OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Kyrou: face au dieu Google, préserver “l’imprévisible et des sources de poésie” http://owni.fr/2010/11/17/kyrou-face-au-dieu-google-preserver-l%e2%80%99imprevisible-et-des-sources-de-poesie/ http://owni.fr/2010/11/17/kyrou-face-au-dieu-google-preserver-l%e2%80%99imprevisible-et-des-sources-de-poesie/#comments Wed, 17 Nov 2010 15:53:33 +0000 Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=36002 Dans Google God, sous-titré “Big Brother n’existe pas, il est partout”, et publié aux Éditions Inculte, Ariel Kyrou déshabille le dieu Google. Dans cette critique radicale mais non manichéenne de la firme de Mountain View, l’ancien rédacteur en chef adjoint d’Actuel analyse ce “monstre gentil”, de sa genèse à ses récents développements, en passant par l’imaginaire qui le nourrit.

Structuré en différents chapitres qui interrogent notre rapport à Google, l’ouvrage part de l’influence du milieu universitaire sur Larry Page et Sergey Brin, s’ arrête un instant sur la polémique autour de la numérisation des grandes bibliothèques, puis s’intéresse au développement de l’entreprise comme business fructueux avant de se pencher sur nous autres, les utilisateurs, individus connectés et soumis aux évolutions de l’outil. En prenant encore du recul à la fin de l’ouvrage, on se rend compte que ce qui peut poser problème n’est pas la société Google mais la société de Google.

Entretien avec l’auteur autour de ce dieu spinozien.

Pourquoi s’attaquer à déconstruire Google, et pas l’une des nombreuses autres incarnations du capitalisme numérique comme Facebook ?

La raison est double. Il y a une raison objective qui est qu’on est en train de vivre une mutation perpétuelle du capitalisme, un changement constant. Aujourd’hui, les acteurs de transformation de ce capitalisme sont dans les vecteurs de création, donc dans Internet. Je considère ce type de capitalisme immatériel, de capitalisme de la connaissance qui est à la base même de Google, comme beaucoup plus avant-gardiste et intéressant que celui de Facebook, Amazon ou Microsoft. Et ceci pour une raison très simple : un peu comme nous, Google est à la fois le copié et le copieur, à la fois le maître et l’esclave, et ce en permanence.

C’est-à-dire qu’il nous domine comme nous nous dominons nous-mêmes. C’est une sorte d’hégémonie assez bizarre qui permet de mettre “Google sucks” dans son moteur de recherche Google alors que Facebook ne permet pas de mettre “Facebook sucks” sur sa page. C’est la métaphore de l’apiculteur. Comme l’apiculteur, Google a intérêt à ce que les abeilles pollinisent et enrichissent l’écosystème dans son entier puisqu’après il va en tirer profit (avec le miel et la cire). Yann Moulier-Boutang le montre très bien: c’est un type de capitalisme qui encourage les internautes-abeilles à polliniser, à utiliser les connaissances qu’ils pourront tirer de Google en offrant, donnant, en copiant et en étant copié. Sur ce registre-là, il laisse la main à l’utilisateur.

C’est un type de capitalisme très intéressant. L’ensemble d’Internet fonctionne un peu dans cette logique-là mais Google en est l’archétype.

En plus, l’objectif Google est d’être le relais de toute l’information du monde, mais pas de la posséder. Facebook, au contraire, possède ses pages, et est dans une logique assez propriétaire. Apple, ce sont des empereurs : ils ont raison quoi qu’il arrive. Google dit: “je ne veux pas créer l’iPod et l’iPad, je ne vais pas être le créateur, juste votre soutien permanent”.

Google n’est pas un dieu créateur, c’est un dieu spinozien en ce sens qu’il est le relais, ou du moins qu’il se veut le relais d’une nouvelle nature qui est celle d’Internet.

Il s’agit là de la première raison de mon intérêt pour Google : ce type de capitalisme assez passionnant et assez redoutable qu’il construit avec notre connivence.

La deuxième raison, c’est qu’effectivement je suis un utilisateur de Google, et que l’objet me fascine. D’autant plus qu’il existe un côté libertaire chez eux. J’ai été au mensuel Actuel, aujourd’hui disparu, donc je sais ce que c’est qu’une entreprise nourrie des valeurs de mai 1968 et qui se retrouve dans le marché, va chercher de la pub, qu’elle aime ça ou non, et qui fait comme si ça n’existait pas. Je l’ai vécu. Il y a un refus presque naturel et systématique de cette nature-là, une croyance en la capacité à changer réellement l’entreprise. Voire à changer le monde, et à exister dedans en gardant sa totale intégrité. Comme si le monde ne pouvait pas vous contaminer en retour. Chez Google, il y a cette vision presque naïve d’ une entreprise différente, qui pourrait inventer un autre type de capitalisme ; il n’ y a là-bas, par exemple, que des petites équipes, sans manager au sens traditionnel du terme.

Il y a tout ce côté un peu post-soixante-huitard très bien décrit par Eve Chiapello et Luc Boltanski dans Le Nouvel Esprit du capitalisme, publié en 1999. Leur livre, très important, à ce défaut de ne partir que des des textes de management. À l’époque, leur vision était purement théorique. Les textes de management sont des outils très éloignés de la réalité. Les gens qui bossent dans des grosses boîtes savent qu’on est à des années-lumières de la « logique artiste » que les deux auteurs ont justement perçu dans ces
textes.

Avec Google, on a, pour la première fois à mon sens, l’archétype même de ce dont Chiapello et Boltanski parlaient : un capitalisme qui a complètement intégré la critique artiste et qui se nourrit de son contraire en permanence. Mieux : Google va devenir l’archétype même du nouvel entubage publicitaire parce qu’au départ, ils sont radicalement contre la publicité.

La salle de jeu du GooglePlex, à Zurich

C’est quelque chose que l’on ressent très bien dans la description de la longue marche de Google vers la publicité, et dans l’évocation du Googleplex, où les salariés, que vous décrivez comme de grands enfants, sont confinés.

Je dois admettre en toute honnêteté être assez en empathie avec ça et être moi-même très ambigu par rapport à cette identité. Je pense que beaucoup de gens travaillant dans les circuits du Net vivent la même chose mais sans peut-être le recul que j’ai, parce que je l’ai vécu avant les autres, et que je n’ai plus vingt ans mais plus de quarante. Au fond, j’ai déjà vécu ce qui est devenu commun, c’est-à-dire une sorte de croyance à moitié vraie de pouvoir exister dans un cocon séparé du monde qui pourrait être gentil dans un monde méchant, qui pourrait changer réellement un monde qui est d’une lourdeur ahurissante.

Ce sentiment d’être dans une sorte d’exception permanente est quelque chose de très commun dans le monde du Net.

Il y a quand même une différence dans le pragmatisme économique qui tord un peu l’idéal des premières communautés du Net, celui des pères fondateurs et des premières communautés sur le réseau. Ce qu’introduisent Page et Brin dans cet imaginaire, c’est justement ce pragmatisme économique. Est-ce que c’est cette deuxième génération qui transforme le paradigme ?

Je crois que le paradigme s’est transformé tout seul. Je crains que les premiers utopistes du Net n’aient vécu dans des circuits assez forts mais assez restreints. L’exemple typique c’est quelqu’un comme Hakim Bey, un vrai anarchiste qui a développé le concept de la TAZ (Zone d’Autonomie Temporaire). Il a écrit ce qui est devenu l’un des livres cultissimes du Net alors qu’il venait de milieux anarchisants et libertaires et qu’il était un grand spécialiste de la piraterie, sous son vrai nom de Peter Lamborn Wilson. Ce personnage est passé par l’Internet, il l’a défini avec ces logiques de carte permanente, de mouvement temporaire, de moments de fête qui disparaissent, il a décrit un univers qui était réellement ceux des premiers utopistes du Net. Des tas d’autres gens ont tenté de s’y retrouver par la suite, mais lui-même a quitté ce monde-là, comme s’il considérait que la vie était ailleurs. Dans son bouquin suivant, il revendiquait d’ailleurs le poitrine contre poitrine, le retour au corps finalement.

