OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Christian Vanneste a du mal avec la loi informatique et libertés http://owni.fr/2011/07/18/christian-vanneste-a-du-mal-avec-la-loi-informatique-et-libertes/ http://owni.fr/2011/07/18/christian-vanneste-a-du-mal-avec-la-loi-informatique-et-libertes/#comments Mon, 18 Jul 2011 06:13:14 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=73121 Christian Vanneste, député UMP du Nord, a déposé récemment une proposition de loi pour circonscrire l’accès des mineurs aux sites pornographiques. En appui, il a mis en ligne une pétition, via l’association Famille et liberté, qu’il préside. 

En accueil de la pétition, il est précisé :

Pourtant, que voit-on trainer ?

Comme on peut le constater en se référant au numéro de la colonne de gauche, ce petit problème ne semble pas préoccuper ceux qui gèrent la pétition puisque ce petit fail remonte au début (signataire n°59). Peut-être ces pétitionnaires auraient-ils dû écrire de façon claire :

Contactée, la CNIL a bien confirmé qu’il y avait bien un problème :

« Nous avons relevé 3 cas de diffusion de l’adresse mail des pétitionnaires sur près de 800 personnes concernées. Cette diffusion est réalisée par le biais de la zone commentaires et non dans le champ d’identification du pétitionnaire :

Pour autant, le site ne précise pas que cette zone commentaire et/ou l’adresse mail des personnes seront diffusées (« Seuls vos noms, prénoms, ville, métier seront visibles dans la liste »). Le responsable de traitement est en faute sur ce point (problème de sécurité des données, art.34 de notre loi et 226-17 du Code pénal). »

En outre, elle souligne un autre point que nous n’avions pas vu :

« Par ailleurs, sur l’aspect déclaratif, le site vise la dispense de déclaration n°7. Ni la dispense n°7 (qui concerne les traitements constitués à des fins d’information ou de communication externe – NDLR) ni la n°8 (qui porte sur les traitements mis en œuvre par des organismes à but non lucratif – NDLR) ne sont applicables à une pétition.

Dans la mesure où les données recueillies ne sont pas sensibles au sens des articles 8 et 9 de notre loi, une déclaration normale aurait dû être réalisée préalablement à la mise en ligne du formulaire de collecte et à la diffusion de la liste des pétitionnaires. »

On notera aussi au passage que le lien en orange vers la Cnil ne marche pas et que le dispositif anti-spam n’est pas très solide.

Contactée par mail la semaine dernière, l’association a répondu ce lundi 18 juillet en la personne d’un nommé Philippe Gorre :

« merci pour votre message. Je rentre d’une semaine sans ordinateur. J’interroge notre prestataire et je vous tiens au courant. »

Image CC Flickr PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales Chuckumentary

MAJ le 18 juillet à 20 h 55 suite à la réponse de l’association.

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Vu sur le Net: la pétition visuelle http://owni.fr/2010/12/08/vu-sur-le-net-la-petition-visuelle/ http://owni.fr/2010/12/08/vu-sur-le-net-la-petition-visuelle/#comments Wed, 08 Dec 2010 14:51:42 +0000 Pier-Alexis Vial http://owni.fr/?p=38571 Il y a tout d’abord la pétition standard, celle qu’on vous fait signer à la sortie du métro pour telle ou telle cause plus ou moins juste et plus ou moins compréhensible. Il y a les pétitions officielles, médiatisées, et les petites pétitions de quartier contre le bruit que font les jeunes le samedi soir.

Mais au fond une pétition ça ressemble toujours plus ou moins à ça : une feuille blanche, sur laquelle est éventuellement inscrite l’ensemble des revendications du groupe qui la produit, et des cases vides : soit la place pour laisser des noms et des signatures. Parce que la signature, c’est l’Homme ? Peut-être bien. Au moins pouvons-nous dire que l’association nom + signature est une sorte de preuve morale de la présence physique. On pourra toujours objecter qu’il est possible de produire un faux nom ou une fausse signature, mais dans le principe chacun des signataires d’une pétition doit pouvoir être identifiable et retrouvé. Non pas nécessairement pour rendre des comptes, mais aussi pour réaffirmer un engagement. La pétition est donc un acte militant, mais sans visage.

Exemple de pétition issue du site de l'EFPSU.

