OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Aliens au cinéma: le vrai d’UFO http://owni.fr/2011/08/04/super8-aliens-ovnis-culture-populaire-soucoupe-ufo/ http://owni.fr/2011/08/04/super8-aliens-ovnis-culture-populaire-soucoupe-ufo/#comments Thu, 04 Aug 2011 15:17:48 +0000 pierre lagrange http://owni.fr/?p=75392 Aujourd’hui (3 août 2011), sort sur les écrans, Super 8, du réalisateur américain J.J. Abrams (Lost, Star Trek etc). Le sujet rapidement : dans une petite ville américaine, en 1979, des adolescents passionnés de cinéma s’improvisent réalisateurs et acteurs pour tourner leur film d’horreur (qu’ils veulent présenter à un festival). Alors qu’ils tournent une scène de nuit en utilisant la gare voisine comme décor, ils assistent au déraillement, particulièrement spectaculaire, d’un train de marchandises. Mais s’agit-il d’un accident ?

Rapidement, le spectateur comprend que quelque chose se trouvait dans ce train. Quelque chose dont personne ne doit apprendre l’existence et qui attire dans le village une armada de militaires, pendant que des événements étranges et inquiétants se succèdent: phénomènes étranges, disparitions inexpliquées de personnes.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Révisez vos classiques!

Il serait dommage de dévoiler l’intrigue de ce film, très réussi à mon sens, pour ceux qui iront le voir. Disons qu’il est une remarquable évocation de la « mythologie soucoupique » et de l’univers du cinéma populaire américain de la fin des années 1970.

Évidemment, si vous ne maîtrisez pas bien vos classiques, vous risquez de manquer une partie de ce qui fait le charme de cette œuvre. Super 8 fait toute une série de clins d’œils aux films qui ont rendu son producteur, Steven Spielberg, célèbre, et notamment à Rencontres du 3e type (Close Encounters of the Third Kind, 1977) et ET (1982). Le groupe d’enfants engagés dans une partie de cache-cache avec les militaires est un écho à certaines scènes culte de ce dernier. L’opération de désinformation évoquant la dispersion accidentelle de matières dangereuses prétendument transportées par le train qui permet d’évacuer la population est un clin d’œil à Rencontres du 3e type.

Surtout, le film s’appuie sur un contexte précis. Évidemment, il est possible de l’apprécier sans maîtriser ce contexte, mais plus vous le connaissez, plus vous en profiterez. Super 8 emprunte à la « mythologie » de Roswell, de la Zone 51 et des conspirations pour cacher la vérité sur les ovnis. On constate qu’aujourd’hui, ce contexte est tellement bien partagé par la majorité d’entre nous qu’il peut servir de toile de fond à un film sans nécessiter au préalable d’explication particulière. Le même film n’aurait pas pu être tourné il y a vingt ans. On constate d’ailleurs qu’entre les films de l’âge d’or, comme La Chose d’un autre monde (The Thing, 1951), Le jour où la Terre s’arrêta (The Day the Earth Stood Still, 1951), Planète interdite (Forbidden Planet, 1956) et les films d’ovnis sortis ces dernières années, il y a souvent un fossé. On a souvent dit que les soucoupes des films des années 1950 et 1960 étaient inspirées par le contexte de la guerre froide.

Aujourd’hui, les films de soucoupes volantes s’inspirent des théories lancées par les ufologues (de UFO, Unidentified Flying Object, ovni en américain) sur des complots autour de soucoupes écrasées et récupérées en grand secret par l’armée américaine.

Quand Spielberg popularisait les soucoupes

Quand sommes-nous passés d’un registre à l’autre ? Un film incarne ce passage : Rencontres du 3e type, sorti en 1977. Le premier film qui ne s’inspire plus des films de soucoupes des années 1950 mais qui puise ses sources dans la « sub-culture » ufologique, la culture alors très marginale des amateurs d’ovnis. Steven Spielberg a écrit son scénario avec sur sa table de travail quelques ouvrages classiques, et notamment — ce que personne n’avait relevé jusqu’ici faute de connaître la culture ufologique aussi bien que la culture cinématographique, deux univers populaires qui s’ignorent — le livre de l’astronome américain et ex-conseiller de l’air force J. Allen Hynek, The UFO Experience : A Scientific Inquiry (1972, Hynek deviendra d’ailleurs le consultant du film et fera une apparition à la fin, parmi les savants réunis sur la “face cachée de la lune”). Les histoires mises en scène dans Rencontres sont inspirées des grands faits divers du milieu des années 1960 impliquant des ovnis. Notamment la poursuite d’objets lumineux par des voitures de police, qui transpose à l’écran une histoire tout à fait réelle [en], celle du policier américain Dale Spaur. Après son observation, sa vie bascule comme bascule la vie de Roy Neary dans le film. Il perd son travail, sa femme le quitte. Avec Rencontres du 3e type, Steven Spielberg est le premier à extraire l’ufologie de sa marginalité culturelle. Et avec quelle maestria!

Mais, malgré son impact formidable à l’époque, Rencontres du 3e type ne va pas demeurer dans la mémoire collective. Pas autant que des films comme Star Wars par exemple, qui s’inspirent d’une conception beaucoup plus « classique » de la science-fiction : le “space-opéra”, né dans les pulps des années 1920. Il faut dire que Rencontres n’a pas eu de suite (l’Édition spéciale sortie en 1980 ne peut réellement être considérée comme une suite, tout au plus une tentative des studios pour capitaliser sur le succès du film en proposant quelques images inédites qui, à l’exception de la scène de la découverte du Cargo dans le désert de Mongolie, altèrent la qualité de l’œuvre).