Je ne dis pas qu’il a raison, mais il y a une logique, celle de la vie et de la survie dans le monde tel qu’il est. Or c’ est ce monde capitaliste qui oblige au pragmatisme. En inventant sans cesse, on croit le changer, mais on le nourrit de la plus belle des manière, et il adore ça, ce Léviathan capitaliste qui nous consume à petits feux.

Google est une entreprise qui innove sans cesse, abandonnant des projets, en lançant d’autres… Ce qui permet de faire comme si la contrainte n’existait pas, qu’on pouvait à chaque fois la dépasser.

C’est un des points forts de l’auto-aveuglement de Google, et d’autres entreprises, qui repose sur la course permanente à l’innovation et sur l’open-source. Même si je protège mon invention de départ comme le fait Google, je cultive le monde de gens qui me sont proches. Avec l’ open-source qui n’ est pas le logiciel libre, je me positionne un peu comme le grand-papa qui adoube pour mieux étendre son univers.

Ce qui fait de Google un dieu, c’est que sa nature est ancrée dans la diffusion et l’appropriation de l’information ?

C’est une idée qui a mal été comprise et interprétée par les critiques de Google.

Il faut savoir que dans l’imaginaire de Google, qui est très proche de celui du transhumanisme, de gens comme Ray Kurzweil, l’information est le carburant vital de toute vie.

Pour Google comme pour Kurzweil, la vie ne repose pas sur la matière, le carbone en l’occurrence, mais elle repose sur l’organisation de la matière, c’est-à-dire l’information : la programmation et l’ADN. Le premier point, c’est que cette toute-puissance est dans l’information qui régit l’univers, et qui régit la vie. Sur ce registre, j’adore cette interview dans Le Monde, où Larry Page dit,  l’air de rien, “on veut être le relais de toute l’information du monde, pas seulement une partie”. C’est génial parce qu’en étant le relais, ils ne sont pas les créateurs de l’information : ils veulent tout relayer, tout servir, que tout passe d’une manière ou d’une autre par leur prisme. Et ils veulent être les serviteurs de ça, d’où la volonté de numériser l’ensemble des bouquins de la planète et ainsi de suite. Le Net doit devenir le monde.

C’est pour ça que ce dieu est un dieu immanent. Il est en nous, et nous laisse créer, c’est notre information. C’est mon information que je construis, mais je la construis grâce à Google. Elle ne lui appartient pas, mais ce qui lui permet d’exister, c’est que l’on passe par Google.

Vous dites que Google fait donc de nous de petits démiurges qui se manifestent par leur ombre informationnelle… De quoi s’agit-t-il ?

Comme je l’évoquais, Google se veut non pas le créateur d’une partie de l’information du monde (contrairement à ce que fait Apple via des objets précieux et le software qui l’ accompagne, ainsi que Facebook, via des pages que je crée avec ses briques logicielles à lui et qui restent sa propriété) :

Étant relais, il n’est pas propriétaire. Étant le serviteur intégral, il peut être partout.

Pour comprendre le côté démiurgique de cette ambition, il faut s’interroger sur ce qu’est Internet et comment il évolue. Internet est né d’abord de quelques vieux PC, il s’est multiplié par tout un tas de biais, il est passé dans le monde des PC et des ordinateurs portables, il devient maintenant présent dans le monde de ces petits génies personnels qui ne nous abandonnent jamais que sont les téléphones mobiles, il nous accompagne en permanence, on s’en nourrit sans cesse et de plus en plus, il va être dans les objets. Il est dans les objets. Dans les vingt ans qui viennent, l’information va être partout présente, accessible partout. Les objets vont nous parler : on va être comme en discussion perpétuelle avec eux.

L’information va être aussi omniprésente que l’électricité, aussi naturelle.

C’est le monde vers lequel on va. Et dans ce monde, qu’est-ce qui justifie de pouvoir à tout moment être au courant de ce qui se passe partout, d’être dirigé sur la bonne route, d’avoir la possibilité d’être prévenu qu’un livre introuvable se trouve à proximité ? C’est que j’ai joué le jeu de l’information, que j’en ai besoin et qu’elle m’enrichit réellement.

Au fond, je suis enrichi de plus en plus parce que tout ce que je fais, tous mes mouvements, tous mes actes quels qu’ils soient sont tracés, sont connus et reconnus par tous ces biais électroniques, par toutes les connexions, les dialogues que je tisse avec mon environnement : tout ça crée une ombre d’information. C’est-à-dire un avatar qui est en quelque sorte mon double informationnel.

Le double informationnel, c’est cette prédiction permanente de moi-même.

C’est ce qui fait qu’on va anticiper tous mes désirs, qu’on va savoir ce que je cherche parce qu’on aura étudié tout ce que je fais. Mon avatar va être enrichi jusqu’à devenir une sorte de guide permanent, il va presque me connaître mieux que moi-même, parce c’est une sorte de corps statistique. C’est une création qui nous ressemble énormément.

Maîtriser cet avatar, c’est, en terme de potentiel pour une entreprise, absolument immense.

Dans cette logique divine, c’est forcément être partout présent avec moi. On retrouve cette idée d’immanence : Dieu est présent via l’âme que chacun est censé avoir. Il est présent par notre âme cybernétique.

Pour autant, cet avatar de données ne nous dépossède pas au sens où nous  l’avons nous-mêmes construit sans le vouloir, mais en même temps ce n’est pas nous.

Google n’est pas un Dieu qui punit et qui promet la vie éternelle. En revanche, il va vraisemblablement pouvoir prédire certains de nos comportements. Et là on rentre dans quelque chose qui est très important dans l’imaginaire de Google et dans le vôtre : l’imaginaire de la science-fiction, celui de K. Dick notamment. Vous écrivez même : “Nous vivons dans un monde de science fiction.”

C’est effectivement un peu mon leitmotiv que je nourris d’écrit en écrit. Dans la conclusion de Google God, j’utilise la métaphore de Minority Report en évoquant precrime, l’anticipation des délits. On est dans un système où on peut tout simplement en permanence anticiper les délits. Il y a des brigades qui interviennent pour les empêcher avant qu’ils ne soient commis.

Ce que les gens ont peu vu dans Minority Report, c’est qu’il y autre chose : ce bien-être permanent. La maison parle à Tom Cruise, les voitures roulent toutes seules… C’est un monde totalement hygiénique, propre, design, dans lequel les pubs parlent directement à notre cerveau comme si elles étaient nos amies pour la vie. On est dans un monde sans bug, un monde parfait, Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley. C’est un monde où tout est tellement fluide, où nos désirs de consommation sont satisfaits tellement rapidement qu’on n’a même plus besoin d’aller commettre des délits.

Ce que les gens n’ont pas bien repéré dans le film comme dans la nouvelle de Dick, c’est que precrime, c’est la correction du bug, de l’exception qui confirme la règle. Et la règle, c’est que le système de contrôle fonctionne sans même que ce soit nécessaire, puisque les gens savent que precrime existe. Donc sans flics, sans brigades d’intervention, chacun va naturellement incorporer la norme. D’autant qu’elle est très souple et permet toutes les déviances, sexuelles ou non. L’objectif n’est plus du tout moral, il est d’être “droit”, en permettant au système d’anticiper grâce à votre avatar de données tout ce que vous pouvez faire et de vérifier que ça rentre dans le cadre. L’ennemi de ce monde là, c’est l’imprévisible : la chose qui n’est pas anticipée. C’est l’ennemi parce que le contrôle ne se joue plus dans l’espace.

L’espace terrestre est d’ailleurs totalement repéré, connu, quadrillé : qu’est-ce que Google Street View si ce n’est le quadrillage total de l’espace ?

Le contrôle se joue dans le temps, c’est-à-dire qu’il faut empêcher l’imprévisible, empêcher le hasard d’intervenir pour créer des surprises, des choses qu’on n’attendait pas. Ce qui est par ailleurs la grande difficulté du web, puisqu’on a toujours tendance à aller vers ce qu’on connaît. Cette logique d’empêcher l’imprévisibilité, d’essayer de tout intégrer, constitue un système de contrôle qui ne se fait plus dans l’espace mais dans le temps. C’est d’ailleurs intéressant de voir les récents travaux de Google comme Google Instant : on anticipe ce qu’on imaginait avant même que ce soit écrit.

