OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Printemps arabe©, si jeune et déjà marketé http://owni.fr/2011/08/03/printemps-arabe%c2%a9-si-jeune-et-deja-markete/ http://owni.fr/2011/08/03/printemps-arabe%c2%a9-si-jeune-et-deja-markete/#comments Wed, 03 Aug 2011 15:30:36 +0000 Yves Gonzalez-Quijano http://owni.fr/?p=75319 Écrire pour ce Carnet est loin d’être facile alors qu’il se déroule des choses autrement plus graves dans la région. C’est particulièrement vrai au regard de ce qui se passe actuellement en Syrie. En cette veille de ramadan [ndlr : article initialement publié le 31 juillet], karîm (généreux, magnanime…) selon la formule consacrée, l’ironie n’est plus exactement de saison…

Avec le Printemps arabe©, les publicitaires prolongent encore un peu plus « l’extension du domaine de la lutte » et, fort logiquement en définitive, se mettent à vendre la révolution arabe à toutes les sauces possibles. C’est dans son blog que Ted Swedenburg a publié, il y a un mois environ, un billet sobrement intitulé Coke & Pepsi and the Egyptian Revolution sur les nouvelles publicités pour Coca et Pepsi. Dans la droite ligne de leur éternelle rivalité commerciale (voir ce billet sur la manière dont ils embrigadent les vedettes de la chanson arabe), les deux géants américains du soda chantent aujourd’hui à qui mieux mieux les charmes de la révolution arabe.

Pepsi pour commencer (30 s), avec ces jeunes des classes moyennes (forcément révolutionnaires) qui ont tous des idées en surfant avec la technologie moderne (ordis et téléphones portables) et qui, littéralement parlant, « redonnent des couleurs à la ville ». Un peu subliminale, l’allusion à la révolution du 25 janvier n’est pas bien loin : introduit par l’image d’un journaliste à la télé sur fond de paysage urbain, le lien avec les événements est implicite avec l’image, presque en fin de clip, du personnage initial saluant depuis son balcon un rassemblement qui pourrait bien être une révolution (qui ne dit pas tout à fait son nom malgré tout)…

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Coca (60 s) aussi file la métaphore des couleurs, avec ce récit du centre-ville du Caire qui sort peu à peu de la grisaille pour que « demain soit plus beau » (c’est le slogan final). Là encore, c’est avec la fin du clip que l’évocation des événements politiques se fait plus précise, lorsque, sur fond de paroles où il est question de demander l’impossible, la caméra dévoile la désormais incontournable place Tahrir.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Bien sûr, tout est beau et sans violence dans le monde enchanté de la pub ! Bien sûr, c’est loin d’être la première fois que la « réclame » pille l’imaginaire politique révolutionnaire en général et la contre-culture en particulier (Ted Swedenburg rappelle ainsi que Coca et Pepsi ont naguère accommodé à leur sauce l’underground américain des années 1960).

La révolution, presque un business forum

Mais au moins, dans l’exemple américain, la récupération a-t-elle eu lieu a posteriori. On peut être ainsi quelque peu choqué à découvrir, dans le centre de Beyrouth en avril, alors que le printemps arabe n’était pas si loin, cette publicité qui associe la participation à un business forum à une manifestation de rue…

Mais on est franchement atterré quand on découvre dans le centre de la capitale de la Syrie cette publicité qui fait sans doute allusion aux codes vestimentaires des supporters de foot mais qui fait surtout irrésistiblement penser aux manifestants pro-régimes, alors que les « événements » (comme on disait en métropole autrefois lorsqu’il s’agissait de l’Algérie) ont vraisemblablement déjà entraîné la mort de près de deux mille personnes…

Plus bête que méchant en revanche, ce clip du jeune chanteur libanais Sijal Hachem pour sa chanson Khalas (la version libanaise du kifaya égyptien) où l’on voit de beaux mâles derrière des barbelés enflammer, masque sur le nez, des pneus. De superbes créatures hésitent – comme l’armée égyptienne ? – entre répression et séduction !… Sommet de la métaphore érotique (volontaire on l’espère), le puissant jet de la lance à eau… qui noie l’hybris des manifestants ! Le tout se termine par un interrogatoire… troublant (surtout quand on pense aux méthodes trop souvent utilisées dans la région…)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Les noces de la publicité et de la politique ne sont pas si anciennes que cela dans le monde arabe (2005 est sans doute une date repère : voir ce billet). Aujourd’hui encore, plus d’un régime (par exemple en Syrie : voir ces deux billets, 1 et 2) hésite entre la bonne vieille propagande de papa et la communication politique moderne et ses spin doctors. Patrie d’une bonne partie des « créatifs » de la publicité arabe et base régionale d’un certain nombre de grandes agences internationales, le Liban a été l’un des premiers terrains où des forces politiques opposées (en l’occurrence les camps du 7 8 (!) et du 14 mars) se sont clairement livré bataille par campagnes médiatiques interposées (voir ce billet).

Et le Liban est encore le lieu où cette communication politique a été non seulement tournée en dérision (sur ce plan, on trouverait facilement d’autres exemples ailleurs), mais également, « retournée » tout court, c’est-à-dire déviée de ses objectifs politiques pour être rendue à ses fins premières, faire de la réclame pour des produits de consommation (voir, dans ce billet, les réemplois publicitaires de la campagne J’aime la vie).

Comme le suggère l’auteur(e) d’un article à ce sujet sur le site Muslimah Media Watch, la révolution du Printemps arabe est non seulement télévisée, mais aussi marchandisée et sexualisée !


Article initialement publié sur Culture et Politique arabes sous le titre : “Dieu que la révolution est jolie ! Le printemps arabe© est en vente…”

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Du bon usage des photos de stock http://owni.fr/2011/06/28/du-bon-usage-des-photos-de-stock/ http://owni.fr/2011/06/28/du-bon-usage-des-photos-de-stock/#comments Tue, 28 Jun 2011 06:20:03 +0000 Patrick Peccatte http://owni.fr/?p=71899 Le service TinEye de la société canadienne Idée était depuis 2008 le seul outil gratuit permettant d’effectuer des recherches inversées d’images. La nouvelle fonctionnalité Search by Image [SbI dans la suite de ce billet] proposée récemment par Google Images porte désormais ce type de recherche à une échelle bien plus vaste. Cette nouveauté a d’ailleurs été accueillie sportivement mais avec un peu d’inquiétude par TinEye.

La base de TinEye référence des images ajoutées par un robot crawlant le Web. Mais elle contient également des images provenant de contributeurs partenaires tels que GettyImages, iStockphoto, Photoshelter, etc. Il s’agit là d’un point fort du service puisque ces collections intégrées constituent une partie organisée et contrôlée de la base indexée permettant à l’aide du moteur d’identifier parfois l’origine probable d’une image utilisée sur le Web.

Cependant, bien que TinEye revendique deux milliards d’images indexées, sa base demeure peu volumineuse par rapport à celle du mastodonte Google Images. Et surtout, l’utilisateur ne peut effectuer qu’un nombre limité de recherches: 50 dans une même journée et 150 par semaine. Pour s’affranchir de cette limitation, il doit souscrire un abonnement commercial qui autorise aussi l’automatisation des recherches à l’aide de l’API du système.

Le service gratuit et grand public de TinEye apparaît donc comme un produit d’appel – au demeurant fort utile – qui permet à la société Idée de proposer ensuite une offre commerciale comme il en existe d’autres réservées au monde professionnel

Google SbI quant à lui opère sur une base d’images bien plus grande que TinEye et n’impose pas de limite dans le temps au nombre de recherches effectuées. Par contre, toutes les images retrouvées proviennent du crawling réalisé par les robots du moteur. Aucune image indexée n’a été préalablement sélectionnée et éditorialisée dans une collection fournie par un prestataire quelconque. Ces différences majeures conduisent donc à considérer que pour un utilisateur “lambda” n’ayant pas investi dans un service professionnel, TinEye et Google SbI sont complémentaires plutôt que concurrents.

Analyser l’utilisation des photos de stock

Jusqu’à l’apparition de Google SbI, seules des recherches inversées très ponctuelles étaient possibles à l’aide de TinEye; il n’était guère envisageable de réaliser une analyse exhaustive des images utilisées sur un site complet, sauf à acquérir une licence d’un logiciel professionnel (et encore…). La conjugaison des deux services permet dorénavant de conduire rapidement des études intéressantes sur les utilisations des photos de stocks par les sites d’entreprises ou institutionnels. Voici quelques exemples.

