OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 La science aussi a son point Godwin: le syndrome de Galilée http://owni.fr/2011/05/29/la-science-aussi-a-son-point-godwin-le-syndrome-de-galilee/ http://owni.fr/2011/05/29/la-science-aussi-a-son-point-godwin-le-syndrome-de-galilee/#comments Sun, 29 May 2011 12:30:00 +0000 Pierre Ropert http://owni.fr/?p=64833 En matière d’argumentation, tout est affaire de point G. Non pas celui d’une éventuelle source de plaisirs suprêmes, mais bien celui du point de non retour lors d’un débat argumenté. Au fameux point Godwin succède ainsi son versant scientifique, le syndrome de Galilée.

Et pourtant elle tourne.

Galilée a beau ne jamais avoir prononcé ces mots (la phrase est apocryphe), il n’en a pas moins été condamné à la prison à vie pour ses théories. Au début du XVIIe siècle, l’astronome italien s’emploie à démontrer que l’Univers ne tourne pas autour de la Terre, mais que c’est au contraire la Terre qui tourne autour du soleil. Une définition qui convient peu à l’Église, persuadée de l’immuabilité de la planète bleue dans un univers en mouvement. Contraint de renier ses travaux, mais reconnu depuis à titre posthume, Galilée devient le symbole du génie incompris.

À ce génie mis au ban auraient donc succédé certaines sommités parmi lesquelles Jacques Benveniste, Claude Allègre, Éric Zemmour (pourtant loin d’être un scientifique), etc. Après tout, si Galilée était un incompris, pourquoi pas eux ?

Galillègre : quand le syndrome contamine Claude Allègre

Vers le point Godwin

L’argument est évidemment spécieux puisqu’il s’agit là d’une analogie douteuse. Une ressemblance ne prouve en rien la validité d’un argumentaire scientifique. Ce n’est pas parce que Galilée a eu raison, que les climato-sceptiques, en se comparant à lui, ont raison à leur tour.

Cette façon de procéder est très proche de la loi de Godwin, énoncée en 1990 par Mike Godwin, qui considère que :

Plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s’approche de 1.

La “loi de Godwin” a depuis très largement dépassé les frontières du web pour s’appliquer également aux débats IRL. Et une telle comparaison (au demeurant souvent accompagnée de la phrase : “les heures les plus sombres de notre histoire”), si elle s’inscrit dans une conversation qui ne traite pas directement de ce sujet, achève souvent de discréditer son auteur.

Dans le même genre, le syndrome de Galilée ressemble étonnamment au Point Godwin. Sur la page wikipédia “Esprit critique”, on en trouve d’ailleurs une définition :

Toute personne qui adhère à une pseudo-théorie la considère presque toujours comme révolutionnaire, et en outre s’estime persécutée.

Processus de victimisation

Parmi les victimes malheureuses du syndrome de Galilée, on retrouve notamment les climato-sceptiques ou les partisans des parasciences (les sciences non reconnues par la communauté scientifique parmi lesquelles : l’astrologie, l’homéopathie, la graphologie, etc.).

Claude Allègre, par exemple, géochimiste et ex-ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie, n’hésite pas à se comparer à Galilée (ainsi qu’à Louis Pasteur auparavant) à l’occasion d’un débat pour l’émission l’Objet du scandale (à environ 8′15”) :

Galilée disait : “Il vaut mieux une personne qui sait, que 1000 personnes qui ne savent pas”. Je pense que la quasi totalité des gens [les enseignants-chercheurs] qui sont là dedans ne savent pas. Tout comme j’étais tout seul contre 3000 personnes -je crois qu’on était 2- au moment de la tectonique des plaques.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Il s’agit ici du processus de victimisation typique : “je suis seul contre tous, donc j’ai raison, la preuve, Galilée était seul contre tous, et il a eu raison“. Claude Allègre connaît pourtant d’autant mieux son sujet qu’il a écrit un ouvrage sobrement intitulé “Galilée”.

