OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Le SPOT Festival vu et entendu par Sourdoreille http://owni.fr/2011/06/08/le-spot-festival-vu-et-entendu-par-sourdoreille/ http://owni.fr/2011/06/08/le-spot-festival-vu-et-entendu-par-sourdoreille/#comments Wed, 08 Jun 2011 12:28:15 +0000 Sourdoreille http://owni.fr/?p=32121 Après avoir entendu Sami Battikh sur les projets estivaux de l’équipe de Sourdoreille, voici leur premier reportage de l’été. Il s’agit de vidéos prises lors du SPOT festival et les découvertes sonores sont plus excitantes les unes que les autres. Enjoy the trip powered by @sourdoreille !


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Århus ou Aarhus ? Depuis le 1er janvier, on dit Aarhus, sachez-le ! Si l’orthographe dans la deuxième ville danoise par la taille ne vous intéresse pas, sachez par contre qu’il s’y déroule un chouette festival qui permet de prendre la température scandinave et de fricoter un peu avec les tendances musicales du nord de l’Europe. Mise en bouche à quelques heures du Spot festival, où notre crew s’installe dès vendredi.

Posée entre la mer du Nord et la Baltique, Aarhus, deuxième ville du Danemark, héberge 20 % des Danois. La ville de transit maritime vers Göteborg (Suède) se distingue par ses baraques colorées en bordure de plages. Les 27 et 28 mai, elle fera parler d’elle pour une toute autre raison. Pendant deux jours, le Spot festival prend ses quartiers. Une espèce de petite soeur danoise des Transmusicales rennaises ou de l’Eurosonic hollandais – la dimension mondiale en moins. Elle passera en revue toute la scène émergente de l’Europe élargie. D’Islande aux îles Féroé en passant par la Norvège et la Finlande, le Spot propose plus d’une centaine de concerts dans toute la ville.

Ne pas s’attendre donc à croiser ici les Raveonettes ou The Hives : le seul nom vraiment connu s’appelle WhoMadeWho. Pour le reste, tous les styles ont droit de cité : du metal au jazz en passant par le hip-hop et les fanfares punk, le spot est un joli patchwork nordiste.

Facile donc d’attiser la curiosité, un peu moins d’établir son parcours musical dans ce labyrinthe musical où les professionnels (tourneurs, programmateurs, labels…) viennent faire leurs courses.

Lives :

Treefight For Sunlight

« Electro pop dépassée, pop pétillante, pop art, pop sombre ou encore pop rêveuse féerique. Le SPOT ouvre son sac et laisse s’échapper toute la pop qu’il contient ! ». Verbatim d’un festival qui ne ment pas sur sa marchandise. Sa plus belle pépite ? Peut-être Treefight For Sunlight.

Pour situer le niveau, le gang de Copenhague est quand même sous la coupe du précieux label Bella Union, à qui l’on doit les dons du ciel que sont Andrew Bird, Fleet Foxes, Midlake ou Explosions in the Sky.Hâtivement présentés comme les MGMT danois, Treefight for Sunlight est en réalité une machine pop qui s’est seulement mise en marche en ce début d’année, grâce à un premier disque « A Collection of Vibrations for Your Skull » qui a valu une belle surchauffe à la bande FM danoise. Sur scène, notre plaisir est immédiat. Ces mecs donnent le sourire et leurs éclaircies psyché vous chassent les nuages du soir.

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Budam – The Bicycle

Claquer des mains sans qu’elles ne se touchent. Préparer un masque sans jamais le porter. S’enfariner le visage, étonner et émouvoir un public. Le set de Budam est un jeu, de rôles, de gammes. Un jeu burlesque, entre eux, avec nous, contre les codes. Eux trois s’amusent de la matière, sonore et visuelle. On a vu 25 minutes, on devait partir. C’était trop peu pour ne pas être frustrés. Assez pour vous dire que ça nous a touchés.

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F.U.K.T.

Pour un festivalier égaré au Spot et faisant de l’urticaire devant les concerts de pop, il faut la jouer fine. Une des solutions de la première journée de vendredi était d’aller faire chauffer ses tympans devant F.U.K.T., dignes représentants de la scène électro-dub danoise.Les trois gars encapuchés récolteront au passage un compliment difficile à nous arracher : oui, il y a chez ce groupe formé en 2006 des airs d’Ez3kiel du début, époque « Handle With Care ».