Pourtant, aujourd’hui, les thèmes mis en scène dans Rencontres du 3e type en 1977 — manipulation orchestrée par l’armée, problèmes rencontrés par les témoins, caractéristiques des phénomènes, pannes de courant, calages de véhicules, etc — nous sont désormais familiers. De quand date cette familiarité, notamment avec la théorie de la “conspiration pour étouffer la vérité sur l’affaire de Roswell” ? Peut-on seulement la dater ? C’est possible et même de façon très précise : c’est au cours de l’été 1995 que l’affaire de Roswell et l’histoire des secrets américains sont devenus des éléments de notre culture générale.

La théorie du complot

Rappelez-vous : à l’été 1994, la première saison de la série télévisée X-Files, avec les inoubliables Fox Muler et Dana Scully, est diffusée sur M6. Mais à l’époque, la série ne passionne pas le public français. Et le nom de Roswell évoqué par les deux enquêteurs du FBI ne leur rappelle rien. Ce nom est tellement peu connu que même les traducteurs de la série s’y perdent. Dans un épisode, ils commettent une erreur en traduisant des lignes de dialogue de Fox Mulder. Les traducteurs croient que l’enquêteur du FBI parle d’une personne qui s’appelle Roswell, et non d’une ville du Nouveau-Mexique où une soucoupe se serait écrasée en 1947. Conséquence : une erreur de traduction qui passe inaperçue, des téléspectateurs sauf des quelques spécialistes qui regardent — et apprécient déjà !— la série. Pourtant, la première saison passe relativement inaperçue.

Aux États-Unis, la série connaît déjà un grand succès. En effet, la culture ufologique y est plus largement diffusée. Depuis le début des années 1950, grâce à un auteur nommé Frank Scully (rien à voir avec Dana Scully), de nombreuses rumeurs de crashs de soucoupes volantes ont circulé. Outre le film Rencontres du 3e type, l’auteur à succès Charles Berlitz, connu pour ses best-sellers sur le Triangle des Bermudes, publie en 1980 un livre, The Roswell Incident, le premier qui dévoile l’histoire d’un crash de soucoupe dans les environs de Roswell. Le livre est un best-seller. Également et surtout, en 1994, au moment où X-Files commence à être diffusé, le Congrès américain s’intéresse à cette histoire sous la pression des contribuables de l’État du Nouveau-Mexique et de son Sénateur, Steven Schiff. L’US Air Force est sommée de s’expliquer sur ce qu’elle aurait pu cacher. Elle rend public un volumineux rapport rempli de copies d’archives autrefois secrètes. Oui, quelque chose est bien tombé à Roswell. Oui, la chose était secrète et l’armée a caché la vérité. Non il ne s’agissait pas d’une soucoupe, mais de ballons équipés d’appareils destinés à espionner les Soviétiques et leurs progrès dans le domaine atomique. Une partie de l’opinion pense que l’armée continue à cacher quelque chose.

En France, où tout cela est peu connu (la simple idée que notre Assemblé Nationale puisse exiger de l’armée de l’air la vérité sur les ovnis nous paraît un scénario de série B), X-Files ne connaîtra le succès qu’au moment de la diffusion de la deuxième saison en 1995. Mais quel succès! Un véritable phénomène de société! Pourquoi ? Que s’est-il passé dans l’intervalle qui a familiarisé le public français avec les thèmes de la série ?

Ce qui a permis de populariser la série X-Files, c’est la diffusion, par un producteur anglais, auprès des grandes chaînes de télévision, d’une mystérieuse vidéo montrant l’autopsie d’un prétendu ET tombé à Roswell. Diffusé en France par TF1, cette vidéo d’autopsie provoque une controverse nationale en France au cours de l’été. Les Guignols s’emparent même de l’histoire et mettent le pauvre ET autopsié à toutes les sauces.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Les articles et débats télé et radio se multiplient au cours de l’été. Tant et si bien, qu’à la rentrée 1995, plus personne n’ignore plus le nom de Roswell. Tout le monde sait désormais qu’en 1947 une soucoupe s’est écrasée avec ses pilotes, que l’engin et ses « Martiens » ont été récupérés par l’armée américaine qui a caché le tout dans une base secrète. Le nom de la Zone 51 (Area 51), une base militaire secrète localisée dans le Nevada, où seraient cachés soucoupes et pilotes se diffuse peu à peu (remplaçant l’ancien Hangar 18 de la base de Wright-Patterson, célèbre dans les années 1970, mais aujourd’hui bien oublié).

Pendant plusieurs années, grâce à son succès phénoménal, la série X-Files va populariser la thématique des crashs de soucoupes volantes et des secrets militaires sur les ovnis.