Or sur le Net a fleuri un autre genre de pétition. La pétition visuelle. Et c’est en quelque sorte par la force des choses. En effet que penser d’une signature virtuelle ? D’un simple dessin sur un écran fait de pixels ? Le problème ici vient de la matérialité même de la pétition. Ce n’est pas techniquement impossible, on peut toujours scanner une feuille contenant des signatures. Seulement, le côté direct, l’impact de l’inscription au stylo qui prouve ce “j’étais là” ne serait pas du tout le même. La pétition vaut pour son côté “de terrain”. Une fois en ligne, elle ne ressemble guère plus qu’aux commentaires de blogs que l’on trouve partout sur Internet, et perd, à mon sens, de sa véritable nature militante. On peut en voir des exemples assez parlant sur le site MesOpinions.com qui ressemble à un énorme fourre-tout où chacun fait un peu ce qu’il lui plait sans véritable centralisation des combats ou des revendications.

Capture d'écran issue du site http://www.mesopinions.com/ réalisée le 18/11/2010.

Mais il y a une autre voie : cette fameuse pétition visuelle qui représente une véritable alternative entre la feuille de signatures et le commentaire en ligne. On peut en trouver une qui se distingue actuellement par son caractère original et son utilisation inventive, tout en étant très simple, des moyens technologiques à la portée d’un grand nombre d’internautes. Cette pétition, on peut la trouver ici

En fait de pétition, il s’agit plutôt d’un manifeste, dont voici le texte principal :

“Ce manifeste est un acte de solidarité et de protestation : solidarité avec les « étrangers et les étrangères » encore une fois pointé·e·s du doigt et protestation contre une justice discriminatoire qui serait inscrite dans la Constitution. Parce que le racisme doit être combattu partout et non pas institutionnalisé, nous placardons nos prénoms, nos initiales, nos occupations et nous clamons notre refus de cette discrimination en nous déclarant tou·te·s étranger·ère·s. Parce que nous souhaitons offrir une visibilité aux «étranger·ère·s» qui ne sont pas criminel·le·s et qui participent à l’essor de la Suisse. Action citoyenne collective, dimanche 28 novembre, NON à l’initiative sur le renvoi et au contre-projet.”

Ce manifeste suisse donc se présente comme le “Manifeste des X délinquant-e-s.” Pourquoi X ? Parce qu’il m’est impossible d’en fixer le nombre, étant donné que celui-ci est actualisé dans la page même de titre au fur et à mesure de l’inscription des gens. Première chose : une interactivité assez ludique, qui permet de suivre continuellement la progression des inscriptions. Mais la véritable originalité réside dans la forme même de cette souscription au manifeste. J’ai parlé précédemment de pétition, parce que je parlais militantisme : parler en son nom pour une cause, laisser sa signature. Et d’une certaine manière, c’est ce qu’il vous est proposé de faire, mais avec d’autres moyens.

Il est possible en effet de laisser dans un cadre pré-établi votre photographie prise depuis une webcam :

Capture d'écran du site http://www.collectif-l.ch/manifeste/ réalisée le 18/11/2010.

Pour vous faire une idée de l’effet, je ne pourrai que vous conseiller d’aller directement sur le site, ayant décidé de ne pas pas opérer de sélection arbitraire parmi les visages affichés sachant que ceux-ci doivent disparaitre du Net dès le 28 novembre.

Ce que l’on peut constater, c’est que globalement, tout le monde joue le jeu. Il y a ceux qui sont plus réservés, et ne laissent ni nom ni emploi. Il y a les plus hardis qui vont dans les détails : nom, prénom, profession (la majorité des participants se contentant du prénom). Mais à quelques exceptions près (tout au plus une dizaine à ce que j’ai compté), tous ont laissé leur signature visuelle :  non pas un trait d’une main rapide au coin d’une rue, mais la photographie instantanée d’un moment devant son ordinateur.

Un effet saisissant

Si l’esprit reste, l’effet est autrement saisissant : à l’heure où j’écris ces lignes, il y  a plus de 1.000 visages qui s’affichent sur le site, de tous horizons, et de tous âges. Cependant, rien de très original là dedans, il existe bien d’autre exemples de pétition visuelle sur le Net, dont une assez célèbre, “the Million Faces” disponible sur le site de Control Arms dont le combat est décrit ainsi :

“Contrôlez les armes est une campagne internationale menée conjointement par Amnesty International, Oxfam International et le Réseau d’action international sur les armes légères (RAIAL). Nous demandons un traité sur le commerce des armes, un instrument international juridiquement contraignant qui empêche que les armes soient utilisées pour aggraver les conflits, la pauvreté et les atteintes aux droits humains. Pour en savoir plus sur la campagne.”