Soit le site daucy.fr d’une marque bien connue sur le marché des légumes en conserve

Une analyse globale de ce site permet d’identifier 627 images différentes réparties ainsi:

  • 352 photos de produits comportant le nom de la marque,
  • 68 images “de service” (boutons, lignes, signes graphiques divers),
  • 207 photos d’illustration choisies d’après le contexte de la page où elles apparaissent mais qui ne comportent pas le nom de la marque.

La méthodologie suivie pour repérer les images de stock utilisées est simple. Elle ne concerne bien évidemment que la dernière catégorie d’images. Deux “filtres” successifs sont mis en œuvre. Il s’agit d’analyser d’abord chacune de ces 207 photos à l’aide de Google SbI. Ensuite, les photos qui ne paraissent pas issues de banques de stock selon ce premier crible sont analysées à l’aide de TinEye.

Le procédé permet de repérer rapidement 106 photos clairement issues de banques de stock et 101 photos qui, selon nos deux logiciels détectives, sont inconnues ailleurs que sur daucy.fr. Mais cette répartition presque exactement à parts égales ne constitue en fait qu’une limite basse pour les photos de stock. Tout d’abord, le service TinEye n’a pu être utilisé dans cette expérience sur toutes les images que nous souhaitions analyser en raison des limitations temporelles expliquées ci-dessus. Ensuite, le fait qu’une image ne soit pas reconnue dans les index de Google SbI et TinEye ne signifie pas qu’elle ne provient pas d’une banque de stock. C’est ainsi que les nombreuses photos de recettes qui figurent sur le site en question proviennent presque certainement toutes de microstocks ou de banques généralistes ou spécialisées dans le culinaire qui demeurent à l’écart des crawlers des deux services. Au final donc, seule une poignée de photos d’illustration de ce site ont été réalisées expressément pour le commanditaire. La plupart des images où ne figurent pas le nom de la marque n’ont aucun lien avec la réalité de l’entreprise. Ce sont des images décoratives composées a priori et partagées par de nombreux autres sites.

Distinguer les photos de stock des photos originales

On rétorquera sans doute que ce phénomène d’utilisation massive des images de stock est bien connu. Certes, mais il est désormais possible de quantifier précisément le ratio entre photos de stock et photos originales utilisées sur un site. Et pour les raisons qui viennent d’être données, ce ratio sur lequel les studios graphiques ne communiquent pratiquement jamais est toujours plus élevé que celui établi par l’investigation réalisable maintenant avec la recherche inversée. Cette possibilité d’analyse et de quantification d’une pratique très répandue est certainement nouvelle. On peut cependant aller plus loin en examinant plus précisément la nature de ces images partagées et détecter ainsi quelques utilisations curieuses ou même problématiques des photos de stock.

Examinons par exemple la page intitulée “Les légumes : indispensables pour un repas équilibré“:

Les trois images sont des photos de stock provenant des banques Getty Images (1) et iStockphoto (2 et 3), et elles sont utilisées sur de nombreux sites variés comme on peut s’en rendre compte à l’aide des requêtes suivantes sur Google SbI: 1, 2, 3.

En fait presque toutes les photos de légumes frais qui figurent sur ce site proviennent de stocks et un esprit un peu taquin pourrait penser que la marque préfère présenter ces belles images de produits appétissants plutôt que les légumes qu’elle utilise réellement

Mais après tout, une carotte est toujours une carotte et l’on peut estimer que ces images qui se retrouvent dans d’autres contextes que celui de l’entreprise n’ont pas grande importance. L’usage de photos passe-partout devient par contre plus problématique quand il s’agit d’images de personnes. Examinons maintenant la page “Dans les ateliers de production“:

En un clic, on s’aperçoit que la jeune femme en blanc qui illustre le paragraphe “Qualité” travaille aussi dans un laboratoire vétérinaire, dans le secteur pharmaceutique, dans le contrôle qualité, dans un laboratoire d’investigation criminelle, etc. Et toutes ces activités concomitantes se déroulent en Asie, en Europe, aux États-Unis.

Un autre clic nous apprend que la chercheuse en petits pois du second paragraphe est aussi secrétaire dans une agence du Crédit Agricole, teste des produits médicaux, participe au denier du culte en Allemagne, sans oublier qu’elle a aussi une carrière bien remplie d’astrologue.

La tromperie peut être encore plus flagrante. Pour ce dernier exemple, quittons nos légumes et observons le site de la très sérieuse Fédération Bancaire Française, sur sa page “Découvrez les métiers de la banque“.

Identifier les usages illicites

Lorsque l’on clique sur l’un des métiers mentionnés en lien, une fiche descriptive apparaît, souvent terminée par un témoignage. Tous les portraits qui accompagnent ces témoignages sont factices. Ce sont des photos de stock. Ainsi, Olivier (trader à Paris) poursuit de multiples carrières aux quatre coins du monde et Étienne (juriste en banque de détail) n’en finit pas de se démultiplier pour satisfaire tous ses brillants employeurs. Ces pratiques que l’on aurait pu croire réservées aux pires sites de rencontre passaient auparavant facilement inaperçues. L’honorable institution qu’est la FBF est pourtant bien coupable de bidonnages, moins spectaculaires mais aussi intéressants que celui qui vient de se dérouler sur TF1.

Témoignages bidonnés sur le site de la Fédération Bancaire Française

Les professionnels de la photographie ont en général bien accueilli Google SbI. Ils voient dans cette fonctionnalité une aide à l’identification des usages illicites des photos. Mais au delà de cette “chasse aux photos volées”, les services de recherche inversée constituent aussi des outils fort utiles pour l’amélioration des usages iconographiques. Les directeurs artistiques doivent devenir extrêmement attentifs lorsqu’ils choisissent des images. Il est indispensable qu’ils identifient systématiquement les usages passés éventuels d’une photo qui retient leur attention. Les agences peuvent aussi mettre en évidence auprès de leurs clients les effets pervers de la concentration et de l’assèchement des sources d’images. Les photographes enfin, disposent avec ces outils d’un moyen d’influencer leurs commanditaires afin de mettre en avant leurs images personnalisées et créatives.


Publié initialement sur Culture Visuelle – Déjà Vu sous le titre, Du bon usage des photos de stock
Photos et illustrations : captures d’écran

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Top 32 des publicités géantes sur immeubles http://owni.fr/2011/05/28/top-32-des-publicites-geantes-sur-immeubles/ http://owni.fr/2011/05/28/top-32-des-publicites-geantes-sur-immeubles/#comments Sat, 28 May 2011 14:49:26 +0000 Topito http://owni.fr/?p=64410 Anando


Nike


NationWide


Siemens


Axe

Kill Bill

Vodafone


Papier adhésif

All State


Mini


Alco (il y a écrit « lavez-moi » sur les vitres)

Cingular


Pantene

Coca-Cola

Electrolux


Nike


Marque inconnue


Absolut

Inception


Vérifiez votre gaz !


Red Bull


Mini

Ikea

Midea


Coca-Cola


Nike

LEGO

Law & Order


Havainas


Calvin Klein

Zhangbei Fitness


(Bonus) LEGO


Top réalisé par Alixou sur Topito

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Web + Marketing = Lady Gaga http://owni.fr/2011/05/27/web-marketing-lady-gaga/ http://owni.fr/2011/05/27/web-marketing-lady-gaga/#comments Fri, 27 May 2011 14:02:15 +0000 david-c http://owni.fr/?p=32028

THE WEB IS WHAT YOU MAKE OF IT

Eh bien Lady Gaga, elle, en a fait un puissant outil marketing. La tirade ci-dessus est tirée de la dernière vidéo promotionnelle pour Google Chrome feat. Lady Gaga. Une conception bien geek du net qui n’a plus de secret pour la Lady. A l’occasion du lancement de son nouvel album “Born This Way“, Gaga et son équipe de communicants ont élaboré une stratégie colossale avec à la clé une utilisation du web, des réseaux sociaux et du gaming, de manière exemplaire. Classé premier du classement Itunes dans plus de 22 pays, le nouveau né flirte avec le millions de téléchargements dès sa première semaine de mise en vente.

L’envergure universelle qu’a prise cette campagne promotionnelle rend sa présence web incontournable. Ce sont aussi des dizaines de partenariats activés sur la toile dont Zinga/FarmVille, Starbucks, Vevo, Hbo, Rdia, Itunes, BestBuy, Livestream, Gilt Groupe ou encore Amazon Cloud Player… il n’y a pas de doute, la Lady est LA reine du web-keting.

David C, auteur du blog advertisingtimes, nous offre un aperçu de cette opération hors du commun.

