OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Quand la Chine s’est éveillée http://owni.fr/2012/11/12/quand-la-chine-s-est-eveillee/ http://owni.fr/2012/11/12/quand-la-chine-s-est-eveillee/#comments Mon, 12 Nov 2012 17:22:16 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=125806 The Guardian retrace en quelques statistiques animées une décennie de mutation chinoise... 251 milliardaires, onze fois plus d'Internautes et cinq fois plus de divorce.]]> La nouvelle tête de la République populaire de Chine, Xi Jinping, s’apprête à diriger un pays bien différent de celui où il prit ses premières fonctions de secrétaire général pour la province de Zhejiang en 2002. Dans le cadre de sa couverture de la passation de pouvoir suite au XVIIIe congrès de l’organe de décision centrale de l’Empire du Milieu, The Guardian a réuni en une roue d’icônes, à parcourir d’un clic de souris, les grands retournements qu’a connu le pays en une décennie.

Si la Chine s'est occidentalisée dans son économie, elle l'a aussi fait dans ses mœurs : en 10 ans, le nombre de divorce a été multiplié par 5 selon les statistiques du ministère des Affaires civiles.

En 10 ans, la population chinoise s’est transvasée des campagnes vers les villes, qui représentaient selon la Banque mondiale 50% de sa population en 2011. Les milliardaires, notion encore inconnue au début du siècle, sont désormais 251, le PIB par habitant ayant été multiplié par cinq et les investissements directs à l’étranger par quatre. Pour sa part BMW a atteint les 217 000 exemplaires vendus en 2011, là où moins de 10 000 de ses modèles roulaient il y a 10 ans.

Le tableau serait incomplet sans l’évolution des mœurs : l’avènement du tourisme pour 40 millions de Chinois supplémentaires et onze fois plus d’entre-eux qui sont connectés… Mais pour un web sujet à toutes les cautions, notamment du fait du Parti communiste chinois. La seule parti de ce petit instantané qui, lui, ne semble pas avoir changé.

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Les impôts que Starbucks & cie paient vraiment http://owni.fr/2012/10/17/les-impots-que-starbucks-cie-paient-vraiment/ http://owni.fr/2012/10/17/les-impots-que-starbucks-cie-paient-vraiment/#comments Wed, 17 Oct 2012 10:25:42 +0000 Nicolas Patte http://owni.fr/?p=122942 The Guardian dans le radar data du jour. Comment Starbucks, Facebook et leurs amis évitent de payer trop d'impôts au Royaume-Uni.]]> How much tax is paid by major US companies in the UK? Graphic: Paul Scruton/Guardian Graphics

How much tax is paid by major US companies in the UK? Graphic: Paul Scruton/Guardian Graphics

Veille data

Le Guardian a repris hier une information de Reuters selon laquelle la célèbre (et très hype) chaîne de restauration américaine Starbucks ne payait pas d’impôts au royaume de Sa Majesté.

Le web mise sur le fisc irlandais

Le web mise sur le fisc irlandais

Apple vient d'annoncer un renforcement de ses effectifs au sein de son siège européen, en Irlande. La firme recrutera 500 ...

Partant de ce constat, les journalistes de données de la rédaction numérique du quotidien anglais se sont penchés sur les filiales locales des plus grosses entreprises américaines afin d’établir le montant des impôts qu’elles versent depuis quatre ans. Pour cela, ils ont utilisé les services de Duedil, spécialiste des données financières outre-Manche, et la technologie en ligne de Tableau, pour structurer une véritable application web.

L’application permet, entre autres, d’afficher le chiffre d’affaires global de ces entreprises (“UK Turnover”), le profit déclaré avant impôt (“Profit before tax”) et l’impôt effectivement payé (“Tax paid”) entre 2008 et 2011.

Il apparaît que de nombreuses entreprises américaines faisant commerce sur le sol britannique déclarent régulièrement réaliser des pertes. En 2011, Starbucks serait dans le rouge de 32 millions de livres, Google de près de 21 millions et Facebook de quasi 14 millions. Facebook a d’ailleurs été récemment accusé de se moquer ouvertement du monde en ne déclarant qu’une partie congrue de ses ventes.


Illustration How much tax is paid by major US companies in the UK? Paul Scruton/Guardian Graphics

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Les trolls, ou le mythe de l’espace public http://owni.fr/2012/06/26/les-trolls-ou-le-mythe-de-espace-public/ http://owni.fr/2012/06/26/les-trolls-ou-le-mythe-de-espace-public/#comments Tue, 26 Jun 2012 14:57:53 +0000 Antonio A. Casilli http://owni.fr/?p=114539

Au Royaume-Uni, la Chambre des communes a récemment mis au vote un amendement du “British Defamation Bill” spécifiquement destiné à s’attaquer aux trolls sur Internet. L’amendement prévoit de contraindre les fournisseurs d’accès ou les propriétaires de sites web à révéler l’adresse IP et les informations personnelles des utilisateurs identifiés comme auteurs de “messages grossiers”. Rien que de très habituel : à chaque fois qu’une information liée aux technologies de l’information et de la communication attire l’attention du public, les législateurs britanniques sortent une loi ad hoc de leur chapeau. De préférence, une loi qui méprise bêtement la vie privée et la liberté d’expression.

Pourquoi les médias ont peur des trolls ?

Dans un effort remarquable de bercer le public d’une compréhension faussée des cultures numériques, le Guardian a consacré une session spéciale à cet étrange phénomène dans son édition du 12 juin. La pièce de résistance, intitulée “What is an Internet troll ?”, est signée Zoe Williams.

Un article concocté à partir de l’habituelle recette des médias dès qu’il s’agit d’aborder le sujet : une pincée de professeur de psychologie livrant ses déclarations profondes sur “l’effet désinhibant” des médias électroniques, un zeste de journaliste pleurnichant sur la baisse du niveau d’éducation et sur les propos incitant à la haine omniprésents, et un gros morceau d’anecdotes tristes concernant de quelconques célébrités au sort desquelles nous sommes censés compatir.

La conclusion de cet essai qui donne le ton (“Nous ne devrions pas les appeler ‘trolls’. Nous devrions les appeler personnes grossières.”) serait sans doute mieux rendue si elle était prononcée avec la voix aiguë de certains personnages des Monty Pythons. Comme dans cet extrait de La vie de Brian :

Cliquer ici pour voir la vidéo.



Les autres articles oscillent entre platitudes (“Souvenez-vous : il est interdit de troller” – Tim Dowling “Dealing with trolls: a guide”), affirmations techno déterministes sur la vie privée (“L’ère de l’anonymat en ligne est sans doute bientôt terminée” – Owen Bowcott “Bill targeting internet ‘trolls’ gets wary welcome from websites”), et pure pédanterie (“Le terme a été détourné au point de devenir un de ces insipides synonyme” – James Ball “You’re calling that a troll? Are you winding me up?”). On trouve même un hommage pictural au tropisme familier de l’utilisateur-d’Internet-moche-et-frustré, dans une galerie d’ “importuns en ligne” croqués par Lucy Pepper.

Évidemment, les médias grand public n’ont pas d’autre choix que d’appuyer l’agenda politique liberticide du gouvernement britannique. Ils doivent se défendre de l’accusation selon laquelle ils fournissent un défouloir parfait aux trolls dans les sections consacrées à la discussion de leurs éditions électroniques. Ils ont donc tracé une ligne imaginaire séparant la prose exquise des professionnels de l’information des spéculations sauvages et des abus de langages formulés par de détestables brutes.

La journaliste du Guardian Zoe Williams est tout à fait catégorique : elle est autorisée à troller, parce qu’elle est journaliste et qu’elle sait comment peaufiner sa rhétorique.

Bien sûr, il est possible de troller à un niveau beaucoup moins violent, en parcourant simplement les communautés dans lesquelles les gens sont susceptibles de penser d’une certaine manière. L’idée est d’y publier pour chercher à les énerver. Si vous voulez essayer ce type de trolling pour en découvrir les charmes, je vous suggère d’aller dans la section “Comment is Free” du site du Guardian et d’y publier quelque chose comme : “Les gens ne devraient pas avoir d’enfants s’ils ne peuvent pas se le permettre financièrement”. Ou : “Les hommes aiment les femmes maigres. C’est pour ça que personne ne pourra me trouver un banquier avec une grosse. QUI POURRA ?” Ou : “Les hommes aiment le sexe. Les femmes les câlins. ASSUMEZ-LE”. Bizarrement, je me sens un peu blessée par ces remarques, bien que ce soit moi qui les aies faites.