Et effectivement, il y a plus d’un million de personnes qui s’affichent sur le site à l’heure actuelle, y compris des célébrités, dont voici un petit panel français :

Toutefois il est à noter ici que n’importe quelle photo fait l’affaire. On peut s’en rendre compte en se baladant sur le site : on y trouve tout autant de photos façon portrait que de photos de vacances que l’on pourrait trouver sur Flickr. Parce que l’important est ailleurs : l’important c’est d’y être, pas d’assumer une quelconque position militante qui engagerait la personne ou son image puisque le contexte est entièrement assumé par l’organisation qui gère cette pétition. Le but premier de celle-ci est donc bien résumé par son appellation : “the Million Faces”, parce que c’est le nombre qui fait la force, c’est le “concept” qui marche, et peut importe si on ne voit jamais ces millions de visages, on peut au moins se consoler sur les célébrités présentes et feuilleter l’ensemble comme un gigantesque patchwork people qui au final ne fait pas prendre un énorme risque aux personnes concernées. D’autant que tout le monde le sait, les armes et la guerre, c’est mal.

Une pierre de l’édifice en construction

Et c’est avec cela à mon avis que l’on comprend où se situe l’intérêt de la disposition particulière du manifeste suisse. À proprement parler Il n’y a PAS de manifeste, ni même de contexte. Tout au plus une vague généralité énoncée dans le petit texte introductif. Le manifeste, ce sont les images qui le composent, c’est l’accumulation de ces images avec le cadre qui leur est réservé qui produit sa pensée. Le choix d’une personne d’afficher sa photo accolée au terme “étranger-ère” est une prise de risque avec soi-même ; l’obligation d’assumer sa position par rapport aux autres. Ce n’est plus apporter sa petite pierre à l’édifice, il s’agit là d’être directement une pierre de l’édifice même qui est construit. Il s’agit aussi d’une représentation proche de l’esthétique “amateur” des photos prises à partir des smartphones et que l’on s’envoie en message. Il y a là une  sorte de proximité directe qui s’établit avec les personnes présentes, parce que ces images, au fond, nous les connaissons toujours-déja. Ce sont des figures reconnaissables, agissantes, ou non. On y trouve ainsi :

-Soit des gens qui tentent d’être créatifs, en ne prenant qu’une partie de leur visage, en se prenant la tête à l’envers, en se barrant les yeux avec un téléphone ou un appareil photo etc.

-Soit en restant le plus simple possible : assis, souriant, regard vague.

-Soit aussi en refusant carrément le dispositif en n’apparaissant pas sur la photo ou en se déguisant.

Ce qui unit ces différentes attitudes sous une même bannière, et ce qui fait que quelque part tous ces gens puissent se retrouver, c’est parce qu’il n’est pas question que d’UNE image, mais qu’ils ont l’impression (et très certainement à juste titre) de devenir l’illustration vivante de leur combat, ou du moins une partie de celle-ci. Dans ce contexte, même les moins agissants sont significatifs, car l’image n’est pas utilisée comme une unité absolue de vérité, elle ne prétend pas témoigner d’un “ça a été” mais d’un “ça pourrait être”, dans le sens d’une proposition telle que “cet étranger (dont on parle) ça pourrait être vous”.

Réappropriation

Cependant pour qu’une proposition comme celle-là puisse avoir un réel impact signifiant, il faut en multiplier les exemples afin de créer un panel, c’est-à-dire des élément de comparaison : d’où l’idée de pétition (pour rassembler en nombre), de laquelle découle l’idée d’un manifeste (pour l’engagement), et enfin le concept visuel qui en émerge par le biais des nouvelles technologies car le Net est le seul moyen technique qui soit à la fois un organe de centralisation et de diffusion peu onéreux et malléable à souhait, donc interactif et participatif sans pour autant être intrusif.

L’usage “politique” de l’image est ici une preuve que l’Internet des réseaux sociaux et du partage à tout-va d’éléments audiovisuels peut aussi permettre un engagement plus militant, concerné par des enjeux contemporains, et non pas enfermé dans la ressassement de vidéos “lol” de chutes, de chatons ou de bébés, ou bien encore de la diffusion du dernier clip de Lady Gaga.