Aujourd’hui, un article un peu moins publicitaire mais plus marketing. L’actu pub n’étant pas au top et l’actu tout court ne parlant QUE de DSK, on va se tourner vers le marketing. Lundi, 23 mai sort le nouvel album de Lady Gaga : “Born This Way“, qu’on l’aime ou qu’on la déteste, on a tous au moins vu une fois, une action de Lady Gaga sur le net.

Parce que le net et Lady Gaga, c’est comme DSK et le sexe, c’est associé pour le meilleur et pour le pire. Bon, il s’avère que pour Gaga c’est pour le meilleur. En quelques points, nous allons voir comment la bougresse a construit presque tout son succès numérique grâce à un savant mélange de Community Management et de Challenge.

Site,Facebook et Twitter, construction et entretien d’une base-fan solide

Un compte twitter très actif

Première célébrité du monde à dépasser les 10 millions de followers sur Twitter, Lady Gaga est la première célébrité à comprendre et utiliser tout le potentiel de Twitter. Avalanche de tweets, utilisation active des logiciels photos type Twitpic, tirades romantiques envers ses fans, la Lady tweet et active une base fan acharnée. L’effet boule de neige est alors très rapide, plus elle se fait suivre, plus on la suit. Lady Gaga devient la reine de Twitter et le lui rend bien avec une vidéo dédiée.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Au delà de Twitter, Lady Gaga mise aussi sur Facebook. Avec plus de 34 millions de fans (!) la bougresse a un auditoire très large et surtout très réactif (joie des réseaux sociaux). A contrario de Twitter, les publications sont plus rapprochées dans le temps et surtout accompagnées d’un élément visuel, textuel ou sonore. La présence d’applications, de vidéos, d’une newsletter… donnent à la page tout son intérêt. Chaque annonce a le droit à plus de 10 000 likes en des temps records. Le noyau dur de la communauté ajoute des photos par centaines, le reste suit une page active où tout le monde n’a d’yeux que pour la star (logique).

En parallèle à ça, un site web qui se veut le plus complet possible. Des dizaines de rubriques et surtout du push-social. Les widgets Twitter et Facebook sont là pour inciter un maximum de visiteurs à aimer la page ou follower le compte. Il y a là une véritable volonté de fonder et entretenir une communauté active de fans. Tout est fait pour accéder au site, même sur des réseaux comme My Space, pourtant sur le déclin. De surcroît, un forum et une boutique, destinés au noyau dur de la communauté, permettent un site ouvert et dynamique.

Site complet et actif + Page Facebook massivement aimée et commentée + Compte Twitter à la limite de l’explosion = Base Fan composée à la fois de purs fans et de simples amateurs, tous concentrés autour d’au moins un des trois endroits dédiés.

Born This Way : terrain de jeu numérique

Le dernier opus de la chanteuse, “Born This Way” est sans hésitation l’un des premiers albums dont la promotion est autant axé réseaux. Sur 14 morceaux, ce sont déjà quatre d’entre eux (“Judas”, “Born this Way”, “The Edge of Glory” et “Hair”) qui ont été publiés en exclusivité sur la chaîne VEVO de la chanteuse, avant la sortie officielle de l’album prévue le 23 mai 2011. Mais certains ont eu le privilège d’avoir l’album en exclusivité, avant la sortie mondiale.

Pas de concours ou autre tirage au sort, mais le simple fait d’avoir un Samsung. En effet, première nouveauté, la miss a laissé la possibilité d’écouter l’intégralité de l’album gratuitement via une application téléchargeable depuis les mobiles Samsung. Possibilité également d’écouter l’album si il y a “Like” de la page dédiée sur Facebook. Un gros coup de marketing pour cette association Gaga-Samsung, qui laisse les fans aux anges.

Deuxième fait, l’association Vanksen-Samsung-Gaga. L’agence et la firme coréenne ont en effet créé un concours vidéo “French This Way”. Le but ? Publier sa vidéo dédiée à la star et, selon le nombre de vues, gagner différents lots. Dont LA rencontre avec la star. Une nouvelle occasion de challenger la base fan et de faire le buzz. Un évènement franco-français qui met les fans à contribution… toujours dans un but promotionnel.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Au delà de ces opérations plutôt classiques, dans leur fonctionnement, Gaga a décidé (avec sa puissante équipe de communicants) d’investir les réseaux sous une autre forme. A travers le… Gaming. Puisque le gaming est sans hésitation la tendance des marques, pourquoi s’en priver ? Et quoi de mieux que d’y aller par la grande porte, avec le mastodonte Farmville. Le jeu aux millions de fans sur Facebook s’est associé à la star pour lancer… GAGAVILLE. Les internautes jouent et peuvent une nouvelle fois, gagner des places de concerts, des albums, des morceaux etc… Un nouveau moyen de jouer sur la viralité en combinant Facebook et du gaming.

Gagaville by Farmville

Cet album est donc résolument accès sur les réseaux. Association avec Samsung, viralité du gaming, concours vidéos, possibilité de découvrir de nouveaux morceaux, autant d’exemples qui nous montrent la façon dont les communicants de Gaga maîtrisent le Web 2.0. La base-fan est challengée, le buzz prend, l’album est cité. La promotion numérique passe par de nouveaux aspects, notamment Farmville, et permet à Gaga de confirmer son statut de reine des réseaux.

A deux c’est toujours mieux

La page du créateur avec la Gaga Touch

Au delà de toutes ces innovations, la chanteuse mise aussi sur les partenariats. Dernièr en date avec Jean Paul Gaultier. Création d’un documentaire-interview, le document est évidemment mis en avant sur… Facebook. Page dédiée et nombreuses photos, toujours dans la logique de promotion virale. La page de Gaultier elle même est réquisitionnée.

La page dédiée - Gaga By Gaultier

Autre association : Starbucks. Présente sur le blog de la marque, la chanteuse y va de son petit grain de sel pour promouvoir l’album et permettre ainsi à Starbucks de confirmer son statut de leader, de café de star etc…

Lady Gaga s’associe à Google ! Un nouveau coup Webketing

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Déjà reine du marketing et du placement-produit dans ses différents clips, Lady Gaga a pris en compte l’importance de la base fan et des réseaux sociaux. De monstre marketing, elle s’est transformée en monstre des réseaux.

Les différents comptes de la star sont autant des tribunes ouvertes pour une communauté dont elle sait prendre soin. Omniprésente sur le net, elle s’affirme comme reine du Web-keting quand on la voit exploiter les ficelles du Gaming, créer des challenges vidéos ou des applications mobiles pour promouvoir l’album. Les équipes de communicants de la star exploitent à fond les tendances, qui, pour l’instant, le lui rendent bien.

A lire : “How Lady Gaga created a web marketing spectacle for Born This Way” sur Mashable

Article initialement publié sur : advertisingtimes

Crédits photos CC flickr : mathe-kr

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Gagnez en efficacité sur Twitter http://owni.fr/2011/05/23/gagnez-en-efficacite-sur-twitter/ http://owni.fr/2011/05/23/gagnez-en-efficacite-sur-twitter/#comments Mon, 23 May 2011 14:14:20 +0000 Culture Conseil http://owni.fr/?p=31978 Culture Conseil est une agence spécialisée en stratégies de communication sur Internet et en web-marketing culturel. Nicolas Bariteau (@cultureconseil), après avoir participé à des projets pure-player d’envergure (Evene.fr – Groupe Le FigaroRue89.com, ou Mk2 Multimédia) en tant que responsable web marketing, business development et directeur de la publicité online, choisit de se mettre au service des acteurs culturels et collectivités publiques souhaitant disposer d’une expertise en la matière.

Shane Steele, directrice commerciale et marketing de Twitter s’est récemment exprimée sur le système publicitaire de Twitter, autrement dit principalement les “Promoted Accounts”, “Promoted Trends” et “Promoted Tweets” et les bonnes pratiques de rédaction des tweets pour plus d’efficacité. Bien entendu, les caractéristiques d’efficacité des “promoted tweets” s’appliquent également aux tweets communs (ces propos ont été résumés en 8 points par John Bell dans son billet traduit sur le blog Choblab et repris ci-dessous).

Selon Shane Steele, la qualité des tweets les plus engageants pour les followers repose sur 8 critères :

Lien : 98 % incluent des liens
Hashtag : 72 % utilisent des hashtags
Temps réel : 70 % sont relatifs à du contenu frais
Call to action : 40 % incitent à passer à l’action (cliquer ici !)
Exclamation : 40 % utilisent le mode exclamatif (nouveau !)
Nouveau produit : 38 % annoncent le lancement d’un nouveau produit
Question : 24 % posent une question
Ludique : 22 % sont liés à un jeu ou un concours

Un tweet efficace pourrait donc présenter la forme suivante : « Téléchargez l’application iPhone du musée et gagnez 50 places pour l’exposition #Rembrandt qui vient d’ouvrir ! » ou « Envie de voir l’exposition #Rembrandt ? Gagnez des places en répondant à 3 questions sur notre site www.site.com. Faites vite ! Nombre de places limité ».