Ovnis au quotidien

Aujourd’hui, ces thèmes font partie de notre culture commune. Dans les années 1970, à l’époque où la télévision était étroitement contrôlée par l’État, il y avait très clairement une culture officielle (« les soucoupes n’existent pas et sont une croyance populaire », pour en parler à la télé, on invitait un psychiatre et un astronome sceptique) et une sous-culture marginale (celle des passionnés d’ovnis, regroupés en associations loi 1901, éditeurs de petits bulletins ronéotés introuvables). Aujourd’hui, avec la multiplication des chaînes privées et des sources d’information sur Internet, nous assistons à la coexistence de plusieurs cultures : nous sommes tous un peu amateurs de complots et la façon dont l’actualité est présentée par les grands médias emprunte beaucoup aux codes de ce qui était autrefois une culture marginale. Regardez les actualités, elles regorgent de révélations sur des conspirations. Impossible d’évoquer l’actualité politique ou la finance internationale sans évoquer les complots que les banques et les grands trusts industriels, pétroliers ou de l’agro-alimentaires, mettent en place pour étendre leur pouvoir.

Dans un tel contexte, et après les bouleversements opérés sur nos cadres de pensée après les attentats du 11 septembre, où la réalité et la fiction se sont brutalement télescopées, la « croyance aux ovnis » est de moins en moins vécue comme une culture marginale. Entre les années 1970 et aujourd’hui, nous sommes passés d’une hiérarchie stricte entre les « savoirs » et les « croyances » à une cohabitation des cultures.

Super 8 n’est pas comparable à Rencontres du 3e type ni à ET, mais c’est un vrai bon film populaire. Les amateurs du genre ne seront pas déçus. Ceux qui avaient alors l’âge des héros du film se souviendront des histoires de soucoupes ou de zombies qu’ils écrivaient à la fin des années 1970 sur leurs cahiers d’écoliers, et finissaient parfois par tourner à l’aide de la caméra super 8 empruntée à leurs parents.

Billet initialement publié sous le titre “Super 8” sur le site Culture Visuelle

Illustrations: Flickr CC PaternitéPas de modification Markusram / capture d’écran de la Une du Parisien du 4 août 2011

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UFO: retour dans l’espace des 70’s http://owni.fr/2011/06/04/ufo-retour-dans-lespace-des-70s/ http://owni.fr/2011/06/04/ufo-retour-dans-lespace-des-70s/#comments Sat, 04 Jun 2011 12:20:35 +0000 Jean-Noël Lafargue http://owni.fr/?p=66094 Entre les succès de Thunderbirds (1965) et de Cosmos 1999 (1975), Gerry et Sylvia Anderson ont produit la série UFO (1970), discrètement diffusée en France quinze ans plus tard sous le titre Alerte dans l’Espace.

Dans UFO, la terre de 1980 doit se défendre contre une menace extra-terrestre : des vaisseaux spatiaux inamicaux visitent régulièrement la planète bleue et n’hésitent pas à détruire les centres de recherches dont les découvertes pourraient menacer leurs plans, ou à tuer des humains pour leur voler des organes, dans le but probable d’adapter leurs propres organismes aux conditions de vie terrestre. L’existence des extra-terrestres et leur hostilité sont cachés au public, c’est pourquoi le SHADO (Supreme Headquarters, Aliens Defence Organisation), organisation secrète de défense de la terre, a son quartier général dans un studio de cinéma et est dirigé par Edward Straker, un ancien militaire américain qui se fait passer pour un producteur de cinéma. Lorsqu’il appuie sur un bouton, son bureau apparemment normal s’enfonce sous terre où il peut rejoindre son équipe. Jolie mise en abyme : des producteurs de films de science-fiction racontent l’histoire d’une organisation future qui combat des extra-terrestres sous le masque de la production cinématographique. Dans le second épisode de la série, le studio Harlington-Straker emploie même son expertise en effets spéciaux non pour fabriquer de la fiction, mais pour supprimer toute preuve de l’existence d’une menace extra-terrestre sur des films et des photographies réalisés par deux pilotes d’essai.

Le SHADO opère dans l’espace, sur la lune, sur terre, dans les airs et sous les mers. Chaque section a sa propre base d’opérations, son personnel, son fonctionnement, et même son esthétique. Sur la lune, par exemple, les femmes portent toutes des ensembles argentés, des perruques violettes et un maquillage à la truelle qui leur donne l’air d’être des poupées.

Les scénarios de UFO ne sont pas formidables, on peut les comparer à ceux de Thunderbirds : une alerte est déclenchée, il faut détruire les extra-terrestres, les forces du SHADO se mettent en branle, chaque corps d’armée tente quelque chose, ça rate, mais heureusement, in extremis, le dernier arrivé parvient à envoyer le bon missile au bon moment. Boum ! Certaines intrigues sont complètement invraisemblables et tirées par les cheveux. De nombreux thèmes perturbants (lavage de cerveau, contrôle mental, prélèvement d’organes,…) sont évoqués, mais le spectateur ne se sent jamais vraiment inquiet, nous sommes loin des sentiments paranoïaques suscités trois ans plus tôt par Les Envahisseurs ou Le Prisonnier.

Comme dans leurs autres séries, les Anderson ne se gênent pas pour réemployer les mêmes séquences : décollage d’un engin, arrivé en voiture dans le studio, départ des pilotes, etc. Je me rappelle que, enfant, je prenais un certain plaisir à identifier les séquences redondantes dans Cosmos 1999 ou les Thunderbirds. Cette cinématographie économique est tout de même un peu lassante à la longue et donne l’impression d’une série extrêmement répétitive.