Certes il s’agit là d’une goutte d’eau dans l’océan, qui disparaitra aussi vite qu’elle s’est formée. Mais on peut espérer qu’à l’avenir les communautés virtuelles qui se formeront via Facebook, Flickr, et le web 2.0 en général trouveront dans ces outils un nouveau moyen de repolitisation de la société par le biais de l’appropriation, voire de la réappropriation des images que les différentes industries culturelles ont tenté d’absorber, afin d’alimenter un flux de contenus sans âme. Et comme dans ce cas de pétition, s’il y a quelque chose à se réapproprier en ce monde pour savoir qui l’on est, et surtout qui sont les Autres, c’est bien sa propre image.

Billet initialement publié sur Le Visionaute, un blog de Culture Visuelle

Image CC Flickr Lincolnian (Brian)

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En Corée du Sud, les fleurs sont des armes http://owni.fr/2010/10/25/en-coree-du-sud-les-fleurs-sont-des-armes/ http://owni.fr/2010/10/25/en-coree-du-sud-les-fleurs-sont-des-armes/#comments Mon, 25 Oct 2010 14:35:38 +0000 Lee Yoo Eun (traduction Fabienne Der Hagopian) http://owni.fr/?p=33527 Ce billet a été originellement publié sur Global Voices, écrit par Lee Yoo Seun et traduit par Fabienne Der Hagopian.

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Cha Young-ran, 28 ans, a étudié pendant près de quatre ans pour l’examen de certification d’enseignant, un test national obligatoire pour ceux qui veulent devenir éducateurs. Juste un mois avant la date à laquelle elle devait passer son examen, le ministère de l’éducation a annoncé qu’il n’y avait pas un seul poste vacant dans le système des écoles publiques de Corée pour des classes de sciences sociales et de sciences intégrées cette année. Cha avait prévu de passer l’examen pour les sciences sociales et cette choquante déclaration de dernière minute voulait dire que ses années de travail pourraient s’avérer inutiles.

L’année dernière, il y avait 32 postes vacants en sciences sociales et 34 en 2008. Enragée par ce manque de considération de l’administration, Cha, qui se surnomme elle-même “la fille de Noryangjin” (d’après le nom du quartier de Séoul où les instituts offrant des préparations à l’examen de certification d’enseignant sont situés), s’est révoltée pour demander au ministère de l’éducation de forcer tous les établissements du secteur de l’éducation à notifier au public les postes disponibles avant l’examen. Une pétition a circulé et recueilli 3.500 signatures.

Images de la lettre, de la pancarte et des photos sur le blog de Cha. (Utilisées avec autorisation)

La semaine dernière, Cha a organisé une protestation solo devant le ministère de l’éducation, où elle tenait un bouquet de fleurs et une pancarte rose qui disait “demande de rendez-vous pour M. Lee” (le ministre de l’éducation). En une demi heure, Cha, avec son tailleur noir et ses longs cheveux raides flottant dans le vent, était invitée à entrer dans le ministère. Quelques jours plus tard, le ministre annonçait que la publication des postes vacants six mois avant le test de certification était maintenant obligatoire.

A. Lee Ju-ho, Ministre de l’éducation. :) Je vous demande un rendez-vous. D’abord, laissez moi me présenter… je suis la personne surnommée “la fille de Norayngjin” sur internet. Ma première série d’examens d’enseignement est le 23 octobre, c’est à dire ce samedi. Vous vous demandez peut-être pourquoi je suis devant le ministère à vous demander un rendez-vous. Si vous tapez la recherche “fille de Norayngjin” sur naver.com, vous aurez vite une réponse… J’ai tout sacrifié (toutes mes autres activités) et me suis concentrée seulement sur l’examen, vivant au rythme des aller-retours de la bibliothèque à la maison…  Au nom de tous les futurs enseignants impuissants victimes de ce système administratif capricieux et désordonné,  je demande un rendez-vous au ministre Lee… *** (son numéro de portable) J’attends votre réponse.

“Le système est très conservateur”

Sur le web, Cha a été couverte de louanges pour ses courageuses actions. Le blogueur Ssmile260 l’a remerciée pour tenir tête à l’injustice sociale avec des idées innovantes.

Elle est la Jeanne d’Arc de notre temps qui essaye de changer un système irrationnel. J’espère voir davantage de filles de Noryangjin dans le futur.

