OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Vendredi c’est Graphism! S02E33 http://owni.fr/2011/09/09/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s02e33/ http://owni.fr/2011/09/09/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s02e33/#comments Fri, 09 Sep 2011 06:30:29 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=78575

Bonjour et bienvenue à bord de ce 33e épisode de la saison 2 de Vendredi c’est Graphism !

Cette semaine, retour aux basiques avec une belle interface pour présenter le Musée des Objets Obsolètes, de l’architecture D.I.Y. (do it yourself), Banksy qui nous compile les “anarchistes publics”, des éléments d’interface à télécharger. On ira également faire un tour du côté de “Der Kritzler” et des couvertures Penguin Books, et on finira sur un WTF assez “cracra” !

Bon vendredi… et bon “graphism” !

Geoffrey

On commence donc la semaine avec le “Musée des objets obsolètes”, un projet qui vise à regrouper les objets désuets et à les placer sur une frise chronologique. Comme notre vie quotidienne devient de plus en plus numérique certaines choses tombent tout au long du chemin et sont remplacées par de nouvelles choses qui se prétendent “meilleures”. Ce petit musée à été imaginé afin de ne pas oublier ces appareils tombés au combat, ces outils et ces gadgets “Old School” et afin de nous revivre ces moments passés en leur compagnie.

Côté graphisme, ce site (en flash) est merveilleusement composé et typographié, et présente une élégance et une simplicité que l’on aimerait retrouver plus souvent sur Internet !

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

source

Vous le savez peut-être, j’ai toujours eu foi dans les projets collaboratifs et de partage du savoir. Je découvre donc avec plaisir ce qui se présente comme étant la prochaine révolution dans l’architecture … WikiHouse ! WikiHouse est une plateforme open source pour la conception de maisons et d’habitats en tout genre. Il permet à toute personne, y compris les non-professionnels, de concevoir une maison avec le logiciel SketchUp (logiciel de 3D de Google) puis d’imprimer instantanément les éléments architecturaux et enfin de construire sa maison.
wikihouse Fabriquez votre maison vous-même avec WikiHouse !

source | wikihouse.cc

Et on continue avec l’artiste Banksy – dont je vous parle très souvent - qui a compilé une liste assez vaste “d’anarchistes publics” pour un passage télé sur Channel4. Ces artistes anarchistes, activistes et autres trouble-fêtes sont notamment responsables du changement de regard que le public a sur la ville, sur la rue et sur les artistes qui y créent. Ils posent ainsi des questions et fournissent une certaine forme de soulagement comique pour tout le monde.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

source

C’est le petit cadeau graphique de la semaine ! Il s’agit de la mise en téléchargement gratuit d’une planche de composants graphiques (au format Photoshop) pour concevoir vos interfaces. La plupart des composants sont gris, clairs, simples et très propres et ils s’adapteront donc parfaitement à vos maquettes, templates et autres interfaces graphiques!

Télécharger

Voici une machine présentée par Tinkerlog il y a quelques semaines et qui va vous permettre de concevoir des dessins directement sur vos fenêtres ! Vous aviez peut-être déjà entendu parler d’Hektor, cette super-machine à reproduire des dessins 2D ? Et bien “Der Kritzler” (kritzeln signifie “gribouillis” en français) fonctionne sur le même principe. Utilisant des cordes, des engrenages et des moteurs, ce projet est donc très low-tech et fonctionne très simplement. Voici un aperçu du résultat :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

source

On continue notre revue de la semaine avec, pour le plaisir des yeux, des couvertures de Penguin Books.. Datées de 1969 et 1972, ces couvertures sur les sciences sont de véritables chefs-d’oeuvres simples et graphiques. Imprimées en Grande-Bretagne, elles représentent  chacune leur thématique mais sous forme de points, de couleurs et de composition. Des couvertures de livre comme j’aimerais en voir plus souvent à notre époque, que ce soit sur Internet, dans la presse ou dans l’édition.

source

Et … hop! On termine notre revue de la semaine avec un WTF totalement barré ! Je vous présente Rainbow  Poo, un petit arc-en-ciel qui ressemble à un bonbon mais qui n’en est pas vraiment un… Réalisée par Emmy Lincoln, Malin (de malins.info) et Peo Dah, cette douce animation musicale rythmera, j’en suis sûr, votre week-end :-D

Cliquer ici pour voir la vidéo.

source

En guise de petit mot de la fin, je vous invite à partager vos actualités graphiques & design dans les commentaires et si après vous avoir assommé avec toutes ces actualités, il vous reste encore un peu de bravoure, vous pouvez aller consulter les erreurs des webdesigners ou encore l’identité visuelle du Berliner Philharmoniker :)

Bon week-end à vous toutes et tous,

Geoffrey

]]>
http://owni.fr/2011/09/09/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s02e33/feed/ 5
Vendredi c’est graphism S02E16! http://owni.fr/2011/04/22/vendredi-cest-graphism-s02e16/ http://owni.fr/2011/04/22/vendredi-cest-graphism-s02e16/#comments Fri, 22 Apr 2011 06:21:42 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=58276

Bonjour les ami(e)s !