Ce qui frappe, par contre, c’est l’ambiance visuelle de la série. Manifestement inspirés par 2001 : L’Odyssée de l’espace, les producteurs mélangent les véhicules-jouets et les uniformes de Thunderbirds à du design sixties-seventies futuriste où les meubles sont faits de plastique moulé oranges et où les costumes (tous dus à Sylvia Anderson) sont très variés. L’aspect général, tout en la préfigurant, est assez éloignée de la forme plutôt pure de Cosmos 1999. Entre autres détails, on remarque de nombreuses œuvres d’art qui rappellent l’art cinétique ou cybernétique — derrière le bureau de Straker on voit par exemple un tableau animé qui rappelle le Mur lumière ou le Lumino de Nicolas Schöffer.

Le monde de 1980, vu par Gerry et Sylvia Anderson, est un monde plus ou moins pacifié , où, comme dans Star Trek, les questions de conflits raciaux appartiennent à l’histoire ancienne et où les femmes sont prises au sérieux (comme militaires ou comme scientifiques, par exemple) tout en ayant le droit de s’apprêter avec soin et de montrer leurs jambes — possibilité qui s’avère fortement exploitée par le scénario. On notera entre autres, dans le premier épisode, une séquence pendant laquelle la charmante Gay Ellis s’habille derrière un miroir sans tain, tandis qu’un de ses collègues — qui ne peut la voir, mais nous ne le comprenons pas instantanément — lui parle.
Certains éléments de prospective technologique sont assez pertinents et s’intègrent avec un grand naturel dans l’univers de la série : la visio-conférence, les téléphones sans fil ou encore les téléphones portatifs (téléphone montre, par exemple).

Parmi les choses finalement bien vues dans UFO, il y a l’omniprésence des ordinateurs. Il s’agit pour l’essentiel de mini-ordinateurs équipés de lecteurs de bandes magnétiques et de boutons clignotant dans tous les sens, selon une esthétique installée depuis le milieu des années 1950 . On voit aussi de nombreux postes d’observation-radar semblables à ceux du projet Whirlwind de l’armée de l’air américaine. Des écrans affichent des messages en gros caractères, mais servent aussi à montrer des animations abstraites semblables à celles de John Whitney pour Westworld (1973). On les distingue mal mais cette utilisation décorative de l’affichage informatique, qui nous évoque anachroniquement les économiseurs d’écran inventés bien plus tard et qui s’inspire des osciloscopes, est d’une grande nouveauté pour l’époque.

Dans UFO, on trouve aussi un ordinateur autonome, SID (Space Intruder Detector), un satellite artificiel vide de toute présence humaine qui passe son temps à guetter l’arrivée de nouveaux objets volants extra-terrestres et à signaler leur activité. L’intérieur du satellite est composé de murs colorés. Lorsque l’ordinateur envoie un message, c’est avec une voix humaine dénuée d’affect.

Cet ordinateur, qu’on ne peut pas vraiment qualifier d’intelligence artificielle (ses messages obéissent à un protocole assez strict), est sans aucun doute inspiré par HAL 9000 (voix neutre, panneaux colorés qui rappellent la pièce où se trouvent les mémoires de HAL dans 2001), mais il semble « psycho-robotiquement » plus solide.

Dans UFO, l’ordinateur n’est pas utilisé que pour des raisons de tactique militaire, il sert aussi à analyser la personnalité humaine afin de vérifier l’état psychologique de chacun des quatre cent employés du SHADO. Dans l’épisode Computer Affair, par exemple, les tests réalisés par le psychologue sont analysés par un ordinateur qui conclut que le lieutenant Gay Ellis et le pilote Mark Bradley peinent à travailler efficacement ensemble car ils sont, sans se l’être avoué, mutuellement amoureux.

On notera qu’Ellis est « blanche » et que Bradley est « noir », ce qui rend leur Idylle plutôt inhabituelle pour la télévision de l’époque.

Même si quatre cent personnes sont censées travailler pour le SHADO, la distribution tourne avec un nombre de personnages redondants assez réduit : Le commandant Straker (Ed Bishop), chef autoritaire qui ne jure que par la logique et n’a pas peur de faire des sacrifices ; le robuste colonel Alec Freeman, ami et conseiller du précédent, qui est en quelque sorte la part d’humanité de Straker et est capable d’envolées lyriques telles que « je me moque de ce qu’en dit l’ordinateur » ; le colonel Paul Foster (Michael Billington), homme d’action recruté au second épisode ; le lieutenant Ellis (Gabrielle Drake), qui dirige la base lunaire ; le capitaine Peter Carlin (Peter Gordeno), qui commande le sous-marin Skydiver et pilote son avion — pour la petite histoire, l’acteur est à présent musicien et accompagne les tournées du groupe Depeche Mode. Parmi les autres acteurs de la série, on note Vladek Sheybal, qui apparaît dans une dizaine d’épisodes dans le rôle du psychiatre Jackson et dont la physionomie slave a connu un certain succès dans le cinéma d’espionnage puisqu’il a joué dans Bons baisers de Russie, Casino Royale, Billion Dollar Brain ou encore dans des séries telles que Le Saint ou Destination: danger.

À ce jour je n’ai pas eu le courage de regarder l’intégralité des vingt-six épisodes de la série, qui n’a ni l’ambiance cérébrale et désespérée ni les excellents acteurs de Cosmos 1999, série qui concrétise avec une certaine rigueur certaines pistes engagées dans UFO. Même la musique, composée par Barry Gray, semble être une ébauche de celle de Cosmos 1999.

UFO synthétise un certain air du temps mais conserve la naïveté des productions pour enfants que Gerry et Sylvia Anderson ont réalisé pendant la décennie précédente. On comprend que la série n’ait eu qu’une saison, mais il n’en est pas moins distrayant d’en visionner un épisode de temps en temps.


