OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 [Infographie] Presse : les grosses étrennes de l’État http://owni.fr/2010/09/17/infographie-presse-les-grosses-etrennes-de-letat/ http://owni.fr/2010/09/17/infographie-presse-les-grosses-etrennes-de-letat/#comments Fri, 17 Sep 2010 16:39:19 +0000 Media Hacker http://owni.fr/?p=28507 Télécharger le poster en Haute Définition en cliquant dessus.

Infographie en Creative Commons de Marion Boucharlat

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Le rapport Cardoso en 5 visualisations http://owni.fr/2010/09/17/le-rapport-cardoso-en-5-visualisations/ http://owni.fr/2010/09/17/le-rapport-cardoso-en-5-visualisations/#comments Fri, 17 Sep 2010 16:00:12 +0000 Vincent Truffy http://owni.fr/?p=28470 Le consultant Aldo Cardoso a remis le 8 septembre aux ministres de la communication et du budget un rapport sur le système d’aides publiques à la presse, qu’il qualifie de «système d’assistance respiratoire permanente».

En attendant un compte rendu détaillé (le document est consultable au pied de ce billet), on peut sortir quelques images stupéfiantes de l’étude.

Les aides à la presse ont connu une augmentation significative entre 2008 et 2009, sous l’impulsion des Etats Généraux de la Presse Ecrite notamment. Le montant de ces aides s’est donc stabilisé en 2009 autour de un milliard d’euros par an.

Plus d’un milliard d’euros est consacré chaque année à l’aide de la seule presse écrite. C’est un calcul que nous avions déjà fait ici mais le rapport souligne que les aides directes représentent toujours les deux tiers de cette somme, laissant ainsi les journaux à la merci de la décision d’accorder ou non une subvention ciblée.

Prenant l’exemple de sept titres nationaux anonymisés, le rapport montre que pour certain titres, la rédaction ne représente qu’un cinquième du prix du journal, le reste provenant, pour plus de la moitié des coûts de production et de distribution.

Si ces chiffres sont restés semblables en 2010 (ce qui est probable puisque la structure des investissements n’a pas beaucoup évolué, cf. supra), son coût en termes de subventions est supérieur à son prix de vente ! Il faut également noter que les avantages fiscaux (TVA à taux “super-réduit”) ne sont pas inclus dans ce tableau.

La direction des médias a calculé ce que coûtait, en subvention, chaque exemplaire payé. Les journaux à faible diffusion (La Croix, L’Humanité) reviennent automatiquement plus cher, mais on peut noter que Libération coûte extraordinairement peu au budget public avec 8 centimes par exemplaire. A l’autre bout, France Soir coûte à l’Etat 52 centimes par numéro. Clément, on ne rappellera pas que ce journal est désormais vendu 50 centimes…

Les aides directes en sont venu, au fil du temps, à constituer une part croissante du chiffre d’affaire, en raison notamment d’aides ciblées. Le fonds d’aide aux quotidiens à faibles ressources publicitaires est évidemment particulièrement visé par cette remarque puisqu’il peut constituer un tiers des ressources de certains quotidiens. Et l’ensemble des dispositifs a explosé à partir de 2005 pour représenter plus de 60% du chiffre d’affaire de France Soir, presque la moitié pour Playbac Presse (Le Petit Quotidien, Mon Quotidien, L’Actu…) et un tiers pour le journal d’extrême droite Présent (contre 12% du CA en moyenne).

L’excédent brut d’exploitation par exemplaire, c’est ce que rapporte un journal en publicité, vente et subvention une fois ôté les dépenses de personnel et les impôts de production. Une fois ceci posé, on constate donc que pour les sept quotidiens nationaux étudiés, et notamment pour les plus chers (c’est-à-dire ceux qui comportent un magazine de fin de semaine permettant une augmentation de prix), chaque exemplaire coûte de l’argent au lieu d’en rapporter.

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Billet initialement publié sur le blog de Vincent Truffy sur Mediapart. Illustrations de Marion Boucharlat

Nous avons réinterprété certaines données qui nous paraissaient extrêmement pertinentes, que vous pouvez retrouver dans leur intégralité dans un poster haute-définition.

