OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Urban After All S01E03 – Violences urbaines: l’urbanité sacrifiée http://owni.fr/2011/02/07/urban-after-all-s01e03-violences-urbaines-l%e2%80%99urbanite-sacrifiee/ http://owni.fr/2011/02/07/urban-after-all-s01e03-violences-urbaines-l%e2%80%99urbanite-sacrifiee/#comments Mon, 07 Feb 2011 10:02:09 +0000 Philippe Gargov http://owni.fr/?p=45551

Sur le bitume l’engrenage se déroule.
Foutre le dawa, nicker la rhala…
Passi – Les flammes du mal

À en croire les millions de pages recensées dans Google Books, les violences urbaines seraient “nées” dans les années 90’. Les émeutes urbaines dateraient elles un peu plus : les premiers soubresauts remontent au XIXe (la Commune se distingue aisément) ; mais c’est surtout après-guerre qu’elles se seraient développées, s’accélérant un peu avec les années 80-90.

Faudrait-il en conclure que ville et révoltes ne sont liées que depuis peu ? Évidemment que non, et l’on se méfiera des interprétations trop hâtives, inévitables avec un tel outil. On prendra Google Ngram View pour ce qu’il est (ou devrait être) : “un outil heuristique qui permet plus de poser de nouvelles questions que d’apporter des réponses”.

Suivant cette voie, on pourrait d’abord s’interroger sur l’origine des ces formules et les raisons de leur essor dans les années 80-90. Une réponse “objective” voudrait qu’on l’explique par la multiplication des émeutes sporadiques dans les banlieues françaises. Une réponse plus subjective, à laquelle je souscris, y voit aussi la diffusion d’un discours sécuritaire dans les médias, sans véritable lien avec la réalité du terrain. L’expression “violences urbaines”, en particulier, n’est souvent qu’un fourre-tout médiatique pour journaliste en manque de sensationnalisme. Il semble donc bien difficile de donner une explication pertinente à la croissance de ces expressions.

Mais la démarche heuristique à ceci de sympathique qu’elle ne s’arrête pas à ces obstacles. Plutôt que de s’interroger sur les origines de ces termes, pourquoi ne pas s’interroger sur leur conséquences ? On entre ici dans le domaine de la “prospective du présent”.

Prévention situationnelle : un loup déguisé en agneau


Le XIXe siècle avait connu l’aménagement sécuritaire hausmannien du Second Empire : les larges avenues du Baron avaient pour objectif (entre autres) de faciliter la répression des révoltes urbaines, par crainte d’un nouveau soulèvement révolutionnaire. La Commune en fera les frais, matée en une petite semaine sanguinolente. L’Histoire se répète, dit-on. Les XXe et XXIe siècles ont eux aussi droit à “leur” urbanisme sécuritaire, né en réaction à ces “violences urbaines” des dernières décennies.

A l’instar de son aîné hausmannien, l’urbanisme sécuritaire moderne est insidieux. A l’époque, les vélléités répressives se déguisaient en discours hygiéniste. C’est aujourd’hui déguisé en agneau qu’il s’immisce dans nos villes. Pas de grandes ouvertures à coup de bulldozer, mais un concept a priori inoffensif : la “prévention situationnelle” (déjà évoquée dans le premier épisode d’URBAN AFTER ALL pour définir “l’urbanisme bourgeois”). L’anglais cultive aussi l’ambiguité, puisque l’on parle de “defensive spaces” pour évoquer ce qui est en réalité une forme de répression déguisée.

Derrière ces noms innocents se cachent l’une des grandes évolutions de l’architecture contemporaine. La prévention situationnelle ferait ainsi partie des “mots de l’ultraviolence” qui caractérise le discours politique de ces dernières années :

“On a recours au concept de prévention situationnelle pour justifier un aménagement urbain qui intègre de plus en plus les possibilités de surveillance et d’intervention des forces de l’ordre, tout en limitant au maximum tout aménagement ou « espace complice ». Son objectif direct est « la réduction des opportunités délinquantes » (Véronique Levan).