Vous êtes de plus en plus nombreux à lire Vendredi c’est Graphism et à m’envoyer vos actualités graphiques pour que je les publie et je vous en remercie infiniment ! Encore une belle semaine pleine de belles choses à se mettre sous les yeux et notamment grâce à vous :-) Au programme de la semaine, je vous présente la nouvelle version de Photoshop…sur tablette, une vidéo pour Virgin America, un travail culinaire ET typographique, un clip vidéo d’Antony and the Johnsons. On regardera également 10 000 images générées, ainsi que le projet Surface Switch. Et comme toutes les semaines, on finira sur un WTF très très obsédant à base de chat :)

Bon vendredi et bon graphisme !

Geoffrey

On commence notre semaine avec Adobe qui a enfin dévoilé « Photoshop Touch » et ses nouvelles façons d’interagir avec un écran tactile. L’idée est d’adapter réellement la plupart des fonctionnalités d’Adobe Photoshop (en ayant déployé un nouveau moteur de script dans Photoshop) et que cette version puisse fonctionne sur Android, Blackberry OS Tablet, et iOS.

On remarque ainsi des choses un peu nouvelles comme :

  • l’affichage d’un menu en posant 5 doigts sur l’écran
  • la sélection d’un item de ce menu en retirant tous ses doigts sauf celui posé sur l’item selectionné
  • le mélange « réel » des couleurs (par addition)
  • la synchronisation tablette & logiciel

Bref, l’intelligence de déporter des applications sur tablette est un vrai challenge, je suis pour l’instant assez convaincu par ce que les équipes d’Adobe nous proposent. Bravo à eux et j’ai hâte de voir la suite !

Cliquer ici pour voir la vidéo.

source

Voici une animation dessinée pour Virgin America avec pour thématique le “vivre ensemble”. Dans ce spot, 3LL s’est associé avec Droga5 pour vous apporter une sorte de leçon de vie pour soulager quelque peu votre esprit en avion.  Cette vidéo colorée et joyeuse est peuplée de stéréotypes exagérés, de sorte que chaque personnage peut avoir un impact énorme sans avoir besoin trop de temps d’écran. Un beau travail très bien maîtrisé, à découvrir.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

source

Si vous avez du temps ce week-end, je vous propose de vous cuisiner un petit goûter avec le fabuleux travail typographique et expérimental de Anna Garforth! Cette jeune femme s’est fait notamment connaître avec ses créations de graffitis de mousse mais elle replonge depuis peu dans l’exploration des matériaux complètement différents pour faire des polices de caractères. Et c’est pour mon plus grand plaisir qu’elle a travaillé le biscuit (miam!)

Elle réalise ainsi cette affiche avec inscrit l’expression « les yeux plus gros que le ventre », pas bête en effet Pour ma vision du travail de designer, je pense que l’expérimentation est un élément fondamental.Explorer, tester, échouer, reprendre, réussir, l’expérimentation graphique, culinaire, dans le code, dans le dessin, bref, c’est vraiment un processus de découverte et d’apprentissage primordial à ne pas négliger donc…

source

Séquence grande émotion avec “Christina’s Farm” d’Antony and the Johnsons, dirigé par Milica Zec et produit par Winslow Turner III Porter. L’auteur présente sa vidéo comme dédiée à tous ceux qui ont rencontré l’injustice sociale et il a été inspiré en partie par les émeutes anti-serbes gay qui ont eu lieu 10 octobre 2010, ou encore par les nombreux jeunes LGBTQ (pour “lesbian, gay, bisexual, and transgender”) aux États-Unis, qui ont pris leur vie en main après avoir subi la discriminiation. À regarder en plein écran pour mieux sentir cette sensation de vertige :-)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

On continue avec de très belles images découvertes cette semaine, il s’agit d’un projet intitulé “10,000 unique digital paintings”. Ces 10.000 peintures numériques et uniques ont été créées pour la dernière brochure du fabricant de papier GFSmith pour ses tests d’impressions. Chaque structure dispose d’un point de vue différent sur ​​une sculpture hypercomplexe qui est générée par un processus combinant du code génératif et des figures prédéfinies. Un superbe travail signé l’équipe de Field.io :-)

source

On enchaîne la semaine avec « Surface Switch », qui est un nouveau concept d’interaction ultramince réalisée avec une surface faite d’encre conductrice et de papiers conducteurs. Cette vidéo de concept (entendez par là que c’est pour de faux) pose la question de la façon dont il est possible d’utiliser les commutateurs de surface. On y découvre déjà certaines réponses dans cette vidéo ! De quoi nous faire travailler les méninges donc :-) Pour information, cette vidéo est créé par le « Surface interface Design Project » par Atsuhito Sekiguchi, James GIBSON, Akira Segawa, Keiko KOBAYASHI, Julien JASSAUO, Ami KANOH, Akemi Nanya, Takashi KONDO, Takashi HONDA et Ryusei Sakamoto. Nous attendons donc avec impatience la suite et les premières réalisations !