5 principes fondamentaux pour gagner des abonnés qualifiés sur Twitter

La course aux abonnés sur Twitter n’est pas une fin en soi, tout comme la course à l’audience pour un site Internet. Combien de personnes ont cherché à augmenter le trafic vers leur site grâce à un jeu concours puis à y fidéliser les joueurs ? Beaucoup. Mais pour quel résultats ? Toujours le même constat : une hausse de trafic aussi importante que passagère. Rappelons que la mise en place de jeux sert à récolter des adresses e-mail dans le cadre d’une stratégie relationnelle, soit constituer un fichier de prospects ou publics potentiels. En aucun cas, vous n’arriverez à les fidéliser.

Donc, si vouloir à tout prix développer le nombre de ses abonnés ne peut être une fin en soi, il n’en demeure pas moins qu’augmenter le nombre de followers s’avère nécessaire pour donner plus de visibilité au propriétaire du compte et favoriser la propagation des informations. Que vous soyez une institution culturelle, musées ou théâtre, un artiste musicien ou peintre, une association, une galerie d’art, le succès de votre communication sur Twitter passe nécessairement par le développement du nombre d’abonnés, mais de qualité bien entendu. Comme toujours, votre stratégie doit mêler quantitatif et qualitatif pour atteindre vos objectifs de communication de fréquentation ou de billetterie. Afin de formaliser quelques méthodes avérées pour avoir plus d’abonnés sur Twitter, Dan Zarella a réalisé une infographie (merci encore au blog Choblab.com pour l’info).

1. Dites et montrez qui vous êtes

Lorsque vous créez votre compte Twitter, ou celui de votre institution ou entreprise, Twitter vous demande de fournir 3 types d’informations personnelles : une description rapide de vous-même ou de la structure, un lien vers la page d’accueil de votre site, et enfin une image, votre portrait ou un logo. Ne négligez pas ces éléments, ils sont votre carte d’identité et vous caractérisent plus rapidement que la lecture de vos tweets ne peuvent parfois le faire. En navigant sur Twitter, vous pourrez vous rendre compte que nombreux sont ceux qui ne prennent pas le temps de le faire. L’absence d’image, photo ou création, remplacée par un avatar est pire que tout . Vous constaterez d’ailleurs que ces comptes ont généralement peu d’abonnés. Elle transmet le message suivant : « J’aime et je veux savoir ce que vous avez à dire, mais surtout ne cherchez pas à en savoir plus sur moi ». Bref l’antithèse de ce qu’est et permet Twitter.

2. Ne parlez pas que de vous

C’est là une évidence corroborée par les statistiques : les comptes Twitter qui ont le plus d’abonnés sont ceux qui s’ouvrent aux autres plutôt que de ne parler que d’eux-mêmes. Imaginez, comme aime à le dire Dan Zarella sur son blog, que vous rencontrez quelqu’un dans une soirée qui ne parle que de lui. Aurez-vous envie de prolonger ce monologue ? Je ne pense pas. Alors si vous voulez plus d’abonnés, parlez pour échanger et évitez un monologue.

3. Échangez et diffusez plutôt que de chercher à dialoguer

Quand vous comparez le taux de réponses des comptes Twitter avec plus de 1 000 abonnés et celui des comptes avec moins de 1 000 abonnés, vous vous rendrez compte que ceux qui possèdent le plus d’abonnés sont ceux qui répondent le moins. Bizarre, vous avez dit bizarre ? Et pourtant il s’agit d’une constante, que vous ayez 1000 abonnés ou 1 million. Twitter est moins un lieu et un outil de discussion qu’un espace d’échange et de partage d’informations. Vous pouvez bien entendu poser des questions ou rédiger vos tweets de manière à susciter des réactions ou une participation comme nous l’avons vu au début de ce billet, mais n’envisagez pas Twitter comme une messagerie. Utilisez plutôt Facebook pour cet usage là. Sur Facebook, on rejoint une communauté pour discuter, alors que sur Twitter, on suit des éditeurs et sources d’informations pour partager les plus pertinentes.

4. Affirmez-vous mais soyez réaliste

L’expertise proclamée est-elle un critère d’influence qui justifierait un nombre d’abonnés au-dessus de la moyenne ? Les chiffres parlent : non ! Les comptes Twitter qui utilisent des termes tel « guru » ou « expert » pour se présenter ou parler d’eux ont en moyenne moins d’abonnés que les comptes officiels. Vous n’êtes pas ce que vous dites, ce que vous dites et faites parle pour vous.
Attention donc, lorsque vous souhaitez vous abonner à un autre compte Twitter, regardez ce que l’auteur du compte publie plus que la manière dont il se présente. Comment identifier un relai d’influence ou un expert si vous en cherchez un ? Consultez la liste des abonnés des comptes à qui vous apportez du crédit, et de ceux à qui ils sont abonnés. Il s’agit finalement d’un outil de recommandation indirecte assez efficace.

5. Soyez critique, acceptez-la, mais sans dénégation ni agression

Les commentaires ou réactions négatives, voire agressives, feront plus fuir vos abonnés qu’elles n’en attireront. Si l’on vous attaque directement ou si l’on propage des informations erronées voire mensongère à votre propos, ne répondez pas sous le coup de l’émotion. Répondez en restant factuel et non agressif mais ne faites pas l’autruche. Si vous avez une critique à émettre, ayez la même approche.

Article initialement publié sur : culture-conseil

Crédits photos CC Flickr : erin-m; crobj; joelaz

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Obsolescence programmée : comment les entreprises entretiennent le cycle du jetable http://owni.fr/2011/05/01/obsolescence-programmee-comment-les-entreprises-entretiennent-le-cycle-du-jetable/ http://owni.fr/2011/05/01/obsolescence-programmee-comment-les-entreprises-entretiennent-le-cycle-du-jetable/#comments Sun, 01 May 2011 14:01:01 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=60399 Certains étudiants de la Sorbonne avaient pris l’habitude, comme leurs profs, d’aller faire recharger leurs cartouches d’encre dans cette petite boutique de la rue des Ecoles. Neutre, le magasin affichait des étalages de réservoirs « génériques » pour toutes les marques : Epson, Canon, HP, Brother… Mais la petite affaire a bien vite été confrontée à un problème de taille : parmi les nouveaux modèles, certains ne reconnaissaient QUE le matériel « propriétaire », reconnus par une signature matériel et une signature logicielle dans la puce. Quant aux petits malins qui voulaient réinjecter de l’encre avec une seringue dans les têtes d’impression, malheur à eux, la puce traquait le niveau. Mais, il faut comprendre les constructeurs : en obligeant leurs clients à revenir régulièrement acheter des cartouches, c’est 90% de leur chiffre d’affaires qu’elles garantissent ! Ce mécanisme qui enferme le consommateur dans un cycle perpétuel de renouvellement de matériel en lui fournissant des produits trop vite inutilisables ou irréparables a depuis quelques temps hérité d’une dénomination industrielle quasi mystique : l’obsolescence programmée.

Derrière ce terme abstrait se cache une somme de techniques industrielles et commerciales visant à un seul but : entretenir le cycle de consommation afin de faire tourner les usines et les flux de marchandises. Pour se faire, le plus simple reste encore de réduire le cycle de vie des objets par diverses options qui entretiennent des mécanismes nécessitant la recherche perpétuelle de la compression des coûts de mains d’oeuvre et un gaspillage considérable de ressources, que les actuelles tensions sur les matières premières accusent. Même si la méthode a devancé de beaucoup les « peaks » de prix sur les métaux rares et le cuivre.

Des ampoules jetables à l’iPad 2

Au lendemain de la Première guerre mondiale, c’est à la lumière du marché florissant des lampes à filaments que se conclut, avant même la signature du traité de Versailles, un accord entre les Alliés et l’Allemagne : le Hollandais Philips, l’Américain General Electric et l’Allemand Osram, ainsi que d’autres sociétés européennes et japonaises, s’accordent alors pour limiter la durée de vie de leurs ampoules et de maintenir leur prix élevé, sous l’égide du cartel Phoebus.