Le blogueur SeriousMethod, qui, dans le passé, s’était retrouvé dans la même situation, louait Cha pour avoir agi dans un secteur que personne d’autre n’osait toucher :

J’ai fait des études d’enseignant et je somprends sa situation mieux que n’importe qui. Ma spécialisation était l’anglais (enseignement) et heureusement, il y a toujours des postes vacants pour des professeurs d’anglais, mais… j’ai toujours été conscient de l’irrationalité du système, mais je n’ai jamais rien fait. Le secteur de l’éducation est très conservateur. Je l’applaudis de protester si vaillamment. J’espère sincèrement qu’elle pourra passer son examen et devenir un excellent professeur.

“Je suis jaloux de sa passion”

Sungkyoung25 rappelait aux autres que c’était une réforme qui aurait dû être faite il y a longtemps. L’éducation était le seul secteur de l’administration qui n’informait pas les potentiels candidats du nombre de postes vacants avant les examens.

Tous les examens nationaux informent des postes disponibles, sauf l’examen de certification d’enseignant. Ils (les fonctionnaires du ministère de l’éducation) n’annoncent les postes vacants qu’un mois avant l’examen, sous prétexte qu’ils veulent connaître le nombre exact des départs en retraite. Cette année, il n’y avait aucune ouverture pour des classes de sciences sociales et de sciences intégrées. Les étudiants qui avaient préparé cet examen pendant un an (sur ce sujet) seraient déconfits… Le pire, c’est qu’il y a des gens qui n’ont pas seulement étudié pendant un an pour cet examen, mais pendant deux ou trois ans ou même cinq ou six ans.  C’est pour cela que la fille de Noryanjin s’est révoltée, à cause de l’urgence de la situation… Pour les fonctionnaires, ce n’est pas un gros problème. Ils préparent tranquillement quelques documents et font une déclaration (sur les postes vacants).  Mais pour de nombreuses personnes qui attendaient ces emplois, c’est comme si ils tombaient dans un gouffre…. (Ce qu’a fait la fille de Noryangjin) me donne honte de moi même. Je suis jaloux de sa passion.  Elle me fait réaliser une fois de plus l’importance d’agir en intellectuel.

La demande de Cha pour un changement était une requête que n’importe qui avec une conscience sociale aurait pu faire.  Cependant Cha est celle qui a décidé d’agir et avec un zeste d’idées fraîches, un rare changement a eu lieu dans un des domaines les plus rigidement bureaucratiques de la vie coréenne.

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Crédits photo: Flickr CC UNC-CFC-USFK, ornellaswouldgo

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http://owni.fr/2010/10/25/en-coree-du-sud-les-fleurs-sont-des-armes/feed/ 1
Auteurs-éditeurs: la guerre numérique est-elle déclarée ? http://owni.fr/2010/04/16/auteurs-editeurs-la-guerre-numerique-est-elle-declaree/ http://owni.fr/2010/04/16/auteurs-editeurs-la-guerre-numerique-est-elle-declaree/#comments Fri, 16 Apr 2010 10:35:35 +0000 iPh http://owni.fr/?p=12448

Photo CC Flickr Ricecracker

Lancé initialement par les auteurs de BD, un mouvement plus large des auteurs semble en train de décoller, avec l’Appel du numérique des écrivains et illustrateurs de livres. Comme on pouvait s’en douter, les questions d’argent sont au cœur de la prise de conscience des auteurs. Publication des extraits de la pétition et commentaires par iPh, nouveau venu sur la soucoupe.

La « révolution numérique » du livre se passe ici et maintenant, à marche forcée, et sans les auteurs. (…)
• Comment et sur quoi seront rémunérés les auteurs ? De quoi vont-ils vivre ?

• Quels seront les circuits et systèmes d’exploitation des livres numériques ? Qui seront les vrais commerçants de ce marché numérique qui reste à construire ?

• Comment l’éditeur va-t-il adapter au numérique les usages établis de l’exploitation permanente et suivie qui sont au cœur de son métier : vente active, promotion, disponibilité permanente du « produit » ?