>Retrouvez l’infographie (en haute définition Presse : les grosses étrennes de l’État de Marion Boucharlat

> Retrouvez l’intégralité de notre dossier du jour sur les aide à la presse .
> Consultez tous nos articles sur les subventions à la presse, notamment “Subventions à la presse : l’heure des fuites ?”.

Illustration FlickR CC : mammal

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BHVP: ne réveillez pas une archive qui dort http://owni.fr/2010/03/17/bhvp-ne-reveillez-pas-une-archive-qui-dort/ http://owni.fr/2010/03/17/bhvp-ne-reveillez-pas-une-archive-qui-dort/#comments Wed, 17 Mar 2010 10:44:13 +0000 André Gunthert http://owni.fr/?p=10241 joural

Un article du Monde tire à tort la sonnette d’alarme à propos du sort des archives photos de France-Soir, actuellement conservées à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris.
Vif émoi aujourd’hui parmi mes contacts Facebook, alarmés par un article du Monde. Le quotidien “de référence” sonne l’alerte : «Le manque de moyens met en péril les archives photos de France-Soir.» Diantre ! Qu’arrive-t-il donc à cette auguste collection, astucieusement fourguée par ses propriétaires à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris (BHVP) en 1986, à l’occasion d’un déménagement du journal ?

«Depuis une quinzaine de jours, quelque 200 gros cartons de déménagement et 400 classeurs noirs, comprenant des photos, ont quitté les rayonnages pour être entassés les uns sur les autres, liés par des rubans adhésifs, dans un coin de la bibliothèque. La vision est sinistre. Et l’avenir du fonds incertain.» Le Monde dresse ensuite un portrait à tirer des larmes d’un patrimoine irremplaçable, qui comprendrait – c’est dire ! – la seule photo connue de la rafle du Vel’ d’Hiv.

Quel est exactement le “péril” qui mobilise le quotidien du soir ? La conclusion de l’article n’éclaire guère sur ce danger imminent, et met dans la bouche d’Emmanuelle Toulet, nouvelle directrice de la BHVP, trois scénarios : Le premier est de trouver “une place correcte” pour ce fonds à la BHVP. Le deuxième est de l’envoyer “un temps” dans un entrepôt privé – un lieu, à Chartres, est à l’étude. Le troisième est de le confier à une autre institution publique.» Pas de quoi crier au feu. Le Monde exprime in fine sa crainte de voir le fonds France-Soir «promis à l’hibernation.»

francesoir111170Loin des métaphores quelque peu romanesques du Monde, Didier Rykner met les points sur les “i”. «La BHVP veut se débarrasser d’un fonds photographique», affirme sans tourner autour du pot La Tribune de l’art, qui dénonce un «nouveau scandale». «C’est ainsi que la totalité des archives photographiques de France-Soir (…), vient d’être entreposée sur place, avant de partir prochainement pour un dépôt où il pourra être oublié.»

Même analyse, mêmes informations, même anecdote de la photo du Vel’ d’Hiv dans les deux articles qui ont été mis en ligne le même jour – et ont visiblement bénéficié de sources convergentes. Lesquelles n’hésitent pas à s’exposer aux feux de la rampe. L’AFP annonce aujourd’hui que «le syndicat majoritaire des bibliothèques et musées parisiens, le Supap-FSU, emboîtant le pas à un article du journal Le Monde sur le sujet, accuse la bibliothèque historique de la ville de Paris (BHVP) de “laisse(r) à l’abandon” ces archives “pourtant d’une valeur historique considérable”.»

Contactées par mes soins, Emmanuelle Toulet et Carole Gascard, nouvelle responsable photo à la bibliothèque, démentent ces accusations. Depuis son dépôt il y a un quart de siècle, le fonds n’a fait l’objet que d’un inventaire thématique partiel, daté de 1990, concentré sur “Paris et ses environs”. 45.000 photos ont été reconditionnées, soit moins de 10% de l’ensemble. 190 cartons dorment dans un entrepôt extérieur depuis 1986 sans avoir suscité l’inquiétude du Monde ni des syndicats. D’autres cartons étaient dispersés ici et là dans l’institution, où l’on trouve un peu partout des photos sélectionnées pour les besoins ponctuels de recherches sauvages, en l’absence de tout contrôle d’un conservateur photo (fonction inexistante à la BHVP entre 2001 et 2008, jusqu’à la nomination de Carole Gascard).