Article publié initialement sur Le dernier blog

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Humour dans les sciences: à la recherche du bon dosage http://owni.fr/2011/03/04/humour-dans-les-sciences-a-la-recherche-du-bon-dosage/ http://owni.fr/2011/03/04/humour-dans-les-sciences-a-la-recherche-du-bon-dosage/#comments Fri, 04 Mar 2011 16:48:44 +0000 Guillaume Fabre http://owni.fr/?p=34252 En lisant la célèbre série de SF, « Fondation », j’ai appris qu’avant de devenir un des écrivains de SF les plus populaires, Isaac Asimov était professeur de biochimie à l’université de Boston (School of Medicine).

Dans ce cadre, il avait réalisé que les chercheurs se faisaient parfois une mauvaise idée de la manière dont on réalise des progrès en sciences. Plus que l’illumination ou le travail acharné, il voulait mettre en exergue la part d’amusement et de curiosité quasi-enfantine qui motive les génies scientifiques.

« The most exciting phrase to hear in science, the one that heralds new discoveries, is not ‘Eureka!’ (I found it!) but ‘That’s funny’ … » qu’on pourrait traduire par « La chose la plus excitante à entendre en science, celle qui proclame de nouvelles découvertes, n’est pas « Eureka » (j’ai trouvé !) mais ‘C’est rigolo…’ ».

Peu d’amateurs de SF savent que cet auteur a publié des recueils de blagues (Isaac Asimov’s Treasury of Humor et Asimov Laughs Again) et donnait même la méthode pour bien les raconter.

Quand mon humour fait « Boum »

Dans le même genre, il faut aussi parfois s’imaginer les chercheurs du projet Manhattan enfermés à Los Alamos, en pleine création de l’arme qui repoussait les limites de la destruction, s’amuser souvent comme des gamins entre eux. Profitons-en pour donner une citation d’allure polissonne d’Oppenheimer qui dirigeait ce projet:

« Understanding is a lot like sex. It’s got a practical purpose, but that’s not why people do it normally » que nous traduisons par « La compréhension ressemble fort au sexe. Cela a un but pratique, mais ce n’est pas la raison pour laquelle les gens le font d’habitude ».

Feynman et Oppenheimer à Los Alamos

Dans ce groupe de physiciens atomiques, il y avait aussi le futur prix Nobel, Richard Feynman, qui a d’ailleurs repris cette citation à son compte (il était de nature très libérale sur tout ce qui touchait au sexe, au passage).

Feynman fut un grand vulgarisateur et ses interviews connaissent un grand succès sur Youtube. Par exemple, sur la vidéo qui suit, il explique comment fait un train pour rester sur les rails dans les virages alors que ses roues n’ont pas de différentiels : tout est dans la forme de la roue.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

L’humour et la fantaisie de ce prix Nobel étaient bien connus même si la vie l’a parfois affecté durement (sa femme est décédée lorsqu’il travaillait au projet Manhattan). Certains ouvrages qui narrent ses anecdotes orales ont été de grand succès comme « Vous voulez rire, Monsieur Feynman ! ».

One man show scientifique

Plus près de nous, parmi les personnes que je suis sur Twitter, il en est un qui s’est bombardé du nom de « Science Comedian » : Brian Malow. Ce comédien des sciences a d’ailleurs déposé un site du même nom.

Il faut souvent un minimum de connaissances scientifiques pour comprendre son humour. Ainsi, sur sa page « à propos », il fournit une citation de sa composition que je traduis directement :

« Les femmes sont passées dans ma vie comme des particules exotiques le font à travers une chambre à brouillard, ne laissant que des traces de vapeur comme indices pour que j’étudie leur nature ».

Il faut déjà savoir ce qu’est une chambre à brouillard (ou chambre de Wilson)… J’ai le regret de ne jamais avoir vu pour de vrai cette incroyable expérience de physique. Voici une démonstration au sein du plus célèbre des musées scientifiques au monde : l’Exploratorium de San Francisco (j’ai eu le privilège de visiter il y a 10 ans).

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Brian Malow a décidé de faire rire les gens avec les sciences, en adaptant le niveau à son auditoire. Pour les étudiants en sciences, les blagues puisent dans leurs connaissances et commencent souvent comme cela : « Un virus rentre dans un bar… » et s’ensuit une situation irréelle et cocasse.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Il s’est fatalement posé la question de savoir si tous les scientifiques avaient le sens de l’humour. Réponse en vidéo :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Oscar des recherches improbables

Et pour éviter à ces chercheurs de prendre trop la grosse tête, il existe les prix Nobel inversés annuels, les IgNobels . Leur fondateur Marc Abraham d’IgNobel répète à envie que les prix sont surtout là pour récompenser les recherches qui font d’abord rire, puis réfléchir.

Un exemple est à relever tout récemment sur l’excellent blog « Twisted Physics » où on peut lire qu’une recherche a souhaité répondre à cette question digne d’un enfant (mais ce sont souvent les plus embarrassantes) : « Comment fait Woodywood Pecker pour ne pas avoir mal au crâne ? ». Ces recherches tombaient à pic (c’est le cas de le dire), car elles ont ouvert la voie à d’autres sur l’amortissement de chocs pour l’électronique.