• Pourquoi les auteurs devraient-ils céder leurs droits numériques leur vie durant et même 70 ans après leur mort ?
Au lieu d’ouvrir le débat, le Syndicat National de l’Édition et chaque éditeur essaient d’imposer sa règle et ses conditions.
Mais les auteurs ont maintenant bien compris que si le livre numérique est vendu deux ou trois fois moins cher que son équivalent papier, si la TVA appliquée au livre numérique (19,6 %) est presque quatre fois plus élevée que celle applicable au livre papier (5,5 %), même si leurs éditeurs leur proposent un pourcentage identique pour le livre numérique que pour le livre papier, mécaniquement cela entraîne une baisse très importante de leur rémunération.
Nous pouvons légitimement nous demander si les éditeurs ne nous considèrent pas, ainsi que nos droits d’auteur, comme de simples variables d’ajustement dans l’économie du livre numérique. (…)
Nous voulons que la cession des droits numériques fasse l’objet d’un contrat distinct du contrat d’édition principal.
Nous voulons que la cession des droits numériques soit limitée précisément dans le temps afin d’être réellement adaptable et renégociable, au fur et à mesure, de l’évolution des modes de diffusion numérique.
Nous voulons que toute adaptation numérique des livres soit soumise à la validation des auteurs et que ceux-ci soient cosignataires de toute cession à un tiers des droits numériques. (…)
Gardons nos droits numériques pour faire entendre notre voix.
Premier point : la « révolution numérique » dans le livre se passe surtout… à reculons. Aucun des éléments du « système livre » de la chaîne papier (auteur, éditeur, diffuseur, distributeur, détaillant c’est-à-dire libraire) ne semble pressé d’y plonger. C’est le succès inattendu des liseuses depuis deux ans qui a créé une pression sur un monde n’ayant montré, depuis quinze ans, qu’une relative indifférence (voire une défiance) vis-à-vis d’Internet. De mon point de vue, les auteurs ne sont pas les mieux placés pour donner des leçons aux éditeurs : les deux nagent dans l’immobilisme et, souvent, la méconnaissance de la culture Internet. Combien d’auteurs tiennent un blog ou un site d’échange avec leurs lecteurs ? Combien ont un site dédié à chacun de leur livre ? Combien préfèrent un chat avec lecteurs à une émission de promo sur une télé ou une radio ? Combien se sont enthousiasmés des possibilités nouvelles d’écriture et de partage à l’âge numérique, ou ont simplement réfléchi à leur conception personnelle de la propriété intellectuelle ?
Deuxième point : Internet n’est pas une grande librairie avec un vigile devant chaque livre. Conséquence du point précédent : les auteurs envisageant Internet comme un simple marché, une sorte de grande libraire virtuelle qui va uniquement permettre de nouveaux débouchés à leurs œuvres, se préparent des lendemains qui déchantent. D’abord, contrairement à ce qui se passe dans beaucoup de librairies physiques, ces auteurs vont se retrouver en compétition avec bien plus d’autres œuvres dans la même catégorie que la leur, dont certaines gratuites. Ensuite, sur Internet, les lecteurs ont un comportement actif : ils ne subissent pas le matraquage du système de promotion marketing et médiatique, mais fabriquent la réputation des livres, aussi bien dans les commentaires ouverts des librairies en ligne que sur les réseaux sociaux, le microblogging, les blogs de critique, les forums, etc. Le livre numérique sera un « livre social ». Enfin, la numérisation du livre change ses conditions de production : il y aura de plus en plus d’auto-édition, de micro-édition, de wiki-édition (voir ici) et la première exigence d’un auteur devrait être de réfléchir aussi à ces modes d’écriture et de diffusion, au lieu de délivrer un message uniquement corporatiste axé sur ses revenus à court terme.
• Troisième point : le droit d’auteur est inadapté à l’ère numérique (surtout sa cession à l’éditeur). On l’observe dans la pétition, l’idée de céder ses droits à l’éditeur toute sa vie et soixante-dix ans après sa mort devient absurde dans un système à évolution rapide. Personne ne sait ce qu’il en sera de la diffusion numérique du livre dans dix ans ou dans cinquante ans. Il est impossible de demander à l’auteur numérique de signer un chèque en blanc sur l’avenir. L’éditeur devra plier et accepter des contrats révisables (par exemple tous les cinq ans). Mais les auteurs doivent de leur côté comprendre que l’inadaptation du droit d’auteur est bien plus profonde. C’est toute la propriété intellectuelle littéraire et artistique qui devient problématique à l’âge numérique, car elle a été pensée pour le papier, et selon des conditions d’exclusivité longue (patrimonialité sur près d’un siècle, voire plus) devenues à la fois incompréhensibles pour les lecteurs, intenables dans les technologies numériques, nuisibles pour le bien commun que constitue l’accès à la culture et à la connaissance de son temps. Sur les problèmes du « piratage », les auteurs soucieux de leur image devraient réfléchir à deux fois aux enjeux pratiques et symboliques de cette question sur le Net, avant de jouer les idiots utiles des Hadopi et autres mesurettes du flicage politico-industriel.