Citons aussi Serge Galam, directeur de recherche au CNRS et climato-sceptique, qui dans une tribune adressée au journal Le Monde en février 2007 s’offre le luxe du syndrome de Galilée (qui aurait, selon lui, démontré que la Terre est… ronde) ET d’un point Godwin :

Lorsque Galilée a conclu que la Terre était ronde, le consensus unanime était contre lui, s’accordant sur la platitude de la Terre. Mais lui avait la démonstration de sa conclusion. De façon similaire, à l’époque nazie la théorie de la relativité fut rejetée, estampillée comme une théorie juive dégénérée, avec à l’appui une pétition de grands scientifiques de l’époque, qui signaient du haut de leur autorité établie. Einstein aurait alors dit que des milliers de signatures n’étaient pas nécessaires pour invalider sa théorie. Il suffirait d’un seul argument, mais scientifique. [...]

Mais, attention, lorsque les scientifiques et les politiques font bloc, ça ne présage en général rien de bon… pour les humains ; voir les précédents historiques : nazisme, communisme, Inquisition (les docteurs sont des théologiens). En conclusion, lutter contre la pollution, pourquoi pas ? Mais si le réchauffement est naturel, ce n’est vraiment pas la priorité.

Du côté des parasciences, l’exemple de Jacques Benveniste fait figure d’autorité.  Ce chercheur s’est notamment fait connaître pour ses recherches sur la “mémoire de l’eau“, qui lui ont valu d’être évincé de l’INSERM. Sa théorie fait encore largement débat aujourd’hui malgré de farouches opposants et l’absence de résultats concrets. Elle est cependant défendue par quelques scientifiques (dont Luc Montagnier, prix Nobel de médecine pour sa collaboration à la découverte du VIH) et par les partisans de l’homéopathie, qui voit là la confirmation de l’efficacité de leur (para)science. Le fait est que Jacques Benveniste est probablement un des scientifiques qui souffre le plus du syndrome de Galilée, tant ses recherches sont l’objet de controverses : Luc Montagnier affirme ainsi qu’il s’agit d’une affaire “aussi importante que l’affaire Galilée”  et L’Association Jacques Benveniste pour la recherche organisait, il y a encore peu de temps, une conférence sur le thème “Jacques Benveniste, Galilée des temps modernes”.

Ces comparaisons ne sont en rien une preuve. Elles tiennent plus de l’argument d’autorité que d’une véritable démonstration du bien fondé des recherches de Benveniste.

Si la référence à Galilée est utilisée par quelques scientifiques -plus ou moins crédibles- en mal d’arguments pour défendre leurs hypothèses, ce sont surtout leurs zélés défenseurs qui font l’amalgame. Ainsi on pourrait définir le point Galilée de la sorte :

Plus une discussion en ligne sur un sujet scientifique dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant Galilée ou l’inquisition tend vers 1.

Sur les forums, des experts improvisés témoignent en effet de la persécution de la communauté scientifique à l’encontre de leurs Galilée des temps modernes. Une comparaison d’autant plus illogique que l’astronome incarnait le combat de la raison contre la religion. Et non pas de la raison contre la raison, ou de la science contre la science.

Surtout, outre un certain manque de modestie (il faut oser se comparer à Galilée sans le recul de l’Histoire), l’argument ne tient pas, ne serait-ce que sur le plan purement historique.

Un Galilée devenu mythique

Contrairement à l’idée couramment répandue, Galilée était loin d’être incompris. A une époque où les sciences visaient à prouver le bien fondé de la religion, il était difficile de s’éloigner des écrits saints sans passer pour un hérétique. Giordano Bruno, un autre astronome italien, a ainsi été brûlé vif en 1600, pour avoir affirmé que l’univers était infini et qu’il existait donc une infinité de terres et de soleils. Pour parvenir à ces conclusions Bruno s’était appuyé sur les travaux d’un certain Nicolas Copernic.

Travaux qui ont également servi de point de départ aux théories avancées par Galilée. Avant Copernic, il était communément admis que l’univers était géocentrique. Cette idée, développée par Aristote puis par Ptolémée, veut que la Terre soit immobile, au centre de l’Univers, et que les planètes (le soleil et la lune) gravitent autour d’elle en décrivant des cercles parfaits. Une théorie largement acceptée par la religion catholique.