Cliquer ici pour voir la vidéo.

source

Le WTF qui a fait beaucoup de bruit cette semaine s’appelle NYAN-CAT ! Ce site internet est très addictif (un peu comme le meme Loituma) et… attention, c’est un concept bête mais ça fonctionne très bien et la réalisation est en HTML. Addictif je vous dis… et ça se passe sur nyan.cat !

Pour le mot de la fin, je vous invite à sortir vos agendas pour réserver quelques dates comme par exemple le 7 mai 2011 pour les Puces Typographiques (et boire un verre avec les lecteurs de mon blog), ainsi que le 10 mai pour le Festival Siana par exemple :-)

Allez… bon week-end !

Geoffrey

]]>
http://owni.fr/2011/04/22/vendredi-cest-graphism-s02e16/feed/ 0
VENDREDI C’EST GRAPHISM S02E05 ! http://owni.fr/2011/02/04/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s02e05/ http://owni.fr/2011/02/04/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s02e05/#comments Fri, 04 Feb 2011 07:34:27 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=45089 Bonjour à vous,

Ouf ! enfin la fin de la semaine, très chargée en travail mais toujours remplie de belles choses à découvrir, à lire et à apprécier. Je vous ai donc fait comme toutes les semaines ma petite sélection personnelle, totalement subjective :-)

Au programme de cette semaine, on découvrira les illustrations de Burks Trevor et ses skateparcs, de la visualisation de données sur le trafic à vélo les jours de grève, la façon dont entrer gratuitement au MoMa, l’identité visuelle de Bretagne ou encore une vidéo avec des codes secrets… On finira sur un WTF anti Photoshop ;-)

Allez, on commence dès maintenant notre revue de la semaine avec le travail de Burks Trevor qui a créé une série d’illustrations appelé “Skateboarding Mythologies”. Ces illustrations gravitent autour du skate et des skateparks dans les petites villes et les banlieues. Ce qui est intéressant dans ces images c’est qu’elles respirent la sincérité et le vécu. Chaque scène est d’ailleurs présentée par Trevor comme basée sur sa mythologie personnelle qui entoure le skate dans ces petites villes.

Les trottoirs, les rues, les corniches, les rails, les murs, les fossés, chaque élément a son côté pratique et tous sont des formes utilisés comme des éléments graphiques très agréables à reproduire visuellement.

source

Toujours cette semaine (et plus précisément hier), j’ai découvert cette visualisation de données qui nous présente le comportement en temps réel des vélos de location à Londres… le 4 octobre 2010 lors de la plus grosse journée de grève des transports !

On y découvre les heures de départ, d’arrivée, la durée des voyage et donc la vitesse moyenne de chacun.  Toutes ces données on été récupérées par Martin Austwick (en partenariat avec le CASA-UCL de Londres)  et ont été assemblées pour créer cette visualisation assez impressionnante.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Allez, on va lire ce petit passage de Vendredi c’est Graphism avec discrétion car il s’agit d’une petite manipulation pas très autorisée proposée par le talentueux Aram Bartholl. Cette semaine, il nous offre le plaisir de créer son propre passe annuel pour le Museum of Modern Art (MoMA) de New York. L’idée est simple et revendicatrice d’une culture gratuite pour tout le monde !

C’est facile et réalisable en 4 étapes :

  • 1. Téléchargez votre passe ici.
  • 2. Imprimez-le sur du papier épais.
  • 3. Ecrivez votre nom avec un stylo.
  • 4. Visitez le MoMa pendant un an, gratuitement !

source

On enchaîne avec un petit film illustré contenant 16 messages cachés qui détiennent des indices sur les secrets de  ses personnages. Huit sont assez faciles à trouver, six sont moyennement difficiles (ils font appel à diverses méthodes de cryptage assez simples) et deux sont extrêmement difficiles à décrypter… bon courage donc ! :-)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Pour finir, cette semaine, nous avons découvert avec plaisir, surprise ou déception, le logo de la “marque” de la région Bretagne. Ce logo (ci-dessous) est accompagné d’un site internet (ici) et a pour objectif de : « promouvoir le territoire, ses activités et ses valeurs sur la scène nationale et internationale ». Derrière cette marque il y a le Conseil Régional, l’Agence économique de Bretagne et le comité régional du tourisme, avec une étude de deux ans à la clef et 250 000 euros de budgets (pour deux ans d’études, apparemment, c’est raisonnable).