C’est parce qu’Emmanuelle Toulet et Carole Gascard ont décidé il y a une quinzaine de jours de souffler la poussière sur le dossier France-Soir et de reprendre en main les destinées du fonds que les fameux cartons ont quitté les rayonnages, suscitant l’émoi dans les couloirs de l’institution. S’agit-il d’aller jeter ces cartons dans quelque obscure fosse par une nuit sans lune ? Qu’on en juge: c’est en suivant les recommandations de Nathalie Doury, directrice de la Parisienne de photographie, société créée par la Ville de Paris et consacrée à la préservation et la valorisation de fonds photographiques patrimoniaux, qu’Emmanuelle Toulet a contacté une entreprise spécialisée dans la conservation de fonds photos, à Chartres (à laquelle La Parisienne confie elle-même une partie de ses archives), pour lui demander un devis. Au moment où j’écris, elle attend encore la réponse de l’entreprise.

Des priorités de gestion dans un contexte de restriction budgétaire

C’est dire l’ampleur de la menace. Plus expérimenté que La Tribune de l’art, Le Monde ne s’est pas laissé allé à reproduire telles quelles les accusations précipitées, mais s’est prudemment borné à la peinture «sinistre» de quelques cartons «liés par des rubans adhésifs» – sachant que l’imagination des lecteurs ferait le reste. Quelques expressions suggestives, noyées dans un brouillard d’allusions, un peu de name dropping – Serge Klarsfeld et la mémoire du Vel’d’Hiv, ressuscitée par un film dont parlent toutes les gazettes. Voilà comment on construit un article du Monde, en sachant très bien qu’on n’a que du vent dans sa besace.

Foin des larmes de crocodile versées sur les trésors iconographiques nationaux pour mieux arroser le feu du scandale. Les institutions patrimoniales françaises vont mal, les départs ne sont pas remplacés, les budgets diminuent comme peau de chagrin. Dans ce contexte, il faut se réjouir qu’une équipe compétente ait enfin pris en main les richesses photographiques de la BHVP, trop longtemps négligées. Et comprendre qu’en effet, compte tenu des personnels et des moyens disponibles, il y a des priorités de gestion. Comme les fonds de pellicules nitrate, dont on sait l’imprévisible dégradation. Entièrement numérisées, en cours de catalogage, les collections René-Jacques et Thérèse Bonney sont désormais hors de danger. Le catalogage du fonds Marville, un des trésors de la bibliothèque, se poursuit activement. La mise en ligne de ces ressources est d’ores et déjà prévue. Il faut être le quotidien “de référence” pour ne pas considérer ces signes d’activité comme de bonnes nouvelles.

Billet initialement publié sur L’Atelier des icônes, un blog de Culture visuelle

Photo de une leww_pics sur Flickr

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Riad Sattouf : « La frustration sexuelle provoque les guerres » http://owni.fr/2010/03/05/riad-sattouf-%c2%ab-la-frustration-sexuelle-provoque-les-guerres-%c2%bb/ http://owni.fr/2010/03/05/riad-sattouf-%c2%ab-la-frustration-sexuelle-provoque-les-guerres-%c2%bb/#comments Fri, 05 Mar 2010 16:37:28 +0000 Philippe Peter http://owni.fr/?p=9444 pascal3-couv-md

Une fois n’est pas coutume, et puisque c’est vendredi, nous publions l’interview d’un auteur de bande-dessinée: Riad Sattouf. Publiée avant que Les Beaux gosses n’obtienne le César du meilleur premier film, cette interview a été réalisée par Philippe Peter, journaliste à France-Soir et auteur du blog Le petit poucet.

Auteur de bande dessinée passionné de cinéma, Riad Sattouf est récemment passé derrière la caméra. Après avoir attiré plus de 900.000 spectateurs en salle, Les Beaux gosses, son premier film, a obtenu le César du meilleur premier film.

Peu connu du grand public avant la sortie cet été de son premier film, Riad Sattouf est avant tout un auteur de bande dessinée. Fauve d’Or au dernier festival de BD d’Angoulême pour Pascal Brutal, une série satirique et délicieusement acidulée, il a, en parallèle, entamé une carrière de réalisateur au cinéma.