Copernic, lui, développe l’hypothèse de l’héliocentrisme, faisant du soleil un astre autour duquel les planètes, dont la Terre, graviteraient. Son ouvrage clé, «Nicolai Copernici Torinensis De Revolutionibus Orbium Coelestium Libri VI», paraît l’année de sa mort, en 1543, et est dédicacé au pape Paul III. Copernic était un protégé du pape, comme le sera à son tour Galilée avec le pape Urbain VIII. Ce dernier lui commande d’ailleurs un livre, “Dialogue sur les deux grands systèmes du monde“, dans lequel Galilée doit présenter de façon impartial les théories aristotéliciennes et coperniciennes. Mais l’astronome italien profite de son ouvrage pour railler le géocentrisme (le défenseur de cette thèse étant d’ailleurs nommé “Simplicio”) au profit de l’héliocentrisme.

Devant l’ampleur du scandale, le Pape lui même prend le parti des adversaires de Galilée. Avec la suite que l’on connaît : Galilée est poursuivi par l’inquisition, contraint de renier son œuvre et condamné à la prison à vie. Peine immédiatement commuée par le Pape en une assignation à résidence (qui sera d’ailleurs relativement assouplie, le scientifique est autorisé à changer de lieu et à recevoir des visites).

Galilée, contrairement aux croyances, n’était donc pas un laissé-pour-compte. Il comptait au contraire de nombreux soutiens, à la fois dans la communauté scientifique (notamment Johannes Kepler, célèbre astronome allemand) mais également chez les religieux (le Pape) ou les nobles (les de Medicis).

L’astronome italien n’a pas tant été jugé par ses comparses scientifiques que par le dogme chrétien (représenté par l’inquisition). Une situation incomparable de nos jours, au vu de la place qu’occupe la religion dans les sciences.

Preuve est faite que les points G (non sexués a-t-on dit) ne sont pas des arguments valides. Peut-être nous intéresserons-nous, une prochaine fois, aux points P (syndromes de Poppeye, du poulpe et de Pangloss).


Photos Flickr CC PaternitéPartage selon les Conditions Initiales par theilr et PaternitéPas d'utilisation commerciale Pas de modification par jennandjon

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Le syndrome de Galilée, point Godwin de la science http://owni.fr/2011/05/26/le-syndrome-de-galilee-point-godwin-de-la-science/ http://owni.fr/2011/05/26/le-syndrome-de-galilee-point-godwin-de-la-science/#comments Thu, 26 May 2011 15:57:30 +0000 Pierre Ropert http://owni.fr/?p=34932 En matière d’argumentation, tout est affaire de point G. Non pas celui d’une éventuelle source de plaisirs suprêmes, mais bien celui du point de non retour lors d’un débat argumenté. Au fameux point Godwin succède ainsi son versant scientifique, le syndrome de Galilée.

Et pourtant elle tourne.

Galilée a beau ne jamais avoir prononcé ces mots (la phrase est apocryphe), il n’en a pas moins été condamné à la prison à vie pour ses théories. Au début du XVIIe siècle, l’astronome italien s’emploie à démontrer que l’Univers ne tourne pas autour de la Terre, mais que c’est au contraire la Terre qui tourne autour du soleil. Une définition qui convient peu à l’Église, persuadée de l’immuabilité de la planète bleue dans un univers en mouvement. Contraint de renier ses travaux, mais reconnu depuis à titre posthume, Galilée devient le symbole du génie incompris.

À ce génie mis au ban auraient donc succédé certaines sommités parmi lesquelles Jacques Benveniste, Claude Allègre, Éric Zemmour (pourtant loin d’être un scientifique), etc. Après tout, si Galilée était un incompris, pourquoi pas eux ?

Galillègre : quand le syndrome contamine Claude Allègre

Vers le point Godwin

L’argument est évidemment spécieux puisqu’il s’agit là d’une analogie douteuse. Une ressemblance ne prouve en rien la validité d’un argumentaire scientifique. Ce n’est pas parce que Galilée a eu raison, que les climato-sceptiques, en se comparant à lui, ont raison à leur tour.

Cette façon de procéder est très proche de la loi de Godwin, énoncée en 1990 par Mike Godwin, qui considère que :

Plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s’approche de 1.

La “loi de Godwin” a depuis très largement dépassé les frontières du web pour s’appliquer également aux débats IRL. Et une telle comparaison (au demeurant souvent accompagnée de la phrase : “les heures les plus sombres de notre histoire”), si elle s’inscrit dans une conversation qui ne traite pas directement de ce sujet, achève souvent de discréditer son auteur.