Les facteurs sociaux du trolling ne devraient pas être sous-estimés

En tant que citoyen responsable et universitaire qui étudie les interactions conflictuelles en ligne depuis quelques années (cf ici, ici, et ici), je considère ces procédés narratifs des médias comme hautement malhonnêtes et mal informés.

Dès que les trolls sont représentés dans les médias, leurs actions sont habituellement explicitées en termes de “perversion”, “narcissisme”, “désinhibition”. De telles notions, appartenant au domaine de la psychologie clinique, dissimulent les facteurs sociaux sous-jacents du trolling. Ce type de comportement en ligne n’est pas un phénomène individuel. Au contraire, c’est un processus social : on est toujours le troll de quelqu’un.

De plus, le trolling a une dimension collective. Les gens trollent pour provoquer des modifications dans le positionnement structurel des individus au sein des réseaux. Certains le font pour acquérir une position centrale, en attirant l’attention et en gagnant quelques “followers”. D’autres pour renvoyer leurs adversaires aux marges d’une communauté en ligne. Parfois, le trolling est utilisé pour contester l’autorité des autres et remodeler les hiérarchies établies dans les forums de discussions ou les médias en ligne. De ce point de vue, malgré leur attitude perturbatrice, les trolls peuvent aider les communautés en ligne à évoluer – et les cultures numériques à développer de nouveaux contenus et de nouveaux points de vue.

Espace public fantasmatique

Le trolling est un phénomène complexe, qui découle du fait que les structures sociales en ligne sont fondées sur des liens faibles. Les loyautés, les valeurs communes ou la proximité émotionnelle ne sont pas toujours essentielles. Surtout lorsqu’il s’agit de rendre possible en ligne de nouvelles sociabilités en mettant en contact les utilisateurs avec de parfaits inconnus. C’est l’effet principal du web social, et c’est aussi ce qui rend le trolling possible : les “parfaits inconnus” sont souvent loin d’être parfaits. Par conséquent, le trolling ne doit pas être considéré comme une aberration de la sociabilité sur Internet, mais comme l’une de ses facettes. Et les politiques ne peuvent le congédier ou le réprimer sans brider l’une des sources principales de changement et d’innovation de la sociabilité en ligne : le fait d’être confronté à des contenus, postures ou réactions inhabituels. Les ripostes sévères suscitées par les trolls à l’échelon politique doivent êtres analysées comme des ouvertures vers des problèmes et des paradoxes sociaux plus larges.

Essentiellement, l’amendement proposé à cette loi sur la diffamation est une démonstration de force d’un gouvernement qui doit prouver qu’il peut encore contrôler l’expression en ligne. Histoire de tenir la promesse de l’accès au débat démocratique pour un maximum de citoyens, dans une situation d’incertitude maximale. En ce sens, le trolling menace de court-circuiter et de remodeler, de façon dialectique et conflictuelle, les espaces de discussion civilisés (ndlr : polis) que les démocraties modernes considèrent toujours comme leur espace politique idéal. L’existence même de trolls anonymes, intolérants et aux propos décalés témoigne du fait que l’espace public (défini par le philosophe allemand Jürgen Habermas comme un espace gouverné par la force intégratrice du langage contextualisé de la tolérance et de l’apparence crédible.) est un concept largement fantasmatique.

“L’objet de cet espace public est évident : il est censé être le lieu de ces standards et de ces mesures qui n’appartiennent à personne mais s’appliquent à tout le monde. Il est censé être le lieu de l’universel. Le problème est qu’il n’y a pas d’universel – l’universel, la vérité absolue, existe, et je sais ce que c’est. Le problème, c’est que vous le savez aussi, et que nous connaissons des choses différents, ce qui nous place quelques phrases en arrière, armés de nos jugements universels irréconciliables, apprêtés mais sans nulle part où obtenir un jugement d’autorité. Que faire ? Eh bien, vous faites la seule chose que vous pouvez faire, la seule chose honnête : vous affirmez que votre universel est le seul véritable, même si vos adversaires ne l’acceptent clairement pas. Et vous n’attribuez pas leur esprit récalcitrant à la folie, ou à la pure criminalité – les catégories publiques de condamnation – mais au fait, bien que regrettable, qu’ils soient sous l’emprise d’une série d’opinions erronées. Et il vous faut abandonner, parce que la prochaine étape, celle qui tend à prouver l’inexactitude de leurs opinions au monde, même à ceux qui sont sous leur emprise, n’est pas une étape possible pour nous, humains finis et situés.

Il nous faut vivre en sachant deux choses : que nous sommes absolument dans le juste, et qu’il n’y a pas de mesure globalement acceptée par laquelle notre justesse peut être validée de façon indépendante. C’est comme ça, et on devrait simplement l’accepter, et agir en cohérence avec nos opinions profondes (que pourrait-on faire d’autre?) sans espérer qu’un quelconque Dieu descendra vers nous, comme le canard dans cette vieille émission de Groucho Marx, et nous dire que nous avons prononcé le mot juste.”

Stanley Fish, Postmodern warfare: the ignorance of our warrior intellectuals, Harper’s Magazine, Juillet 2002


Article initialement publié en anglais sur le blog d’Antonio Casilli, BodySpaceSociety
Traduction : Guillaume Ledit
Illustration trollarchy par Antonio Casilli, illustrations de Lucy Pepper © sur The Guardian “The drawing of Internet trolls”

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Les data en forme http://owni.fr/2012/04/03/les-data-en-forme-episode26/ http://owni.fr/2012/04/03/les-data-en-forme-episode26/#comments Tue, 03 Apr 2012 21:58:35 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=104648 OWNI. Cette semaine, ils vous proposent un voyage au coeur des data contre vents et marées, avec une Terre qui tourne et des courants marins visualisés en temps réel. Mais aussi des données en 3D qui se promènent au plafond de Grand central station, à New York.]]> Amoureux de la donnée, sortez vos mouchoirs. On démarre ce nouvel opus des data en forme avec un projet fou, “Graphic World”, signé David Mc Candless et le quotidien économique Financial Times. Place au spectacle :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

 
Une gare, des data, du talent, le tour est joué et ça donne des frissons. Faire sortir les chiffres de nos écrans, les donner à voir au coeur d’un lieu aussi fréquenté que Grand Central Station à New York, surprendre les 750.000 passagers qui traversent cette salle chaque jour, un sacré pari. Surtout quand on y ajoute la possibilité de parcourir IRL les données avec une interface simple : nos pieds.

Le résultat est à la hauteur du défi, une série d’animations en 3D isométrique réparties sur trois thèmes : la place de l’économie Américaine dans le monde, l’importance de l’industrie du téléphone mobile et les chiffres positifs au coeur de la crise actuelle.

Pour ne rien gâcher, le site qui relaie l’opération est aussi sobre qu’efficace : contenus accessibles en un clic, jolie mise en forme CSS, vidéos contextualisées et liées à leur fil de discussion Facebook. Cette campagne du Financial Times qui met les data au cœur de la réflexion est une réussite. Seul bémol : son objectif en forme de croisade sous la bannière étoilée…

The US is still the world’s pre-eminent economic superpower – but to stay on top and thrive in the global arena, an in-depth understanding of the global marketplace is critical to the American business community.

Les data au bout des doigts

Restons dans le réel pour jouer avec ce que nous avons tous à portée de main : du papier. Sian Ching, designeuse et graphiste basée à Singapour, est une adepte du DIY. Avec des gabarits, une paire de ciseaux, de la colle et des feuilles aux couleurs intelligemment choisies, elle transforme en quelques heures des tableaux de données en infographies physiques.