Le choix du thème du billet de « Twisted Physics » n’est pas innocent car il est fondé sur une actualité qui a défrayé la chronique outre-Atlantique dernièrement : un ancien joueur de football américain s’est ôté la vie en se tirant dans la poitrine tout en précisant sur son testament qu’il léguait son cerveau à la Science afin de déterminer si les joueurs de ce sport culte subissent des ravages cognitifs suite aux chocs et en dépit de toutes les protections personnelles.

Le paradoxe de cette parodie des Nobels est que la plupart des chercheurs sont heureux de recevoir cette récompense moqueuse, car elle permet de faire connaître leurs travaux, qui, malgré leur air parfois incongrus, sont souvent plus prometteurs et utiles qu’on ne l’aurait pensé de prime abord.

Le médiateur et l’humour

Trop souvent, on observe les mêmes écueils lors de conférences grand public, par exemple lorsque l’auteur d’un livre part en « tournée de promotion » : ton monocorde, peu de mouvements sur scène, pas d’« effets », peu d’exemples et, le pire de tout, une confusion entre présentation publique de ses travaux et présentation à des pairs… Les éditeurs devraient-ils songer à proposer des stages de communication à leurs auteurs ?

La question que l’on doit se poser lorsqu’on réalise un projet de vulgarisation est :  « Quelle teneur en humour puis-je injecter dans mon exposé, selon le contexte, le média employé, le type de public ? ». Ceci, dans le but évident de mieux captiver son auditoire, de faire rebondir un exposé qui peut faire parfois appel à des notions difficiles, etc.

L’idée n’est pas de faire le pitre ou l’intéressant mais de trouver les bons codes et recettes afin de captiver son auditoire, quel que soit son niveau d’expertise : le mettre à l’aise et le surprendre afin de soutenir son attention tout au long d’une conférence puis de bien faire passer et ancrer le message à retenir.

Pour ne prendre que mon exemple personnel, je dois partiellement mon goût pour les sciences physiques à mon professeur de quatrième qui se démarquait du lot par un délicieux humour cynique. Des exemples remarquables, à mon sens, de vulgarisation scientifique à l’humour bien dosé, sont les prestations de l’américain Neil DeGrasse Tyson.

Voici une vidéo sous-titrée par mes soins où DeGrasse Tyson évoque le thème des ovnis. Pourquoi personne n’en prend de la graine en France ?

Émerveiller pour enseigner

Les recherches scientifiques actuelles ont tout pour déconcerter le citoyen moyen : de formidables prouesses dans des domaines quasi incompréhensibles pour le commun des mortels (pensons au LHC) et en même temps des perspectives catastrophiques (pensons au climat).

Dans ce cadre, l’usage de l’auto-dérision (« Si on savait ce que l’on cherchait, on n’appellerait pas cela de la recherche ! » ou « La physique commence à devenir trop difficile pour les physiciens ») voire même de l’ironie et de l’humour noir peut arriver à faire éprouver de la sympathie pour celui qui réalise son exposé, et indirectement, faire davantage confiance en la Science.

Je crois en effet qu’il est nécessaire de partir d’un exemple simple ou du vécu pour attirer l’attention : combien de scientifiques doivent leur carrière à un émerveillement d’enfant (Einstein et sa boussole à 5 ans) ou aux rêves provoqués par différents média : littérature (principalement de la SF), films ou séries télévisées ?

En une phrase : si l’on veut voir grossir les effectifs des étudiants sur les bancs des universités scientifiques, il faut se souvenir de la citation d’Oppenheimer. Faisons rire, émerveillons le public et montrons également que le champ scientifique permet d’exercer sa curiosité et d’exprimer une grande créativité.

Je ne garantis pas que les étudiants seront meilleurs aux examens avec cette méthode, mais plus nombreux sur les bancs, certainement !

Aux États-Unis, on commence à faire davantage qu’à en prendre conscience : tout récemment, l’AAAS a tenu sa convention annuelle à Washington et pour la première fois de son histoire a organisé une conférence nommée « The Science of Comedy : Communicating with Humor ».

Et le mois dernier s’est tenu un nouveau type de congrès : « The summit on Science, Entertainment and Education ». Le titre du sommet qui mélange les genres dit tout : on compte inspirer les jeunes avec les média afin de les amener à embrasser la Science.

Pour aller plus loin

Deux exemples d’humour efficace en Sciences

Exemple 1 : Surprendre par une réponse inattendue

Question du prof : « Pourquoi un ballon de baudruche s’élève dans le ciel ? »
Réponse honnête de l’étudiant : « parce qu’il est rempli d’hélium et…
Prof qui coupe la parole : mais non, c’est parce que quelqu’un a lâché la ficelle !

Exemple 2 : Raconter une histoire qui est à peine caricaturale (précision d’un ancien étudiant en mécanique des fluides)

Un milliardaire voudrait offrir des millions à celui qui répondra à cette question : « Comment prédire les chevaux qui ont le meilleur potentiel pour la course ».

Un généticien, un physiologiste et un physicien sont convoqués et reviennent au bout d’un mois.

  • Le généticien affirme qu’il a fait le tour de toutes les publications, vérifié l’ADN des lignées de chevaux sur des décennies mais le problème est hélas trop complexe pour prédire un gagnant.
  • Le physiologiste s’y colle et regarde la densité musculaire et osseuse et autres facteurs et conclut que le problème contient trop de facteurs pour réaliser une prédiction fiable.
  • Le physicien s’y attèle à son tour et revient avec le sourire en disant : « Voilà : cette équation résout votre problème ».