Mais c’est à la rencontre du taylorisme et de la crise que nait la possibilité (d’un point de vue technique) et la nécessité (d’un point de vue commercial) de stimuler le consommateur. Cité comme la première mention du terme « obsolescence programmée », un texte d’un certain Bernard London publié en 1932, évoqué dans le documentaire, pose ainsi le problème :

En un mot, les gens, pris d’un sentiment de peur ou d’hystérie, utilisent tout ce qu’ils possèdent plus qu’ils étaient habitués à le faire avant la dépression. Dans la période de prospérité qui précédait, le peuple américain ne continuait pas à utiliser chaque chose jusqu’à avoir totalement épuisé ses capacités. Ils remplaçaient les vieux objets par des neufs du fait de la mode ou de leur modernité. Ils se débarassaient de leurs vieilles maisons et de leurs vieilles automobiles bien avant qu’elles soient hors d’usage, se souciant à peine de savoir si elles étaient obsolète.

D’un point de vue industriel, il s’agit là d’atteindre un véritable Graal commercial : comment alimenter un marché déjà saturé ? Comment vendre des frigidaires, des voitures, des chaussures, quand tous les clients potentiels en sont déjà équipés ? Trois réponses s’offrent dès lors aux industriels :

  • la technologie : construire moins fiable, moins durable et non réparable.
  • le design : créer artificiellement, par un effet de mode, un effet de vieillissement prématuré en « démodant » les produits.
  • la législation : obtenir l’instauration de nouvelles exigences légales obligeant la « mise aux normes » par le renouvellement du produit.

Les trois méthodes ne sont pas toujours utilisées par les mêmes industries. Il est plus courant de trouver une obsolescence programmée d’ordre technologique dans des produits « blancs » (gros et petit électroménager) tandis que le vieillissement par le design et l’accélération de la succession des générations est devenu une spécialité des produits « gris » (ordinateurs, électronique domestique, etc.). Au croisement de ces deux méthodes, l’entreprise Apple a atteint une finesse remarquable : totalement propriétaire, les produits Mac sont très difficilement démontables (s’ils ne sont pas remis entre les mains du SAV maison, la garanti des MacBook saute ainsi automatiquement), ne disposent d’aucune interopérabilité (très difficile de changer de disque dur, de carte graphique ou d’optimiser les performances de l’objet, les pièces ne pouvant être fournies que par le constructeur lui-même) et font l’objet de mises à jour système et hardware très rapprochées.

Appuyées par de monstrueuses campagnes, obligeant les consommateurs « accros » à renouveler à des prix prohibitifs leurs téléphones, lecteurs MP3, etc., les produits Mac sont pourtant inscrit dans les mêmes circuits de production à bas coût de main d’oeuvre et matières premières bas de gamme. Leur sous traitant principal, Foxconn, voit une partie de la production de ses usines affublés des marques concurrents, tel que HP, Sony, Intel ou Dell.

Le «cartel des ascensoristes», ou l’obsolescence par la norme

Parmi les cas de « consommation forcée », le cas des ascenseurs se pose en exemple. Plaidant leur cause auprès de l’AFNOR, l’Association française des normes, les principaux fabricants de cabine (Thyssenkrupp, Koné, Otis et Schindler) ont ainsi profité de deux accidents mortels à Amiens et Strasbourg pour souffler leurs inquiétudes au ministre Gilles de Robien, qui donna son nom à une loi imposant un renouvellement massif du parc d’ascenseur pour raisons de sécurité à l’horizon 2013 et 2018. Coût total de cette mise aux normes ? 4 à 8 milliards d’euros pour tout le pays.

Or, selon un rapport de Ian Brossat, élu communiste de Paris, publié par le site Marianne2 en 2010, ledit chantier ne risque guère d’être profitable aux usagers : ce sont moins l’Etat initial des cabines qui est en cause que les défauts de maintenance, causés par la surcharge de travail des réparateurs. Défauts de maintenance à l’origine des deux incidents ayant motivés la loi de Robien…

Combinés, les effets sont pourtant bien ceux espérés : selon une enquête des Amis de la Terre et du Centre national d’information indépendante sur les déchets, malgré la saturation du marché des biens manufacturés en France depuis les années 1980, l’achat d’équipement électrique et électronique a été multiplié par 6 depuis le début des années 1990. Dans le même temps, d’après une enquête Que Choisir citée par ce rapport, la durée de vie du matériel « blanc » serait aujourd’hui en moyenne de 6 à 8/9 ans, contre 10 à 12 ans avant 2000.

Un mouvement général de valorisation de la consommation

Dernière pierre de cette arche, la durée des garanties est, depuis le début des années 2000, en chute libre. « Au cours de l’année passée, écrivait la journaliste Jane Spencer, du Wall Street Journal, la garantie des produits Dell Computer s’est effondrée de trois à un an. » Au même moment, les premiers iPod d’Apple inaugurait des durées d’assurance casse et réparation de 90 jours. Trois mois seulement. Permettant la réduction des coûts de main d’oeuvre par l’accès à d’incroyables réservoirs de travailleurs pauvres en Asie et en Afrique du Sud, la chute du Mur du Berlin a également permis de rendre jetable jusqu’au dernier bijou de technologie, faisant de la réparation un loisir d’écolo, de geek ou de nostalgiques des fers à souder.

Mais, derrière toutes les techniques, la « propagande » dans son sens premier d’influence des foules, reste le mécanisme le plus profond qui entretient, et légitime, le recours à ces méthodes aux conséquences écologiques et sociales catastrophiques. Plus que Bernard London, c’est chez Edward Bernays, père du marketing et de la communication politique moderne, qu’il faut trouver les véritables racines du consumérisme comme fait social total, au sens où il structure désormais nos représentations, nos pratiques sociales… et nos interactions humaines en général.

Dans un ouvrage paru en 1928, republié sous le titre Propaganda, ce Viennois sollicité par le président américain Woodrow Wilson pour convaincre les Américains d’entrer en guerre en 1917, raconte notamment comment il réussit à convaincre les femmes de fumer, pour le compte de la marque de cigarettes Lucky Strike. Perçu comme une activité masculine, la tabagie n’a gagné avec fierté le coeur des Américaines que quand Bernays eut l’idée de confier à quelques suffragettes des clopes de la marque, les invitant à provoquer leurs homologues masculins en tirant sur ces « Torchs of Freedom », « torche de la liberté ». Un renversant la représentation sociale et en prêtant de manière artificielle une dimension politique à un simple produit de consommation, il expérimentait un concept plus tard décodé par Noam Chomsky : la « fabrique du consentement ».

Avant même de s’insinuer dans le design industriel, parachèvement de la prise de pouvoir du marketing sur l’ingénierie, l’économie du non-durable est d’abord une construction sociale dont Victor Lebow, spécialiste de la distribution, théorisait le principe dans un article de 1955 selon une formule notamment citée dans le documentaire The Story of Stuff :

Notre économie surproductive [...] exige que nous érigions la consommation au rang de mode de vie, que nous convertissions l’achat et l’utilisation de biens au rang de rituel, que nous cherchions notre satisfaction spirituel, égotique dans la consommation… Il nous faut des objets consommés, consumés, remplacés et jetés à un rythme toujours plus rapide.

Sacralisée comme la preuve d’une vie productive et heureuse, la consommation permanente donne aux individus comme seuls objectifs l’accumulation et le remplacement de choses, plus ou moins glorifiées, polies par le design, au rang desquels le téléphone portable, la montre et la voiture deviennent le rosaire, le missel et l’icône. Des mécanismes qui, liés au plaisir de la destruction évoqué par Bernays, font fort penser à la « pulsion de mort », théorisée par Freud, et retrouvée par Gilles Dostaller et Bernard Maris dans les écrits de John Maynard Keynes.

Sauf qu’à l’époque, les deux économistes voyaient dans cette thèse une explication de la part maudite qui avait poussé le système à son autodestruction. Mais, au fond, rien n’oblige à faire de différence : les financiers, chefs d’entreprise et de grandes banques, ne sont que des consommateurs à une autre échelle. Et, à cette échelle là, on ne parle plus d’obsolescence programmée, mais de crises systémiques. Des crises qui, nous dit-on, sont nécessaires, elles aussi, à maintenir ce sacro-saint système.


Crédits photo : FlickR CC Siadhal ; George Eastman House ; MT23 ; Nicholas Marchildon

Retrouvez les autres articles de notre dossier sur l’obsolescence programmée: Réinjecter de la durée de vie dans la société du jetable, et “Prêt à jeter”, quand la nostalgie industrielle devient complotisme.