Le logo est assez astucieux avec le « Gwenn Ha Du » du drapeau breton et le TheMix pour typographie (une typo de Luc(as) de Groot de 1994 distribuée par LucasFont) et se lit bien… mais, car il a fallu un mais, il y a ce « BE » rajouté comme pour sursignifier la Bretagne ou pour rajouter une extension comme pour un site internet. Sachant que “.be” est l’extension qui, par définition appartient à la Belgique, nombreux ont été les commentaires. J’ai d’ailleurs souvent entendu parler d’un « .bzh » qui serait l’extension internet pour la bretagne… Qu’en est-il ?

source

Le WTF de cette semaine sera une photo qui m’a faite rire, il s’agit d’un crayon “Fuck Photoshop” ! Il s’agit là d’un vrai crayon créé par Zach Hilder et vendu sur sa boutique Etsy ! J’imagine déjà la gomme “fuck ctrl+Z” ou la colle “ctrl+v is for dummy” ;-)

source

Pour mot de la fin, je vous invite à jeter un oeil et une oreille aux dernières conférences du Lift où je suis en ce moment à Genève, beaucoup de conférences passionnantes sur le futur, le design aussi et pour vous amuser, des slides pas toujours très graphiques ;-)  Et si vous ne l’avez pas vu, je vous invite aussi à découvrir ce plan de métro de New-York, très musical et amusant !

Bon vendredi et bon graphisme ! ;-)

Geoffrey

]]>
http://owni.fr/2011/02/04/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s02e05/feed/ 2
Toshop devient intelligent: le retour du club de la barre bleue http://owni.fr/2010/03/25/toshop-devient-intelligent-le-retour-du-club-de-la-barre-bleue/ http://owni.fr/2010/03/25/toshop-devient-intelligent-le-retour-du-club-de-la-barre-bleue/#comments Thu, 25 Mar 2010 07:48:26 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=10794 Gommer un homme ou un bout de paysage d’une photo d’un clic, comme s’il n’avaient jamais existé. C’est ce que la future version de Photoshop permettra de faire, grâce à la fonction content-aware fill. Une nouveauté aussi enthousiasmante qu’inquiétante, qui facilitera la vie des services photo des magazines mais la censure dans certains pays. Avant en effet, il fallait des utilisateurs vraiment connaisseurs pour le faire, faute de quoi, on risquait un désastre.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

via @archiloque

]]>
http://owni.fr/2010/03/25/toshop-devient-intelligent-le-retour-du-club-de-la-barre-bleue/feed/ 1
Photoshop, anatomie d’un désastre http://owni.fr/2010/03/19/photoshop-anatomie-dun-desastre/ http://owni.fr/2010/03/19/photoshop-anatomie-dun-desastre/#comments Fri, 19 Mar 2010 10:03:07 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=10303 parisbloodyhilton

PhotoshopDisasters rassemble des images retouchées à la truelle avec le logiciel d’édition. C’est drôle et révélateur de la façon dont la société occidentale construit et impose des normes esthétiques.

Elles sont parmi nous, invraisemblablement réelles. Glissées dans un magazine, placardées dans un métro. Vous ne vous en rendez peut-être pas compte.
Heureusement, des yeux avertis veillent pour vous et les réunissent sur un site : PhotoshopDisasters, comme son nom l’indique, est une galerie d’images générées à l’aide du logiciel d’édition qui présentent des aberrations au regard de Mère Nature.

Lancé en 2008, le site trie les clichés selon des catégories au nom évocateur. Inadvertent amputation rassemble les photos où un membre a été coupé, comme ça, en douce :

rockbloodyit

Inversement, la victime d’une lame possède une pièce (mal) rapportée, une tête par exemple :

discountdance

Pour le collagène pixellisé, on tapera dans mutton dressed as lamb :

donnasummer

À côté des mannequins étiquetés baroque anatomy, les petites gymnastes chinoises passent pour des manches à balai :

evenlybloodygorgeous

Bon, passée la bonne poilade ludique sur le mode “cherchez l’erreur”, PhotoshopDisasters est aussi révélateur de la façon dont la société occidentale représente le corps et modèle à son tour notre vision de la norme, comme l’explique Alexie Geers, doctorante et chargée d’enseignement en histoire de l’art et des représentations à l’Université Paris Ouest Nanterre-La Défense, et doctorante associé au Lhivic.

Quand nous parcourons le site, les aberrations physiques nous sautent au yeux. Dans leur contexte, les verrions-nous ?

Alexie Geers : Les images qui ont subi de « mauvaises » retouches ou des erreurs de retouche, le lecteur peut les déceler en étant un peu attentif. Un bras ou un pied oublié est visible, cependant ces images étant faites pour être regardées rapidement, très souvent le lecteur ne s’en rend pas vraiment compte. Les autres images, « bien » retouchées, et ce sont les plus nombreuses, ne sont pas remarquées forcément comme telles. Bien que nous sachions l’image retouchée ou travaillée, nous ne savons pas à quel point.

Que racontent ces photos sur la façon dont notre société construit une représentation normée du corps ?

Ces images, issues par exemple de la presse féminine, montrent des corps uniformisés, correspondant aux canons de beauté contemporains, toutes les étapes de la fabrication des images (car il ne faut surtout pas oublier qu’il n’y a pas que la retouche qui permet de fabriquer une photographie) permettent de gommer les aspects d’individualité (grains de beauté, nez légèrement tordu…) et de mettre en avant certains autres aspects, plus idéalisés (peau lisse, minceur, cheveux brillants…).