Le millionnaire est heureux et s’apprête à saisir son chéquier quand le physicien rajoute : « Une chose à savoir : mon équation s’applique à un cheval à symétrie sphérique qui se déplace dans le vide. ».

>> Illustrations : FlickR, licence CC (sauf la seconde : Wikimedia Commons) : turkguy0319, csuspect, key lime pie yumyum, Greyhawk68

>> Article initialement publié sur le blog de Knowtex

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“Battle : Los Angeles”, les ovnis attaquent ! http://owni.fr/2010/12/13/battle-los-angeles-les-ovnis-attaquent/ http://owni.fr/2010/12/13/battle-los-angeles-les-ovnis-attaquent/#comments Mon, 13 Dec 2010 10:55:00 +0000 Alexis Hyaumet http://owni.fr/?p=38948

Battle: Los Angeles, l’un des films de science-fiction les plus attendus de l’année prochaine, a révélé sa première véritable bande-annonce hier sur le Net. Réalisé par Jonathan Liebesman, le film dépeint la résistance armée face à une attaque extra-terrestre de grande ampleur.Les images impressionnantes de ce futur blockbuster révèlent des indices visuels très particuliers et montrent aussi que le long métrage partage un fond commun avec ses pairs contemporains, et au-delà même du genre SF.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Ce qui nous frappe au premier abord, c’est cette ce tournage caméra à l’épaule, plongeant le spectateur au cœur de la bataille. A l’opposé des grandes envolées en 3D de l’Avatar de James Cameron, Battle: Los Angeles préfère cet aspect “documentaire” que l’on retrouve dans Cloverfield (un monstre géant dans le rues de New York filmé depuis une caméra vidéo amateur) et District 9 (un reportage à Johannesburg sur le transfert d’extra-terrestres d’un camp de réfugiés vers un autre). Tout comme celui de Jonathan Liebesman, ces films de Matt Reeves et de Neill Blomkamp sont leurs premières expériences d’un cinéma à gros budget, à effets spéciaux. Ces derniers ont cependant favorisés l’image vidéo bousculée et malmenée à la majesté d’un plan d’ensemble en Cinémascope ou à la fluidité d’une steadycam pour raconter ces histoires bigger than life en les filmant à hauteur d’homme, comme s’il fallait les ancrer encore plus profondément dans un réel visuel avec ces images artificielles dignes d’un reporter de guerre. Dans le même genre, les prochains Monsters et Skyline, où des extra-terrestres s’en prennent aussi à Los Angeles, ont choisis une approche esthétique du même ordre.

Les images ci-dessus sont issues de la première galerie d’affiches promotionnelles de Battle: Los Angeles que l’on retrouve au début de la bande-annonce sous forme de diapositives. Ces quatre clichés en noir et blanc sont formellement tirés de cet imaginaire visuel du folklore des photographies d’OVNI, et nous sont avancés comme des signes avant-coureurs du drame qui va se jouer dans le long métrage. Plus que d’intégrer la science-fiction par les codes du cinéma direct au présent, le film de Jonathan Liebesman inscrit aussi le récit dans un passé bien défini.

De plus, en opposition à la technologie numérique qui se charge de la captation du présent, le caractère analogique de ces “preuves” rappelle celui du titre du prochain film de J.J. Abrams, autre nouvelle figure incontournable de la science-fiction hollywoodienne (réalisateur du dernier Star Trek et producteur de Cloverfield). Super 8 présentait d’ailleurs à la fin de sa bande-annonce un objectif de caméra (ci-dessus à droite), depuis laquelle d’autres “preuves” semblables ont pu être enregistrées sur un support physique analogique potentiellement incontestable.

Ci-dessus, ce plan est l’un des plus intéressants, car tourné en lumière infrarouge donnant à l’image cette teinte verte bien spécifique. Ce type d’image bien spécifique est très rarement utilisé dans la fiction à grand spectacle. Mais lorsque l’on essaye de se remémorer d’autres exemples représentant cette “nuit verte”, on se réfère systématiquement aux dernières guerres menées par les États-Unis au Moyen Orient. Le spectre de la guerre en Irak refait ici surface avec ces militaires, vêtus d’un uniforme couleur sable, se retrouvent dépassés par ces belliqueux étrangers venus d’ailleurs. Côté décor, les ruines de Los Angeles transforment la “cité des anges” en un véritable territoire de guérilla, très similaire aux actuelles zones de combats urbains en Irak ou en Afghanistan.

En parallèle avec ce plan extrait du Jour d’après de 2004 (ci-dessus à gauche), on note aussi dans Battle: Los Angeles la forte présence d’images dérivées des médias de l’information, notamment de journaux télévisés, avec des reporters courageux en plein cœur de l’action. La télévision est d’ailleurs devenue une figure presque incontournable dans le genre de la science-fiction catastrophe, depuis laquelle les personnages civils comme militaires suivent le cours des événements au fil des minutes. Le journal télévisé et les reportages en direct, les fameux breaking news, ajoutent une valeur supplémentaire de réalisme à la fiction. Sans oublier la publicité faite pour les CNN, Fox News et autre MSNBC, on compte déjà quatre plans dans la bande-annonce contenant ce type de représentations qui partage notre quotidien.