Tout se système semble remettre en cause notre libre-arbitre : que devient l’individu tant tout ça ?

C’est une vraie question. Je me projette dans dix ans, je me promène à Saint-Rémy de Provence, mon téléphone portable dans la poche, je passe devant une librairie et j’entends une sonnerie. Un morceau de KLF, qui est ma musique de science-fiction. Je regarde et, comme mon avatar me connaît mieux que moi-même, le robot Google me dit : “Là, tu trouveras le scénario introuvable, le bouquin introuvable, fait par Philip K. Dick lui-même, de ce qu’aurait été Ubik en film.” C’est moi qui ait voulu le trouver ce bouquin, je sais qu’il est censé être totalement épuisé. Et il y en a un exemplaire là. Est-ce que ce qui s’est passé là sert mon libre-arbitre ? C’est une question importante.

Je crois que la notion de libre-arbitre évolue, comme la notion de vrai et de faux : tout aujourd’hui est faux et fabriqué, donc la notion de juste est plus importante que la notion de vrai. De la même façon, on peut dire que la notion primordiale n’est pas celle de libre-arbitre, qui est une sorte de leurre quoi qu’il arrive, mais celle d’imprévisibilité qui va avec l’anonymat et la capacité à dire non, à regimber comme disait K.Dick. Est-ce que l’enjeu finalement, plutôt que le libre-arbitre, ne serait pas le libre-refus, la libre-désobéissance, la libre-création, la capacité à aller contre soi-même d’une certaine manière. Se dissocier de son double.

Pour reprendre mon exemple du bouquin, si en sortant de la librairie je croise un vieux copain qui partage la même passion que moi et que je lui offre, là, on est dans l’imprévisible, dans la coïncidence, dans l’envie qui me dépasse moi-même. Soudainement, on glisse vers l’imprévisible. Et on est peut-être au-delà du libre-arbitre, qui est dans la capacité à se surprendre soi-même en permanence. Et c’est mieux que le libre-arbitre qui suppose une maîtrise, qui est à mon avis illusoire : on ne se maîtrise pas soi-même.

Est-ce qu’on peut lier cela à la notion de hacking ? Hacker la machine et notre propre ombre informationnelle ?

Je me souviens de discussions avec Jean Baudrillard. Dans un de ces derniers bouquins, Le Pacte de lucidité ou l’intelligence du mal, il parle d’un mur de réalité intégrale, une sorte de totalitarisme soft dont Google pourrait être l’archétype. Mais la perfection n’existe pas, donc la réalité intégrale n’existe pas.

Ce qui formidable dans ce monde, c’est qu’on a beau être dans un univers total de 0 et de 1, il y aura toujours des hackers pour détourner et des gens pour inclure du bug dans la machine.

L’une des clés est là, ne serait-ce qu’au niveau de l’individu : hacker, s’échanger des cookies… Ne serait-ce que créer : quand je vois mes gamins qui détournent des films et font des montages, je me dis que ça peut paraître au niveau de la société une réponse modeste, mais ça permet de garder cette libre capacité à accueillir l’imprévisible et la surprise. On peut parler de faculté poétique, dont Google n’est pas le plus grand tueur d’ailleurs. Même s’il induit des choses dans son essence qui sont tout sauf de la poésie. (Facebook, au contraire, définit un cadre figé : page, mur, amis)…

Quelle que soit la subtilité et la puissance du contrôle, qui évolue avec le capitalisme d’ailleurs et devient plus agréable, plus facile à accueillir, la réalité n’est jamais intégrale, et le bug toujours possible.

Donc, Google n’est pas le mal. Est-ce qu’il y a une vie dans la machine, et quels choix s’offrent à nous ?

Est-ce qu’on n’a pas d’autres choix que d’aller élever des chèvres en Ardèche ? Bonne question.

Je pense qu’on peut continuer à prendre du plaisir à créer et à faire évoluer le monde, tout en ne cassant pas ses machines et en continuant à utiliser Google.

De toutes façons, il n’y a pas d’autres solutions. Je nous vois mal, je me vois mal, arrêter d’utiliser Internet, et Google. De toute façon, s’il y a un mal, il est en nous et c’est de là qu’il faut l’extirper.

Mon avatar de données peut m’être très utile, mais ce n’est pas moi. Du moins pas encore, jusqu’à ce qu’on aille vers le transhumanisme. Là où le moi se confond avec la machine.

Les gens de Google, j’avais déjà expliqué ça dans un article publié par OWNI, ont sponsorisé l’université de la Singularité, du transhumanisme. Soit on croit que Kurzweil va vivre jusqu’à 558 ans et qu’il mettra son cerveau dans un robot qu’il aura mis 200 ans à construire, soit on n’y croit pas, on meurt avant, et on ne vit pas cette victoire de la Singularité.

La confusion entre moi et mon avatar de données, je n’y crois pas : d’un point de vue scientifique, c’est une aberration totale.

Kurzweil en 2328?

Mais cela reste un moteur de Google, qui leur permet d’aller très loin et de créer plein de services formidables. Là où ça paraît inconcevable, c’est que tout cela suppose que la perfection existe. Et qu’il n’y ait plus de mort, ça veut forcément dire qu’il n’y a plus de vie. On s’intéresse depuis longtemps à l’immortalité, mais vouloir la rendre possible est dangereux. Pour le coup, c’est abyssal. Mais même dans leur monde parfait, il y aurait toujours des bugs. On se débrouillera pour que les puces RFID buggent…

Est-ce que c’est en étant conscient de ce qui articule l’action de Google et en jouant avec ses contradictions qu’on arrivera à faire évoluer l’ensemble ?

Le principal, c’est qu’il reste de l’imprévisible, et des sources de poésie.

Certains disent qu’il faut des cures de déconnexion : je pense que c’est quelque chose qui va devenir de l’ordre de l’hygiène. À un moment donné, il faut être capable de se déconnecter. Ce n’est pas une question de morale, mais plutôt une question de pratique. Il ne faut pas voir ça sous un angle moral. Simplement, quand on retournera sur Internet, on sera plus riches, on s’amusera plus et on profitera plus de ce qu’on voit. C’est une règle de vie de base : ne pas perdre de vue le réel, et surtout garder cette capacité d’émerveillement.

Ariel Kyrou présentera Google God le jeudi 25 novembre à la libraire Le Divan, 203, rue de la Convention 75015 Paris.

L’émission de Xavier de la Porte, Place de la Toile, était également revenue sur cet ouvrage.

Crédit Illustration: Marion Kotlarski

CC FLickR: pineapplebun, Ruth HB, dullhunk

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Hacker en sous-sol http://owni.fr/2010/10/30/hacker-en-sous-sol/ http://owni.fr/2010/10/30/hacker-en-sous-sol/#comments Sat, 30 Oct 2010 18:26:24 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=34185 La rue Léon-Geffroy de Vitry-sur-Seine est une longue voie quasi droite typique de nos ZA – zones d’activités-. Le beau soleil d’automne peine à faire oublier la tristesse qui s’en dégage. Sanofi-Aventis ou bien encore Véolia y ont des locaux. Entrée sous vidéosurveillance. Des bâtiments industriels, parfois désaffectés et/ou taggués côtoient des grandes surfaces, là un hypermarché, ici du bricolage. “La fête des envies” clame un panneau Leroy-Merlin. Plus loin, une publicité pour une cuisine intégrée à l’impeccable lisseur.

C’est dans ce paysage emblématique de notre société de consommation moderne que se tient ce week-end le troisième Plastic Hacker Space Festival, PHSF pour les habitués. Un événement qui décline durant deux jours et demi le hacking dans différents domaines, comme un pied de nez à notre frénésie d’achat. Point de locaux rutilants mais le sous-sol d’un bâtiment désaffecté et réinvestit par le /tmp/lab, le premier hackerspace parisien qui organise l’événement.

