basé sur le réseau optique (ce que j’avais proposé à Pau). Ne pas parler de ce plan au départ si vous en avez un, sauf si vous avez un élu éveillé, comme l’était feu André Labarrère, maire de Pau.

10/ Ensuite… À mon avis, ne pas vous casser pas la tête pour savoir s’il y a des fourreaux enterrés dans votre commune, et à qui ils appartiennent... Car là, vous êtes mal barré… Un membre du conseil municipal de Villiers-le-Mahieu a eu l’outrecuidance d’envoyer une bafouille officielle (avec timbre et tout.) à Madame France Telecom… Laquelle lui a répondu fort sèchement (avec un timbre) que ce n’était pas ses oignons… Et que de toute façon, le préfet du département interdisait de publier la chose, vu que c’était secret défense (sic). Des fois que les clans mal famés du département d’à côté viennent nous les déterrer…

Vous pouvez aussi accrocher un fourreau de fibre sur les poteaux électriques. Je suggère au départ de ne pas trop passer de temps sur ces poteaux basse et moyenne tension (d’autant plus que vous pourriez vous électrocuter). On ne sait pas trop à qui ils appartiennent. La basse tension : c’est en principe à votre collectivité. Vous pouvez toutefois les recenser (nombre de poteaux, longueur de la ligne). Cela ne mange pas de pain. Comment êtes vous électriquement raccordés aux bleds voisins ? Pour faire par exemple une e-intercommunalité ? Ces poteaux sont-ils en bon état ? (les statistiques semblent montrer qu’il faut remplacer un poteau sur vingt pour supporter un fourreau…).

Surtout, surtout ne vous engagez pas dans des discussions stériles sur l’enfouissement ou les poteaux électriques… C’est le meilleur moyen de ne rien faire…

Prêcher la bonne parole numérique

11/ Ce n’est pas fini… Car il faut aussi évangéliser vos concitoyens…Tout le monde oublie cette opération. Et c’est un très gros boulot. Il ne sert à rien d’aller voir Madame Michu qui habite à côté de chez vous pour lui demander si elle veut une fibre. “Une quoi ?” va-t-elle vous dire. Non. Très mauvaise méthode. Je suggère la méthode que nous allons peut-être employer à Villiers-le-Mahieu… Créer une “webschool” (comme il y en avait une à l’Atelier de la Compagnie Bancaire, comme il y a une aujourd’hui dans l’entreprise industrielle LIPPI). A priori, mon maire est OK. On aura un local. Et cela peut être financé par votre conseil général (à condition de l’appeler “espace publique numérique” et de s’engager à initier les patrons de TPE).

Mais pour être financé, il faut un délibéré officiel du conseil municipal, avant de déclencher le processus. Ce qui peut prendre un certain temps… Mais cela vous laisse du temps pour trouver un jeune galopin qui va tenir cette webschool… (je l’ai trouvé en ce qui me concerne vendredi soir lors d’un petit cocktail chez mon expert-comptable qui habite le bled d’à côté et qui voudrait bien lui aussi une fibre pour ses activités. J’y ai aussi “vérolé” un marchand de fromages de Bazemont qui râle comme un poux contre son maire, et un promoteur immobilier des Clayes-sous-Bois. Heureux de vivre le gars, roulant en cabriolet, mais au courant de rien.)

Faites de l’agit-pro analogique 1.0. Tout est bon : à l’épicerie, au bistro s’il en reste un dans votre village, à la sortie de la messe… Sur le terrain de foot où joue votre môme, à la sortie des écoles…(institutrices et instituteurs peuvent être un excellent relai). Le barbecue du voisin qui vous a invité. Essayer de trouver les deux ou trois gars du bled qui ont envie d’en découdre : vous allez avoir besoin d’eux pour mettre la population au boulot. Ne pas hésiter à payer une bière au cantonnier de votre village. Je vous rappelle qu’il y a 2.000 ans, douze types -non treize- ont fait un tel ramdam que l’on en parle encore aujourd’hui, alors qu’à l’époque il n’y avait pas de journaux, de télés, de 20 heures, de Lady Gaga, etc. (vous me direz qu’ils ont mal fini). Donc avec deux ou trois types dans un bled de moins de 1.000 habitants, avec les moyens modernes de communication, cela devrait faire l’affaire… Car ils vont vous servir… Le journal de Villiers-le-Mahieu (mon bled), qui est diffusé à tous les foyers du village, va publier un article sur la “fibre dans le 78 et à Villiers”. Je me suis commis d’un projet d’article. J’espère que ce journal paraîtra avant notre prochaine réunion le 29 novembre prochain… Cela démarrerait l’agit-pro 1.0 dans le village…