Image de une: CC Marion Boucharlat pour OWNI

[Mis à jour le jeudi 5 mai 2011 / 5è paragraphe]

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Publicité et chef-d’oeuvre http://owni.fr/2011/04/25/publicite-et-chef-doeuvre/ http://owni.fr/2011/04/25/publicite-et-chef-doeuvre/#comments Mon, 25 Apr 2011 08:30:46 +0000 david-c http://owni.fr/?p=57869 De très nombreuses publicités utilisent de près ou de loin à l’art dans sa globalité. Comme l’art est un concept assez large, maintes et maintes fois discuté (Vous vous rappelez de vos cours de philo ?) on ne va pas s’amuser à le définir ici.

La Naissance de Venus de Botticelli

La Cène – 12 sponsors publicitaires et un messie

L’original de Léonard de Vinci

Tableau mondialement connu et débattu, La Cène est sans aucun doute le tableau le plus repris dans la publicité sur les cinq cités ci-dessus. On le retrouve pour tout. Les 12 apôtres sont tour à tour remixés, modifiés, remplacés, dessinés… Jésus lui, devient le vendeur type.

La Cène, sans Jésus

Jésus et son téléphone portable

Jésus et les apôtres canins : contre l’abandon des animaux

Jésus seul… tous les autres devant la Fox

Jésus est une femme !

Le plus connu des détournements publicitaires de La Cène par Marithé et François Girbaud

Ancienne annonce pour Volkswagen

Re-belotte Jésus disparait

“Des repas inoubliables” – Restaurant La Table


La Cène
en pixels

Cette fois-ci, plus personne !

La Cène côté poker

La Cène qu’avec des rats


La Cène
en plein festival gay

Inutile de vous dire que l’ensemble de ces affiches ont fait l’objet de moultes réclamations du côté du Vatican. Certaines ont été critiquées et même censurées devant des autorités religieuses sévères. La Cène est donc particulièrement utilisée pour promouvoir absolument tout et n’importe quoi, sans exception.

Les Tournesols rayonnent pour vendre

Les originaux d’une longue série

Au même titre que La Cène, ce tableau fut bien utilisé par les annonceurs. Là l’humour y est moins présent et ce sont les couleurs qui sont bien plus importantes.  On retrouve des annonceurs variés mais qui cette fois ci ont un intérêt à revendiquer la couleur. Ex : peinture, appareils photo etc.
Lexus, qui fait de chaque tournesol un haut-parleur

Les Tournesols fermés et ceux fabriqués en détritus de crayon

Pixelisés ou tagués, toujours présents

Le Cri marchand de Munch

L’Original – 1893

Autre toile mondialement connue, Le Cri de Munch. Objet de toutes les réflexions liées à la torture et aux différentes états dépressifs, ce tableau est souvent utilisé par la publicité pour rire du cri.  Il y a dédramatisation d’un tableau pourtant lourd de sens.

Un sourire grâce à Daikin

Du noir et blanc, même contre les excréments

Cri devant le produit

Cri tourné en dérision

Minimalisme du Cri

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Le cri est aussi utilisé dans les spots, ici en 1997.

Arcimboldo et ses légumes

L’Automne et L’Été – XVIe siècle
Autre artiste de la Renaissance (avec de Vinci), Arcimboldo est lui très connu pour ses peintures des saisons toutes en fruits et légumes. Compositions aussi reprises dans la publicité. Des publicités évidemment plus liées à la nourriture.

4 visuels, 4 saisons

Beaucoup plus ancienne, la version de Perrier

320

Orbit et Roc. Idée du goût et de la fraicheur

Le monde carré de Mondrian

L’un des originaux

Pour finir, parlons maintenant de Mondrian. Figure de proue du mouvement De Stijl, il est particulièrement connu pour ses compositions reprises notamment par L’Oréal et Yves Saint Laurent. Du carré, des couleurs, la simplicité réutilisée.

La gamme L’Oréal en question

L’essentiel sans fioritures


Avec cet article on peut voir que les tableaux les plus connus sont particulièrement repris dans la publicité comme référent commun auprès du consommateur et surtout comme outil de proximité. L’annonceur légitime sa présence en utilisant un chef d’œuvre sans trop le dénaturer. L’église catholique veille au grain lorsqu’il s’agit des tableaux religieux et la plupart du temps ça marche.

Billet initialement publié sur Ad’Times by D

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Et si les concerts devenaient un luxe? http://owni.fr/2011/04/24/et-si-les-concerts-devenaient-un-luxe/ http://owni.fr/2011/04/24/et-si-les-concerts-devenaient-un-luxe/#comments Sun, 24 Apr 2011 11:00:29 +0000 Capucine Cousin http://owni.fr/?p=58895 Il y a quelques semaines, j’ai assisté à un concert de PJ Harvey à La Maroquinerie, une petite salle parisienne de quelques centaines de places, très prisée pour la qualité de son acoustique. Joli concert, j’étais à 4 mètres de PJ, que j’écoute depuis 15 ans et ses débuts avec le très énervé et jouissif Dry. Je n’ai pas boudé mon plaisir, malgré l’auditoire un peu froid…

Nous étions une poignée de privilégiés à voir la grande dame trash british, qui mêlait punk-rock et mélodies folk. D’autant plus privilégiés que la lady n’a donné que deux concerts en France ce printemps, à l’occasion de la sortie de son dernier album, Let England shake : l’un, à l’Olympia – tarifs prohibitifs (60 € la place) – , et l’autre, à La Maroquinerie, auquel j’ai donc eu la chance d’assister en tant qu’invitée… Comme l’ensemble de l’auditoire. Il s’agissait en effet d’un “concert privé”, auquel n’assistaient que des invités, et des gagnants à un jeu-concours organisé par les partenaires, Deezer et Arte Live Web. Eh oui ! Car ce concert organisé par la plateforme d’écoute de musique à la demande Deezer était réservé aux heureux internautes membres de sa communauté ayant gagné des places via un jeu-concours en ligne – et bien sûr aux habituels invités de ce genre d’événements.

Des prix prohibitifs

En résumé, outre un concert à prix prohibitif pour le commun des mortels (non-invités donc), bien loin derrière les places à 30 € de sa tournée de 2002 – preuve que la star néo-punk s’est embourgeoisée ? – ce concert très privé était la seule alternative. Les concerts seraient-ils devenus un loisir de luxe ?

Ou tout simplement, ce n’est peut-être plus une activité rentable pour les maisons de production… Une étude menée sur quatre ans par le Centre national de la chanson, des variétés et du jazz (CNV), publiée cette semaine, montre en effet la galère pour les jeunes artistes à se produire en tournées. Sur 650 demandes d’aide à la production déposées entre 2006 et 2009 (par de jeunes artistes, mais aussi par des musiciens confirmés comme Thomas Dutronc et Jean-Louis Murat), l’étude révèle une baisse de 22% de la durée moyenne par projet et un recul de 21% de la fréquentation. Ouch…

En fait, les “concerts privés” sont un format, une sorte de package de luxe très marketé en plein développement. Terriblement révélateur d’une industrie musicale en pleine déconfiture. En quête de nouvelles recettes. Depuis quelques années, ce nouveau format de concert se fait discrètement sa place dans les grilles de concerts. Il y a le cas particulier de concerts privés au premier degré – ces cas caricaturaux de chanteurs qui se produisent lors d’anniversaires de milliardaires, payés rubis sur l’ongle, ou qui font des sortes de gigantesques ménages, assurant l’ambiance musicale lors de défilés de mode ou de soirées corporate, comme le cas récent de Sting lors d’une teuf pour la lancement de l’Audi A8 (hélas… tout se perd).

Mais une autre sorte de “concert privé” commence à avoir les faveurs des majors : organisé par une marque, il est destiné à sa seule communauté, formé des gagnants à un jeu-concours en ligne, tirage au sort ou autre. On est bien loin du modèle de concerts simplement sponsorisés par des marques – radios, majors musicaux, marques de produits high-tech..

Des concerts qui relèvent autant de l’offre musicale que d’un nouveau package marketing, organisé – certes toujours par des radios et chaînes musicales, mais aussi des marques qui ont plus ou moins à voir avec cet univers : Deezer (le site de streaming musical) et Arte Live Web pour le concert privé de PJ Harvey, la Fnac pour ses Fnac Live (prochain jeu-concours : Moriarty…). L’occasion de générer des contenus exclusifs, qui seront accessibles en ligne à sa seule communauté : ce que propose SFR sur son portail SFR Live Concerts. Car l’opérateur téléphonique s’est lui aussi engouffré dans la brèche, en ouvrant son Studio SFR et ses showcases en 2008.