Assise sur un matelas à même le sol, Laura dynamite avec humour l’image de la ménagère. Admettons que la ménagère, entre une quiche et une lessive, ait une soudaine pulsion. Et bien elle n’aura qu’à l’assouvir à l’aide du sex toy bidouillé par Laura. La jeune fille, étudiante aux beaux-arts de Toulouse et qui a rejoint le Tetalab, un hackerspace basé à Toulouse sur les bons conseils d’un professeur, est partie d’un constat simple : le silicone sert autant à fabriquer de coûteux sex-toy que des accessoires de cuisine et tous deux utilisent les mêmes couleurs. Remplacez les œufs par un vibreur récupéré sur une manette, le lait par du fil conducteur doublé de coton et zou vous avez un sex toy prêt à dégainer. “All the ways to realize all your phantasms…”, n’est-ce pas le slogan du PHSF ? Laura, qui s’est déjà fait remarqué pour un -faux- projet de baisodrome public sur le modèle du Velib qui lui a valu un procès de la mairie, a poussé le détournement jusqu’à proposer des sex toys en forme de préparation culinaire : d’une bande de plaque pour cuisson découpée sur la longueur et pliée en triangle, elle fait un samoussa coquin. Et franchement, enroulé comme un bout de ruban, qui se douterait de son utilisation ? Pas belle-maman le dimanche quand elle vient causer à sa bru. Un gant Mappa peut tout aussi bien faire l’affaire. S’inscrivant dans la tradition féministe, Laura y ajoute sa touche de hacking humoristique. Je ne sais pas ce que vous en pensez mais pour moi, mais ça ferait un cadeau d’anniversaire sympa pour une copine. Pour l’heure, ces jouets ne sont malheureusement que des prototypes.

À l’autre bout du sous-sol, Guiral s’active avec une poignée de participants pour installer un réseau de WiFi mailé. En clair, au lieu d’être obligé de passer par le nœud central d’une box, avec ce que cela implique de limites, on accroît la capacité du réseau en installant des relais. Esprit hacker oblige, les relais en question sont des routeurs WiFi Fonera détournés de leur usage initial. Bref, le moyen idéal pour “développer à moindre coût une infrastructure en partageant les connections”, explique Guiral. On décrit souvent le hacker comme un être solitaire mais ce jeune cadre dans l’industrie nucléaire souligne le plaisir qu’il a eu à se retrouver au /tmp/lab pour y rencontrer des personnes partageant comme lui le même goût pour la résolution en commun de problème, les échanges et l’apprentissage dans les deux sens, tu m’aides sur ce point, je te renvoie la balle sur celui-là, les amitiés nouées. Et preuve s’il en est, il est revenu pour le festival de Normandie, où il travaille maintenant.

Au centre de la pièce et de ces workshops, la RepRap est reine. Cette imprimante 3D assistée par ordinateur, low cost et open source, qui fleurit dans les fab/lab et autres usinettes, est autoréplicante, c’est-à-dire qu’elle peut se fabriquer elle-même, entre autres, à partir de plastique ABS. À l’aide d’une perceuse, Sigolène est ainsi en train de finir les pièces d’une nouvelle machine. Il faut aussi les ébavurer à l’aide d’un cutter très fin. Elle est venue ici pour apprendre à en faire une et monter ensuite son projet de design, des prothèses de corps avec de l’électronique. En face d’elle, Cécile prépare d’autres pièces, récupérées cette fois-ci, la RepRap ne fabrique pas encore d’objets en métal… Cette artiste numérique a une autre visée : fabriquer des mini-sculptures en numérique 3D qu’elle fera muter ensuite en objet matériel et ainsi de suite, chaque passage provoquant des déformations sur les figurines. “Une réflexion sur la frontière entre analogique et numérique : la bascule de l’un à l’autre n’est pas transparente”, explique-t-elle. Une réflexion qui fait écho à ce que certains présentent parfois comme la prochaine révolution, l’Internet des objets.

Si dans ce royaume du DIY (Do It Yourself), la société de consommation en prend indirectement pour son grade, on ne vit pas non plus que d’amour et d’eau fraîche. Le MakerBot, une imprimante issue de la reprap, sans l’aspect autoreplicant, nourrit quelques personnes : “Il a dû s’en vendre 2.000″, avance John, cofondateur de Hackable device, une société de distribution spécialisée, on s’en doute dans le matériel pour hacker. “Assez pour vivre et faire les cons avec ça”, précise-t-il tout en surveillant la fabrication d’un buste de Beethoven. Parce que ce ne serait pas trop hacker de se faire un paquet de blé et de finir triste à mourir. Ou alors c’est qu’on vire Steve Jobs et qu’on n’est plus un hacker.

Plus ou moins prégnant selon les projets, le politique pointe le bout de son nez. Stop ACTA, logiciels libres…, les capots des ordinateurs sont bien souvent envahis d’autocollants dénotant un engagement pour certaines valeurs. Au détour d’une conversation, le discours se fait plus fort. Enseignant en physique-chimie à la retraite, Gérard aime l’idée de “transformer la société par la technique, seul ou en communauté. On sort du système industriel en reprenant la maîtrise des outils de production.” Un fort parfum marxiste… Sans aller forcément jusque-là, l’inventivité des hackers est une invitation à tourner sept fois son tournevis dans sa poche avant d’acheter un nouvel objet prêt à l’emploi.

Crédits photo flick’r CC : kryptyk, Davide Restivo, °°°paula°°°

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La prochaine révolution ? Faites-la vous même ! http://owni.fr/2010/10/29/la-prochaine-revolution-faites-la-vous-meme/ http://owni.fr/2010/10/29/la-prochaine-revolution-faites-la-vous-meme/#comments Fri, 29 Oct 2010 17:19:57 +0000 Jean Marc Manach http://owni.fr/?p=34149 Article traduit en espagnol : ¿La próxima revolución? ¡Hágala usted mismo!

Dans la prochaine révolution industrielle, les atomes seront les nouveaux bits

En janvier 2010, Chris Anderson, rédacteur en chef de Wired et auteur de La longue traîne, tentait ainsi de résumer la révolution en cours du Do It Yourself (DIY, Faites-le vous même, en français). Après avoir considérablement contribué à développer, et démocratiser, ce que l’on appelait au siècle dernier la “micro-informatique“, puis l’internet, hackers et bidouilleurs s’attèlent aujourd’hui à la fabrication et au développement de nouveaux objets, “libres“.

Chris Anderson évoque ainsi la Rally Fighter, la première voiture de course “open source” (ses spécifications sont “libres“), développée de façon communautaire, en mode “crowdsourcing” (du nom donné au fait d’utiliser la créativité, l’intelligence et le savoir-faire d’un grand nombre d’internautes).

Pour lui, c’est une véritable révolution, non seulement industrielle, mais également dans le rapport que l’on entretient avec les technologies, les objets. Pour Marten Mickos, ex-PDG de MySQL, cette révolution porte encore bien plus sur ce que peuvent faire les êtres humains entre eux, dès lors qu’ils se mettent en réseau :

“Auparavant, les gens collaboraient dans leurs villages. Aujourd’hui, le village, c’est la planète. Ça a débuté avec le développement de logiciels libres et open source, mais c’était une pure coïncidence : les développeurs de logiciels ont été les premiers êtres humains à véritablement embrasser l’internet.

N’importe quel autre groupe peut aujourd’hui connaître de tels bouleversements : on commence à le voir avec des journalistes, chercheurs, hommes politiques, professionnels de la santé, et aujourd’hui avec des fabricants de voiture…”

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Dans les années 50, l’expression Do It Yourself était utilisée pour qualifier ceux qui ne voulaient pas se contenter de consommer, mais également d’améliorer ce qu’ils avaient acheté (maison, voiture et autres biens de consommation).

Dans les années 60-70, l’essor de la contre-culture et des mouvements de refus de la société de consommation lui donnèrent une tournure plus politique, renouant avec les valeurs anti-industrielles prônées par le “mouvement des arts et métiers” de la fin du XIXe siècle (voir Houellebecq et les Fab Labs).

Aujourd’hui, le DIY est aussi un marché, et même une industrie : magasins, livres, émissions de télévision et magazines de bricolage, jardinage, décoration, cuisine… à quoi il faut rajouter, ces dernières années, le succès de places de marché comme etsy.com, qui permet à ses utilisateurs de vendre les objets qu’ils ont fabriqué (et à certains d’en faire leur métier).