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Sessions accoustiques :

Figurines – Good Old Friends

Si sa région du Groenland lui était rattachée, le Danemark serait le plus grand pays d’Europe. Ces rêves de grandeur oubliés, Figurines contribue à replacer, à défaut de mieux, le pays sur la mappemonde de l’indie-rock. C’est toujours ça de pris. « Skeleton », second album paru en 2005, avait alors chatouillé les oreilles d’esthètes de la pop qui auraient pour dieux The Kinks ou Brian Wilson. Un son simple, frontal, armé de voix haut-perchées, et s’installant immédiatement dans notre petit crâne.A domicile (ou presque), on leur a proposé une session acoustique à la sortie du centre des impôts de Aarhus, sous l’œil curieux de ses employés.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Mugison – Murr Murr acoustique

Si vous ne connaissez pas Örn Elías Guðmundsson, vous avez peut-être déjà entendu parler de Mugison. Originaire d’Islande, ce barbu jovial possède un répertoire assez déroutant. Tout seul sur scène, à l’aise dans la peau d’un bluesman bourru ou dans celle d’un folkeux à fleur de peau, ce fils de chanteur de karaoke était attendu au Spot.En marge de son concert, on l’a emmené se promener avec sa guitare au bord de l’Århus Å, petite rivière à quelques pas du site du festival. Assis dans l’herbe, Mugison nous joue Murr Murr, titre qui l’a révélé à sa sortie, en 2004.

Hymns from Nineveh – So Mournful the elegy

Quand il a fallu se fader près d’une centaine de groupes à écouter pour n’en garder qu’une poignée qui illustrerait au mieux, selon nous, la scène danoise, on nous a soufflé le nom de Hymns from Nineveh.

On aurait bien eu tort de ne pas tendre l’oreille. Jonas Petersen est à la tête d’un groupe folk où violon et accordéon ont trouvé leur juste place. Leur superbe titre acoustique So Mournful the elegy, son comforting the hymn, joué sur un comptoir de bar délaissé, est une belle façon de clore notre séjour ici, à Aarhus. Après les Pays-Bas, la Norvège et l’Italie, on les attend désormais en France. Vite.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

10 (contre)-vérités pour un festival danois

- On commence par une mise en garde : si vous n’aimez pas la pop au Spot Festival, on vous promet une mort lente et douloureuse.

- Sur la foi de ce seul clip, on voulait intégrer Darkness Falls à notre web-TV. On les a même filmés… mais pas de mise en ligne. Dans la pléthore de groupes inconnus au bataillon, on tombe vite dans un guet-apens.

- La présence de canettes et autres bouteilles en verre ne pose aucun problème dans les salles.

- Dans nos cerveaux de français, le F.U.K.T 2011 fait joliment écho au EZ3KIEL 2001.- Ici, à Aarhus, les gens savent se tenir. Pas ou peu d’effluves éthyliques.

- Sur chacune des (douze!) scènes, on notera que le public est massivement présent.- La vodka est moins chère que la bière.

- Même en mai, on est en novembre. Il pleut, il fait froid et il y a du vent. L’année prochaine, on ira au Primavera.

- Les Danois et les Danoises sont beaux, mais il y a deux caps culturels à dépasser : 1) leur vision capillaire de la mèche. 2) ils ont un problème avec le sel.

- A 4h du mat, il fait jour.


A lire : l’interview de Sami Battikh

Articles initialement publiés sur : Sourdoreille

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Le sourdoreille tour des festivals 2011 http://owni.fr/2011/06/07/le-sourdoreille-tour-des-festivals-2011/ http://owni.fr/2011/06/07/le-sourdoreille-tour-des-festivals-2011/#comments Tue, 07 Jun 2011 13:57:38 +0000 Sourdoreille http://owni.fr/?p=32086 Nous avons découvert l’équipe de Sourdoreille il y a quelques temps déjà. Dynamiques, ambitieux et patients, les membres de cette jeune équipe se sont spécialisés dans la vidéo musicale et nous ont proposé de vous faire partager leur voyage estival traditionnel. Du SPOT festival au Danemark à Rock en Seine, ils nous feront découvrir des artistes tout au long de l’été. Un voyage à la fois visuel et sonore.