• Quatrième point : la baisse de revenu est inévitable dans le système actuel du livre, elle ne peut être conjurée que par un modèle entièrement nouveau. Le problème va au-delà de la TVA ou du prix unique. Sur l’Internet, les contenus sont ubiquitaires, innombrables, souvent gratuits ou peu coûteux. Les normes de consommation culturelle évoluent en conséquence : le comportement de l’acheteur numérique n’est pas celui de l’acheteur physique. Le lecteur n’est pas prêt à payer cher pour un livre numérique, et la tendance ira très probablement à la baisse à mesure que la compétition entre livres coûteux / peu coûteux / gratuits s’accentuera. Les industries de contenus (musique, presse, cinéma) ne préservent leurs revenus qu’en inventant de nouveaux modèles économiques, non centrés exclusivement sur la vente d’un bien – qui risque fort de devenir, à court terme, l’accès provisoire à un contenu (location de livre dans le cloud et non accumulation de fichiers, par exemple pour tous les livres de « divertissement » formant des grosses ventes en poche).
• Cinquième point : « le livre » en toute généralité ne signifie rien, chaque secteur du livre a des revenus, des contraintes et des perspectives différentes à l’ère numérique. La numérisation du livre ne va nullement affecter de la même manière les romans, les guides pratiques, les BD et livres de jeunesse, les livres d’art, les encyclopédies, les travaux universitaires et scientifiques, les essais, les manuels scolaires. Aujourd’hui fondues dans la même chaîne du livre en raison du format final unique (un objet papier), ces écritures sont en réalité très différentes. Par exemple, elles ne procurent pas les mêmes revenus (la meilleure vente essai est très en dessous de la meilleure vente roman ou BD), leurs contenus sont plus ou moins évolutifs, leur transition multimédia a plus ou moins de sens, leur circulation en copie privée (dite piratage) est plus ou moins simple, etc. Ni les auteurs ni les éditeurs n’ont les mêmes préoccupations selon le secteur concerné, qu’il s’agisse des questions économiques relatives aux revenus ou des questions pratiques relative à l’écriture, à sa mise en page, sa mise en ligne et sa mise à jour.
• Sixième point : les éditeurs sont sur la sellette face à de nouveaux concurrents et doivent clarifier leur position. A l’ère numérique, les coûts de production et de diffusion sont considérablement allégés, et les éditeurs doivent affronter de nouveaux concurrents. Aussi bien les fabricants de liseuse (Apple, Sony) que les distributeurs et agrégateurs (Amazon, Google) vont proposer de meilleures conditions aux auteurs (Amazon teste des formules à 70% de revenus sur les ventes, sans céder ses droits). Ils donnent à l’auteur la possibilité de toucher des publics plus nombreux : le tirage moyen d’un livre papier est de 9340 exemplaires (ministère de la Culture 2010), et un grand nombre d’auteurs (romans, essais) doivent se contenter de bien moins, quelques centaines, au mieux quelques milliers d’exemplaires papier perdus dans le réseau physique des libraires. Les éditeurs doivent donc repenser leurs offres aux anciens auteurs du monde papier, mais surtout aux futurs auteurs du monde numérique. La priorité du moment me semble d’obliger ces éditeurs à clarifier leurs positions, et cela autrement que par le rapport de force individuel auquel ils étaient habitués en raison de l’argument-massue : la production-diffusion-promotion du livre papier à l’âge industriel était inaccessible à l’auteur individuel, ce qui sera de moins en moins le cas.
• Conclusion : En attendant que les évolutions concrètes éclaircissent les enjeux secteur par secteur, la protection minimale de tous les auteurs consiste en effet à revendiquer un contrat numérique à part entière (non un simple avenant au contrat papier), avec cession courte des droits à l’éditeur (maximum cinq ans) et négociation sur la part des royalties dans le prix final du livre numérique. Pour cette raison, je soutiens la pétition avec toutes les réserves indiquées ci-dessus.

Billet initialement publié sur Mon iPhone m’a tuer

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