Selon qu’on souhaite empêcher l’acte de se produire, ou faciliter l’intervention de la police, «la configuration de l’espace sera donc tantôt dissuasive, tantôt répressive» (Jean-Pierre Garnier).”
Et de citer quelques exemples : “Éradication des passages, coursives, impasses, recoins, ou des toits plats utilisés pour faire le guet ou constituant de potentiels postes de tir dans les cités, pose d’obstacles (allant du bac à fleurs à des aménagements plus lourds) pour stopper les voitures-béliers devant les centres commerciaux…”

Rien de bien méchant, dit comme ça… Plus subtile encore est l’ouverture des espaces sur l’extérieur : “Là, ce qui était une impasse devient une rue passante ; à quelques mètres, un hall d’escalier est “réorienté” afin d’être ouvert sur un parc et donc, sur l’espace public…”, explique Paul Landaeur, architecte et auteur de “L’architecte, la ville et la sécurité”. Game A a déjà évoqué la question sur pop-up urbain, à travers le jeu vidéo No More Heroes. De son côté, Nicolas Nova a recensé quelques exemples genevois encore plus discrets : du béton pour limiter les recoins où cacher la drogue, voire du verre cassé pour que les dealers se coupent les mains…

Bref, “d’anodins” aménagements contre lesquels il semble bien difficile de s’offusquer… La conclusion du journaliste résume d’ailleurs, en une phrase, toute la “réussite” de la prévention situationnelle à se faire oublier : “Avouons qu’en matière de discours sécuritaire, il y a pire. Non ?”

Une violence urbaine peut en cacher une autre

La réalité est bien moins rose. La finalité première de la prévention situationnelle est en effet répressive, puisqu’il s’agit de faciliter l’intervention policière (voire militaire). Surtout, celle-ci permet à l’autorité de mettre la main sur un domaine jusqu’ici protégé des velléités autoritaires. Émergeant en France depuis les années 90 (logique), la prévention situationnelle est aujourd’hui portée par des circulaires ministérielles invitant les impératifs sécuritaires dans les programmes de rénovation urbaine. Rappelons au passage que l’aménagement du territoire était encore récemment sous la responsabilité du Ministère de l’Intérieur.

Principales victimes de cet engouement : les architectes, comme l’expliquent les Inrocks :

Le texte ministériel demande également aux préfets de “veiller à la mise en œuvre des recommandations” formulées dans les études de sécurité, au détriment des architectes.

Et inversement : si leurs recommandations sont ignorées, les préfets pourraient aller jusqu’à bloquer des permis de construire. Sans que les architectes ni les urbanistes n’aient leur mot à dire. Guide de conception à l’appui, ceux-ci n’ont plus qu’à suivre les consignes.

Ce transfert de compétences est d’autant plus notable que le respect de ces recommandations sécuritaires devient un critère d’évaluation pour les projets de rénovation urbaine.”
Pour Paul Landaeur, “nous arrivons à la limite d’un urbanisme sécuritaire. Il est temps de réagir.” L’architecte invite ses collègues à prendre position. Lui milite en faveur des fameux espaces ouverts (qui peuvent selon moi faire partie du “travestissement” de la répression en agneau, mais c’est un autre débat).

Toujours dans les Inrocks, la sociologue Véronique Levan (déjà citée) condamne ainsi cette mainmise des forces de l’ordre sur l’urbanisme : “les policiers cherchent à créer un espace lisible pour eux, pour faciliter leurs interventions. Sans garantie que l’espace soit vivable”.