Sourdoreille, en nous permettant de découvrir des festivals auxquels nous n’aurons probablement jamais l’occasion de nous rendre, a aussi pour ambition de nous montrer les cultures locales par le biais des artistes. L’équipe sélectionne des artistes selon leur pays, puis les présente via des interviews, des captations de live et des sessions acoustiques. Sourdoreille se rendra au festival Papillons de Nuit, aux Eurokéennes, au festival des Vieilles Charrues, à l’Atropolis, à Rock en Seine et à l’Art Rock. Cette année, ils nous emmèneront vers des contrées plus lointaine en couvrant le FME festival au Canada, le festival Gnaoua d’Essaouira au Maroc, ou encore le SPOT festival au Danemark.

Afin d’inaugurer ce voyage au cœur des festivals, nous avons demandé à Sami Battikh de présenter ses projets et son équipe. Et, nous en avons bien évidemment profité pour avoir son point de vue sur des questions que nous nous posons généralement sur OWNImusic.

Pourrais-tu nous présenter ton équipe en quelques lignes  ?

Sourdoreille est un collectif formé depuis 5 ans et qui regroupe aujourd’hui une vingtaine de personnes. Nous sommes tous issus du milieu du journalisme, de l’audiovisuel ou de la culture. L’idée est de mettre nos compétences professionnelles au service d’un projet éditorial fort : une couverture du milieu musical décalée sur le fond, mais avec une exigence sur la forme.

Vous avez fort bien compris le principe du partage, que vous utilisez sans modération afin de vous rendre visible sur le web. Comment faites-vous pour résister à l’automatisme de prendre cet échange pour du vol ?

Nous sommes tous des utilisateurs d’outils de partage, notamment pour la musique. Chacun, à titre personnel, comprend les avantages d’une libre circulation de la culture.

Il était donc assez évident que notre projet, qui a vocation à faire découvrir des artistes que nous soutenons, ne pouvait que s’inscrire dans cette logique.

Cela ne veut pas dire que nous ne nous soucions pas du respect des droits des auteurs et interprètes. Nous précisons à nos interlocuteurs l’exploitation que nous faisons de chacune des vidéos mises en ligne, toutes sous le statut creative contents. Notre intérêt est de rendre nos productions visibles au-delà de notre site, via des relais extérieurs. Après, nous essayons de rester vigilants sur le respect des sources et demandons à chaque fois une citation de l’origine de la production, avec si possible un lien vers notre site.

Comment pensez-vous monétiser votre activité ? Combien de temps avez-vous pris et quels étaient les pré-requis que vous vous êtes fixés avant de penser à quitter vos jobs respectifs ?

Notre site est totalement dépourvu de publicité. Et il n’est pas question d’envisager de faire payer l’internaute pour accéder au contenu.
À partir de là, nous avons fait le pari de développer notre projet éditorial, notamment le concept des web-TV de festivals, en sachant que cette activité resterait déficitaire pendant encore quelques années.

L’idée, c’est donc, pendant ce laps de temps, de développer des activités vidéo annexes génératrices de revenus. Depuis quelques mois, nous avons donc monté une société de production vidéo à destination des professionnels de la musique. Le principe est de profiter de notre savoir-faire, et de notre positionnement privilégié sur le secteur des musiques actuelles, pour offrir aux structures des prestations vidéo de qualité et avec la même réactivité que sur nos web-TV de festival.

À côté de ça, nous développons également d’autres projets : web-documentaires en rapport avec la musique, clips et EPK, réalisation de web-TV de salles de concert, émissions pour des chaînes de télévision ainsi que des formations vidéo.

Depuis septembre dernier, nous sommes deux membres du collectif à avoir quitté nos boulots respectifs pour nous consacrer entièrement à Sourdoreille. Nous avons monté une société sous forme coopérative avec 12 associés. Un troisième permanent va nous rejoindre d’ici le mois de novembre. Les autres associés sont sollicités de façon ponctuelle.

Pourquoi se spécialiser dans le webdoc et la musique ?