Co-branding et charity-business

Pour d’autres, les concerts privés sont un produit d’appel marketing pour attirer la clientèle prisée des djeuns… Jackpot pour la Société Générale, qui s’est associée à Universal Music pour organiser les concerts So Music. C’est en septembre 2008, lorsqu’ils ont lancé une carte bancaire co-brandée (un “nouvel espace publicitaire”, comme j’en parlais alors dans ce billet), “So’ Music”, destinée aux djeuns (important de les fidéliser.. pour qu’ils restent ensuite dans ladite banque), leur offrant entre autres des places de concerts à tarifs réduits… Concerts privés organisés exclusivement pour eux. Une forme de sponsoring d’un nouveau genre, en somme.

Même le charity business s’empare de ce format de micro-show exclusifs. Depuis le 4 avril, plusieurs chanteurs – Raphaël ouvrait le bal au Grand Palais – se sont succédés à des concerts privés réservés aux bénéficiaires d’un tirage au sort parmi des prêteurs (au minimum 20 euros) de MicroWorld, une plateforme de mircrocrédit qui met en relation prêteurs et entrepreneurs.


Article publié initialement sur Miscellanees.net sous le titre Les “concerts privés”: les concerts sont-ils devenus un loisir de luxe ?

Illustrations Flickr CC Christing-O et Silent(e)

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Artistes, vous êtes votre meilleur outil marketing http://owni.fr/2011/04/08/artistes-vous-etes-votre-meilleur-outil-marketing/ http://owni.fr/2011/04/08/artistes-vous-etes-votre-meilleur-outil-marketing/#comments Fri, 08 Apr 2011 15:58:46 +0000 Robin Davey http://owni.fr/?p=31504 Robin Davey est un musicien, réalisateur de films et producteur né au Royaume-Uni et vivant actuellement à Los Angeles. Avec son groupe The Hoax, il a eu les honneurs du British Blues Hall Of Fame à l’age de 23 ans. Son groupe actuel, The Bastard Fairies, a été le premier groupe à proposer son album en téléchargement libre sur internet en 2006. Cet album s’est écoulé à plus d’un million d’exemplaires.

Alors que les artistes rêvent que la musique avec un grand M occupe une place centrale dans l’industrie, dans la réalité, beaucoup d’éléments sont à mettre en place afin de pouvoir lancer une carrière.

Les dirigeants des maisons de disques et certains attachés de presse aimeraient vous faire croire que le grand M c’est pour le marketing. Ils adorent que tout le monde sache que c’est grâce à eux et leur stratégie qu’un artiste a émergé. En réalité, la raison pour laquelle un projet connait le succès, ça n’est ni grâce au grand M de marketing, ni au grand M de musique mais au grand M de “marketabilité” et cette qualité-là est entre les mains de l’artiste lui-même. Les artistes qui rencontrent le plus de succès, qu’ils soient mainstream ou qu’ils opèrent dans un genre de niche, sont ceux qui savent qu’il s’agit là de la clé pour grandir et vivre de son art.

Trop d’artistes échouent parce qu’ils mettent tous leurs oeufs dans le même panier. Ils négligent certains ingrédients qui, s’ils ne font pas clairement partie de l’équation, conduisent inévitablement à manquer des opportunités et à rater sa carrière.

La sphère dans laquelle vous pouvez faire connaître votre musique est plus large que jamais. Cela peut aller d’une couverture de magazine, à inciter un fan à partager votre dernière vidéo. Un magazine peut toucher des milliers de gens, ainsi inciter un millier de lecteurs à partager votre vidéo sur leurs profils, et le potentiel de la viralité exacerbe la portée de la publication physique.

Les stratégies aussi sont plus ouvertes. Etre un artiste des moins “marketables” peut bizarrement se trouver être un très bon outil de marketing, à condition que cette qualité soit utilisée à bon escient. Quoiqu’il en soit, ce sont les artistes qui doivent se montrer malins en étant conscients de ce qu’ils font et de la manière dont ils se présentent. Il n’existe rien de pire pour freiner une campagne qu’un artiste qui n’est pas à l’aise avec la façon dont on le présente.

3 éléments essentiels

Peu importe qui vous aide à marketer votre musique, il existe quelques éléments qui vous aiderons à être suffisamment marketable pour apparaitre en une de tel ou tel magazine, ou pour que des milliers de fans partagent vos liens sur leurs profils.

1. Vos compétences musicales :

Il existe une raison pour laquelle les footballeurs s’entrainent tout le temps; leur jeu doit rester à la pointe et leur forme demeurer olympique. Si vous souhaitez être un musicien pro, vous devrez adopter la même attitude. Votre esprit, votre voix et vos doigts devront être entretenus et devenir de plus en plus performants. Si vous pensez que votre talent inné suffira à faire votre notoriété, prenez l’habitude de n’être une star que pour vos amis et votre famille.

Quand quelqu’un parle d’une personne pour qui la musique coule de source, il ne fait pas référence à un être plus extraordinaire qu’un autre mais bien à quelqu’un qui a travaillé dur afin d’optimiser son talent, sans jamais baisser les bras. Le résultat de ce travail acharné, c’est que son aptitude à jouer devient naturelle. Nous pouvons tous marcher et parler, parce que nous le faisons constamment, tous les jours. C’est la même lorsque vous jouez d’un instrument ou chantez, vous devez vous plonger dedans dès que vous avez une seconde de libre.

Quand on monte dans un avion, on aime savoir que le pilote a effectué ses heures de formation. Quand vous êtes sur scène, vous êtes le pilote de votre public, et plus vous contrôlez le bon déroulé de leur soirée, plus ils seront receptifs.

2. Vos compositions

Une bonne composition est un excellent outil de marketing. Quoiqu’il en soit, n’avoir qu’une seule composition géniale, sans en avoir d’autres pour la soutenir, c’est se promettre une brillante carrière dans le karaoke plutôt qu’un succès aux VMA’s (MTV Video Music Awards, la grande cérémonie musicale de la chaîne aux Etats-Unis, ndt).

Tout comme l’apprentissage de la musique, la composition prend du temps afin de trouver le bon équilibre. Si par hasard il vous arrivait d’écrire et de sortir une chanson efficace trop tôt, elle pourrait condamner votre carrière à jamais. Plus vous écrirez, plus votre musique deviendra sincère et vos compositions meilleures. Trop d’artistes ne dépassent jamais le stade de l’imitation. Ils s’arrêtent de travailler pensant qu’ils ont découvert une formule qui leur permet de rencontrer leur public. Quand cette formule ressemble indéniablement à celle de quelqu’un d’autre, on peut trop souvent croire à tort qu’elle est marketable. Ce n’est pas le cas, car les gens sont capables d’entendre la différence. Même s’ils ne réussissent pas à vous le dire avec des mots, ils vous le feront comprendre en n’investissant pas à long terme sur vous et votre art.

Vous devez vous forger votre identité propre, sans quoi la comparaison avec Bob Dylan deviendra vite “il n’est qu’un Dylan de seconde main” et ça n’est pas bon pour votre carrière. Etre comparé à d’autres, c’est bien, mais si tout ce que vous pouvez faire c’est d’être comparé, vous ne tiendrez pas longtemps.

Ecrire vos propres chanson et être capable d’en écrire pour d’autres augmente considérablement votre marketabilité. Les collaborations sont très utiles quand il s’agit de séduire les fans des autres. Pas besoin de vous fixer tout de suite l’ambition d’écrire pour Lady Gaga; ça peut être pour un groupe local. Toute collaboration augmentera votre visibilité et votre merketabilitée.

3. Votre image

Comprendre ce qui vous va et vous met en valeur demande beaucoup d’implication de votre part. Il est très important que vous travailliez sur ce point. Ce n’est pas parce que vous réussirez à vous faire habiller par un super styliste pour une séance photo que vous n’aurez pas l’air de rien le reste du temps. Si vous savez ce qui vous va, vous pourrez tirer le meilleur de votre collaborateur sur ce point.

Pas la peine d’en faire des tonnes, pas la peine de vouloir choquer à tout prix, mais soyez d’être honnête et convainquant. Nirvana portait des jeans et des t-shirts déchirés, et les ados adoraient ça parce que ça leur semblait “vrai” et en cohérence avec leur style musical. Madonna a repoussé les limites de son époque avec succès parce qu’elle le faisait sans s’excuser. Tom Waits continue à jouer sur le personnage qu’il s’est crée, ce qui renforce son côté “authentique”.

Il n’y a pas de règle établie, mais si vous êtes un diplômé d’université orginaire des Hamptons (lieu de villégiature très uppé et prisé de la côte est des Etats-Unis, ndt), et que vous essayez d’incarner un vagabond californien, peut-être vous faut-il réviser votre stratégie. La meilleure façon d’être crédible est, comme je l’ai dit auparavant, d’être honnête. Si vous aimez faire semblant d’être quelqu’un d’autre, je vous conseille de devenir acteur. Au cas où vous ne seriez pas au courant, l’industrie de la musique ne paie pas très bien ces temps-ci, et la concurrence est féroce.