Paris - pendant les manifestations anti-CPE - 2006

Autrement dit, la prévention situationnelle ne se préoccupe par des “urbanités” qui font la richesse d’un espace. Pire, elle les nie et cherche même à les détruire. Il existe un mot pour désigner cela : “urbicide”, violence urbaine au sens propre du terme. A l’origine, le néologisme désigne la destruction des villes en temps de guerre :

“L’urbicide a été défini par Bogdan Bogdanovic, l’ancien maire de Belgrade, architecte et enseignant de profession, pour désigner le “meurtre rituel des villes”. L’urbicide désigne alors les violences qui visent la destruction d’une ville non en tant qu’objectif stratégique , mais en tant qu’objectif identitaire, “comme si la ville était l’ennemi parce qu’elle permettait la cohabitation de populations différentes et valorisait le cosmopolitisme” (François Chaslin, Une haine monumentale, 1997). L’identité urbaine est détestée parce que la ville est le lieu par excellence de la rencontre et de l’échange entre les populations.

On n’en est évidemment pas à ce stade lorsque l’on parle de prévention situationnelle. Il ne s’agit pas condamner pour “crime de guerre” les architectes qui collaborent à ces politiques oppressives pour “crimes contre l’humanité”, comme le propose l’architecte israélien Eyal Weizman (cette idée fera par contre l’idée d’un prochain billet). Pour autant, la logique reste la même : euthanasier ce qui définit l’identité même de la ville. Dans cette perspective, le silence d’une majorité d’architectes-urbanistes face à cette problématique les rend complices passifs des forces répressives, et de ce que cela implique : militarisation de l’espace urbain, ghettoïsation accrue et escalade de la violence. Il est temps d’arrêter les frais.

>> Photos CC FlickR : free2beesmeesAlsterstar, CricriDuCamembert

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Plus la délinquance baisse, plus la violence augmente http://owni.fr/2011/01/25/plus-la-delinquance-baisse-plus-la-violence-augmente/ http://owni.fr/2011/01/25/plus-la-delinquance-baisse-plus-la-violence-augmente/#comments Tue, 25 Jan 2011 16:16:22 +0000 Jean Marc Manach http://owni.fr/?p=43808

La sécurité ne doit pas être un thème de polémique, c’est un thème d’union, qui doit rassembler, mais les Français doivent savoir la vérité.
Brice Hortefeux, TF1, le 20 janvier 2011

Fait relativement inédit, Brice Hortefeux a tenu à illustrer, dans le JT de TF1, la baisse de la délinquance dont il s’enorgueillit avec un graphique pédagogique. A OWNI, on estime nous aussi que “les Français doivent savoir la vérité“. Alors nous avons nous aussi fait un graphique pédagogique, à partir des mêmes données, et pour le comparer à celui du ministère de l’Intérieur (à 1′ sur la vidéo).

Il y a une baisse de la délinquance globale, de plus de 2%, plus forte encore que celle de l’année dernière, et qui s’inscrit dans la durée, puisque cela fait 8 ans qu’il y a une baisse de la délinquance année après année.

Pour illustrer son propos, Brice Hortefeux a donc sorti un graphique montrant une hausse de 17,8% de la délinquance de 1996 à 2002, suivi d’une baisse de 16,2% depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy au poste de ministère de l’Intérieur. Ce qui, dit autrement, revient également à constater que la délinquance a effectivement baissé de… 1,3% depuis 1996 :

+90% de violences physiques

Le rapport sur la Criminalité et délinquance enregistrées en 2010, basé sur les faits constatés par les services de police et les unités de gendarmerie et qui a permis au ministère de l’Intérieur de pondre ce graphique, est un peu plus complet… sauf qu’on n’y retrouve aucune trace de cette hausse socialiste, non plus que de cette baisse sarkozyste, et que Brice Hortefeux ne précise aucunement ce qu’il entend exactement par “délinquance“.

Un premier graphique présente cela dit l’évolution des “faits constatés d’atteintes aux biens, d’atteintes volontaires à l’intégrité physique et d’escroqueries et infractions économiques et financières entre 2005 et 2010“. C’est de ce graphique que serait apparemment tiré le chiffre de la “baisse de 1,9%” vantée par Brice Hortefeux.