« 2010, l’année Sattouf ». Flagornerie ou heureuse réalité ?

Hé bien, que dire ? 2010 est une année qui sonne très science-fiction, elle me faisait rêver étant enfant. Finalement, elle n’est pas mal du tout.

riad-sattoufrenaud-monfourny

Plus sérieusement, cette année commence plutôt bien pour vous : le Fauve d’or à Angoulême, des très bons scores pour Les Beaux gosses et une triple nomination aux Césars. De quoi bouleverser le quotidien d’un artiste plutôt discret, non ?

Sincèrement, cela ne change vraiment pas grand-chose. C’est agréable, ça fait des souvenirs pour quand on sera des has been !

Comment vivez-vous ce succès public et médiatique ?

Je ne vois aucune différence avec avant. Cela ne change absolument rien.

Pascal Brutal s’est fait depuis quelques années sa place dans la BD. Vous vous attendiez à être récompensé à Angoulême ?

Je ne m’y attendais absolument pas. J’ai eu des albums nominés trois années consécutives à Angoulême, et recevoir ce prix m’a fait très plaisir. Je ne pensais vraiment pas avoir fait un album qui se prêtait à recevoir un prix.

Les gens qui ont vu Les Beaux gosses ne le savent pas forcément mais vous êtes donc avant tout un auteur de bande dessinée. Ce désir de faire du cinéma vous taraudait-il toutefois depuis longtemps ?

J’ai fait des études de cinéma d’animation, aux Gobelins. Comme 99 % des êtres humains, j’ado

re le cinéma. Je fais de la bande dessinée, et il se trouve que ma productrice, Anne Dominique Toussaint, m’a proposé de faire un film car elle aimait mes bandes dessinées. C’est l’opportunité qui s’est présentée qui m’a convaincu. Le cinéma a été une expérience très forte, passionnante, et évidemment, elle donne envie d’être réitérée !

Après une première sélection à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, Les Beaux gosses sont sélectionnés aux Césars – Meilleur film, Meilleure actrice dans un second rôle (Noémie Lvovsky) et Meilleur espoir masculin (Vincent Lacoste). Pas mal pour un premier film ou peut mieux faire ?

C’est très agréable de savoir que des gens comprennent et aiment ce qu’on fait, et vous soutiennent. La sélection à la Quinzaine a été une formidable expérience, qui a énormément aidé le film !

Est-ce que vous vous attendiez à ces nominations ? Leur accordez-vous une réelle importance ou n’est-ce finalement que la cerise sur le gâteau ?

Non je ne m’y attendais pas du tout. C’était une surprise agréable et sympathique. Je crois bien que cela n’a pas d’importance, les prix. Des tas d’excellents films n’ont pas été nominés cette année. Mais ça fait quand même plaisir !

Vous attendiez-vous à un tel succès pour votre premier film (+ de 900.000 entrées) qui risque bien de devenir culte (dans la droite lignée du Péril jeune) ?

Dans une partie de ma tête, je pensais : « mais ils sont excellent mes deux acteurs là, je peux pas être le seul à les trouver rigolo quand même, ou alors je suis fou ! ». Voilà tout ce que je pensais pendant le tournage : ce n’est pas vraiment s’attendre au succès, mais j’y croyais un peu quand même.

A six mois d’intervalle, vous et votre ami Joann Sfar avez chacun fait vos premiers pas au cinéma. Vous vous êtes passés le mot ? Est-ce une nouvelle mode chez les auteurs de BD de se mettre au cinéma ?

Quand le projet des Beaux gosses a commencé, Marjane Satrapi n’avait pas encore terminé la réalisation de Persepolis. Elle n’avait pas connu le succès. Et Joann Sfar n’avait pas encore envisagé de faire un film sur Gainsbourg. Donc, je pense que c’est un étrange hasard, une simultanéité cocasse.

Est-ce que votre notoriété dans le monde de la BD vous a servi pour votre projet cinématographique ?

Pas vraiment. Les gens ne se sont pas vraiment bousculés pour participer au financement de mon film ! Par exemple, toutes les chaines hertziennes ont refusé, et on a bénéficié d’aucune aide des régions. Heureusement que Pathé était partant dès le début. C’était un petit budget. Ma productrice a été géniale, parce que ce n’était pas gagné !