Nous ne sommes pas vraiment spécialisés dans le web-doc musical mais plutôt dans la vidéo musicale.
Les web-TV de festivals sont vraiment la colonne vertébrale de cette activité. Mais c’est tout naturellement que nous travaillons depuis quelques mois sur la réalisation de web-doc. Notre collectif n’est pas simplement composé de techniciens vidéo. Nous avons aussi des journalistes et des acteurs culturels. Il était donc assez logique pour nous de mettre à profit ces compétences, de les coupler à nos moyens techniques, pour aller au-delà d’une simple couverture live (concert et acoustique) d’événements musicaux.

Ce genre nous permet d’explorer de nouvelles formes éditoriales. Par exemple, sur le festival Art Rock, qui débute dans quelques jours, nous allons réaliser un documentaire qui s’interrogera sur la place du corps dans la musique.

A quoi va ressembler, selon vous, le futur de la vidéo avec la montée du web ? On ne voit pas encore de “spotify” de la vidéo…

C’est toujours hasardeux de faire des pronostics, surtout lorsqu’il s’agit des nouvelles technologies.

Ce qui nous semble assez sûr, c’est que la musique fait partie des piliers d’internet. Et qu’en même temps, la musique se vit de plus en plus avec la vidéo. Les groupes font ainsi de moins en moins d’albums mais de plus en plus de vidéos (clip, EPK, captation live).

Désormais, pour découvrir un groupe ou un titre en particulier, les internautes ont autant le réflexe de le chercher sur Youtube ou Dailymotion que d’aller sur le Myspace du groupe !

Quand je vous dis “live augmenté”, vous pensez à quoi ?

À un potentiel encore inexploré. Mais plus précisément, pour le moment, à pas grand-chose.
Aujourd’hui, les innovations technologiques n’ont pas vraiment permis d’apporter un réel plus à la couverture vidéo des concerts. Il y a bien eu quelques expériences ces dernières années, mais qui étaient plutôt de l’ordre du gadget que d’un réel progrès.

Tout reste donc encore à inventer. Je pense que la vraie plus-value se fera lorsqu’on arrivera à inclure le spectateur dans la couverture de l’événement. Avec le développement des nouveaux smartphones et des plateformes de streaming en direct via ces appareils (Broacaster, Orson), il devrait être possible, prochainement, d’utiliser ce contenu en direct dans la réalisation d’un live.

Parlez-nous de vos projets de l’été, à quoi s’attendre avec Sourdoreille en tournée ?

Le Sourdoreille web-TV Tour 2011 est déjà lancé. Nous allons couvrir une quinzaine de festivals, avec l’objectif d’offrir un panorama assez varié de l’univers des festivals en France et dans le monde. Nous réaliserons ainsi les web-TV des Vieilles Charrues, des Eurockéennes ou encore de Rock en Seine.

Ready for the trip ;)

Mais à côté de ça, nous couvrirons des festivals de plus petites tailles tels que les Rockomotives, les Indisciplinées ou encore Astropolis. Comme pour le choix des artistes filmés, nous essayons toujours d’offrir une visibilité à des structures plus modestes mais qui nous correspondent artistiquement. Cette année, l’accent sera également mis sur les découvertes à l’étranger avec des web-TV au Danemark, au Maroc ou encore au Canada. Sur ces web-TV, l’idée est de vraiment coller au plus proche de la culture locale.

Quel est le festival ou/et l’artiste dont tu te réjouis le plus ?

C’est vraiment impossible de choisir. S’il fallait ne garder qu’un artiste ou festival sur cet été, peut être faudrait-il retenir les Vieilles Charrues. Le plus grand festival de France fête en effet ses 20 ans, et cet anniversaire promet d’être assez mémorable. Et comme souvent, ce sera tout autant grâce aux artistes qu’au public !

Quelle a été votre plus belle aventure avec Sourdoreille jusqu’à aujourd’hui ?

La couverture du FME au Québec fut un beau projet. C’est un festival à taille humaine, situé à Rouyn, ville minière pleine de charme à quelques heures de Montréal. Nous avions réalisé une web-TV exclusivement consacrée à la scène locale. Et on y retourne cette année !