12/ Ce n’est pas fini… Il faut faire une configuration de votre réseau optique. J’ai eu la chance sur ce point de rencontrer lors d’une journée sur le TRÈS haut débit chez Acome à Mortain dans la Manche, Jean-Louis Souche de la société Marais. Pour ceux qui ne le savent pas, Acome est le seul fabricant 100 % français de fibre optique qui nous reste (en plus, ce n’est pas une société, mais une coopérative). Marais – dont l’actionnaire principal est la Caisse des Dépôts – a mis au point une trancheuse de trottoirs et de rues.

Elle tranche une saignée de 3 cm de profondeur sur 2 cm de large. Cela suffit pour y loger une fourreau de fibre. Que l’on rebouche ensuite avec un béton particulier. 400 mètres par heure. Et là semble-t-il, pas de permission à demander à la Dame, ni au préfet, ni à Saint Frusquin. Puisque ces rues appartiennent à la collectivité. Nous avons reçu plusieurs fois Jean-Louis à Villiers-le-Mahieu. Son avis : un réseau optique en peer-to-peer avec un POP que l’on peut loger à la mairie (il y la place). Organisation en étoile. 400 fibres seraient nécessaires (703 habitants, de l’ordre de 200 foyers – 2 fibres par foyer qui partent toutes du POP chez l’habitant). L’étude précise devrait être terminée fin novembre de cette année.

Jean-Louis propose de nous trancher “gratuitement” (il nous ferait payer que l’amortissement de la machine sur une semaine…). À nous ensuite de mettre les Mahieutins au boulot pour déployer le réseau dans la tranchée, et recouvrir le tout avec le béton adhoc (d’où les deux ou trois types dont je parlais plus haut). Naturellement sous les conseils éclairés de Marais. Acome lui, nous propose gratuitement les fibres… (je ne sais pas trop si Cisco ou autre nous proposera gratuitement les matos… mais si on essaye pas ??).

En définitive notre stratégie revient à mettre au boulot les gaulois de notre village... Pas facile vous en conviendrez. Mais la webschool devrait aider et l’agit-pro 1.0 aussi. Naturellement, si cela fonctionne, cela veut dire que le coût de notre réseau fibre noire, dont nous serions propriétaires, tombe. Donc plus besoin de payer en principe l’abonnement de 13 euros/mois  à la Dame pour la ligne de téléphone fixe (d’autant plus que la plupart de nos villageois ont un mobile). Ni d’ailleurs les 30 euros/mois d’abonnement ADSL.

Comment trouver l’argent ?

13/ Point suivant, le financement… Cela ne coûterait pas grand chose, mais quand même. Le gouvernement va enfin sortir son “grand emprunt numérique”.  Mais je ne me fais pas trop d’illusions sur ce point (j’ai envoyé un mail à Benoît Loutrel qui s’en occupe chez Fillon – mais je ne compte pas trop sur une réponse : sont très occupés ces gens-là, et Villiers-le-Mahieu est si petit et si loin de l’intelligentsia parisienne – 50 kilomètres plein ouest : c’est beaucoup trop)…

Nous avons invité lors d’une précédente réunion (qui s’est tenue chez moi – handicap oblige) notre députée Madame Anny Poursinoff (une Verte, arrondissement de Rambouillet qui a battu l’umpiste local). Notre maire lui a dit sa détermination pour un réseau optique à Villiers, Acome nous a fait un topo sur la fibre, Jean-Louis a évoqué la stratégie du micro-tranchage réalisé en partie par les habitants (nous appelons cela le “modèle mahieutin”). Mathieu Rochart de WebOconference a évoqué le télétravail ce qui est important pour nous (Michel Schaller, vice-président du Gixel, devait venir pour présenter la plateforme télésanté du gouvernement – mais il n’a pas pu se dégager – il viendra la prochaine fois le 29 novembre prochain). Télétravail et télésanté sont les deux mamelles des e-campagnes, aurait dit le bon Sully.