Il serait intéressant d’approfondir le rôle du médium télévisuel dans le genre cinématographique qu’illustrera en avril prochain Battle: Los Angeles, mais la nouvelle génération de cinéastes se lançant dans la science-fiction cherche désormais à raconter ces fictions par une mise en scène forgée dans le réel et Jonathan Liebesman tentera avec son film à nous convaincre du constat qu’établit en 1950 le titre du célèbre ouvrage de Donald Keyhoe : The Flying Saucers Are Real !

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Publié sur le site Culture Visuelle sous le titre “Battle:LosAngeles”, les soucoupes volantes sont réelles !

Captures d’écran de la bande annonce du film Battle:Los Angeles

Crédits photo sous licence CC par cypherone – TaiwanPaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales

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Opération soucoupe: sociologie du journalisme d’été http://owni.fr/2010/08/13/operation-soucoupe-sociologie-du-journalisme-dete/ http://owni.fr/2010/08/13/operation-soucoupe-sociologie-du-journalisme-dete/#comments Fri, 13 Aug 2010 09:36:20 +0000 André Gunthert http://owni.fr/?p=24588 La saison change-t-elle la nature du travail journalistique ? Le sérieux de l’information est-il fonction de l’ensoleillement ? Parmi les sujets qu’un journaliste dédaigne l’hiver et redécouvre l’été, les soucoupes volantes occupent une place de choix. Début août, ça n’a pas manqué, de TF1 au Monde en passant par Rue89, la presse nous a rapporté un scoop d’ampleur, issu d’archives nouvellement divulguées par les archives nationales anglaises: un équipage de la Royal Air Force aurait aperçu un OVNI pendant la guerre, témoignage si inquiétant que Churchill en personne aurait décidé de le mettre au secret pendant cinquante ans pour éviter la panique.

Pour quiconque a quelques notions d’ufologie, un tel récit est à mourir de rire. « Aujourd’hui, on parle de soucoupes comme si tout le monde s’entendait sur ce dont il s’agit, explique Pierre Lagrange. Pour nous, s’ils existent, les ovnis viennent d’autres mondes : après 50 ans de controverse dans la presse et la télévision, de films décrivant des invasions “extraterrestres” et quelques centaines d’ouvrages d’experts, l’identité des soucoupes est fixée » (La Rumeur de Roswell, La Découverte, 1996, p. 25).

Tel n’est évidemment pas le cas au début des années 1940, au moment où est censé avoir eu lieu la rencontre, en pleine deuxième guerre mondiale. La notion même de “soucoupe volante” n’existe pas avant l’été 1947, date de publication du premier témoignage par la presse américaine, celui de Kenneth Arnold. A ce moment, au début de la guerre froide, on ne pense pas encore aux extraterrestres pour expliquer ces phénomènes, mais plutôt à des armes secrètes américaines ou soviétiques. Ce n’est qu’à partir de 1950, avec les ouvrages de Daniel Keyhoe (Flying Saucers are real) ou de Frank Scully (Behind the Flying Saucers), puis avec le film The Day the Earth stood still (Robert Wise, 1951) que l’idée s’impose de la présence de mystérieux visiteurs extraterrestres.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Les aviateurs anglais, qui voient des V1 puis des V2 tout ce qu’il y a de plus terrestres sillonner le ciel, ont assez peu de raisons jusqu’en 1945 de s’inquiéter d’ennemis intergalactiques, de même que Churchill ou la population britannique, qui ont d’autres chats à fouetter. Si la thématique du secret militaire deviendra un ingrédient indispensable du récit soucoupique des années 1950, imaginer que le principal chef de guerre contre les forces de l’Axe ait pu être effrayé par une hypothétique menace martienne est du meilleur burlesque.

Lorsque l’on vérifie sur quoi repose le fameux scoop (dossier DEFE 24/2013/1, p. 273-285, voir extrait en ligne), on ne trouve qu’un témoignage indirect, par un individu qui affirme en 1999 que son grand-père (décédé en 1973), ex-garde du corps de Churchill, a révélé le secret à sa fille lorsqu’elle avait 9 ans, et que celle-ci vient de le lui transmettre après avoir vu une émission de télévision sur les ovnis, sans pouvoir dater précisément l’événement ni décrire l’objet vu par les aviateurs. Comme de juste, il n’existe aucun document permettant de confirmer la vision supposée de l’ovni pas plus que l’opinion présumée du premier ministre. S’il n’y a rien de plus solide dans les dossiers mis en ligne par les archives nationales (période 1995-2003), les sceptiques peuvent dormir sur leurs deux oreilles.

Il aura donc suffi donc d’un témoignage unique, de seconde main, non confirmé, anonyme, invérifiable, rapportant de manière visiblement anachronique et déformée un souvenir vieux d’un demi-siècle – en termes polis du pipi de chat, sans la moindre valeur dans n’importe quel autre contexte – pour titrer: “Churchill aurait imposé le secret sur une apparition d’ovni” (AFP – merci le conditionnel!). Quelle importance? C’est l’été. Personne ne croit plus aux soucoupes volantes, qui ne sont qu’un thème léger destiné à agrémenter les vacances, cinq minutes bienvenues pour détendre l’atmosphère alourdie par l’adhésion déclarée du chef de l’Etat au programme du Front national, et qui seront oubliées demain. Du pur divertissement, sans autre conséquence que de me flanquer la nausée.

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Billet originellement publié sur Totem, un blog de Culture Visuelle.

Crédits Photo CC Flickr : Eek.

Culture visuelle est un site développé par 22mars, société éditrice d’OWNI.

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