Elle a notamment travaillé sur trois jeux de données avec ce principe : la répartition des groupes sanguins parmi les donneurs de Singapour, les réserves des trois principales sources d’énergie dans le monde et une comparaison de cinq causes de décès (le virus du Sida, la malaria, les suicides, l’alcool et les accidents de la route).

Pattern Matters

Le but du projet est double : mettre en avant le rôle essentiel du motif (et de sa répétition) dans tout travail graphique et offrir une source d’inspiration pour tout ceux qui s’intéressent au sujet. On la remercie.

Do it Toi-même !

Si vous n’êtes pas des adeptes des papier-colle-ciseaux mais que le principe de passer à l’action vous parle, causons “outils”. Le datablog du Guardian a publié la semaine dernière un article bien utile pour tous les (data-)journalistes et autres passionnés de la visualisation des données qui voudraient mettre les mains dans le cambouis.

Le généreux Simon Rogers y a listé les services en ligne les plus utilisés par ses équipes. Google Fusion Tables, Tableau, Many Eyes, les bases sont là avec les explications sur le “pourquoi du comment” à chaque fois. Un article à se garder toujours à portée de main car plus nous serons nombreux à les utiliser, plus de nouveaux outils verrons le jour, donc plus nous aurons de possibilités.

Nous y allons aussi de notre modeste contribution avec un nouveau venu parmi les outils de création de frise chronologique : Timeline. Ce projet, créé au sein du Knight News Innovation Lab, rappelle graphiquement Dipity, dans un esprit plus épuré et plus efficace mais c’est surtout son principe qui est innovant.

Ici, pas de compte à créer, pas d’interface graphique parfois chargée pour construire votre chronologie, vous récupérez simplement les différents fichiers du script sur GitHub, vous éditez le fichier .json contenant les données à afficher sur la frise chronologique, vous déposez le tout sur votre serveur (ou dans un dossier public Dropbox) et vous n’avez plus qu’à appeler le script dans l’une de vos pages pour afficher le résultat.

Il faut mettre les mains dans le code, c’est certain mais ce n’est pas aussi compliqué qu’il y parait et les fonctionnalités proposées par Timeline sont vraiment intéressantes : intégration de multiples sources (Twitter, YouTube, Vimeo, Soundcloud, Google Maps, Flickr), affichage pleine page, intégration des données à partir d’un modèle de feuille de calcul Google Documents, affichage sur les supports mobiles (smartphones, tablettes y compris Apple).

Enfin dernier point qui nous fait vraiment aimer ce projet : il est Open Source. À surveiller donc car, c’est certain, de nouvelles fonctionnalités verront rapidement le jour rendant l’outil encore plus performant.

Flux et reflux

Finissons cet épisode entre brises et courants. L’un des points fascinant du travail sur les données est d’arriver à rendre visible (et lisible) des informations qui ne le sont pas à l’origine. Ça l’est d’autant plus lorsque l’on arrive à faire ce travail sur des data qui nous entourent sans qu’on ne le sache.

C’est justement l’objet du dernier projet personnel de Fernanda Viégas et Martin Wattenberg. Modestement en charge du groupe de recherche “Big Picture vizualisation”, financé par Google, ils se sont amusés, sur leur temps libre, à visualiser les vents qui parcourent le territoire américain. En temps réel, bien sûr.

Le projet, intitulé “Wind Map”, offre un rendu visuellement fascinant. Son principe est si simple, pour ne pas dire évident, qu’il n’y a pas grand chose à en dire au-delà de son titre : une carte des vents. Elle est juste astucieusement construite avec les outils d’aujourd’hui. Les données utilisées, issues de l’organisme national de prévisions météorologiques, sont publiques et disponibles depuis longtemps. C’était là, sous nos yeux.

Sur un principe similaire, mais avec des moyens légèrement plus importants, la Nasa a mis sur son compte Flickr une vidéo intitulée “Perpetual Ocean” permettant de visualiser les courants océaniques. C’est le studio de visualisation scientifique maison qui a compilé un énorme flot de données produites par le projet ECCO2 pour obtenir un film d’une vingtaines de minutes visualisant ces flux et reflux entre juin 2005 et décembre 2007.

Là aussi, le résultat est assez hypnotique.

 
À regarder cette vidéo en boucle, on pense même à La nuit étoilée de l’ami Vincent, peut-être l’un des premiers datajournalistes sans le savoir.

À la semaine prochaine et n’oubliez pas, contrairement à la vérité, les données, elles, sont ici, autour de vous.

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2 ans de datajournalisme vus par le Guardian http://owni.fr/2011/07/29/2-ans-de-datajournalisme-vus-par-le-guardian/ http://owni.fr/2011/07/29/2-ans-de-datajournalisme-vus-par-le-guardian/#comments Fri, 29 Jul 2011 06:31:32 +0000 Simon Rogers http://owni.fr/?p=74908 Tous les liens de l’article sont en anglais.

Voilà une information intéressante : le data journalisme a désormais gagné ses lettres de noblesse. Pas à la manière de l’élite d’Oxbridge (bien qu’il y ait des données là-dessus), mais plutôt en devenant une norme de l’industrie.

Il y a deux ans, quand nous avons lancé le Datablog, tout ça était nouveau. Les gens demandaient encore si raconter des histoires à partir de données relevait vraiment du journalisme et tout le monde n’avait pas vu la risposte d’Adrian Holovaty. Depuis, le scandale des dépenses des parlementaires et WikiLeaks sont passés par là, et, étonnamment, plus personne ne pose ces questions. Ils demandent plutôt : “Comment est-ce que vous faites ?”

Entre-temps, chaque jour amène de nouveaux journalistes toujours plus innovants dans ce domaine. Et avec eux de nouvelles compétences et de nouvelles techniques. Donc non seulement le data journalisme lui-même change, mais il change également le journalisme.

Voilà quelques pistes issues de mes récentes conférences. J’ai pensé qu’il serait bon de les réunir toutes en un post, notamment depuis que nous avons reçu une mention honorable au Knight Batten Award pour l’innovation journalistique.

1. C’est peut-être à la mode mais ce n’est pas nouveau

Le data journalisme existe depuis que des données existent, au moins depuis les fameux schémas et reportages de Florence Nightingale sur les conditions de vie des soldats britanniques en 1858. Un long tableau (qui avait fuité) recensant chaque école de Manchester, ses coûts et le nombre d’élèves, constituait la toute première édition du Guardian.

La grosse différence avec cette époque ? Les données étaient publiées dans des livres, des livres très chers où les graphiques se rapportaient à des “chiffres”. Maintenant nous avons des fichiers et des tableaux formatés pour les ordinateurs. Ce qui veut dire que les ordinateurs eux-mêmes peuvent poser les questions.

2. L’”open data” signifie “open data journalisme”

Maintenant que les statistiques ont été démocratisées, elles ne sont plus l’apanage de quelques-uns mais de toute personne ayant un tableur sur son ordinateur portable, fixe ou même sur son mobile ou sa tablette. N’importe qui peut s’attaquer à une effrayante série de données et les mettre en forme à l’issue du combat. Bien sûr, ils peuvent facilement se tromper mais maintenant vous pouvez facilement trouver quelqu’un pour vous aider. Désormais nous n’errons plus seuls.

Straight Statistics vous donnera un millier d’exemples de journalistes qui utilisent ces nombres et partent dans la mauvaise direction en les manipulant. Mais il ne faut pas aller bien loin pour trouver des exemples de data journalisme tout à fait convenables. Même quand ce n’est pas au sein de certains vieux journaux ou médias, il y a de nombreux groupes indépendants – voyez ProPublica, Wheredoesmymoneygo? et la Sunlight Foundation – qui savent ce qu’ils font. Le data journalisme, c’est surtout la diversité des sources.

Au Guardian, faire partie du “news process” signifie que nous appartenons au “news desk” (les médias sont obsédés par la géographie interne) et allons aux “news meetings” importants pour être sûr que le data rentre dans le débat éditorial.

3. Le data journalisme est-il devenu un agrégateur ?

Parfois. Il y a tellement de données dans la nature que nous essayons de n’en faire ressortir que les faits-clés de chaque histoire (et trouver la bonne information peut être aussi long que le travail journalistique consistant à trouver une interview pour un article). Nous avons commencé à faciliter les recherches parmi les données des gouvernements et du développement international.