A la fois dans le domaine de la BD et dans celui du cinéma, vous avez un thème récurrent, celui du sexe et, surtout, celui de l’éveil sexuel. On a l’impression que c’est un sujet qui vous passionne, presque jusqu’à l’obsession. Est-ce le cas ?

En tant que pulsion fondamentale, je la trouve passionnante. C’est très intéressant, la façon dont chaque humain agit différemment avec elle. C’est la frustration sexuelle qui provoque les guerres, les haines, les conflits. C’est passionnant à observer, ce que l’homme battit autour du sexe à cause de lui : les religions, la politique, les coutumes, les traditions…

Il paraît que vous vous inspirez beaucoup de votre expérience personnelle pour réaliser vos scénarii, à la fois en BD et au cinéma. Certains pourraient y voir un manque de pudeur, pas vous. Pourquoi ?

C’est faux, je ne m’inspire pas tant que ça de ma vie. Ça serait penser quelle puisse être intéressante, hors j’en doute… Je m’inspire de gens que je connais, ou de situations que j’observe, plutôt. Mais pas tout le temps : j’invente énormément.

Le parallélisme avec Zep (et notamment son Guide du zizi sexuel), qui touche par contre un public beaucoup plus jeune, est-il exagéré ? Est-ce un auteur que vous connaissez ? Appréciez ?

J’aime beaucoup Zep et Titeuf : j’adore cette façon de faire de la bande dessinée, qui s’adresse à tout le monde. J’en suis incapable, mes bandes dessinées s’adressent plutôt aux adultes qui ont été jeunes et s’en souviennent, et pas trop aux enfants…

Est-ce qu’on pourrait dire que Riad Sattouf, à peine 32 ans, n’est pas encore tout a fait sorti de l’adolescence ?

Ho si, je pense en être totalement sorti.

Qu’est ce qui vous a inspiré le personnage de Pascal Brutal et le monde dans lequel il évolue ?

Je crois que c’est ce mouvement, amplifié peut être par les médias, de retour du religieux. La fin des croyances et des superstitions, l’avènement de la science, le rationalisme, et l’humanisme, la libération de la femme, ont été les plus grands progrès de l’histoire de l’humanité. Ce retour en arrière mondial, qui n’est qu’une expression de l’ignorance, de l’absence et/ou du refus de l’éducation, est absolument terrifiant. Un monde où les ignorants exigent de voir leurs idées considérées à égalité avec celles des savants, où tout se mélange dans un gloubiboulga idiot, voilà le monde de Pascal Brutal !

Qu’est ce qui se cache derrière cet univers satirisé (le beauf transformé en sex symbol, Alain Madelin président, ce n’est pas très gentil de se moquer) ? Pensez-vous que la France se dirige vers cela ?

Je laisse à chaque lecteur son interprétation ! J’ai horreur des livres ou des films qui font la morale, et j’aime que mes lecteurs se fassent leur opinion. La majorité de mes lecteurs sont des gens qui ne lisent jamais de bande dessinée, et rien ne peut me faire plus plaisir que d’entendre quelqu’un me dire : « rho, je lis jamais de bande dessinées, mais alors, les vôtres, rho j’aime bien, parce que j’ai vu l’autre jour un truc dans la rue et ça m’a fait pensé à vos albums là… ».

Vous seriez plutôt Pascal ou Hervé ?

Plutôt Camel… (NDLR : l’ami d’Hervé, personnage principal des Beaux gosses)

Va-t-on dans le futur voir Riad Sattouf plutôt derrière sa planche à dessin ou derrière sa caméra ?

J’espère pouvoir faire de la bande dessinée toute ma vie ! Le cinéma, tant que je serai libre de pouvoir faire les histoires qui me plaisent, oui ! Mais, si en 2012, c’est la fin du monde, on n’a pas à se soucier de tout cela !

Quels sont vos projets pour les mois à venir ?

Je travaille sur un nouveau livre et un nouveau film.

Propos recueillis par Philippe Peter

> Interview initialement publiée dans l’édition de France-Soir du samedi 27 février 2010 (publication d’une partie seulement de l’interview)

> L’interview dans sont intégralité a également été publiée sur le blog de Philippe Peter

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