Le temps nous dira si le défilé de mode permanent de Lady Gaga donnera quelque chose sur sa carrière à long terme. Peut être que dans dix ans, en voyant un best of des années 2010 à la télé, on se dira “ah oui je me souviens d’elle, je crois qu’elle tient un karaoke dans le Texas, maintenant”. L’image de Gaga est clairement “marketable”. Est-elle durable pour autant ? C’est une toute autre question…

Pour conclure

L’honnêteté et le talent seront toujours les grands vainqueurs. Bien sûr, certains ont réussi dans le business de la musique et eu un minimum de succès pour de mauvaises raisons, mais il est de plus en plus rare que ce soit le cas. Vous voulez être célèbre ? Faites de la télé réalité, vos quinze minutes de gloire n’attendent que vous.

Vous voulez devenir un musicien à succès ? Dans ce cas, il faut vous accrocher. Comprendre qui vous êtes, pourquoi vous êtes comme ça, comment véhiculer tout cela au mieux etc. Cela demande du temps, de l’acharnement et, oh oui, une put*** de dose de boulot !

Article initialement publié sur Music Think Tank sous le titre “3 elements of music marketability” et traduit par Lara Beswick et Loïc Dumoulin-Richet

Crédit photos : Jinx!, Skip The Filler, agirregabiria

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Le cerveau est-il vraiment rationnel? http://owni.fr/2011/04/06/le-cerveau-est-il-vraiment-rationnel/ http://owni.fr/2011/04/06/le-cerveau-est-il-vraiment-rationnel/#comments Wed, 06 Apr 2011 10:49:15 +0000 Rémi Sussan http://owni.fr/?p=34495 L’homme est-il un animal rationnel ? Grave question qui, il y a encore peu de temps semblait destinée à remplir les copies du Bac de philo, appelant idéalement à l’élaboration d’une thèse-antithèse-synthèse : oui, non, p’têt ben que oui, p’têt ben que non.

Les récentes recherches sur notre fonctionnement cérébral pourraient bien changer tout cela en profondeur. La question philosophique devient aujourd’hui un sujet de recherche. Et que découvre-t-on ?

Animal émotionnel

Avant tout, que l’homme est un animal émotionnel, un rescapé des courses poursuites avec les prédateurs dans la savane, qui va raisonner bien plus souvent en fonction de ses « feelings » que de ses calculs. Proposez à quelqu’un le jeu suivant : à chaque coup, il a une chance sur deux de gagner 150 euros, ou d’en perdre 100 ; il peut parier autant de fois qu’il le désire. Dans la majorité des cas, les gens refuseront le deal. Pourtant, mathématiquement, les gains et les pertes s’annulent, et l’on a même 25% de chances de se retrouver gagnant au final. Plus bizarre, certains sujets atteints de lésions cérébrales se montrent plus doués [en] pour évaluer correctement de tels équilibres bénéfices-risques que les personnes saines. L’homo economicus aurait-il reçu un coup sur le crâne ?

De même, notre environnement détermine directement certaines de nos décisions. Vous désirez réchauffer l’atmosphère et mettre en confiance un client potentiel ? Eh bien réchauffez-la, littéralement ! Offrez-lui une tasse de café ou de thé plutôt qu’une boisson glacée : les chances de conclure l’affaire s’en trouveront augmentées, c’est du moins ce qu’affirme une recherche menée par des psychologues à Yale [en].

Plus étrange encore, l’homme est un très mauvais calculateur, renchérit Dan Aryeli, professeur d’économie comportementale et auteur de C’est (vraiment?) moi qui décide. Interrogez des sujets sur une date historique obscure (par exemple le mariage d’Attila). Naturellement ils proposeront un nombre au hasard, à la louche. Demandez leur juste après d’évaluer le prix d’un meuble. Ceux qui auront choisi les dates les plus basses seront également ceux qui donneront les prix les moins importants ! Ariely explique que les sujets ont “ancré” le premier chiffre dans leur mémoire et vont ensuite continuer leurs estimations en partant de cette “ancre”.

Il s’agit d’un exemple parmi des centaines. Les chercheurs continuent chaque jour de trouver des preuves du caractère foncièrement non rationnel de notre fonctionnement cérébral, à coup de tests statistiques, voire d’examens neurologiques directs, comme l’IRM. Même si, en réalité, il est difficile de tirer des conclusions précises de toutes ces expériences.

Refonder l’économie et la politique

On ne sait pas encore très bien ce qui se passe à l’intérieur du cerveau ; la méthodologie des tests peut toujours être remise en question. Quant à l’IRM, c’est loin d’être le lecteur de pensée miracle comme on veut parfois nous le faire croire. Toujours est-il que malgré ces incertitudes, il se passe quelque chose qui change définitivement les termes du débat. Certains pensent à refonder l’économie, voire la politique.

Daniel Kahneman, prix Nobel d’économie en 2002, est considéré comme le père de ce qu’on appelle l’économie comportementale et parfois même la neuroéconomie. Il a été le premier à tenter de bâtir une théorie économique sur le fonctionnement réel du cerveau, au lieu d’envisager un acteur idéal parfaitement raisonnable. Kahneman oppose le « système 1 » de pensée au « système  2 ». Ce dernier est notre mode de réflexion « classique », celui des intellectuels et des philosophes. Problème, il est lent à se mettre en place, et demande parfois plusieurs secondes pour nous faire parvenir à un choix. Le « système 1 » est celui qui a été mis en place dès les débuts de l’hominisation. Lui fonctionne bien plus vite.

Lorsque vous êtes poursuivi par un tigre à dents de sabre vous n’avez pas le temps de vous asseoir pour peser vos futures décisions ! L’ennui, c’est que le « système 1 » n’est pas adapté à des environnements peuplés de prédateurs autrement plus dangereux que les grands fauves, comme ceux de la salle des marchés de Wall Street ou du rez-de-chaussée des Galeries Lafayette. Toute la difficulté consiste à savoir utiliser le meilleur système selon les situations !

D’autres ont essayé d’adapter l’économie comportementale à la politique. C’est le cas de Richard Thaler et Cass Sunstein, qui, dans leur livre Nudge, essaient de redéfinir les politiques publiques du futur. Ils promeuvent une étrange idéologie, celle du libertarianisme paternaliste qui consiste, en lieu et place de lois et contraintes légales, à « pousser le citoyen » à choisir « spontanément » ce qui est le mieux pour lui et/ou pour la société.

Par exemple, dans le contexte des États-Unis, où les retraites sont proposées par l’entreprise, on n’offrirait plus au salarié de souscrire à une telle assurance, on l’inscrirait directement, à lui de faire l’effort de la refuser si tel est son désir. Un peu comme lorsqu’on vous offre un mois gratuit d’abonnement à un service, mais que vous devez spécifier votre souhait d’arrêter son usage avant la fin du mois, sinon vous passez automatiquement en mode payant… Une méthode de plus en plus utilisée et des plus irritante d’ailleurs !

Neuromarketing : la grande opération marketing ?

Cass Sunstein ayant pris en 2008 la tête de l’autorité des régulations au sein du gouvernement de Barak Obama, cela laisse présager que ce genre de pratique est appelée à devenir assez populaire. Naturellement, les commerciaux de tout poil se sont rués sur les conclusions de économie comportementale pour essayer de tirer des enseignements sur le consommateur à l’aide de tests ou d’examens cérébraux. Et d’essayer de voir à coup d’imagerie cérébrale si le consommateur préfère Pepsi ou Coca, ou même pour qui il va voter !

En novembre 2007, lors des primaires américaines, un article du New York Times [en], qui affirmait voir dans le cerveau des électeurs leurs préférences pour Hillary Clinton ou Barak Obama, avait déclenché une polémique dans la blogosphère scientifique. Force est de reconnaître que les appréciations des chercheurs n’allaient guère plus loin que les conclusions de l’horoscope hebdomadaire… Et plus grave, les auteurs de l’article étaient les chercheurs eux-mêmes [en] ce qui donnait à ce papier une allure de publi-reportage. De là à dire que le neuromarketing est avant tout… une opération marketing, il n’y a qu’un pas. Mais jusqu’à quand ? Les recherches progressent et rien ne dit que les spéculations pseudo-scientifiques d’aujourd’hui n’annoncent pas des méthodes qui pourraient s’avérer, demain, tout à fait efficaces.

>> Article initialement publié sur OWNI

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