La démocratisation (et la baisse des prix) des technologies a fait exploser l’offre et la demande de kits et composants permettant de créer ses propres robots, drônes et autres gadgets.

L’envol des valeurs du “Libre” (logiciels libres et open source, Creative Commons, réseaux sociaux et web 2.0) se traduit également aujourd’hui dans la démultiplication des Tech Shops, HackerSpaces, Fab Labs… lieux physiques où hackers et bidouilleurs peuvent partager outils, composants et compétences. À ce jour, on dénombre 45 FabLabs, dans 16 pays (de Jalalabad en Afghanistan à Medellin en Colombie en passant par le Kenya, les USA et les Pays-Bas), et près de 340 hackerspaces actifs, plus 259 autres en préparation :

1010MakeThingsNotWar 1010HackerSpaces

Le magazine Make, créé par O’Reilly en 2005, et les Maker Faire, lancés dans la foulée pour réunir, et célébrer, les adeptes du DIY, constituent la partie la plus visible du phénomène. Le nombre de sites web, de projets mais également d’approches pratiques de la question est tel qu’il est impossible d’en résumer la diversité.

On peut, par contre, en proposer un bref tour d’horizon, augmenté de nombreuses vidéos, afin de se faire une petite idée de ce qui est en train de se tramer, en ce moment, dans les garages des hackers du XXIe siècle.

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Papas geeks, hackers décidant de modifier leurs matériel en profitant de leurs compétences logicielles (voir Hackers et sans complexe), universitaires créant des Fab Labs pour apprendre aux gens à créer leurs matériels par eux-mêmes, plutôt que d’avoir à les acheter… on est bien loin des bricoleurs du dimanche, et plus proches des bidouilleurs de l’internet des objets, de ces néoObjets du futur qui pourraient bien changer la nature de nos objets, sinon de la société.

Le phénomène commence d’ailleurs à se structurer, y compris d’un point de vue théorique, avec notamment la rédaction d’une définition de ce que peut et doit être un “matériel libre” (Open Source Hardware, en VO). Les projets, tout comme les objets, ne sont pas tous stricto sensu “open source“, mais la quasi-totalité proposent un mode d’emploi permettant de les refabriquer, et de plus en plus nombreux sont ceux qui partagent toutes les sources, schémas, firmware, logiciels, nomenclatures, listes de pièces, dessins, manuels et modes d’emploi de sorte que tout un chacun puisse les recréer, voire en commercialiser des projets dérivés, à la manière des logiciels libres et open source.

En 2008, le magazine Make avait répertorié 60 projets de matériel (hardware) “open source“. Fin 2009, il en dénombrait 125, répartis en 19 catégories. En 2010, il a arrêté de les compter.

On y trouve bien évidemment des imprimantes 3D permettant de créer toutes sortes de pièces et objets en plastique, silicone ou epoxy, de la célèbre RepRap, conçue pour pouvoir s’auto-répliquer jusqu’à la jolie petite MakerBot (649 dollars) en passant par la luxueuse Fab@Home (à partir de 1950 dollars), qui entend “démocratiser l’innovation“.

La Fab@Home

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À quoi servent-elles ? À créer des petites pièces en plastique, coques ou socles d’iPhone, briques et roues de LEGO, circuits électroniques personnalisés, bracelets, petits jouets ou personnages, pièges à souris (qui ne tuent pas les souris), toutes sortes de petits gâteaux ou chocolats (voir la galerie de Fab@Home), et même des auto-portraits en 3D

Un auto-portrait en 3D.

Arduino, utilisé par des milliers d’artistes, ingénieurs, designers et passionnés désireux de créer des objets ou environnements interactifs, indépendants, reliés à des capteurs ou des ordinateurs, est probablement le projet le plus avancé, c’est en tout cas le plus vendu (plus de 100 000 unités – à partir de 20 dollars), et cloné, entraînant également un certain nombre de projets dérivés permettant d’y interfacer de la musique, une connexion internet ou encore un signal GPS.

À quoi ça sert ? À créer des interfaces tactiles, jeux en 3D, petits robots, exosquelettes, imprimantes thermiques, des vitrines interactives réagissant aux mouvements des passants, systèmes permettant d’alerter les clients de ce que vient de cuire un boulanger, robots serveurs dotés de capteurs afin d’ajuster le volume d’alcool à servir au taux d’alcoolémie des clients, des chapeaux interactifs vous punissant si vous ne souriez pas ou inspirés du casque des Daft Punk, un jeu vidéo permettant de contrôler une vraie petite voiture sur un vrai circuit…

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Dans le Top 40 des projets Arduino compilé par HacknMod, on trouve aussi toutes sortes d’objets truffés de Leds, un capteur de pollution, une pédale “low teck” pour guitare électrique, un piano de poche, un robot qui lit votre fil RSS, une machine à café contrôlée par Wiimote, des drônes et voitures télécommandées, une harpe laser (voir aussi cette liste de projets sur le site d’Arduino).

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Les objets DIY ont aussi parfois une dimension culturelle, sinon politique. On connaît le TV-B-Gone, télécommande universelle dotée d’un seul bouton, le “OFF“. On peut l’acheter tout fabriqué (25 dollars), mais aussi en kit (22 dollars, tout de même), tout comme Wave Bubble, un brouilleur de téléphones portables, ou encore le BeDazzler, conçu pour se moquer des autorités américaines qui avaient dépensé 1 millions de dollar pour concevoir une nouvelle arme non létale, le Dazzler, censée rendre les gens malades grâce à des flashs lumineux. Sa réplique open source, créée par l’incontournable Lady Ada (qui vend se qu’elle crée sur Adafruit), a coûté moins de 250 dollars…

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Le DIY permet aussi de faire des économies d’énergie, qu’il s’agisse de jauger la charge d’électricité d’une batterie, de fabriquer son propre chargeur USB pour téléphone portable ou lecteur MP3, ou encore de communiquer, par téléphone, SMS ou Twitter avec… des plantes vertes, afin de savoir quand elles ont besoin d’eau, ou quand elles en ont trop (BotaniCalls & GardenBot).

De son côté, le projet re:farm the city s’est donné pour mission de fournir logiciels et matériels libres aux “fermiers des villes” afin de promouvoir l’auto-production locale, et l’agriculture bio, en milieu urbain.

La culture DIY étant essentiellement affaire de geeks, il était normal d’y retrouver un certain nombre de jeux, plus ou moins électroniques, tel Drawdio, un crayon qui joue de la musique lorsqu’on dessine, une “Brain Machine” créée par Mitch Altman, l’inventeur de la TV-B-Gone, qui mixe musique et flashs lumineux pour vous aider à méditer (existe aussi en version toute prête : Trip Glasses).

On peut aussi trouver des modes d’emploi pour se fabriquer des vélos en bois, en bambou, électriques ou dotés d’un sidecar, une machine à laver open source fonctionnant à l’énergie solaire, une maison faite avec 6 millions de bouteilles vides (en 19 ans), des prothèses open source, et même un restaurant open source, lancé au début du mois de juillet afin de “digérer la culture libre de l’internet“, et qui a été pensé, fabriqué et lancé à partir de modes d’emploi disponibles sur instructables.com, l’un des sites de référence de la culture DIY, avec make:, ou Thingiverse.

En France, le /tmp/lab et ses Hackers Space Festivals ont redonné au terme “hacker” sa connotation positive de bidouilleur de génie, et contribué à l’essor et à la reconnaissance des hacklabs (à noter que son Plastic Hacker Space Festival se tient du 29 au 31 octobre 2010).

Hackable:Devices, à la fois boutique en ligne de matériel libre, et communauté fédérant 500 utilisateurs actifs (hackers, créateurs, fabricants, investisseurs), s’est de son côté donné pour objectif de “libérer les appareils (pour) libérer la créativité des hackers, leur donner autant de contrôle que possible afin qu’ils ne perdent pas leur temps dans l’ingénierie inverse et se concentrent sur la création pure“. MadeInFr.org, plus technique, veut de son côté regrouper les contributions de bidouilleurs, électroniciens, et du “DIY français“.