Des retouches aussi déformantes sont-elles courantes ?

Oui, mais la plupart du temps, la retouche est « bonne », c’est-à-dire qu’on ne la voit pas, on peut l’imaginer certes, mais la technique n’est pas visible. Les exemples de PhotoshopDisasters sont des exemples d’erreurs, de « mauvaises » retouches. Un corps peut être entièrement transformé, remodelé sans que le lecteur ne le voit, n’ayant jamais rencontré le modèle ! Souvent la rupture est visible lorsqu’il s’agit de quelqu’un de connu, voir Monica Belluci ou Sharon Stone avec des visages de jeunettes de 25 ans surprend toujours.

Quels secteurs y recourent le plus, et qui s’adressent à quels publics ?

La publicité, la presse féminine et aussi l’affiche de cinéma sont les plus gros consommateurs de ce type d’images, ceci s’expliquant aussi par leurs budgets, très importants. Car des images comme ça coutent chères, elles demandent beaucoup de travail.

Mais je dirais qu’aucun secteur n’y échappe, je crois qu’aujourd’hui toutes les photographies sont retouchées, même a minima. D’ailleurs il faut se poser la fameuse question : où commence la retouche ? Est-ce au moment où on opère une légère chromie ? Ou au moment où l’intervention est plus grosse ? Il est assez amusant de voir que la retouche est toujours définie à côté de la photographie alors qu’elle fait entièrement partie d’elle.

Quel est le risque d’une telle pratique ?

Je ne vois pas vraiment de « risque » dès l’instant qu’on est bien conscient que ce qu’on a sous les yeux est une image et non la réalité. Une photographie de publicité cosmétique n’est pas moins conforme à la réalité qu’une Vénus d’Ingres ! Il faut comprendre que l’image photographique n’est pas la réalité et balayer une bonne fois pour toute l’idée qu’elle comporte l’objectivité. La photographie est une composition et dans ces exemples, elle est travaillée autant qu’un dessin. Elle se situe, de la même manière, entre la réalité et l’imaginaire, et pas forcément plus près de la réalité.

Marie-Claire a annoncé un numéro « 100% sans retouches », la députée Valérie Boyer a proposé une loi qui obligerait à signaler les photos retouchées…, pensez-vous que l’on va revenir vers plus de naturel dans la représentation des corps ? Ou nous avons besoin de représentation idéalisée du corps ?

La démarche de Marie-Claire dans ce numéro est différente de la proposition de loi de V. Boyer, car le magazine veut montrer que, sans retouche, le magazine n’est pas si différent qu’avec (et donc essayer de dire qu’il n’use pas de la retouche). La députée veut écrire sur l’image photographique : « attention ceci est retouché, ceci n’est pas la réalité ».

À mon sens être éduqué à l’image serait une bien meilleure solution pour avoir un regard critique face au flot d’images qui nous entoure ! Apprendre qu’en effet l’image n’est pas la réalité ! (et ce n’est pas Magritte qui dirait le contraire.)

Si l’on regarde les images de presse féminine cette dernière année , on peut voir une idéalisation très prononcée. Où allons-nous ? Vers plus de naturel ? Je ne le pense pas. Car n’oublions pas que derrière toute ce système de représentation (presse féminine, publicité), il y a des industries cosmétiques, qui ne sont pas prêtes d’abandonner leurs moyens de convaincre. Surtout que le corps idéalisé est un moyen diablement efficace. Vous avez raison, en quelque sorte « nous avons besoin de représentation idéalisée ». Pour preuve la campagne Dove qui utilisait des modèles différents, des femmes rondes, plus âgées, des femmes comme « tout le monde », la campagne a beaucoup plu aux femmes, mais n’a pas eu de bons résultats commerciaux…

L’éducation à l’image, un vaste chantier auquel quelques ouvriers s’attellent…

Toutes les photos sont reprises de PhotoshopDisasters.

Quelques liens pour aller plus loin :

> sur l’image

Le blog d’Alexie Geers, L’Appareil des apparences, consacré entre autres aux photographies de corps féminin dans la presse féminine, et en particulier son billet sur le numéro “100% sans retouches” de Marie-Claire

Métamorphoses de Valentina Grossi, aborde la retouche numérique.

Les deux blogs d’André Gunthert sur Culture visuelleTotem et spécialement cette analyse et L’atelier des icônes ; et cet article paru sur Etudes photographiques

> sur l’éducation aux médias

Cellulogrammes, un atelier pédagogique sur à l’éducation à l’image, auquel s’est associé Curiosphere.tv, la web-tv éducative de France 5.

Le site de l’association Paroles d’images, présidée par Rémy Besson, et son blog.