4. Des séries de données plus importantes, de plus en plus pour des détails



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Les bases de données deviennent gigantesques (391.000 documents pour la publication de WikiLeaks sur l’Irak, des millions pour la base du Treasury Coins). Les indices du dénuement multiple, utilisés par le gouvernement pour mesurer la pauvreté à travers l’Angleterre, contiennent 32.482 entrées. De plus en plus, d’importantes données des États sont accessibles pour de petites choses. Rendre ces données plus faciles d’accès, plus faciles d’utilisation, est désormais intégré à part entière dans le processus de data journalisme.

5. Data journalisme : 80% de transpiration, 10% de bonnes idées, 10% de production

C’est tout. Nous passons des heures à faire marcher des bases de données, à reformater des pdf, à mixer les jeux de données ensemble. Vous pouvez constater sur le PREZI ci-dessous tout ce que nous traversons avant de vous livrer les données. La plupart du temps, nous sommes un pont entre les données (et ceux qui s’avèrent incapables de les expliquer correctement) et les personnes extérieures, du vrai monde, qui veulent comprendre les vrais enjeux d’une question.

6. Long et bref

Traditionnellement, le pire aspect du data journalisme implique de passer des semaines sur un seul tableau, le triturant dans tous les sens et produisant finalement quelque chose de modérément divertissant. Le meilleur consiste à explorer des données pendant des semaines, avant d’en ressortir avec des scoops incroyables. Mais, de plus en plus, une forme courte du data journalisme émerge : trouver rapidement les données-clés, les analyser et guider le lecteur à travers elles tant que le sujet est d’actualité. L’astuce est de produire ces nouvelles analyses de données, en utilisant la technologie à notre disposition, le plus rapidement possible. Et de tirer dans le mille.

7. N’importe qui peut le faire…

Surtout avec les logiciels gratuits que nous utilisons comme Google Fusion Tables, Many Eyes, Google Charts ou Timetric. Vous pouvez voir certains des travaux que nos utilisateurs ont produit et posté sur notre groupe Flickr.

8. …mais l’apparence peut être primordiale

Un bon design fait vraiment la différence. Quelque chose comme le guide de la haute administration (conçu par le graphiste du Guardian Jenny Ridley) ou le “Qui Connaît Qui?” du scandale des écoutes de News Of The World (produit par le journaliste James Ball et le designer Paul Scruton) marchent parce qu’ils sont pensés, non par une machine, mais par des humains qui comprennent les enjeux de ces affaires.

9. Vous ne voulez pas être un programmeur

Vous pouvez devenir un codeur de premier ordre si vous le souhaitez. Mais le plus dur est de penser les données en journaliste plutôt qu’en analyste. Qu’y a-t-il d’intéressant dedans ? Qu’est-ce qui est nouveau ? Que se passerait-il si je les mélangeais avec d’autres variables ? Répondre à ces questions est crucial.

L’ensemble marche au mieux quand on fait une combinaison des deux. Ce guide des opérations de l’OTAN en Libye est nourri dynamiquement à partir d’un tableur, qui est mis à jour au point presse quotidien de l’OTAN. C’est beau car bien dessiné, et ça marche car facile à actualiser.

10. Les histoires avant tout (encore et toujours)

Le data journalisme ne se résume pas à des graphiques et à des visualisations. Le but est de raconter des histoires, de la meilleure façon possible. Parfois ce sera une visualisation ou une carte (voyez le travail de David McCandless ou Jonathan Stray).

Parfois ce sera de l’actualité. Parfois, sortir un chiffre s’avèrera suffisant.

Si le data journalisme doit se définir par quelque chose, c’est avant tout la recherche de nouvelles manières de traiter des sujets. Et de plus en plus de reporters le réalisent. Soudain, nous avons de la compagnie (et de la compétition).

Être un journaliste data n’est plus inhabituel.
Faire du datajournalisme n’est plus exceptionnel, c’est désormais juste du journalisme

Article initialement publié sous le titre “Data journalism at the Guardian: what is it and how do we do it?” sur le datablog du Guardian.
Traduction par Alexandre Marchand
Illustration Flickr CC Blprnt_van

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Internet, grand absent de la littérature contemporaine http://owni.fr/2011/02/05/internet-grand-absent-de-la-litterature-contemporaine/ http://owni.fr/2011/02/05/internet-grand-absent-de-la-litterature-contemporaine/#comments Sat, 05 Feb 2011 15:00:56 +0000 Xavier de la Porte http://owni.fr/?p=45345 La lecture de la semaine est un article paru dans le quotidien britannique The Guardian le 15 janvier dernier. On le doit à Laura Miller, il est intitulé “Comment le roman en est venu à parler de l’internet”.

Laura Miller commence par un constat : comme David Foster Wallace l’avait fait dans les années 90 à propos de la télévision, elle s’étonne que très peu d’écrivains américains ne relèvent le défi d’intégrer Internet dans leurs textes. Et Laura Miller d’observer qu’il y a plusieurs stratégies à l’œuvre.

Écrire un roman historique est la manière la plus simple d’éviter de se confronter à Internet, il suffit pour cela de faire remonter son histoire à une décennie ou deux.

Autre stratégie, les auteurs peuvent utiliser des populations qui sont à l’écart de la modernité pour des raisons culturelles, comme les immigrés récents et leurs familles – un choix très courant dans la fiction contemporaine, note Laura Miller. Il y a aussi le recours aux marginaux géographiques, les gens qui vivent dans des zones rurales reculées où l’accès au réseau est difficile. Il est notable que nombre de fictions américaines récentes se déroulent dans des ranchs. Elle cite quelques exemples. Et c’est particulièrement curieux, note-t-elle, quand vous considérez que la plus grande majorité des gens qui écrivent et lisent ces livres habitent dans des villes ou leurs proches environs. Peut-être est-ce parce que les personnages de ces romans qui se déroulent dans des ranchs passent la plupart de leur temps à conduire des camions sur des routes infinies, ou à grimper des sommets enneigés pour secourir des animaux, scénarios dans lesquels il n’y a aucun danger qu’une télé soit allumée ou un ordinateur ouvert.

Réel vs idéal

Le romancier américain, explique Laura Miller, est balloté entre deux impératifs de plus en plus contradictoires. Le premier est l’injonction à dépeindre la vie quotidienne. C’est sans doute un cliché, mais l’idée que les écrivains sont les mieux placés pour dire les dilemmes de la vie contemporaine est tenace. Après les attentats du 11 septembre, tout écrivain de fiction a reçu des dizaines d’appels de rédacteurs en chef cherchant des idées et réflexions qu’une usine de journalistes accomplis n’était manifestement pas en mesure de convoquer par eux-mêmes.

Ce qui nous amène à l’autre territoire désigné du romancier américain : la profondeur muséographique. Plus la littérature est conduite vers les faubourgs de la culture, plus elle est chérie comme un sanctuaire, loin de tout ce qu’il y a de vulgaire, de superficiel et factice dans cette culture. La littérature devient alors le lieu où l’on se retire quand on est fatigué des divorces de stars, des intrigues de bureau, des procès du siècle, des derniers produits Apple, des engueulades par mail, et du sexting – bref, quand on est lassé de ce qui occupe l’esprit et les conversations de tout autre que nous-mêmes.

Si ces deux missions semblent incompatibles, c’est parce qu’elles le sont vraiment. Pour les accomplir toutes les deux ensemble, il faut être capable de dériver de l’atemporel à une série de frivoles maintenant, et il faut persuader les lecteurs que vous leur avez donné ce qu’ils voulaient en leur présentant ce qu’ils essayaient de fuir en venant vous voir. Rien de surprenant à ce que les romanciers américains aient trouvé plus simple de se retirer de la course à la vie quotidienne, surtout quand la télévision était l’ennemi désigné. Bien sûr, les gens passent (ou passaient) six heures par jour à regarder la télévision, mais, dans les faits, ils ne font rien quand ils sont face à leur télé. Vous pouvez tout à fait traiter ce temps de la même manière que celui que vos personnages passent à dormir : en faisant comme s’il n’existait pas.