Dans le même genre, le syndrome de Galilée ressemble étonnamment au Point Godwin. Sur la page wikipédia “Esprit critique”, on en trouve d’ailleurs une définition :

Toute personne qui adhère à une pseudo-théorie la considère presque toujours comme révolutionnaire, et en outre s’estime persécutée.

Processus de victimisation

Parmi les victimes malheureuses du syndrome de Galilée, on retrouve notamment les climato-sceptiques ou les partisans des parasciences (les sciences non reconnues par la communauté scientifique parmi lesquelles : l’astrologie, l’homéopathie, la graphologie, etc.).

Claude Allègre, par exemple, géochimiste et ex-ministre de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie, n’hésite pas à se comparer à Galilée (ainsi qu’à Louis Pasteur auparavant) à l’occasion d’un débat pour l’émission l’Objet du scandale (à environ 8′15”) :

Galilée disait : “Il vaut mieux une personne qui sait, que 1000 personnes qui ne savent pas”. Je pense que la quasi totalité des gens [les enseignants-chercheurs] qui sont là dedans ne savent pas. Tout comme j’étais tout seul contre 3000 personnes -je crois qu’on était 2- au moment de la tectonique des plaques.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Il s’agit ici du processus de victimisation typique : “je suis seul contre tous, donc j’ai raison, la preuve, Galilée était seul contre tous, et il a eu raison“. Claude Allègre connaît pourtant d’autant mieux son sujet qu’il a écrit un ouvrage sobrement intitulé “Galilée”.

Citons aussi Serge Galam, directeur de recherche au CNRS et climato-sceptique, qui dans une tribune adressée au journal Le Monde en février 2007 s’offre le luxe du syndrome de Galilée (qui aurait, selon lui, démontré que la Terre est… ronde) ET d’un point Godwin :

Lorsque Galilée a conclu que la Terre était ronde, le consensus unanime était contre lui, s’accordant sur la platitude de la Terre. Mais lui avait la démonstration de sa conclusion. De façon similaire, à l’époque nazie la théorie de la relativité fut rejetée, estampillée comme une théorie juive dégénérée, avec à l’appui une pétition de grands scientifiques de l’époque, qui signaient du haut de leur autorité établie. Einstein aurait alors dit que des milliers de signatures n’étaient pas nécessaires pour invalider sa théorie. Il suffirait d’un seul argument, mais scientifique. [...]

Mais, attention, lorsque les scientifiques et les politiques font bloc, ça ne présage en général rien de bon… pour les humains ; voir les précédents historiques : nazisme, communisme, Inquisition (les docteurs sont des théologiens). En conclusion, lutter contre la pollution, pourquoi pas ? Mais si le réchauffement est naturel, ce n’est vraiment pas la priorité.

Du côté des parasciences, l’exemple de Jacques Benveniste fait figure d’autorité.  Ce chercheur s’est notamment fait connaître pour ses recherches sur la “mémoire de l’eau“, qui lui ont valu d’être évincé de l’INSERM. Sa théorie fait encore largement débat aujourd’hui malgré de farouches opposants et l’absence de résultats concrets. Elle est cependant défendue par quelques scientifiques (dont Luc Montagnier, prix Nobel de médecine pour sa collaboration à la découverte du VIH) et par les partisans de l’homéopathie, qui voit là la confirmation de l’efficacité de leur (para)science. Le fait est que Jacques Benveniste est probablement un des scientifiques qui souffre le plus du syndrome de Galilée, tant ses recherches sont l’objet de controverses : Luc Montagnier affirme ainsi qu’il s’agit d’une affaire “aussi importante que l’affaire Galilée”  et L’Association Jacques Benveniste pour la recherche organisait, il y a encore peu de temps, une conférence sur le thème “Jacques Benveniste, Galilée des temps modernes”.

Ces comparaisons ne sont en rien une preuve. Elles tiennent plus de l’argument d’autorité que d’une véritable démonstration du bien fondé des recherches de Benveniste.

Si la référence à Galilée est utilisée par quelques scientifiques -plus ou moins crédibles- en mal d’arguments pour défendre leurs hypothèses, ce sont surtout leurs zélés défenseurs qui font l’amalgame. Ainsi on pourrait définir le point Galilée de la sorte :

Plus une discussion en ligne sur un sujet scientifique dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant Galilée ou l’inquisition tend vers 1.