Anny s’est rendu compte que nous n’étions pas des bœufs… “Je ne vais pas prendre le leadership, mais je vais vous aider quand vous aurez besoin de moi…” Pas mal non ? Et elle vient de prévenir par mail. Car Anny utilise le mail comme elle respire (ce n’est pas le cas des maires de mon canton de Montfort l’Amaury, qui ne répondent pas aux mails qu’on leur envoie, ou qui font répondre par leur assistante…). Elle envisage de nous donner 1 à 2.000 euros pris sur sa réserve parlementaire de l’année prochaine. Je ne le savais pas, mais nos députés (nos sénateurs aussi je suppose) disposent d’une réserve de 35.000 euros par an. Mais cet argent ne peut être investi que dans une association (j’aurais préféré une SIC… mais bon c’est mieux que rien).

14/ Point suivant (hé non ce n’est pas fini…). Nous avons donc notre petit réseau. Mais on le raccorde où pour accéder au réseau des réseaux ? Nous avons pris langue avec Laurent Braconnier qui au conseil général des Yvelines manage l’opération backbone public. Et va s’occuper du schéma d’aménagement numérique du département. Nous avons un backbone qui part du nord du département, longe la frontière est jusqu’à Vélizy et ses zones d’activité. Le backbone va être prolongé vers le sud, et le sud-ouest. Il devrait passer à Méré l’année prochaine. Méré est à 7 km de chez nous. Donc nous pourrions nous raccorder sur le backbone public. Mais là, il nous faut une structure pour assurer la collecte, la gestion et la maintenance de notre réseau… Nous avons pensé à Axione, Packet Front et Labs 2 (en Suède). Il y a probablement des petits opérateurs locaux/régionaux gaulois qui pourraient être intéressés ??

Autre solution… Une fois le réseau en place, on va présenter nos hommages très respectueux à Madame France Telecom, à Monsieur Free (qui arrive aussi à Thoiry à 3 kms au nord ouest de chez nous… Mais mon ami Niel le patron de Free, m’a dit : “Je vais peux-être à Thoiry en optique, mais maintenant, Billaut tu te démerdes pour que la fibre arrive dans ton bled” (3 km environ). Sans oublier la famille Darty et sa DartyBox, les gens de Bouygues, etc. Et on lance un appel d’offres… Donc, il est encore difficile de savoir combien vont coûter les 100 mégas symétriques pour le foyer mahieutin. Probablement moins cher que l’ADSL à 30 euros/mois. Mais n’oubliez pas… Si votre Madame Michu adhère à l’idée de la fibre, qu’elle envisage qu’une fibre entre chez elle, acceptera-t-elle pas contre de se séparer de son fil de cuivre ? Car sinon elle paiera deux abonnements… Bref, il y a tout un marketing local à mettre en œuvre. Pour cela on pourra copier ce qu’a fait mon ami Kess Rovers à Nuenen en Hollande.

Je commence les simulations financières, sur la base d’une année d’abonnement gratuite… A priori, il faudrait avoir au départ au moins 30 à 40 % d’abonnés fibre… Sinon problèmes. L’opération de marketing local a donc une grande importance… Si 30 à 40 % des foyers mahieutins signent en effet une déclaration d’intention, il serait possible d’aller voir une banque pour obtenir un crédit sur dix à quinze ans… Enfin je pense…

Voilà en gros, ousque l’on en est… Si vous avez des idées…

J’ai aussi écrit à Monsieur le Directeur Général de la Caisse des Dépôts : Monsieur Augustin de Romanet que j’ai eu l’occasion de croiser dans une autre vie. Comme la Caisse est l’actionnaire majoritaire de Marais, pourquoi Marais ne deviendra pas outre trancheur, opérateur rural ? En intégrant toute la chaîne de valeur ? Il me semble que Jean-Louis aurait l’étoffe pour faire cela ? Pas de réponse de Monsieur de Romanet pour l’instant.

J’ai aussi commencé une e-agit-pro dans le département sur mon tweet, et mon wall Facebook… “Vous habitez les Yvelines ? Vous voudriez une fibre chez vous ? Contactez-moi… J’ai reçu en trois jours quatre demandes de gens intéressés… qui se demandent comment faire.

