OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Contrôler les « positions éminentes » du cyberspace http://owni.fr/2010/03/30/controler-les-%c2%ab-positions-eminentes-%c2%bb-du-cyberspace/ http://owni.fr/2010/03/30/controler-les-%c2%ab-positions-eminentes-%c2%bb-du-cyberspace/#comments Tue, 30 Mar 2010 08:16:12 +0000 Philippe Quéau http://owni.fr/?p=11157 L’Internet est un domaine public mondial dont la maîtrise est vitale pour les États-Unis, de même que la mer, l’air et l’espace, estime l’armée américaine. Comment la volonté de « domination » se traduit-elle dans le cyberespace ? De façon générale, quelles sont les « positions éminentes » dans la société de l’information et de la connaissance ?

Pour comprendre la nature de la mondialisation à une époque donnée, il peut n’être pas inutile de se référer aux stratégies militaires d’occupation de l’espace global, elles aussi fort caractéristiques et révélatrices des grandes structurations à l’œuvre.
Pour illustrer ce point, je voudrais parler de la question actuelle des « positions éminentes » pour le contrôle des domaines publics mondiaux.

De tout temps, en matière de stratégie militaire, le contrôle des « positions éminentes » a joué un rôle essentiel. La maitrise des points hauts, ou de l’espace aérien en sont des exemples. De nos jours, il s’agit surtout de s’assurer le contrôle de la « position éminente » suprême : l’espace.
Rappelons qu’il y a environ 1000 satellites actifs actuellement en orbite. La moitié d’entre eux appartiennent aux États-Unis, et ceux-ci sont approximativement pour 50% d’usage civil et pour 50% d’usage militaire. Rappelons aussi que le 21 janvier 1967 un Traité international a banni la nucléarisation de l’espace – mais pas l’usage d’armes conventionnelles dans l’espace. C’est cette réalité que la polémique internationale autour du système de défense antimissile révèle.

Dans le cadre d’une stratégie globale, que l’on a pu qualifier de « pax americana », l’armée américaine a identifié comme d’importance vitale divers domaines publics à l’échelle globale (« global commons ») : la mer, l’air, l’espace et le cyberespace (sea, air, space, cyberspace).

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Elle a aussi défini une doctrine stratégique à leur égard, qu’elle a formulée ainsi: « La domination militaire des domaines publics mondiaux est un facteur clé de la position de puissance globale des États-Unis » (“The “command of the commons” is the key military enabler of the US global power position”).
Le contrôle des domaines publics mondiaux signifie que les États-Unis obtiennent beaucoup plus d’usages et d’avantages de la mer, ou de l’espace que les autres puissances, qu’ils peuvent empêcher leur utilisation par celles-ci, et que ces dernières perdraient tout engagement militaire sur les domaines publics mondiaux si elles cherchaient à en empêcher l’accès aux États-Unis. “Command means that the US gets vastly more military use out of the sea, space and air than do others, that it can credibly threaten to deny their use to others, and that others would lose a military contest for the commons if they attempted to deny them to the US.” Barry Posen, The Military Foundations of US Hegemony, International Security, Summer 2003, pp. 5-46 .

On trouve aussi formulée une doctrine plus “politique” des domaines publics mondiaux, traduisant de façon fort intéressante l’admission d’un lien structurel entre les « domaines publics » et le « bien commun » mondial. C’est la doctrine selon laquelle : « La stabilité des domaines publics mondiaux est en soi un bien commun » (“Stability within the global commons is a public good”).
Tout le monde a en effet un intérêt évident à une « stabilité » des domaines publics. La plupart des pays ont un très grand intérêt à cette stabilité, mais il est aussi vrai que d’autres pays, qui n’en tirent que peu d’avantages directs, restent de par leur degré de développement incapables de tirer tout le parti souhaitable des domaines publics mondiaux.
La puissance dominante, qui en tire des avantages tactiques et stratégiques absolument essentiels, estime en conséquence qu’il lui revient le rôle d’assurer la protection ou la garantie de cette stabilité. La question plus générale de savoir si cette stabilité est mieux garantie sous leur égide, plutôt que par un autre mécanisme, par exemple multilatéral, reste ouverte.

Mais ce qui m’intéresse surtout ici c’est le concept stratégique de « position éminente », dans le contexte plus large des sociétés de la connaissance.
La notion concrète de « position éminente » varie à l’évidence suivant les milieux où l’on opère. La volonté de « domination » (« command ») qui se traduit d’une certaine manière dans l’espace, comment se traduit-elle donc dans le cyberespace ?
Plus généralement, quelles sont les « positions éminentes » dans la société de l’information et de la connaissance?

On peut avancer par exemple les nœuds de concentration mondiale du trafic Internet, les treize « serveurs racine » du DNS (dotés du système « Carnivore » ou de logiciels d’analyse des données « deep packet inspection »).
Mais il y a aussi le contrôle de l’architecture des réseaux et de ses grandes « autoroutes de l’information » (citons le système d’espionnage Echelon pour les satellites et divers autres systèmes d’espionnage pour les fibres sous-marines). L’architecture logicielle générale, les routeurs (avec les trap-doors), la prééminence dans le domaine des virus et autres chevaux de Troie électroniques, font à l’évidence partie des autres « positions éminentes » dont il s’agit de s’assurer le contrôle. Voir à ce sujet http://www.eff.org/issues/nsa-spying.