Sur les forums, des experts improvisés témoignent en effet de la persécution de la communauté scientifique à l’encontre de leurs Galilée des temps modernes. Une comparaison d’autant plus illogique que l’astronome incarnait le combat de la raison contre la religion. Et non pas de la raison contre la raison, ou de la science contre la science.

Surtout, outre un certain manque de modestie (il faut oser se comparer à Galilée sans le recul de l’Histoire), l’argument ne tient pas, ne serait-ce que sur le plan purement historique.

Un Galilée devenu mythique

Contrairement à l’idée couramment répandue, Galilée était loin d’être incompris. A une époque où les sciences visaient à prouver le bien fondé de la religion, il était difficile de s’éloigner des écrits saints sans passer pour un hérétique. Giordano Bruno, un autre astronome italien, a ainsi été brûlé vif en 1600, pour avoir affirmé que l’univers était infini et qu’il existait donc une infinité de terres et de soleils. Pour parvenir à ces conclusions Bruno s’était appuyé sur les travaux d’un certain Nicolas Copernic.

Travaux qui ont également servi de point de départ aux théories avancées par Galilée. Avant Copernic, il était communément admis que l’univers était géocentrique. Cette idée, développée par Aristote puis par Ptolémée, veut que la Terre soit immobile, au centre de l’Univers, et que les planètes (le soleil et la lune) gravitent autour d’elle en décrivant des cercles parfaits. Une théorie largement acceptée par la religion catholique.

Copernic, lui, développe l’hypothèse de l’héliocentrisme, faisant du soleil un astre autour duquel les planètes, dont la Terre, graviteraient. Son ouvrage clé, «Nicolai Copernici Torinensis De Revolutionibus Orbium Coelestium Libri VI», paraît l’année de sa mort, en 1543, et est dédicacé au pape Paul III. Copernic était un protégé du pape, comme le sera à son tour Galilée avec le pape Urbain VIII. Ce dernier lui commande d’ailleurs un livre, “Dialogue sur les deux grands systèmes du monde“, dans lequel Galilée doit présenter de façon impartial les théories aristotéliciennes et coperniciennes. Mais l’astronome italien profite de son ouvrage pour railler le géocentrisme (le défenseur de cette thèse étant d’ailleurs nommé “Simplicio”) au profit de l’héliocentrisme.

Devant l’ampleur du scandale, le Pape lui même prend le parti des adversaires de Galilée. Avec la suite que l’on connaît : Galilée est poursuivi par l’inquisition, contraint de renier son œuvre et condamné à la prison à vie. Peine immédiatement commuée par le Pape en une assignation à résidence (qui sera d’ailleurs relativement assouplie, le scientifique est autorisé à changer de lieu et à recevoir des visites).

Galilée, contrairement aux croyances, n’était donc pas un laissé-pour-compte. Il comptait au contraire de nombreux soutiens, à la fois dans la communauté scientifique (notamment Johannes Kepler, célèbre astronome allemand) mais également chez les religieux (le Pape) ou les nobles (les Medicis).

L’astronome italien n’a pas tant été jugé par ses comparses scientifiques que par le dogme chrétien (représenté par l’inquisition). Une situation incomparable de nos jours, au vu de la place qu’occupe la religion dans les sciences.

Preuve est faite que les points G (non sexués a-t-on dit) ne sont pas des arguments valides. Peut-être nous intéresserons-nous, une prochaine fois, aux points P (syndromes de Poppeye, du poulpe et de Pangloss).


Photos Flickr CC PaternitéPartage selon les Conditions Initiales par theilr et PaternitéPas d'utilisation commerciale Pas de modification par jennandjon

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Godwin partout, nazis nulle part http://owni.fr/2010/11/28/godwin-partout-nazis-nulle-part/ http://owni.fr/2010/11/28/godwin-partout-nazis-nulle-part/#comments Sun, 28 Nov 2010 09:00:19 +0000 Boumbox http://owni.fr/?p=37127 Le point Godwin c’était un truc bien. Je me rappelle encore quand j’ai appris son existence au début des années 2000, sur un forum. C’était un de ces moments merveilleux où tu découvre que quelqu’un a mis des mots là où personne ne l’avait vraiment fait avant.