Nouveaux territoires de l’activité quotidienne

En revanche, et comme on nous le répète à longueur de journée, il en va tout autrement avec l’Internet. Seule une petite partie du temps passé sur Internet relève de la consommation passive, le reste a complètement supplanté les anciens territoires de l’activité quotidienne et de l’interaction humaine. Et Miller de citer les sites de téléchargements qui ont remplacé les disquaires, les sites de rencontre qui ont remplacé les bars et soirées, les smartphones qui nous empêchent de nous perdre, les réseaux sociaux qui font ressurgir les vieilles amours et amitiés, etc.

L’internet a changé notre vie d’une manière infiniment plus profonde que la télévision, mais la plupart des romanciers – et j’entends par là ceux qui font une littérature réaliste, avec des intrigues et des personnages – ont scrupuleusement évité d’en faire un sujet espérant peut-être que, comme la télévision, on pouvait faire comme si ça n’existait pas. Ils ont laissé le champ aux auteurs d’anticipation, comme William Gibson ou Cory Doctorow, ou aux auteurs de romans policiers. Certes, il y a toute une flopée de romans gadget – comme des romans à l’eau de rose écrits entièrement en mail ou en texto –, mais les descriptions un peu sérieuses de la manière dont la technologie s’inscrit dans la vie des gens sont très rares.

Vers un renouveau

La situation commence à changer. Et l’auteure de citer plusieurs romans américains parus ces dernières années qui se sont emparés de ces questions : David Foster Wallace dans The Pale King, son roman posthume, Jonathan Lethem et son Chronic City qui vient de paraître chez L’Olivier, The Financial Lives of the Poets de Jess Walter (La vie financière des poètes qui devrait paraître en avril chez Rivages), Glover’s Mistake de Nick Laird, Freedom, le dernier Jonathan Franzen, Super Sad True Love Story de Gary Shteyngart et A Visit from the Goon Squad de Jennifer Egan. Je ne vais pas reproduire ici les analyses que fait Miller de chacun de ces textes, vous les trouverez si ça vous intéresse dans l’article original du Guardian.

Je remercie Hubert Guillaud d’avoir signalé ce texte qui fait parfaitement écho à des conversations que nous avons eues plusieurs fois, et où l’on déplorait conjointement l’absence des problématiques numériques dans la littérature contemporaine française. Je suis presque satisfait de constater qu’il en a longtemps été de même dans la littérature contemporaine américaine. Il faudrait aussi signaler les exceptions. Houellebecq, je l’ai déjà fait ici, mais aussi Virginie Despentes, et son dernier roman Apocalypse Bébé, dont je parlerai prochainement.

>> Article initialement publié sur Internet Actu

>> Crédits Photo Flickr CC : brianjmatis, visual07, Vlastula

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http://owni.fr/2011/02/05/internet-grand-absent-de-la-litterature-contemporaine/feed/ 13
Guardian Wordpress Plugin, a step ahead towards future of online news http://owni.fr/2010/12/15/guardian-wordpress-plugin-a-step-ahead-towards-future-of-online-news/ http://owni.fr/2010/12/15/guardian-wordpress-plugin-a-step-ahead-towards-future-of-online-news/#comments Wed, 15 Dec 2010 11:50:20 +0000 Federica Cocco http://owni.fr/?p=21829

There are those who think that in the digital age the newspaper industry can only survive by charging for its content and maximising their advertising footprint (read: Rupert Murdoch), and there are those who try to think beyond this assumption.

When it comes to digital strategy, the Guardian has so far shown to be the most forward thinking and experimental newspaper globally. Recently, it has introduced a plugin that allows Wordpress based blogs to post content directly from The Guardian website’s onto the blog.

The catch? Bloggers must publish the article in full without applying any modifications, and along with the content comes the newspaper’s advertisements. Whatever you may think, it’s a win-win situation: The Guardian doesn’t lose any profit and is actually able to monitise through the API, whilst publishers get free online news content from one of the world’s best newspapers.

It is certainly an interesting and timely move. Recently, Associated Press sent a legal threat to ColoradoPols.com – a blog covering politics in Colorado, USA - for having re-published its content without permission or remuneration. The case has caused shock in the media and in the blogging community.

This syndication tool is part of the newspaper’s Open Platform Program led by their very own Wizard of Oz, Matt McAlister, lead developer and main architect of The Guardian’s online strategy.

In an interview with GigaOm, Matt explained the rationale behind the Guardian’s online experiments:

At a time when newspapers like The Times of London and the Sunday Times are implementing paywalls [...] and other newspaper, such as the New York Times, are working on their own pay restrictions, The Guardian’s move toward creating an open platform is unusual. But despite the newspaper’s losses, Guardian editor-in-chief Alan Rusbridger has said that an open strategy is the key to the newspaper’s future.

For more info, we heartily recommend “The Open Strategy: Or how I stopped worrying about my website and learned to love the Internet” by the aforementioned online whiz.

Despite the best journalistic efforts at being unbiased, in this case we can’t help but give a big thumbs up to this initiative.

Guardian 1 : Competitors 0.

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Credits Photo CC Flickr : Everydaylifemodern.

Initially published on OWNI july 15th 2010

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Entretien avec Simon Rogers, le Monsieur Data du Guardian http://owni.fr/2010/11/14/entretien-avec-simon-rogers-le-monsieur-data-du-guardian/ http://owni.fr/2010/11/14/entretien-avec-simon-rogers-le-monsieur-data-du-guardian/#comments Sun, 14 Nov 2010 10:03:27 +0000 Ziad Maalouf (Atelier des Médias) http://owni.fr/?p=35623 Il y a quelques jours, L’Atelier des Médias de RFI a profité du passage par Paris de Simon Rogers, “Monsieur data” au Guardian pour l’interroger sur son parcours et sur cette nouvelle tendance du journalisme : le data-journalisme ou journalisme de données. Simon Rogers édite le Data Blog du Guardian. Il a participé pour son journal à l’exploitation des fuites de Wikileaks sur l’Afghanistan et sur l’Irak. Malgré sa modestie et la simplicité avec laquelle il expose ses points de vue, c’est certainement une des principales personnalités et un des principaux moteurs du data-journalisme et de la visualisation de données dans le monde. Ci-dessous, une retranscription aussi fidèle que possible de cet entretien que vous pouvez également écouter en VO ou en VF dans les deux players sur le site de l’Atelier ou à télécharger (VF ou VO).

Ecoutez ici l’interview en VF:

Atelier des Médias (ADM) : Pour commencer, est-ce que vous pouvez nous présenter votre blog et nous parler de votre parcours?

Ce que nous faisons c’est publier des ensembles de données brutes. On les met à disposition du monde et on demande à notre public de s’en servir, d’en faire quelque chose. Parallèlement, on dirige un service au sein du Guardian qui analyse et rend exploitable des données par nos journalistes, c’est ce qu’on appelle en fait du data-journalisme, du journalisme de données : transformer une masse de données en information, en histoire qu’on peut raconter à nos lecteurs. J’ai commencé à travailler au Guardian le 10 septembre 2001, c’était mon premier jour ! Le lendemain, j’ai vu le monde devenir complètement fou. Il se passait tellement de choses en même temps qu’on a eu besoin de produire des infographies pour les expliquer. Il y avait trop d’infos, de données, à gérer pour confier cela uniquement à des graphistes. Je me suis donc retrouvé à bosser sur des graphiques avec des designers pour expliquer l’information avec des visuels. C’est comme cela que j’ai commencé à collecter des masses de données.

Par la suite, en mars 2009, le Guardian a lancé sa plateforme ouverte (open platform) destinées aux développeurs et aux technophiles. Elle leur permet d’interroger les données du Guardian et de réaliser des applications à partir de ces données. Par exemple, on peut fabriquer une application qui permet, quand on est dehors, d’entrer notre adresse et l’application nous dit quels sont les restaurants alentours avec les critiques du Guardian. C’est cela l’idée de la plateforme ouverte. Au moment où le journal a proposé ce service d’accès à ses données, on a pensé que ce serait bien d’ouvrir parallèlement un data blog, un blog de données. On a publié quelques paquets de données pensant que cela intéresserait un petit nombre de développeurs. En fait cela a vite décollé, c’est devenu un blog qui reçoit deux fois plus de visites que le département officiel des statistiques du Royaume Uni. Beaucoup de gens visitent notre site parce qu’ils cherchent des informations brutes sur, par exemple, les émissions de carbone dans l’ensemble du pays ou quelles aides a reçu le Pakistan en provenance de quel pays après les inondations. En fait, tout peut être envisagé comme des données.