Zéro de conduite

Le Clemi

Passeursdimages

Et pour finir, une vidéo montrant comment on transforme une jolie femme en une image publicitaire pour Dove.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

]]>
http://owni.fr/2010/03/19/photoshop-anatomie-dun-desastre/feed/ 5
Marie-Claire sans retouches ? http://owni.fr/2010/03/19/marie-claire-sans-retouches/ http://owni.fr/2010/03/19/marie-claire-sans-retouches/#comments Fri, 19 Mar 2010 10:01:13 +0000 Alexie Geers http://owni.fr/?p=10313 Quand le magazine féminin promet un numéro d’avril 100% sans retouches, qu’entend-il par là et que veut-il démontrer ? Alexie Geers, auteur du blog L’Appareil des apparences sur Culture visuelle, et nouvelle venue sur Owni, analyse l’opération.

Un an tout juste après Elle et ses stars photographiées «sans fards, sans maquillage, sans retouches» par Peter Lindbergh, Marie-Claire, nous promet, pour son numéro d’avril 2010, un numéro «100% sans retouches».

Elle, avril 2009, "Stars sans fards, sans maquillage, sans  retouches" (Monica Belluci)

Elle, avril 2009, “Stars sans fards, sans maquillage, sans retouches” (Monica Belluci)

Marie-Claire, avril 2010, Une, "Numéro 100% sans  retouches" (Louise Bourgoin)

Marie-Claire, avril 2010, Une, “Numéro 100% sans retouches” (Louise Bourgoin)

Selon Christine Leiritz, directrice de rédaction et éditorialiste, « nulle retouche, pas de tricherie »[1] dans ce numéro, pensé comme un pied de nez à la proposition de loi de Valérie Boyer[2]:  «Ce que nous voulons montrer est limpide. Marie-Claire n’offre pas une «représentation erronée de l’image du corps dans notre société» comme le craint la députée, à grand coup de logiciels de retouche, de castings de filles maigrissimes et d’injonctions à maigrir. Marie-Claire, pas plus, n’offre à ses lectrices une image réductrice d’une beauté unique et d’une jeunesse éternelle».

Une petite observation dudit magazine s’impose au regard de ce discours.

La directrice de rédaction mentionne que «les publicités ne sont pas concernées» par la non-retouche, seules les photographies dites éditoriales participent au défi. Or sur les 322 pages que comporte ce numéro, 123 sont des publicités pleine page: 30% du magazine échappe donc à la «non-retouche», donnant au numéro un aspect visuel tout à fait proche de ce dont on a l’habitude.

L’éditorialiste en a d’ailleurs parfaitement conscience «Pas sûr, même, que si nous n’avions pas ajouté la mention “photos non retouchées” vous auriez perçu un quelconque changement»…

Prêtons attention au 70% restant et aux «photographies non retouchées».

Tout d’abord, que signifie «sans retouche»? A quel moment commence la retouche d’une photographie? Au moment de l’éclairage qui unifie le visage et qui gomme les pores? Au moment du choix d’un noir et blanc légèrement surexposé? Au moment de la chromie qui elle aussi peut se révéler avantageuse? Ou plus généralement avec l’utilisation de la palette graphique et des outils de modifications numériques?

Bien entendu la rédaction de Marie-Claire entend la retouche dans son acceptation la plus courante (voir le débat sur le Worldpress[3]), la retouche numérique soit toutes les modifications que l’on peut faire sous Photoshop, mincir les modèles, effacer rides et boutons…

Pourtant les photographes n’ont pas attendu Photoshop pour donner à leurs modèles l’apparence la plus avantageuse. Ainsi si l’on regarde de plus près  la page 227 (dossier mode), bien que l’image n’ait peut-être pas subie l’action d’une gomme Photoshop, il est certain que par le travail du photographe, une partie des “défauts” si souvent traqués dans la presse féminine, disparaissent d’eux-mêmes sous l’effet de l’éclairage et du noir et blanc. Sans évidement parler du choix du modèle, lui aussi capital.

Dossier mode "Peps un the city", in Marie-Claire, avril  2010, numéro 100% sans retouches, page 227

Dossier mode “Peps un the city”, in Marie-Claire, avril 2010, numéro 100% sans retouches, page 227

Ainsi on comprend aisément que la construction d’une image photographique se fait autrement qu’en retouchant.

A la lecture de l’éditorial de Christine Leiritz, un second point me semble intéressant:  c’est la volonté de prouver que le magazine ne donne pas d’ «injonctions» à maigrir ou à l’éternelle jeunesse. Cependant, quels articles peut-on lire: “Nouvelles crèmes minceur” (p. 193), “Médecine esthétique, des nouveautés futées” (p. 204 ), ou encore “Aides minceur à dévorer” (p. 285)… soit des articles en complète opposition avec le discours de la rédaction voulant montrer des femmes qui s’assument et qui sont bien dans leur peau.

D’ailleurs, en regardant l’illustration de l’article sur “les nouvelles crèmes minceurs” (p. 193), on peut voir une image de quatre modèles très minces, qui dans un numéro traditionnel et “retouché” auraient subies un remodelage des cuisses pour les …rendre plus rondes! En définitive, dans cet exemple, la version sans retouche montre des corps plus minces que si l’image avait été retouchée.