C’était utile quand la discussion partait en couille. On disait « point Godwin » et puis on riait tous et on se resservait une tournée de Manhattans. C’était une époque plus civilisée.

Aujourd’hui, on a des gens qui attribuent des « points Godwin » comme des lettres écarlates à quiconque évoque les nazis sur internet, que ce soit pour une blague, une discussion de la liste de Schindler ou, sait-on jamais, ça arrive, une comparaison tout à fait justifiée.

Pour rappel : comparer Obama à Hitler parce qu’il propose un plan de sécurité sociale modeste, c’est con. Noter les similitudes entre le traitement des Roms cet été et en 1940, ça peut être une mise en perspective plutôt utile.

Atteindre le point Godwin plutôt que le distribuer

Le point Godwin, c’est un état, pas une sorte de carton rouge à distribuer. Ce que Mike Godwin a inventé, ce n’est même pas un point, c’est une loi :

Plus une discussion sur Usenet dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s’approche de 1.

Usenet est mort, mais pas la loi de Godwin : chaque jour de nouveaux exemples viennent confirmer sa loi.

Pour Mike Godwin, qui venait de lire un bouquin sur la mémétique, sa loi était une expérience et elle a incroyablement bien marché. Il en avait marre de voir les gens se traiter de nazi sur Usenet, et la connaissance aujourd’hui universelle de cette loi a certainement contribué, sinon à réduire la fréquence de ces comparaisons, du moins à ce que ceux qui les lisent les prennent avec plus de pincettes.

Bref, évoquer la loi de Godwin, c’est tenter de tempérer le débat, ce qui souvent est quand même plutôt une bonne chose. Distribuer des « points Godwin », c’est tenter de tuer le débat. Un peu comme un nazi, lol.

Troll, hipster, hater… les alternatives au point Godwin

En fait, comme la commissaire européenne Viviane Reding l’a appris à ses dépends cet été, le reductio ad hitlerum peut très vite se retourner contre vous et a perdu toute sa force faces aux distributeurs de points G. Voici donc quelques autres outils plus utiles aujourd’hui :

- Le point troll : on en avait déjà parlé sur Boum Box, traiter quelqu’un de troll, ça peut être très utile quand vous êtes acculé dans une discussion

- Le point rageux : « Rageux », c’est l’adaptation française du hip-hop « hater ». Le hater est, selon Urban Dictionnary, toute personne incapable d’être heureux du succès d’une autre personne et qui va par vengeance attirer l’attention sur un défaut chez le winner. Traiter quelqu’un de rageux, c’est ôter tout crédit à sa parole au prétexte qu’elle serait jalouse. Ça peut être très utile quand on est une star du hip-hop pleine de fric et de défauts.

- Le point playskool@smahingpenguin) : c’est quand vous traitez votre interlocuteur de pédophile. Exemple : – « Bonjour monsieur le président. belle journée n’est-ce pas ?», – « J’ai l’intime conviction que vous êtes un pédophile, connard ! ».

- Le point hipster : traiter quelqu’un de hipster, c’est le désarmer totalement dans toute discussion culturelle. Personne ne sait exactement ce qu’est un hipster, tout le monde en parle, tout le monde en a vu mais personne n’en connait vraiment. Surtout, tout le monde a peur d’en être un, aussi invariablement, votre interlocuteur abandonnera la discussion en cours pour se défendre de cette terrible accusation

Parmi les nombreuses autres lois de l’internet, il en existe une qui peut contrer le point Godwin : le loi de Cohen. Selon cette loi que je ne prendrais pas la peine de traduire : “Whoever resorts to the argument that ‘whoever resorts to the argument that… …has automatically lost the debate’ has automatically lost the debate.”, ou encore, en version longue :

‘whoever resorts to the argument that… ‘whoever resorts to the argument that … ‘whoever resorts to the argument that… …has automatically lost the debate’ …has automatically lost the debate’ …has automatically lost the debate’ …has automatically lost the debate’ …has automatically lost the debate’ has automatically lost the debate. »

Exercice : Retrouve dans cet article les allusions aux nazis qui relèvent de le loi de Godwin et celles qui n’ont rien à voir avec cette loi.

Crédits photos cc FlickR : custer_flux, Esteban …, Pedro Glez.

Article initialement publié sur Boum Box.

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