Babozor, dans sa Grotte du Barbu, contribue lui aussi à démocratiser le phénomène, expliquant que l’on peut tout hacker, du métro parisien au vieux PC , transformé en BarBQ grâce à un caddie de supermarché, et qui passe allègrement des nouvelles technologies au kitchen hacking, pour faire de la bière, un gâteau au chocolat sans four et de la crème au beurre à la perceuse…

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Semageek, de son côté, regorge d’infos et modes d’emploi permettant, notamment, de recycler une vieille machine à écrire en clavier USB, de transformer une brosse à dent en robot, de modifier un téléphone portable pour démarrer sa voiture à distance, de bricoler voiture pour la piloter depuis un iPhone, de créer une veste interactive permettant de “transformer sa copine” en manette de jeux vidéos tout en la massant… ou de relier un pour capteur de gaz à un kit Arduino pour changer de chaine de TV “chaque fois que vous pétez“.

Les deux derniers exemples sont choisis à dessein : d’aucuns les considéreront (avec raison) comme de mauvais goût. Mais là n’est pas la question : ces objets modifiés, augmentés, hackés, détournés, l’ont été parce que les bidouilleurs en avaient besoin, mieux : parce qu’ils en avaient envie, et que ça leur faisait plaisir, même si ça ne sert à rien. Leurs bidouilles ne relèvent pas tant de l’économie de marché (même si tous ces objets ont un coût) que d’une volonté d’indépendance, et de s’amuser.

À l’ère de la bidouillabilité, définie par Tristan Nitot comme la “capacité – pour un objet technique ou un outil – à être détourné de sa fonction première en vue d’essayer de lui trouver de nouveaux usages“, la profusion de projets, et d’objets, issus de la culture DIY, et des valeurs des hackers, dessine un Nouveau Monde où, à la manière des transformations à l’œuvre dans le web 2.0, de nouveaux modèles économiques émergent, et qui reposent, non pas sur la “vente” d’un produit, mais sur la “participation” à son élaboration, création, fabrication, modification…

On a coutume de décrire les créateurs de startups sous le forme de jeunes geeks équipés de portables, dans une chambre d’étudiant ou un garage. L’image vaut aussi aujourd’hui pour ceux qui vont bouleverser l’industrie, la création et la distribution de produits physiques. Des machines industrielles qui coûtaient auparavant plusieurs centaines de milliers de dollars peuvent aujourd’hui être achetées pour quelques milliers, voire fabriquées pour quelques centaines seulement.

Comme le souligne Chris Anderson, “n’importe quel garage est une usine high tech potentielle. Marx aurait été content“. Je ne sais si Marx l’aurait vraiment été, mais Anderson l’est très certainement. DIY Drones, un portail communautaire qu’il a lancé afin de développer des drônes pour pas cher, a généré un chiffre d’affaires de 250 000 dollars la première année, les 2/3 à l’export, et il espère atteindre le million d’ici trois ans.

Ses principaux concurrents ? Lockheed Martin et Boeing, dont il divise les coûts technologiques par 10, essentiellement en économisant sur les brevets et la propriété intellectuelle, en crowdsourçant la recherche et développement, tout en s’affranchissant de la bureaucratie, des commerciaux, communicants, bureaux, usines… la production des étant externalisée dans un TechShop du Colorado.

Dans son article sur ce qu’il qualifie de “nouvelle révolution industrielle, Chris Anderson résume la situation d’une phrase : “si ces 10 dernières années ont permis la découverte et l’émergence, sur le web, de nouveaux modèles sociaux post-institutionnels, les 10 prochaines années les verront s’appliquer dans le monde réel” :

L’internet a démocratisé la publication, la diffusion et la communication, ce qui a eu pour conséquence d’accroître de façon massive le degré de participation et de participants dans le monde digital -la longue traîne des bits.

La même chose est en train de se produire en terme de fabrication – la longue traîne des objets. Le web n’était qu’une démonstration de faisabilité (proof of concept, en VO). Maintenant, la révolution va aussi toucher le monde réel.

Cette façon de créer, en réseau, en partageant avec les autres méthodes, schémas et réalisations, sur le modèle des logiciels libres et open source (voir La cathédrale et le bazar), procèdent aussi de cette démocratisation de l’innovation évoquée par Eric von Hippel, pour qui “il y a 2 à 3 fois plus d’innovations de la part des consommateurs qu’il n’y en a dans l’industrie“.

En attendant de connaître la portée d’une telle “révolution“, et des créations (d’objets, mais également d’entreprises) qu’elle entraînera, on voit bien bien que désormais, après la nature (le jardinage), le bricolage (objets réels), le numérique (données et programmes), voici venu le temps des objets hybrides, à la fois réels (voire biologiques) et numériques.

Tout cela reste encore un peu technique, mais c’était aussi ce que l’on disait, dans les années 90, quand des myriades d’internautes ont commencé à créer leurs propres sites web, sans formation ni école, mais en bidouillant à partir de ce que les autres avaient fait. La question reste de savoir si, tout comme on est passé du langage HTML 1.0 aux technologies et usages du web 2.0, le DIY dépassera le seul stade de la “bidouille” pour accéder au grand public et permettre aux gens de se réapproprier les objets, de les améliorer, de les partager aussi.

C’est tout l’enjeu du Web², ce “web à la puissance 2” qui, après avoir déplacé les utilisateurs au cœur du système (le Web 2.0), veut exploiter l’intelligence collective des capteurs et des données. La question est donc aussi de savoir si on fera de cet ”internet des objets” un ”internet du peuple”.

& rendez-vous au Plastic Hacker Space Festival, au /tmp/lab à Vitry-sur-Seine, du 29 au 31 octobre 2010, ou encore au make art, festival des arts et technologies libres, du 4 au 7 novembre 2010 à Poitiers.

Voir aussi l’excellente présentation de Jean-Michel Cornu sur La fabrication numérique :

Approfondissement de la troisième catégorie de la réalité augmentée. Là, les « médias hyperlocalisés » résident dans des objets bavards communiquant leur « statut ».

Classer en trois catégories les diverses applications de réalité augmentée est une façon de s’y retrouver. La première catégorie touche les nouvelles interfaces d’animation à l’écran, la deuxième catégorie touche la surimpression de données en ligne au monde ambiant et la troisième touche la mise en commun massive d’informations d’objets communicants rendant caduque la séparation en ligne et hors ligne.

Connecter les objets et les bases de données

La réalité augmentée touchant l’Internet des objets cherche avant tout l’efficacité opérationnelle : avec l’apparition d’un plus grand nombre d’objets intelligents et mobiles, sensibles à l’environnement et connectés au réseau, l’information générée ou recoupée peut nous servir à mieux connaître notre monde.

Google a ouvert récemment Goggles dans son laboratoire, un outil de reconnaissance d’image. Il deviendra inutile de chercher avec des mots-clefs, prenez une photo et les serveurs de Google feront du « data mining » pour vous. Lire Snap and Search (No Words Needed)

Les objets parlants

Cette troisième catégorie offre le plus de potentiel industriel à grande échelle. On pourrait y voir trois fonctions :
1- Émettre : diffuser un état ou information pour un usage à la périphérie
2- Capter : saisi des données environnementales
3- Traiter : analyse et recoupement qui permettent la rétroaction

Exemple 1. Le « statut » d’objet – Émettre
Le compte Twitter d’un pont
Le pont de Londres tweete à qui veut l’entendre l’état de son pont-levis. Il émet son état et ses données peuvent être utiles à un autre objet sur le réseau (un GPS de voiture, un bateau, le service de sécurité de la ville).

Exemple 2. Le collectivisme d’objets – Capter
La montre verte
La montre verte est un dispositif personnel équipé de capteurs environnementaux qui capture des données sur l’ozone et le bruit et stocke les mesures en ligne. Seule, la montre ne sert pas à grand-chose. Collectivement, elle apporte des données globales sur une ville, ce qui n’aurait pas été possible à faible coût et sur une grande échelle.

Exemple 3. Les objets communicants – Traiter
Les étudiants de MIT ont réfléchi à des usages possibles d’objets qui communiquent. Dans la vidéo, un billet d’avion indique le retard dans sa mise à jour ou on peut avoir des informations sur le classement écologique d’un produit.