"Nouvelles crèmes minceur", in Marie-Claire, avril 2010,  numéro 100% sans retouches, page 193.

“Nouvelles crèmes minceur”, in Marie-Claire, avril 2010, numéro 100% sans retouches, page 193.

Ce qui fait réfléchir à la place du discours. Si l’image a une place importante dans la presse féminine, il ne faut pas oublier la diversité du discours proposé par celle-ci. Comme nous l’avons dit plus haut, il y a 123 pleines pages de publicités, dont par exemple 49 pages pour la cosmétique (crèmes, maquillage, complément alimentaires “beauté”) vantant les mérites de produits censés «activer la jeunesse» ( Lancôme, Généfique), «camoufler les imperfections» (Séphora, BareMinerals), lisser les capitons et resculpter (Elancyl, Offensive cellulite),  «amincir jusqu’à 20%» (Somatoline Cosmetic, Traitement amincissant intensif )…

On peut alors se demander ce que retient la lectrice du feuilletage de ce magazine «spécial»?

Car si les images ne sont pas «retouchées», au sens «modifiées sous Photoshop», elles sont pourtant bel et bien travaillées, fabriquées, composées. D’autre part la coexistence d’article sur la minceur, sur la quête de perfection n’a pas disparu, ni les publicités du même ordre. Ce qui remet a priori en question l’idée de la rédactrice selon laquelle «Ce ne sont pas les images qui créent des schémas sociaux, comme cette proposition de loi veut nous le faire croire, mais les schémas sociaux qui se reflètent sur ces images».[4]


[1] LEIRITZ Christine, “Pas (re)touche!”, edito in Marie-Claire, avril 2010, page 30.

[2] Proposition de loi relative aux photographies d’images corporelles retouchées, http://www.assemblee-nationale.fr/13/propositions/pion1908.asp

[3] GUNTHERT André, “Le détail fait-il la photographie”, L’Atelier des icônes, 7 mars 2010, http://culturevisuelle.org/icones/447

[4] LEIRITZ Christine, “Pas (re)touche!”, art. cit.

Billet initialement publié sur L’Appareil des apparences, blog de Culture visuelle

]]>
http://owni.fr/2010/03/19/marie-claire-sans-retouches/feed/ 4
Photoshop et la BD http://owni.fr/2010/02/27/photoshop-et-la-bd/ http://owni.fr/2010/02/27/photoshop-et-la-bd/#comments Sat, 27 Feb 2010 20:23:33 +0000 Valentina Grossi http://owni.fr/?p=9158 Nord, Nord-Est est une bande dessinée née de la collaboration entre Thomas Gabison, scénariste, et Gilles Tévessin, illustrateur, et qui paraîtra en avril 2010 chez Actes Sud. L’histoire est celle d’une femme originaire de la campagne en virée pour une courte durée à Paris, où son petit-fils habite, et où les deux rencontreront un groupe d’amis de proche banlieue. À l’occasion d’une interview, Thomas et Gilles m’ont expliqué la façon dont les images de la BD sont conçues : « D’abord, nous prenons des photographies en numérique, qu’ensuite Gilles retraduit en dessins », dit Thomas ; « les photographies nous permettent d’avoir de nouvelles idées et d’aller au-delà des stéréotypes qui ramèneraient à des images trop banales ». Gilles m’expliquera plus tard qu’une mise en scène est nécessaire pour que les photos soient efficaces, surtout en ce qui concerne les gestes des personnages.

personnages ensembe1

personnagesensemble2

Le support pour les dessins de Gilles est Photoshop, qui permet de dessiner directement sur les photographies en utilisant les calques et surtout une tablette graphique. Sur Photoshop, la forme du pinceau peut être réglée afin d’avoir différents rendus selon la pression ou l’inclinaison du stylet, de façon à simuler l’usage du crayon sur le papier. La technique de Gilles, c’est de retraduire les différentes zones de la photographie en plusieurs aplats colorés ; les objets du fond restent sans contours, alors que les personnages sont délimités par des traits noirs.

piscines

Le résultat est naturellement loin de l’image photographique de départ, mais ce qui est intéressant, c’est que certains effets photographiques sont conservés, comme des jeux d’ombres et de lumières, des cadrages qui “coupent” les personnages ou certains bougés typiques de l’image photographique. Ces effets se retrouvent surtout dans des scènes nocturnes, puisque ils retraduisent le rendu de la photographie de nuit, et notamment les formes allongées et floues des lumières (dues à un long temps de pose, nécessaire avec une faible luminosité), ou des images très sombres avec seulement quelques points de lumière (dues au fait que la latitude d’exposition de l’appareil, c’est-à-dire la faculté à restituer une plage de luminosité sans sous-exposer ou surexposer des zones très contrastées, est beaucoup plus faible par rapport à celle de l’œil humain).

taxi

nuitensemble1

nuitensemble2

Gilles m’explique que, parmi toutes les techniques qu’il a expérimentées, celle-ci est celle avec laquelle il arrive le mieux à donner un « caractère physique » à ses personnages et à son histoire, et à les faire en quelque sorte « être là » : « Avant, je dessinais tous les objets du décor séparément et, après, je les rassemblais en faisant un collage, mais le résultat n’était pas crédible, ça ne se tenait pas ». Dans ce cas, Photoshop sert donc de support pour passer d’une photographie au dessin, et c’est justement la proximité entre ces deux « systèmes » d’images qui permet de conserver une perspective unifiée pour le décor et les personnages.