Un petit aperçu de ce qui vous attend :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Retrouvez Sourdoreille sur : twitter; facebook; site officiel

Crédits photos CC flickr : khürt; asleeponasunbeam

Interview réalisée par Lara Beswick

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Festivals cherchent finances http://owni.fr/2011/04/29/festivals-cherchent-finances/ http://owni.fr/2011/04/29/festivals-cherchent-finances/#comments Fri, 29 Apr 2011 13:34:21 +0000 Hélène David http://owni.fr/?p=59198 Avril. Le début des beaux jours et avec eux, le début de la saison des festivals. Des instants hors du temps pendant lesquels, loin de Fukushima et des débats électoraux, on ne se préoccupe que de trois choses : la température de la bière, la capacité d’une tente à effectivement « s’installer en deux minutes », et surtout, la musique, les concerts, les artistes auxquels on décide consciemment de confier nos futures acouphènes. Des réunions bon enfant dont feu les White Stripes constituent la bande son, et qui nous feraient presque oublier qu’il s’agit aussi d’une histoire de gros sous.

Ces festivals s’appuient sur des budgets colossaux :

Désengagement public

Leur financement repose sur la billetterie, les subventions publiques, les partenariats privés, et dans une moindre mesure, le mécénat.

Et si les organisateurs refusent pour la plupart de communiquer le détail de ces chiffres, arguant pour les uns qu’il s’agit de “données confidentielles“, pour les autres, comme Solidays, que l’on “peut faire dire ce que l’on veut à des chiffres“, la tendance majoritaire est claire. Les subventions publiques diminuent.

En cause, la décentralisation et la suppression de la taxe professionnelle. Cette année, la subvention accordée par le Pays de Montbéliard agglomération aux Eurockéennes a été divisée par deux, passant de 100.000 euros en 2010 à 50.000 en 2011. Emmanuel Oudot, directeur de la culture et du patrimoine de la communauté d’agglomération, s’en explique:

Nous sommes obligés de faire des choix drastiques. Je ne connais pas beaucoup de collectivités territoriales qui ne sont pas confrontées à ce problème.

Pour le festival Europavox, qui se tient chaque été en Auvergne, le département s’est retiré il y a deux ans. Les subventions de la commune ont diminué de 40% cette année. Et d’autres baisses ont déjà été actées pour l’année prochaine.

Même constat du côté du Printemps de Bourges. En deux ans, l’aide du Cher est passée de 200.000 euros à 150.000 euros. “Le Cher fait partie des départements qui ont eu des grosses difficultés”, explique Michel Bourumeau, directeur de la culture du Conseil général.

En 2011, le financement du festival berruyer reposait tout de même à près de 37% sur les institutions publiques, et en grande partie sur la commune de Bourges et le ministère de la Culture, qui comme le rapporte Le Monde, a pris en charge les subventions allouées au Printemps de Bourges :

Alors que Les Francofolies de La Rochelle, par exemple, ont la direction régionale des affaires étrangères (DRAC) de Poitou-Charentes pour interlocuteur, le Printemps de Bourges s’adresse en direct aux services de Frédéric Mitterrand. Un cas unique pour les musiques populaires. Pour 2011, le ministère de la Culture a alloué 340.000 euros au festival et 230.000 euros pour le réseau Printemps qui débusque les nouveaux talents.

Les financements publics du Printemps de Bourges se décomposent comme le montre ce diagramme (qui ne tient pas compte des soutiens en nature tels que la sécurité, l’éclairage, les transports (etc.) de la commune de Bourges et de la communauté d’agglomération) :

Dans le meilleur des cas, les subventions restent stables d’une année sur l’autre. C’est le cas cette année pour Rock en Seine. L’un des organisateurs explique que le soutien institutionnel au festival représente 18% du budget total de 5,2 millions d’euros, et se décompose comme suit :

Le financement public de Rock en Seine repose en grande partie sur la région Ile de France, partenaire historique et principal du festival.

Quelles solutions?

Pour pallier la diminution des subventions, la marge de manœuvre des organisateurs est limitée. La billetterie ne constitue un levier qu’en dernier ressort. Augmenter le prix des places de manière substantielle peut être un calcul fatal à la fréquentation des festivals entre lesquels la concurrence est rude. Reste les partenariats privés ou les subventions indépendantes des collectivités territoriales.

La SACEM, notamment, alloue des subventions. En 2011, le budget dédié au soutien des festivals a augmenté de 10% par rapport à l’année dernière, et s’élève à 3,7 millions d’euros. Olivier Bernard, directeur de l’action culturelle explique :

Les festivals font de plus en plus appel à nous pour pallier la diminution de l’engagement des collectivités territoriales, ou dans le meilleur des cas leur stagnation.