Pour conclure (très provisoirement) :

1/ Je ne sais pas si nous allons y arriver. Mais qui ne tente pas. En plus cela m’occupe les neurones… Comme je suis en principe en retraite officielle, et amputé d’une jambe… Plutôt que regarder TF1, je préfère l’agit pro… J’avais demandé à Eric Schmidt, le big boss de Google, s’il pouvait envisager de venir fibrer Villiers, comme il le fait gratuitement pour 500.000 foyers américains. Il m’a répondu dans la journée qui suit (et oui ils répondent ces gars là aux mails qu’on leur envoie) “que ce n’était prévu, que l’Europe c’était trop compliqué, blabla…”

2/ Une autre solution serait d’attendre et d’éviter ainsi d’aller titiller nos élus analogiques 1.0. Attendre que ces derniers partent chez Dieu le Père (on m’a dit qu’il y avait du TRÈS haut débit sans fil là haut, ce qui va faire plaisir à mon ami Naugès). Car la génération 2.0 arrive. Elle fera, elle sans blabla. Je pense que notre Président de la République en 2017 sera un “digital native” du e-party. Le problème naturellement, c’est que d’ici là je risque de partir aussi, vu mon âge…

3/ D’aucuns me disent que si nous avions eu un réseau à bon débit avec une organisation de notre santé à la sauce 2.0, je n’aurais pas été amputé de ma jambe (le Samu avec les technologies traditionnelles téléphoniques a refusé de se déplacer, ce qui m’a pris sept heures pour arriver sur un table d’opération…trop tard). Le Très haut débit, M’sieur Sarkozy, n’est pas billevesée… Vous réduisez la voilure santé dans nos campagnes (entre autres)… Alors pourquoi ne pas organiser ladite santé en mode 2.0, avec par exemple un plateforme e-santé du Samu avec de vrais toubibs, permettant de voir le malade en visio très haute définition ?

PS : La Gazette des Communes dans son n°du 11/10 évoque le projet de Villiers-le-Mahieu. J’ai invité Cédric Ingrand de LCI à venir faire un ‘tit reportage, mais le jeune homme a d’autres chats à fouetter…

Je peux vous donner les mails de toutes les personnes que je cite dans ce post… Par ailleurs, je vais peut-être pouvoir utiliser la plateforme de WebO. On pourra se faire des réunions visiophoniques collaboratives, à plusieurs dizaines de personnes. Par exemple que Jean-Louis vous explique de vive voix comment faire ; que Michel Schaller vous explique la télésanté, etc. Vous pourrez leur poser vos questions comme dans une vraie réunion…

Pensée du jour… Si vous ne vous bougez pas, vous n’aurez rien… Alors “just do it”

Billet initialement publié sur le blog de Jean-Michel Billaut

Ardèche Drôme Numérique , Jimmy Legrand, Twistiti

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Fibre et politique… http://owni.fr/2010/09/18/fibre-et-politique/ http://owni.fr/2010/09/18/fibre-et-politique/#comments Sat, 18 Sep 2010 12:17:08 +0000 Jean-Michel Billaut http://owni.fr/?p=28572 Pour la première fois dans l’Histoire de l’Humanité, un parti politique gagne une élection sur un programme comportant un volet télécommunications avec la mise en œuvre d’un réseau optique pour les…. campagnes. Et pas les villes…

Que voilà des gens intelligents ! Car se sont les ruraux qui ont le plus besoin de très haut débit et de services adaptés, plutôt que les rats de villes… qui ont a priori tout ce qu’il faut en mode traditionnel (1.0) dans un mouchoir de poche…

Mais de quel pays s’agit ? En fait un continent : l’Australie...

Les travaillistes emmenées par Julia Gillard ont en effet remporté les récentes élections face aux libéraux conservateurs qui dans leur programme ne proposaient que du sans fil pour les sous-hommes des campagnes australiennes…

Et pour avoir visité une partie de ce magnifique pays (voir mon blog) je dois vous dire que la campagne australienne et son bush c’est grand comme l’Europe… Julia met 43 milliards de $ australiens sur la table... !

Très courte majorité certes, mais majorité quand même…

Ne suivant pas au jour le jour le climat politique australien, je ne sais pas trop si le programme fibre a joué beaucoup dans la balance… (Soudo-san qui est plus introduit que moi dans les milieux australiens nous donnera certainement son avis sur son blog ou en comment de ce billet…)

En tout cas, le moins que l’on puisse dire c’est que Miss Julia a un caractère bien trempé… (voir ici).