On a par exemple publié tous les mots utilisés par les Beatles dans leurs chansons. Combien de fois ont-ils employé le mot « love » (amour) ? 613 fois figurez-vous. Tout peut être transformé en données. Et ce qu’il y a de magique, c’est qu’une fois que vous avez transformé quelque chose en chiffres et en tableaux, les gens peuvent s’en servir pour faire des visualisations, des graphiques et des analyses.

ADM : Quand on vous écoute, on a l’impression que c’est presque par chance ou par hasard que vous avez développé le journalisme de données dans votre journal, alors que c’est un phénomène qu’on voit prendre de l’ampleur dans beaucoup de médias. Comment cela s’est passé concrètement ?

En fait quand on a mis en ligne le data blog en mars 2009, c’était une thématique encore très confidentielle. Après cela, le gouvernement américain a lancé data.gov, et puis cela s’est étendu au monde entier. Depuis un an, de plus en plus de gouvernements publient leurs données. Ils ont maintenant une vraie pression qui les incite à rendre leurs données publiques dans des formats exploitables par tous. Plutôt que d’utiliser du .pdf, qui est le format traditionnellement utilisé par les gouvernements, on leur demande des formats exploitables comme le .csv ou .xls. En résumé, on a eu de la chance et puis il faut avouer qu’il y avait une tendance quand même. Les gens veulent de l’information brute.

Mon grand-père veut savoir le prix du pétrole, où puis-je trouver cette information ? Et comment savoir si ce sont des données fiables ? Par exemple au Royaume Uni, le PIB est une donnée très importante, c’est publié tous les mois. Si vous allez voir sur le site des statistiques officielles, vous allez trouver 9 ou 10 manières différentes de calculer le PIB. Comment savoir quelle est la bonne méthode ? Ça c’est une question qu’on s’est déjà posée au Guardian à laquelle on a déjà trouvé des réponses parce qu’on en a besoin, donc on partage notre savoir faire.

ADM : Comment vous voyez la relation du journalisme de données avec le journalisme en général ? Est-ce que cela doit être une partie du journalisme ou est-ce que cela doit être un peu partout ?

De mon point de vue, chaque sujet comporte une dimension « données » en lui. D’un point de vue technique, ce n’est pas si compliqué, ce doit être un outil de plus pour les journalistes. On ne doit pas envisager cela comme un machin insurmontable et flippant. C’est juste une autre manière d’accéder à l’information. En réalité, la plupart des choses que l’on fait sont très simples. On utilise des logiciels que tout le monde possède. On a tous un tableur sur notre ordinateur, Excel, OpenOffice ou quoi que ce soit d’autre. C’est un outil aux capacités extraordinaires. Pas besoin d’être mathématicien ou statisticien. Tout ce qu’il faut faire c’est traiter cela comme toute autre information : il faut douter, interroger et se poser des questions de base.

Carte géolocalisée et chronologique des bombes artisanales en Afghanistan

ADM : Une autre partie du journalisme de données, c’est ce qu’on appelle la visualisation, la manière de montrer ces données. Quelle relation vous voyez entre les données et la visualisation ?

Ce qui est intéressant là dedans c’est que par le passé, on avait tendance à garder les données pour soi. Aujourd’hui, on les publie et par conséquent, notre rôle est d’aider les gens à les interpréter, à les analyser, à les montrer. Dans certains cas, un petit tableau suffit ou même la mise en avant d’un chiffre clé ou la comparaison entre un chiffre et un autre. Parfois ce simple travail est suffisant mais, dans d’autres cas, on veut vraiment montrer ces chiffres physiquement. Pour ce faire, le mariage de la visualisation et des données peut avoir un impact très fort. Par exemple, dans le cas des fuites de wikileaks, on a cartographié toutes les bombes artisanales en Afghanistan de manière chronologique. Grâce à  cette visualisation, on comprend comment leur usage s’est multiplié et pourquoi c’est devenu un paramètre essentiel de la guerre. Seule la visualisation permet de montrer cela.

Maintenant, est-ce qu’il faut être un graphiste pour faire des visualisations ? Il y a plusieurs approches. Il y a des personnes qui sont avant tout journalistes et qui réalisent des visualisations comme David McCandless et son « Information Is Beautiful ». Il a une formation de journaliste, il n’est pas graphiste mais il a produit de très belles visualisations qui expliquent bien les choses. En revanche, il arrive qu’on ait vraiment besoin d’un graphiste pour réaliser une visualisation complexe.
Il existe, par ailleurs, des outils très simples, accessibles en ligne, qui permettent de réaliser des visuels : Manyeyes, Timetric et même Google propose des outils de visualisation que chacun peut utiliser pour raconter une histoire.

ADM : Pour clore cet entretien Simon Rogers, je voudrais évoquer avec vous deux tendances assez fortes aujourd’hui. La première concerne l’Opendata, on parle aussi d’open governement, c’est un mouvement qui incite les institutions et les gouvernements à ouvrir et rendre publiques le plus de données possibles. Qu’est-ce que vous pensez de cela ? Quelles sont vos attentes ?

C’est une évolution très intéressante. Il y a encore un an, on militait pour accéder aux données et aujourd’hui on croule sous les données que nous recevons. Par exemple, au Royaume Uni, le Trésor avait une base de données importante appelée COINS qui répertorie tout ce qui est dépensé par le gouvernement, dans le moindre détail, il y a des millions d’informations. Le nouveau gouvernement a rendu ces données publiques, on avait beaucoup milité pour ça. Il y a un an, on voulait accéder à ces infos, aujourd’hui on les a et il s’agit maintenant d’aider les gens à s’en servir, à les analyser. Donc ce qu’on a fait avec la base de données COINS, on a choisi le meilleur format, le .csv. On a choisi la meilleure période et les départements les plus faciles à comprendre et on a rendu l’ensemble plus intelligible.

Pour moi, le rôle des journalistes va, de plus en plus, ressembler à ça. Rendre les données accessibles et compréhensibles. Au Guardian, on propose aussi un service qui s’appelle World Governments Data Search, recherche de données gouvernementales dans le monde. Si vous tapez World Government data dans Google, on sort en premier. En fait notre service répertorie toutes les publications de données gouvernementales dans le monde et vous permet par exemple de faire une recherche sur le mot crime, vous aurez alors des chiffres des USA, du Royaume Uni, de Chicago, de Californie, de France euh non d’Espagne pas de France, de Nouvelle-Zélande etc…et vous pouvez aussi comparer ces chiffres. L’enjeu maintenant c’est de trouver une bonne manière de combiner toutes ces données pour permettre aux gens de les utiliser. Parce que les gens veulent faire des choses avec ces chiffres, chez eux, à la maison et on veut les aider pour faire partie de ce mouvement.

Dépenses gouvernementales du Royaume Uni par département 2009-2010

ADM : Et comment vous pourriez convaincre des États de rendre leurs données publiques ou des populations à inciter leurs États à le faire ? Qu’est-ce que ça apporte à des sociétés ?

Ce qu’il faut comprendre c’est que les gouvernants n’ont rien à perdre. Aux USA, au Royaume Uni, en Australie ou en Nouvelle-Zélande, le monde ne s’est pas écroulé parce que les données gouvernementales ont été rendues publiques ! Cela a tout simplement rendu les choses plus ouvertes et plus transparentes à une époque où on ne fait plus confiance aux politiciens, on ne fait plus confiance à la politique. Vous voulez qu’on vous fasse confiance ? Il faut être ouvert. Rendre ses données publiques c’est essentiel pour cela, il faut le faire dans un format pratique pour encourager les gens à s’investir.