Naturellement, si j’ose dire, les « domaines publics » de la société de l’information peuvent être « contestés » par d’autres puissances (« contested commons »). L’espace en fait partie. On cite souvent, à cet égard, le récent tir d’un missile chinois sur l’un de ses propres satellites. Cela a pu être interprété comme un « message » adressé au monde sur la question de l’arsenalisation croissante de l’espace.
Les attaques de cyberguerre (cf l’affaire Google) font partie du même scénario de « contestation des communs ».

Un autre exemple de « communs », à la fois contestés et enchevêtrés (couplant des questions de stratégie militaire globale, et des systèmes clé pour les sociétés d’information): le système GPS, qui se voit concurrencé par le système européen Galileo.

On pourrait utilement chercher d’autres aspects stratégiques du concept de « position éminente » dans le cadre des sociétés de l’information. Ainsi, quel statut donner au renforcement continu de la propriété intellectuelle depuis plusieurs décennies ? (Barrages de brevets, frappes juridiques préemptives). Le non-débat public et démocratique sur l’Accord commercial Anti-Contrefaçon (ACAC ou ACTA en anglais) en fait partie.
Font aussi partie de la stratégie du « contrôle des communs », les questions de la captation privative des capitaux cognitifs (Google), sociaux (Facebook), attentionnels (Twitter), humains (marchandisation des données personnelles, observation et de l’exploitation des « intentions » des usagers).

Il faudrait, plus généralement, s’interroger sur le rôle global, stratégique et tactique, des techniques d’appropriation et de domination du domaine public des informations et des connaissances, et les confronter à une réflexion, par ailleurs urgente, sur la nature même de l’intérêt général mondial.

> Billet initialement publié sur Metaxu sous le titre “La position éminente”

> Illustration sacrifice_87 sur FLickr

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Copenhague : 2012 http://owni.fr/2009/12/22/copenhague-2012/ http://owni.fr/2009/12/22/copenhague-2012/#comments Tue, 22 Dec 2009 14:36:07 +0000 Stéphane Favereaux http://owni.fr/?p=6384 l'île aux oiseaux ? ou en tout cas, son futur....

l’île aux oiseaux ? ou en tout cas, son futur….

Si l’on en croit les soubresauts parfois lamentables des 15 jours de conférences qui viennent de s’achever à Copenhague, il va sans dire que l’empreinte écologique des chefs d’États, de l’organisation, devrait être largement sponsorisée par la fondation Hulot ou Y. Artus-Bertrand, l’écolo des films d’hélicoptère.

Nonobstant le fait que cette conférence sur l’ultimatum climatique n’ait globalement servi à rien d’autre qu’à réchauffer les partenariats économiques entre états émergents, l’économie libérale et les enjeux humains ont montré les limites d’unions contre-nature. Contre la Nature, on finit par ne plus savoir.

En dehors de l’apocalypse annoncée par les écologistes mal rasés, les réunions ubuesques sans équipements ou traduction simultanée ont succédé aux forums au cours desquels on était heureux de discuter en papotant cependant qu’on bavassait en échangeant des propos souvent diserts quoique parfois verbeux permettant de conclure qu’on avait bien papoté.

On se croirait dans une réunion de section du PS où l’on débat de l’opportunité de débattre en dehors des querelles d’appareil pour savoir s’il est pertinent de soumettre au débat une motion à débattre. Bref, on n’avance pas et tout cela n’avance à rien.

Les engagements attendus par les acheteurs de maisons vertes et de voitures hybrides qui ne rejettent que 102 gr. de CO2 au km en dehors du CO2 rejeté pour les fabriquer et les transporter jusqu’au lieu de livraison dans une mouvance à l’hypocrisie délicieuse, n’ont évidemment pas été pris. + 2°C maxi !! Nous voilà rassurés ! On ne va pas tout de suite mourir couvert de cloques !

Et toute la classe politique de souffrir dans sa chair l’inefficacité de ces 15 jours de palabres…. Cette même classe politique qui a mis en place les conditions de l’impossibilité… j’en ai les larmes au yeux mais pas trop, cela ferait remonter le niveau de mon bain anti-écolo avec une eau chauffée à mort au gaz polluant.

De fait, 2012, c’est demain. Les chefs Mayas réunis à Copenhague nous ont donné une belle leçon d’inefficacité, d’inutilité, tout en ayant l’obligeance de demander à la populace polluant la pauvre Terre de tout faire pour réduire son empreinte écologique et ses émissions de polluants. L’attention est charmante. A suivre même. Mais…

Peut-on demander à une population infantilisée, mise face à cet état de fait, d’incompétence et d’incapacité à trouver des solutions que tout le monde connaît, de demander de faire à un niveau microcosmique ce que les décideurs et les états sont incapables de mettre en place au sein du macrocosme économique ? Faites ce que je dis, pas ce que je fais semble être la seule chose sortie de ce sommet.

Plus qu’un ultimatum climatique, il s’est en fait agit d’un ultimatum politique…

A aucun moment il n’a été possible de mettre en synergie des intérêts économiques et des intérêts écologiques. L’union aurait été morganatique et la descendance batârde. Nulle solution alors ? Responsabiliser les milieux financiers, boursiers, économiques, mais là, je rêve. Je sais. Nul besoin de nous le rappeler. L’utopie est un impossible non de désirs mais de fait.

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