Cette technique peut être vue comme le correspondant pour l’image fixe de ce qu’est la « rotoscopie » pour l’image animée, un procédé qui consiste à transformer un film en dessin animé. La rotoscopie n’est pas une nouvelle technique (elle a été inventée en 1914 et utilisée plusieurs fois par Disney); cependant, de nouveaux styles sont issus des plus récents moyens d’« abstraction photographique », et notamment du logiciel Rotoshop (dont le nom rappelle expressément celui de Photoshop), qui permet l’« interpolation » des images en mouvement et le « freezing » pour figer les décors, et qui a été utilisé pour les films Waking Life (2001) et A Scanner Darkly (2006).

Comme Fanny Lautissier l’a déjà observé pour le film Valse avec Bachir, on assiste dans ces cas à « une contamination visuelle de la représentation à vocation réaliste par une dimension imaginaire »[1]; parallèlement, en ce qui concerne Nord, Nord-Est, des « effets de réel » provenant de l’esthétique photographique sont utilisés pour rendre les décors dessinés plus crédibles et pour nous plonger dans une histoire. Est-ce que ce « photoréalisme » peut nous faire réfléchir sur le rôle de l’image et sur sa capacité de « mise en scène » et « réalisation » d’un récit?


[1] Fanny Lautissier, Valse avec Bachir, récit d’une mémoire effacée”, Conserveries mémorielles, 26 décembre 2009.

Article de Valentina Grossi, initialement publié sur Métamorphoses, un des blogs de Culture visuelle

]]>
http://owni.fr/2010/02/27/photoshop-et-la-bd/feed/ 2
Photoshop, école de l’image http://owni.fr/2010/02/13/photoshop-ecole-de-l%e2%80%99image/ http://owni.fr/2010/02/13/photoshop-ecole-de-l%e2%80%99image/#comments Sat, 13 Feb 2010 08:26:24 +0000 André Gunthert http://owni.fr/?p=8107 Photoshop a vingt ans. Peut-être plus que les appareils photonumériques, c’est ce logiciel qui a incarné la rupture majeure engagée par la révolution de l’image digitale. Pour la première fois, la photographie perdait visiblement son statut de garant de l’authenticité de la représentation.

Dès le début des années 1990, les plus avisés s’alarment de ce bouleversement. The Reconfigured Eye (William J. Mitchell, 1992) est le premier ouvrage à signifier l’entrée dans l’ère “post-photographique” – et une ode aux outils de manipulation du visuel.

Plutôt que de pleurer le mythe perdu, il faut se réjouir que Photoshop ait permis à la photographie de réintégrer le régime général de l’image – celui qui, comme au cinéma, permet de circuler du document à la fiction, mettant fin à la dangereuse illusion de l’objectivité photographique.

Conçu par Thomas Knoll dès 1987, d’abord appelé ImagePro, la version 1.0 du logiciel sera diffusée par Adobe en 1990, destinée aux ordinateurs Macintosh, pour une retouche en noir et blanc (cf. Tom Hornby, “How Adobe’s Photoshop was born“, 05/06/2007). Cette application qui vulgarise des technologies de pointe alors utilisées dans les studios cinématographiques va devenir, avec X-Press, l’outil de référence des débuts de l’édition électronique et de la PAO (publication assistée par ordinateur).

Pour une partie du grand public, guidé par des journalistes myopes, la retouche d’images résume à elle seule tous les maux d’une société du spectacle, de l’illusion et de la séduction. Mais les usages publics de l’illustration requièrent bel et bien une image plastique, manipulable et adaptable, dont la lecture est tout entière construite par le travail éditorial. Est-ce la faute de Photoshop si la dégradation de nos rapports sociaux ne nous laisse comme seul espoir pour nous faire aimer que le fantasme de la beauté parfaite?

La meilleure arme contre la société du spectacle n’est pas de croire aveuglément en ses icônes, mais au contraire de préserver la distance de l’esprit critique. Dans la déconstruction des pouvoirs de l’image, depuis vingt ans, Photoshop est un professeur inlassable de la relativité et de la plasticité des représentations. Le meilleur allié d’une vision éclairée de notre monde d’images.

Billet initialement publié sur l’Atelier des Icônes.

]]>
http://owni.fr/2010/02/13/photoshop-ecole-de-l%e2%80%99image/feed/ 0