Quand Data.gov.uk a été mis en ligne, ils ont impliqués plein de développeurs pour permettre aux gens d’accéder à cette masse d’infos, pour moi c’est le rôle du gouvernement de faire ça. Il y a beaucoup d’exemples aujourd’hui que ceux qui militent pour l’ouverture des données peuvent utiliser pour montrer que les pays ne se sont pas effondrés à cause de l’open data. L’open data ne peut que renforcer la foi des peuples dans leurs gouvernants.

ADM: Pour finir, je voudrais parler avec vous de Wikileaks, ce site qui se sert de lanceurs d’alertes, de personnes qui divulguent des informations secrètes dans le monde et qui les diffuse. Vous avez été impliqués dans ce qu’on appelle les War logs en Afghanistan (et en Irak), qu’est ce que vous pensez de cela ?

C’est une nouvelle tendance du journalisme. Les journalistes vont devoir de plus en plus gérer des masses de données et trouver des infos et des histoires dedans. A l’avenir, un journaliste ne pourra plus dire « je ne m’occupe pas de tableurs… », cela fera vraiment partie de son boulot. Au Guardian, cela a vraiment changé notre manière de travailler. Aujourd’hui les données sont une partie intégrante de notre job. Maintenant, je pense que les infos de Wikileaks sont excellentes pour comprendre ce qui se passe. Si vous regardez les rapports divulgués sur l’Afghanistan, ils montrent à quel point cette guerre est difficile. Cela raconte notamment comment des gens tentent d’apporter de l’aide humanitaire dans un village et cela n’intéresse personne, parce que les villageois ont peur de la corruption etc…Il y a ce genre d’infos où on voit que les militaires se sentent responsables du bien être des populations locales. On finit en fait par se demander pourquoi l’armée ne publie pas ces rapports.

Il n’y a rien de sensationnel, ça ne change même pas la manière dont on perçoit cette guerre. Cela fait en tous cas de la guerre en Afghanistan une des plus documentées de l’histoire, grâce à ces fuites. Est-ce que cela a nuit aux États-Unis ? Pas vraiment je pense. Le gouvernement américain nous a aidé à retirer les noms cités dans les rapports pour ne pas mettre les personnes en danger.

ADM : Et sur le futur du secret, des choses secrètes, est-ce que cela pose une vraie question pour vous ?

Cela va être intéressant de voir comment les autorités gèrent cela. Il y a eu des menaces mais rien de très concret. Et puis il va y avoir bientôt de nouvelles lois de transparence et de protection du journalisme en Islande. Cela va devenir un abri pour les journalistes. Sur le même modèle que les paradis fiscaux, on aura des paradis journalistiques, des lieux protégés pour la liberté sur internet. Les gens iront là-bas pour publier des données sensibles.
En tous cas, Wikileaks a complètement changé le rapport que l’on a avec les documents que l’on produit, géographiquement notamment. Je pense en tous cas qu’à l’avenir ce type de fuites ne va faire que se multiplier.

>> Interview initialement publiée sur l’Atelier des Media de RFI.

>> Crédit photo : Jessica Chekroun (la photo n’est pas en Creative Commons)

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Libérez les données de vos expériences http://owni.fr/2010/08/19/liberez-les-donnees-de-vos-experiences-2/ http://owni.fr/2010/08/19/liberez-les-donnees-de-vos-experiences-2/#comments Thu, 19 Aug 2010 09:19:52 +0000 Ben Goldacre (trad. Martin Clavey) http://owni.fr/?p=25233

La semaine dernière, l’entreprise pharmaceutique AstraZeneca a payé 150 millions d’euros de dommages et intérêts pour stopper une action collective en justice (class action). Plus de 17 500 patients affirment que l’entreprise a retenu des informations montrant que la quetiapine, médicament traitant la schizophrénie (vendu sous le nom de Seroquel) [NDT: mais interdit en France], pouvait être la cause de diabètes. Mais pourquoi les entreprises payent avant le procès ?

Les litiges, entre autres bonnes choses, font sortir dans le domaine public certains documents. Grâce à ça, nous en savons un peu plus sur les plans diaboliques de l’industrie du tabac pour cibler les jeunes ou sur le faux journal académique que Elsevier a créé pour le département marketing de Merck, par exemple.

Un des documents les plus importants de l’industrie pharmaceutique révélé dans ce cadre traite de la quetiapine. Il se trouve maintenant dans une archive en ligne. Ce document est un email de John  Tumas, directeur des publications chez Astrazeneca, dans lequel il admet que tout ce que je dénonce sur mon blog et ailleurs depuis un moment, l’industrie pharmaceutique le fait.

« Laissez moi rejoindre la bagarre » commence John dans sa réponse à un collègue.  « Il y a eu un précédent jeu de données avant un tri sélectif. » Le tri sélectif de données, c’est quand on donne seulement les données à son avantage tout en enterrant les données qui pourraient nuire au patient. Les oreilles des avocats se dressent à chaque fois qu’une histoire de données sciemment ignorées par l’industrie pharmaceutique sort car cela implique quelque chose de délibéré. Il explique que le dernier tri sélectif a eu lieu au sujet « des données de l’essai 15 de la présentation de Velligan (un des essais enterrés) ».

L’essai 15 est un essai effectué par AstraZeneca, dont on a beaucoup parlé. Les patients schizophrènes en rémission étaient aléatoirement assignés à un groupe qui recevait soit la quetiapine de AstraZenece soit un ancien médicament moins cher, le Haloperidol. Après un an, les patients sous Seroquel allaient moins bien : ils ont eu plus de rechutes (ce qui est très important dans le monde réel) et de moins bons scores sur des échelles d’évaluation de l’intensité des symptômes. Ces résultats négatifs n’ont pas été publiés : pour utiliser le mot de John, ils ont été « enterrés ».

Mais dans ce tas de résultats négatifs, le Seroquel faisait mieux sur quelques mesures de « fonctionnement cognitif » – une tâche d’attention, un test de mémoire verbale etc- . Ces résultats seuls ont été publiés (par Velligan et al en 2002) et le fait que les patients sous Seroquel avaient de moins bons résultats concernant leur schizophrènie n’y figuraient pas. Le papier de Velligan n’était pas un petit évènement : ce travail a eu une grosse influence sur la recherche avec plus de mille citations faites par d’autres articles scientifiques. Beaucoup de chercheurs rêvent de publier un travail aussi cité.

Pendant ce temps là, l’étude 15 a aussi montré que les patients sous Seroquel grossissaient en moyenne de 5 kilos par an, augmentant leurs risques de diabètes, ce que Astrazeneca doit maintenant gérer (et, dans n’importe quel cas, le gain de 5 kg est un sérieux effet secondaire).

Tous les médicaments ont des effets secondaires et la quetiapine n’est pas unique : les médicaments psychiatrique en particulier font globalement plus de bien que de mal , mais beaucoup d’entre eux ont aussi des effets secondaires sérieux et récurrents. Quand c’est le cas, il est très important que les médecins et les patients connaissent tous les risques afin de faire les compromis judicieux et biens informés.

Ce n’est que le premier paragraphe d’un mail sur les 100 qui parlent de la quetiapine. C’est sans fin : dans le document 13 de l’archive, Richard Lawrence a envoyé un note interne à ses collègues : « Lisa a fait du très bon travail avec ses écrans de fumée » sur l’essai 15. Il existe bien d’autres exemples sur ce cas.

Cette histoire n’est étonnamment pas étonnante. L’attitude de l’industrie pharmaceutique s’est transformé une triste farce. Les médecins et universitaires, qui devraient être contents de travailler avec eux pour développer de nouveaux traitements, en sont malades sachant que seuls des projets informels ou ad hoc utilisent les données « enterrés » et ont clairement échoué.

En 2005, le Comité International des Rédacteurs en Chef de Revues Médicales (ICMJE) a mis les pieds dans le plat et a déclaré que leurs journaux ne publieraient plus que des articles dont les essais seraient enregistrés avant même le début des recherches, ce qui devrait faciliter la recherche des données manquantes. Quelques années plus tard, nous pouvions lire dans Bad Science que la moitié des essais que les éditeurs du ICMJE publiaient était enregistrée  convenablement et qu’un quart n’était pas du tout publié.