Je ne sais pas trop si Madame Aubry chez nous a la même vision du monde que Madame Julia… Mais cela serait bien que pour la la prochaine élection présidentielle, les futurs candidats nous fassent part de leur position dans ce domaine… En 2012 on peut espérer avoir régler les problèmes de retraites… On pourrait peut-être s’occuper un peu plus de l’avenir ?

Il y a chez nous quelques 30.000 communes qui ont moins de 5.000 habitants. Ces gens là n’auront probablement jamais de fibre avant un certain temps. Les opérateurs privés ne sont pas intéressés par ce marché. Donc les communes des campagnes ont les mains libres pour prendre leur destin en main… Et plutôt que d’attendre que notre aimable Etat s’en occupe, ils feraient mieux de s’y mettre.. Cela fait quand même quelques millions de Gaulois, qui feraient bien de secouer leurs élus locaux, et de bâtir un plan de mise en œuvre, comme nous essayons de le faire à Villiers le Mahieu…

Nous avons aussi un parti Vert (à la différence des autres pays démocratiques qui n’ont généralement que 2 parties : la Droite, la Gauche; les Républicains, les Démocrates; les Travaillistes,… etc..). Chez nous il y  a quelques clans qui veulent tous voler le pouvoir à notre Vercingétrorix (j’ai relu récemment la guerre des Gaules du grand Jules : il n’y a rien de changer sur le fond)… Les Verts nous parlent-ils de la mise en place d’une infrastructure de télécommunications à TRÈS haut débit pour favoriser le télétravail (par exemple) ? Pourtant moins de déplacement physique = moins de CO2 ? D’autant plus qu’à lire les enquêtes sur ces thèmes, il me semble que les salariés français sont prêts pour le télétravail ?

Photo CC Wikipedia : MystifyMe Concert Photography (Troy) et CC FlickR : 1suisse

Article initialement publié sur le blog de Jean Michel Billaut

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http://owni.fr/2010/09/18/fibre-et-politique/feed/ 2
Lettre ouverte à Madame Bettencourt: allez, un p’tit geste… http://owni.fr/2010/07/19/lettre-ouverte-a-madame-bettencourt-allez-un-ptit-geste/ http://owni.fr/2010/07/19/lettre-ouverte-a-madame-bettencourt-allez-un-ptit-geste/#comments Mon, 19 Jul 2010 10:40:42 +0000 Jean-Michel Billaut http://owni.fr/?p=22355 À l’attention de Madame Liliane Bettencourt

18, rue Delabordère

92200 Neuilly-sur-Seine France

Madame,

Je dois dire que je suis avec grande passion vos aventures, dignes d’un roman d’Eugène Sue. Certains de mes amis envisagent d’ailleurs d’en faire un film. Mais je les en ai dissuadés, car il me semble qu’ils n’ont pas le talent d’un Spielberg… Je pense qu’il faut au moins un réalisateur de ce calibre pour conter tout cela à nos enfants. À la rigueur un Roman Polanski. Quant au casting, j’ai quelques idées, dont je pourrais éventuellement vous entretenir… (je pense notamment qu’un Harrison Ford avec son fouet, serait très bien pour…)

En attendant, je me suis dit que peut-être, moi aussi je pourrais bénéficier d’une de vos enveloppes… Mais je ne sais pas trop si je suis dans le bon “scope”… Vous semblez en effet très attachée au financement de la politique française. Personnellement, je dois vous dire que je n’ai nulle envie de me présenter aux suffrages des Gaulois. Beaucoup trop compliqués à manager. Trop de clans, etc. Déjà que chez moi, je n’ai aucun pouvoir…

Non. Je ne vous demande pas une enveloppe pour cela : ces gamineries ne sont plus de mon âge…

Je vous demande une enveloppe pour financer le réseau de télécommunications optique de Villiers-le-Mahieu dans les Yvelines. Villiers se trouve entre Paris et New York, mais plus près de Paris que de New York quand même. Très sympathique village de l’Île-de-France, avec un château du XIIIe siècle (ayant appartenu à Bernard Buffet), ainsi qu’une église consacrée à Saint Martin. Église de la même époque. Pourquoi grands dieux un réseau optique connecté à l’Internet ? Peut-être, Madame, n’êtes vous pas très “Internet minded” ? (vous êtes née comme moi au temps du poste à galène). Malheureusement, en ce qui me concerne, j’ai quitté ces périodes analogiques. Je suis devenu un immigrant digital. Et je dois avouer qu’avec l’Internet la démocratie a peut-être de meilleurs jours devant elle.