Une tendance qui ne va pas sans poser question, puisque “les sociétés d’auteurs n’ont pas vocation à pallier les carences des finances publiques“, explique Olivier Bernard.

Le Printemps de Bourges, aidé à auteur de 75.000 euros par la SACEM a surtout eu recours au secteur privé, et en particulier au Crédit Mutuel. Daniel Colling, directeur du festival, s’en est expliqué :

La région Centre et le département du Cher ont diminué leurs subventions. Pour compenser cette diminution, notre festival a fait le choix d’élargir son partenariat privé.

Chimérique indépendance

Un partenariat important, qui a permis à la banque de s’immiscer dans le logo du festival. L’événement s’appelle désormais “Printemps de Bourges Crédit Mutuel”. Et si à la mairie de Bourges, on assure que “la nouvelle appellation passe complètement inaperçue”, la question de l’indépendance artistique du festival s’impose.

D’autant plus qu’il y a eu des précédents, avec les collectivités territoriales cette fois. En 2009, le Conseil régional de Centre avait conditionné sa subvention de 350.000 euros au retrait de la programmation du rappeur Orelsan. (Voir la vidéo de son titre “Sale Pute”, âmes sensibles s’abstenir.)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Le Conseil régional avait appelé le festival à “prendre ses responsabilités“. Et face à l’entêtement des organisateurs à ne pas faire acte de censure, la région avait finalement décidé de rester partenaire du festival, tout en mettant en place des “modalités pour ne pas participer au financement de ce concert“.

En l’occurrence, Daniel Colling assure que le partenariat conclu avec le Crédit Mutuel est né d’une relation de confiance, et justement destiné à préserver la qualité du festival, à éviter une augmentation du prix des billets, et à mettre à l’abri le Printemps de Bourges pour les trois années à venir.

Certains partenaires privés pourtant, peuvent être tentés d’intervenir dans la programmation. Mathieu Ducos revendique une indépendance artistique totale même s’il a déjà constaté des tentatives de certains de prendre part à la programmation :

Il y a une frontière très nette entre l’implication des partenaires et la ligne artistique du festival. Certains partenaires qui prennent part à des plateformes de découverte sont tentés de mettre sur scène des artistes qui y jouent. Mais on a toujours lutté contre ça.

Et l’ingérence des partenaires peut aussi se jouer sur d’autres terrains que la programmation. L’an dernier aux Francofolies de la Rochelle, dans le cadre d’une opération de communication, la marque Repetto a offert une paire de chaussures à chacun des artistes, en les “invitant” à les porter sur scène. L’objectif: acquérir un maximum de visibilité.

Loin des chaussures de danseuses, le Hellfest Open Air, festival dédié au métal, estime pour sa part jouir d’une totale indépendance. Sur un budget total de 5 millions d’euros, les subventions publiques ne s’élèvent qu’à 40.000 euros (20.000 euros de la région, 20.000 euros du département), soit 0,8% du budget total. Jeff Manet, l’un des organisateurs du festival ne serait pas contre une aide plus importante mais explique :

Le fait que ce soit un festival de métal, pour les subventions, ca aide pas vraiment.

Rares sont en effet les entreprises qui souhaitent s’associer à l’événement prétendument sulfureux, contre lequel “des catholiques intégristes s’opposent tous les ans“. C’est donc la billetterie qui finance -à 90 % estiment les organisateurs- ce festival unique en son genre en France, grâce à un public captif. Les inconditionnels de métal sont prêts à payer un peu plus cher pour aller écouter Ozzy Osbourne ou Judas Priest. 129 euros en 2010 pour les trois jours, 10 euros de plus cette année.

Mais qu’il s’agisse d’une programmation très spécialisée comme celle du Hellfest, de variété ou de pop, ce sont bien les festivaliers qui exercent la plus grande pression sur les festivals. L’impératif absolu des programmateurs reste toujours d’attirer un maximum de spectateurs et de répondre à leurs attentes, en trouvant un juste milieu entre têtes d’affiche et découvertes. En cela, la question de l’indépendance est forcément illusoire.

>Illustration Flickr par RambergMediaImages

Vous pouvez retrouver nos articles sur le dossier festivals : Jeunes artistes : laissez-les chanter et C’était mieux avant ?

Image de Une Mick ㋡rlosky

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