Après que le mandataire de l’État de New York a poursuivi GlaxoSmithKline pour leur procès-verbal « illégal et mensonger » sur les risques de leur antidépresseur paroxetine (sous le nom commercial Seroxat), GSK fut d’accord pour publier les données d’essai sur leur site internet : mais cela n’est fait que par cette seule entreprise, et ça ne résout qu’une toute petite partie du problème. Le mois dernier, nous apprenions que GSK et la Food & Drug Administration (FDA) avaient découvert, des années après l’agrément du rosiglitazone (dont le nom commercial est Avandia), des données montrant qu’il augmentait les risques de problèmes cardiaques.

Cette semaine dans la revue scientifique en accès libre Trials, deux chercheurs ont présenté quelques idées de lois internationales essayant de combler ce vide juridique et d’empêcher l’industrie pharmaceutique d’enterrer des données dont les médecins ont besoin pour prendre des décisions importantes envers leurs patients. Cette initiative ne va pas assez loin. Toute entreprise qui enterre des données d’essais font du mal aux patients. Je ne comprends pas pourquoi un comité d’éthique laisserait une entreprise retenant des données conduire des études plus approfondies sur des humains. Je ne comprends pas pourquoi l’État n’imposerait pas des contraventions. J’espère que ce n’est que parce que les politiques ne comprennent pas l’importance des souffrances que cela entraîne.

Publié initialement sur Bad Science et The Guardian

Photo CC FlickR Sparky et Jussi Mononen

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Libérez les données de vos expériences http://owni.fr/2010/08/19/liberez-les-donnees-de-vos-experiences/ http://owni.fr/2010/08/19/liberez-les-donnees-de-vos-experiences/#comments Thu, 19 Aug 2010 09:19:52 +0000 Ben Goldacre (trad. Martin Clavey) http://owni.fr/?p=25233

La semaine dernière, l’entreprise pharmaceutique AstraZeneca a payé 150 millions d’euros de dommages et intérêts pour stopper une action collective en justice (class action). Plus de 17 500 patients affirment que l’entreprise a retenu des informations montrant que la quetiapine, médicament traitant la schizophrénie (vendu sous le nom de Seroquel) [NDT: mais interdit en France], pouvait être la cause de diabètes. Mais pourquoi les entreprises payent avant le procès ?

Les litiges, entre autres bonnes choses, font sortir dans le domaine public certains documents. Grâce à ça, nous en savons un peu plus sur les plans diaboliques de l’industrie du tabac pour cibler les jeunes ou sur le faux journal académique que Elsevier a créé pour le département marketing de Merck, par exemple.

Un des documents les plus importants de l’industrie pharmaceutique révélé dans ce cadre traite de la quetiapine. Il se trouve maintenant dans une archive en ligne. Ce document est un email de John  Tumas, directeur des publications chez Astrazeneca, dans lequel il admet que tout ce que je dénonce sur mon blog et ailleurs depuis un moment, l’industrie pharmaceutique le fait.

« Laissez moi rejoindre la bagarre » commence John dans sa réponse à un collègue.  « Il y a eu un précédent jeu de données avant un tri sélectif. » Le tri sélectif de données, c’est quand on donne seulement les données à son avantage tout en enterrant les données qui pourraient nuire au patient. Les oreilles des avocats se dressent à chaque fois qu’une histoire de données sciemment ignorées par l’industrie pharmaceutique sort car cela implique quelque chose de délibéré. Il explique que le dernier tri sélectif a eu lieu au sujet « des données de l’essai 15 de la présentation de Velligan (un des essais enterrés) ».

L’essai 15 est un essai effectué par AstraZeneca, dont on a beaucoup parlé. Les patients schizophrènes en rémission étaient aléatoirement assignés à un groupe qui recevait soit la quetiapine de AstraZenece soit un ancien médicament moins cher, le Haloperidol. Après un an, les patients sous Seroquel allaient moins bien : ils ont eu plus de rechutes (ce qui est très important dans le monde réel) et de moins bons scores sur des échelles d’évaluation de l’intensité des symptômes. Ces résultats négatifs n’ont pas été publiés : pour utiliser le mot de John, ils ont été « enterrés ».

Mais dans ce tas de résultats négatifs, le Seroquel faisait mieux sur quelques mesures de « fonctionnement cognitif » – une tâche d’attention, un test de mémoire verbale etc- . Ces résultats seuls ont été publiés (par Velligan et al en 2002) et le fait que les patients sous Seroquel avaient de moins bons résultats concernant leur schizophrènie n’y figuraient pas. Le papier de Velligan n’était pas un petit évènement : ce travail a eu une grosse influence sur la recherche avec plus de mille citations faites par d’autres articles scientifiques. Beaucoup de chercheurs rêvent de publier un travail aussi cité.

Pendant ce temps là, l’étude 15 a aussi montré que les patients sous Seroquel grossissaient en moyenne de 5 kilos par an, augmentant leurs risques de diabètes, ce que Astrazeneca doit maintenant gérer (et, dans n’importe quel cas, le gain de 5 kg est un sérieux effet secondaire).

Tous les médicaments ont des effets secondaires et la quetiapine n’est pas unique : les médicaments psychiatrique en particulier font globalement plus de bien que de mal , mais beaucoup d’entre eux ont aussi des effets secondaires sérieux et récurrents. Quand c’est le cas, il est très important que les médecins et les patients connaissent tous les risques afin de faire les compromis judicieux et biens informés.

Ce n’est que le premier paragraphe d’un mail sur les 100 qui parlent de la quetiapine. C’est sans fin : dans le document 13 de l’archive, Richard Lawrence a envoyé un note interne à ses collègues : « Lisa a fait du très bon travail avec ses écrans de fumée » sur l’essai 15. Il existe bien d’autres exemples sur ce cas.

Cette histoire n’est étonnamment pas étonnante. L’attitude de l’industrie pharmaceutique s’est transformé une triste farce. Les médecins et universitaires, qui devraient être contents de travailler avec eux pour développer de nouveaux traitements, en sont malades sachant que seuls des projets informels ou ad hoc utilisent les données « enterrés » et ont clairement échoué.

En 2005, le Comité International des Rédacteurs en Chef de Revues Médicales (ICMJE) a mis les pieds dans le plat et a déclaré que leurs journaux ne publieraient plus que des articles dont les essais seraient enregistrés avant même le début des recherches, ce qui devrait faciliter la recherche des données manquantes. Quelques années plus tard, nous pouvions lire dans Bad Science que la moitié des essais que les éditeurs du ICMJE publiaient était enregistrée  convenablement et qu’un quart n’était pas du tout publié.

Après que le mandataire de l’État de New York a poursuivi GlaxoSmithKline pour leur procès-verbal « illégal et mensonger » sur les risques de leur antidépresseur paroxetine (sous le nom commercial Seroxat), GSK fut d’accord pour publier les données d’essai sur leur site internet : mais cela n’est fait que par cette seule entreprise, et ça ne résout qu’une toute petite partie du problème. Le mois dernier, nous apprenions que GSK et la Food & Drug Administration (FDA) avaient découvert, des années après l’agrément du rosiglitazone (dont le nom commercial est Avandia), des données montrant qu’il augmentait les risques de problèmes cardiaques.

Cette semaine dans la revue scientifique en accès libre Trials, deux chercheurs ont présenté quelques idées de lois internationales essayant de combler ce vide juridique et d’empêcher l’industrie pharmaceutique d’enterrer des données dont les médecins ont besoin pour prendre des décisions importantes envers leurs patients. Cette initiative ne va pas assez loin. Toute entreprise qui enterre des données d’essais font du mal aux patients. Je ne comprends pas pourquoi un comité d’éthique laisserait une entreprise retenant des données conduire des études plus approfondies sur des humains. Je ne comprends pas pourquoi l’État n’imposerait pas des contraventions. J’espère que ce n’est que parce que les politiques ne comprennent pas l’importance des souffrances que cela entraîne.

Publié initialement sur Bad Science et The Guardian

Photo CC FlickR Sparky et Jussi Mononen

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