Liliane découvre l'Internet.

Notre réseau optique nous permettrait d’abord de disposer de connexions Internet très rapides, plutôt que de nous traîner avec des débits malingres. Heureusement, heureusement que Mediapart ne propose pas trop de vidéos sur son site ! Je ne pourrais les regarder… Nous pourrions aussi mettre en œuvre de nouveaux services pour la population dans le domaine de la santé, de l’éducation, de l’environnement durable avec du télétravail, évitant ainsi à de nombreux Mahieutins de se rendre chaque jour à leur travail dans la capitale et d’en revenir le soir… Et de réfléchir à la démocratie 2.0… Et de la mettre en œuvre dans notre beau village…

Combien mettre dans l’enveloppe ? J’en laisse le soin à votre grande appréciation, mais il me semble que 200.000 euros serait idoine. Voire confortable. Naturellement ce réseau s’appellerait le “BettencourtNet”. Et je me fais fort de convaincre le maire et son conseil municipal de débaptiser notre rue principale, et de l’appeler “rue Liliane Bettencourt”. Rassurez-vous, je n’aurai pas besoin de distribuer des enveloppes pour cela. Payer une bière “chez Zézette” à quelques membres bien choisis du conseil sera largement suffisant (comment, vous ne connaissez pas “chez Zézette” ? Dommage…)

Je ne sais pas trop si vous êtes une habituée du mail sur l’Internet. Mais une réponse de votre part dans ma boîte aux lettres électronique (jmbillaut@yahoo.fr) serait très bien. Je ne sais pas trop non plus, si vous êtes une grande habituée du virement électronique d’argent sur l’Internet. C’est ce que l’on fait de mieux aujourd’hui. Passer des valises pleines de billets en Suisse est d’un ringard ! Vous pourriez aussi verser cette enveloppe sur Leetchi (un site web de cagnotte électronique). Certains de mes amis envisagent en effet de lancer une souscription sur l’Internet pour financer ma fibre optique, et naturellement celle des Mahieutins. Votre enveloppe y serait sans nul doute d’un apport conséquent.

Peut-être un dernier conseil (gracieux naturellement) ? Je vous suggère de vendre L’Oréal. Fabriquer de l’eau savonneuse, c’est bien (financer la politique française avec la vente d’eau savonneuse – notre démocratie est tombée bien bas… vous en conviendrez). Mais devenir opérateur de télécommunications à très haut débit sur l’Europe aurait un certain panache. Ce n’est certes pas M’sieur de Maistre qui vous aurait donner ce conseil, n’est-il ? D’autant plus que, là, vous pourriez vous associer avec Google. Ah ! Vous ne connaissez pas Google ? Bon. Il faudra que je refasse une p’tite conférence d’initiation. Car figurez-vous, que c’est moi qui ait initié M’sieur Lindsay Owen Jones et son staff aux joies ineffables de l’Internet…

Je vous prie de croire, Madame, en l’expression de mes sentiments très distingués.

Votre humble serviteur,

Jean Michel Billaut

PS :  si vous engagez d’autres majordomes, serviteurs, chauffeurs, jardiniers, cuisiniers, femmes de ménage comme dans le temps ancien, ne les prenez pas trop jeunes. Car les jeunes, les “digital natives” comme on dit aujourd’hui, disposent d’enregistreur MP3 miniaturisés. Et surtout, surtout n’installez pas de WiFi dans votre bel hôtel particulier “art moderne” de Neuilly. Car là on pourrait suivre en temps réel la remise d’enveloppe sur l’Internet… Vous devriez aussi calculer votre e-réputation. Cela se fait aujourd’hui. Et ouvrir un blog. Vous auriez un succès fou… Vous pourriez même gagner un peu d’argent pour vos bonnes œuvres…

Billet initialement publié sur le blog de Jean-Michel Billaut sous le titre “Lettre ouverte à Madame Liliane Bettencourt ? Et moi ? Et moi ? Et moi ? (sur un air bien connu)”

Image CC Flickr DavidDMuir et rogiro

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