Pour une meilleure contextualisation, regarder cette conférence TED :

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L’interface invisible

John Underkoffler du MIT propose des nouvelles interfaces entièrement basés sur des senseurs – rendant la manipulation d’un écran semblable à Tom Cruise navigant dans une infosphère dans Minority Report. Les datas apparaissent effectivement à l’écran, mais elles peuvent être manipulées de façon « tactile ». La vidéo originale se trouve ici.

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Décupler la réalité ?

O’Reilley disait il y a quelques mois : « The web is gaining ears, eyes and other senses through smart sensors. This will be big. » Le web acquiert via des senseurs intelligents une connaissance du monde qui n’était pas possible auparavant de façon aussi peu coûteuse et personnalisée (notamment via les puces RDFI).

Un exemple simple, ubi-check, est un « système de couplage d’objets » qui regroupe des ensembles de choses dans un espace donné, afin d’alerter si cet ensemble est dissocié (imaginer qu’avant de sortir de la maison, le système remarque que vous avez oublié votre portefeuille.

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Associé aux médias sociaux, on peut s’attendre à un usage décuplé principalement pour tout ce qui concerne le côté social (sortie, rencontres, conférences, etc.). On peut imaginer un usage participatif où on peut « laisser » des messages dans des « lieux » virtuels/réels (des graffitis, des notes, des indications, des commentaires) qui peuvent servir pour soi, sa famille, sa «tribu» ou à tous. Cet aspect existe déjà en ligne (pensons aussi à FourSquare). Il ne s’agit après tout que d’un changement d’interface…

Une chose est sûre, la différence entre le en ligne et le hors ligne ne fera plus grand sens à la fin de la prochaine décennie.

Complément de lecture
- L’Internet des objets : vers un développement durable numérique ? par Philippe Gargov
- 10 applications concrètes de la réalité augmentée
- Video of Bruce Sterling keynote on the dawn of the augmented reality industry
- Critiques du web² (4/4) : Que faire face à la puissance des données ? par Hubert Guillaud (InternetActu)

Billet initialement publié sur Zéro seconde

Notre dossier sur la Réalité Augmentée :

>Appréhender le monde en réalité augmentée 1/5

> Réalité augmentée: la 3D virtuelle 2/5

> Réalité augmentée: du virtuel dans le réel 3/5

> Conclusion: la décennie réalité augmentée 5/5

> La vision augmentée et la décennie de l’ubiquité , par Robert Rice

> L’AR, une tendance de fond du marketing

]]> http://owni.fr/2010/04/22/realite-augmentee-objets-communicants-45/feed/ 5 L’Internet des Objets : vers un développement durable numérique ? http://owni.fr/2010/03/02/l%e2%80%99internet-des-objets-vers-un-developpement-durable-numerique/ http://owni.fr/2010/03/02/l%e2%80%99internet-des-objets-vers-un-developpement-durable-numerique/#comments Tue, 02 Mar 2010 18:11:18 +0000 Philippe Gargov http://owni.fr/?p=9274 internet des objets nabaztag

Objets connectés, communicants voire même “bavards” ? L’Internet des Objets, qui appartenait hier à la science-fiction, s’apprête à envahir nos foyers. Sa promesse ? “Ce que fait une page Internet, une chaussure pourra le faire“, résumait Rafi Haladijan, pionnier de l’Internet et de l’Internet des Objets avec ses célèbres lapins communicants “Nabaztag”.

La formule a le mérite de la clarté, face un concept relativement déroutant. Nombre de nos concitoyens se perdent ainsi entre les termes – “RFID”, “domotique”, “intelligence ambiante”… kézaco ? – et les horizons infinies de cette “nouvelle ère informatique“. Le service IJENKO exploitant les nouvelles possibilités offertes par ces objets communicants, nous nous proposons de faire le point avec cette “introduction à l’Internet des Objets”.

Comment ça marche ?

Comme son nom l’indique, l’Internet des Objets représente l’extension naturelle du cyberespace de l’Internet dans l’espace physique de notre quotidien : objets, lieux, arbres ou animaux… et peut-être un jour individus. Les définitions restent toutefois assez variables, et même les plus connaisseurs se perdent dans ce “flou artistique“. Le rapport “Internet des Objets : quels enjeux pour les Européens ?“, propose une définition claire et synthétique. L’Internet des Objets décrirait ainsi “un réseau de réseaux permettant, via des systèmes d’identification électronique […] et des dispositifs mobiles sans fil, d’identifier […] des objets physiques et ainsi de pouvoir récupérer, stocker, transférer et traiter, sans discontinuité entre les mondes physiques et virtuels, les données s’y rattachant“.

Internet des objets RFID

… Et en plus clair, c’est possible ?

Plusieurs notions méritent d’être explicitées :

- Par “systèmes d’identification électroniques” et “dispositifs mobiles sans fil“, le rapport fait référence à la multiplication attendue de “code-barres” d’un nouveau genre, qui équiperont les objets et les rendront communicants. Les plus connus sont les technologies de radio-identification (RFID pour Radio Frequency IDentification) ou de communication en champ proche (Nearfield communication), les réseaux bluetooth et wifi, mais aussi les codes QR (des code-barres 2D recélant suffisamment d’informations pour ouvrir une page Internet, par exemple), et bien d’autres qui émergeront dans les prochaines années.

- Chaque objet ainsi “tagué” par une puce ou un code-barre pourra être lu grâce aux appareils adéquats : téléphones mobiles compatibles, lecteurs RFID domestiques (tel que le Mir:ror connecté au port USB d’un ordinateur), etc. Il suffit ainsi de passer le lecteur adéquat à proximité d’un objet pucé pour ouvrir une page Internet, télécharger des données ou lancer une application préalablement définie.

- L’Internet des Objets ne se résume évidemment pas à ce jeu de puces et de “tags”. Les objets communicants peuvent ainsi être reliés, par le réseau filaire ou non, à une box connectée à l’Internet. C’est notamment le pari de la box IJENKO, qui agrège les consommations énergétiques de tous les appareils connectés par un réseau de capteurs.

Soulignons enfin, dans la définition mentionnée plus haut, l’importance donnée… aux données. A l’heure où la donnée est au coeur de tous les enjeux (web des données et web² proposé par O’Reilly…), celle produite ou enregistrée par les objets communicants est évidemment le point de convergence des acteurs du marché.

Quelles perspectives pour l’Internet des Objets ?

C’est en effet cette compétence à faire naviguer de la donnée entre les objets et la Toile qui donne tout son intérêt à l’Internet des Objets. Les usages envisagés sont multiples (infinis ?). Livrons nous à un petit exercice de prospective. Imaginez un monde où chaque objet serait “cliquable”… Votre grille-pain pourrait imprimer le bulletin météo du jour ; un article de journal serait “augmenté” d’un reportage à visionner sur YouTube ; vous pourriez laisser des commentaires sur une photographie, que votre famille pourrait consulter ultérieurement ; ou encore programmer à distance l’ensemble de vos appareils électroménagers ; etc. Des perspectives dont beaucoup rêvent depuis longtemps…

Ces initiatives prometteuses existent depuis quelques temps : Touchatag d’Alcatel-Lucent ou le Mir:ror évoqué plus haut avaient été dévoilés en 2008, avec l’ambition déjà de démocratiser les RFID. Force est de constater que ces usages n’ont pas trouvé l’audience espérée. Il est nécessaire de s’interroger sur ce “retard à l’allumage”.

Vers un Internet des Objets “utile”

D’aucuns ont pointé du doigt l’écart entre les perspectives proposées par ces innovations et les attentes concrètes du public. Il est sympathique de lire les actualités sur la Toile en passant simplement sa tasse à café “pucée” sur un lecteur RFID, comme le proposait par exemple le Mir:ror ; mais cela correspond-il réellement à la réalité du petit déjeuner des ménages ? L’Internet des Objets se serait-il égaré dans ses rêves de science-fiction ?

L’Internet des Objets appelle une vision et des perspectives plus utiles que la simple dimension “gadget” qui reste malheureusement souvent mise en avant. Le “web napperon” propose par exemple de mettre à profit les puces RFID pour favoriser les interactions inter-générationnelles. Une personne âgée pourra ainsi aisément consulter les photos et vidéos de ses petits enfants, sans passer par l’interface complexe d’un ordinateur. Un bel usage social – et l’on rappellera que la dimension “sociale” fait partie intégrante du développement durable, aux côtés des dimensions environnementales et économiques.

Il se dévoile, derrière cet exemple, une voie d’innovation qui conduira certainement l’Internet des Objets vers un usage massifié : celle d’un Internet des Objets au service du “développement durable numérique“, comme le soulignait François Denieul en introduction d’une émission prochainement diffusée sur TechTocTV et à laquelle participait Serge Subiron.

Serge parlait aussi “d’Internet des Objets utile“ sur le plateau des DécideursTV. “Utile” ? Evidemment, s’il permet par exemple d’optimiser ses consommations énergétiques… et donc non seulement de réduire sa facture personnelle, mais aussi de permettre aux fournisseurs électriques de mieux gérer les consommations globales du réseau. Cette voie du durable, qui s’ouvre avec les “compteurs intelligents” et d’autres usages sur lesquels nous reviendrons dans de prochains billets, s’annonce incontournable.

Billet initialement publié sur le blog d’IJENKO

Photo Filippo Vancini (MuCEM) sur Flickr : le web napperon évoqué dans le papier, présenté dans le slideshare ci-dessous.

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http://owni.fr/2010/03/02/l%e2%80%99internet-des-objets-vers-un-developpement-durable-numerique/feed/ 5
L’Internet du futur [5'47/en] http://owni.fr/2010/01/15/linternet-du-futur/ http://owni.fr/2010/01/15/linternet-du-futur/#comments Fri, 15 Jan 2010 11:20:14 +0000 Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=6987 Cliquer ici pour voir la vidéo.

On les aime bien, ces vidéos de présentation de l’évolution d’Internet, surtout quand elles sont esthétiques et rythmées.

Celle-ci a été créé par les membres du projet “l’Internet du Futur”, mis en place par l’Union Européenne et STI International. Ce projet vise à soutenir les développements ayant trait à l’Internet des services, à celui des objets, à l’Internet mobile et à l’Internet sémantique.

Un sondage a été mis en ligne par la commission européenne. Entièrement en anglais (wtf?), il a pour vocation de recueillir l’avis des professionnels d’Internet sur les évolutions futures du réseau.

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http://owni.fr/2010/01/15/linternet-du-futur/feed/ 1
Lift France : Marseille prend l’ascenseur vers le futur http://owni.fr/2009/06/12/lift-france-marseille-prend-lascenseur-vers-le-futur/ http://owni.fr/2009/06/12/lift-france-marseille-prend-lascenseur-vers-le-futur/#comments Fri, 12 Jun 2009 15:01:19 +0000 Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=1585 banner_web_liftfing


La conférence internationale sur les nouvelles technologies, née à Genève en 2002, atterrit au Palais du Prado à Marseille, les 18, 19 et 20 juin 2009. Mais qu’allons-nous y découvrir ?

Lift (littéralement l’ascenseur), drôle de nom pour une conférence sur les nouvelles technologies ? D’autant plus que cet ascenseur-là ne nous conduit pas dans les allées d’un salon comme on en a l’habitude, mais dans celle d’une conférence d’un autre type où se croisent hackers, designers, chercheurs et entrepreneurs. Des intervenants en provenance du monde entier qui viennent à Marseille pour réfléchir et échanger sur les impacts de la technologie sur nos vies.

De quoi sera-t-il question ?

Les trois jours de conférence portent sur trois sujets en prise avec l’évolution de l’innovation. Il sera notamment question de “l’internet des objets”, c’est-à-dire de comprendre les transformations que va produire l’arrivée du réseau jusqu’à nos objets quotidiens. Quand nos parapluies clignoteront à la porte de nos maisons pour nous signaler de ne pas les oublier parce qu’ils ont reçu du service météo l’information qu’il va pleuvoir. Quand tout un chacun sera capable de construire son tee-shirt clignotant et connecté… Quels sont les enjeux de cet internet qui après avoir connecté les ommes entre eux, s’apprête à connecter tout le reste ? Pour Daniel Kaplan, délégué général de la Fondation internet nouvelle génération (Fing), coorganisateur de l’évènement : “Il y a une ambition transformatrice dans l’internet des objets comparable à celle qui anime l’imaginaire d’internet”. Car en transformant le rôle des objets via l’internet, le but est aussi de transformer notre rapport aux objets.

Autre sujet au coeur de ces deux jours : le développement durable et les nouvelles technologies. C’est-à-dire comprendre en quoi le changement climatique est causé par le comportement humain et en quoi la conception même des technologies peut nous aider à changer nos comportements. Comment permettre à chacun de mesurer l’impact de ses actions sur la planète pour en avoir conscience ? Et d’évoquer notamment ces compteurs d’eau ou d’électricité qui vous aident à réduire vos dépenses en vous les affichant sous les yeux…

Une conférence sur l’innovation ou sur la politique ?

Dernier sujet : “l’innovation sociale”. Sous cet étrange vocable, se cache en fait toute une branche de l’innovation qui se veut plutôt non technologique et qui est faite par les gens plutôt que par les ingénieurs. Comment chacun d’entre nous et tous collectivement pouvons-nous être des innovateurs du quotidien ? Au croisement de l’économie sociale et solidaire ou de la démocratie participative, s’inventent, de par le monde, de nouvelles formes d’implication des citoyens dans la vie de la cité, dans la redéfinition et la rénovation des services publics. Ainsi, on voit des hôpitaux travailler avec des patients atteints de maladies mentales pour qu’ils coconçoivent les services dont ils ont besoin. L’idée est d’utiliser des méthodes d’animation pour inviter les gens à concevoir les services publics qu’ils utilisent : que ce soit les usagers (et les non-usagers) du réseau de transport qui définissent les itinéraires, les horaires et les services accessibles depuis les transports en commun qu’ils utilisent, que ce soit de réduire le taux de maternité des adolescentes en concevant avec elles des méthodes de prévention efficaces pour faire chuter la maternité adolescente.

Décidément, c’est à croire que sous couvert d’innovation, cette conférence va essentiellement parler de politique !
Toucher du doigt l’avenir des technologies

Mais Lift, ce n’est pas seulement de grands discours d’experts sur l’avenir qui nous attend ou que nous pouvons façonner de nos mains. C’est aussi l’occasion de toucher et d’essayer des prototypes fonctionnels pour se plonger dans le futur. En essayant les vêtements communicants de Natacha Roussel, qui transmettent les données biologiques des personnes qui les portent. En portant la montre verte, une montre équipée de capteurs environnementaux permettant de mesurer le bruit et l’ozone et faisant de chaque citoyen qui la porte un capteur mobile de l’état de notre environnement immédiat. En essayant le casque de réalité augmentée d’Adelin Schweitzer qui nous interroge sur les limites de notre perception et sur les contraintes que peuvent nous imposer les machines vidéo. En jouant du Karlax, un instrument de musique imaginé par Rémi Dury, qui capte nos gestes pour les transformer en symphonies…

Un évènement phare de l’innovation ?

Avec un public en provenance de 45 pays différents, dont au 2/3 étranger, les organisateurs de la conférence pensent dépasser l’objectif initial des 500 participants attendus et imposer ce nouveau rendez-vous dans l’agenda évènements majeurs sur les nouvelles technologies, plutôt rares en France. Vu le succès des autres éditions de Lift en Asie ou en Europe, c’est tout le mal qu’on leur souhaite. En tout cas, ce sera une belle occasion de croiser l’écrivain de Science Fiction Bruce Sterling ou Gunter Pauli le directeur de l’initiative de recherche pour les émissions zéro carbone, ou encore Rob van Kranenburg, un théoricien hollandais de l’innovation assez stimulant … Des noms pas nécessairement connus du grand public, mais un ensemble de penseurs et de bricoleurs qui devrait assurer l’originalité de la rencontre.

Disclaimer: Owni est partenaire de cet évènement, bénéficiez à ce titre d’un tarif réduit en utilisant le code promo “lift09-RWW” lors de votre inscription (le prix de la conférence passe ainsi de 750€ à 450€).

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