En violet, le nombre de faits constatés, pour 1000 habitants, d’atteintes aux biens; en orange, les atteintes volontaires à l’intégrité physique; en vert, les escroqueries et infractions économiques et financières. On voit bien que la délinquance baisse. Par contre, quand on ne visualise que les “atteintes volontaires à l’intégrité physique” (en orange), là, ça ne baisse plus, ça explose, de plus de 90% depuis 1996 (=(7,4-3,9)/3,9*100), et de près de 16% depuis 2002 (voir le tableur) :

Dans l’interview qu’il a accordé au Figaro, et que l’on peut retrouver sur le site du ministère de l’Intérieur, Brice Hortefeux reconnaît que “les atteintes aux personnes restent le défi à relever” :

Point noir de toute société développée », les atteintes aux personnes ont vu leur hausse limitée à 2,5% en 2010. « C’est encore trop » a estimé le ministre, avant de souligner que « comparé au rythme annuel de plus de 10% par an sous le gouvernement socialiste », ce résultat indique que « la spirale infernale a été cassée ». Et le ministre de l’intérieur de préciser que « le phénomène des violences est désormais circonscrit géographiquement » puisque « les violences sont en baisse sur 90% du territoire ».

Le rapport d’où sont tirés les chiffres de Brice Hortefeux ne fait pas mention de cette baisse des violences “sur 90% du territoire“. A contrario, il évoque “la relative régularité du taux d’accroissement annuel des faits constatés d’atteintes volontaires à l’intégrité physique depuis 2007, soit + 2,4 % en 2008, + 2,8 % en 2009 et + 2,5 % en 2010“, une hausse de 4,3% des faits de “violence physiques crapuleuses” en 2010, ainsi qu’un “fort ralentissement de l’augmentation” (sic) des faits constatés de” violences physiques non crapuleuses” qui, après avoir doublé de 1996 à 2006, a augmenté de 28% en 5 ans. Et ce ne sont pas les seuls chiffres à exploser de la sorte :

En 2005, moins de 150 000 faits de coups et violences volontaires non mortels sur personnes de 15 ans et plus ont été constatés. En 5 ans, ce nombre s’est accru de près de 30 % (soit + 44 255 faits constatés).

Le nombre de faits de violences à dépositaire de l’autorité est proche de 27 500 en 2010, soit + 4 093 faits constatés en 5 ans (+ 17,5 %). Il dépasse 17 000 pour les
violences, mauvais traitements et abandons d’enfants, en hausse de plus de 37 % par rapport à 2005 (soit + 4 620 faits constatés).

“Un numéro digne des vendeurs d’épluche-patates magiques sur les marchés”

Le rapport présente également d’autres données attestant, a contrario, d’une baisse de certains indicateurs : le taux d’homicides (“hors tentatives“) est ainsi au plus bas depuis 1996. Mais le nombre de tentatives d’homicides enregistré en 2010, lui, “augmente de 13%“. Les statistiques sont politiques, et l’on peut leur faire dire ce que l’on veut, tout dépendant de la façon de les présenter ou, a contrario, de les noyer dans la masse.

Dans son éditorial politique sur France Inter, Thomas Legrand déploreun numéro digne des vendeurs d’épluche-patates magiques sur les marchés” :

Le ministre a sorti de sa serviette un panneau cartonné avec le chiffre de la délinquance. (…) Le problème c’est que ce chiffre est malléable à l’envie (et) que la violence ressentie par la population, celle qui pourrit la vie et qui accroît le sentiment d’insécurité c’est, évidemment, la violence aux personnes. C’est de celles-là qu’on parle quand on parle de l’insécurité et non pas des homicides, par exemple, qui décroissent depuis des décennies régulièrement. Et bien la violence aux personnes augmente de 2, 5% à 3% chaque année depuis 2005.

Dans sa critique bien troussée de la com’ rituelle du ministre de l’Intérieur, le sociologue Laurent Mucchielli revient également sur cette explosion des atteintes volontaires à l’intégrité physique :

Quant aux violences interpersonnelles, elles continuent leur hausse apparente, mais il faut appliquer la même rigueur de raisonnement et dire que le ministre n’en est pas davantage responsable. Cette hausse est régulière depuis maintenant plusieurs décennies. Et les recherches montrent qu’elle résulte principalement non pas d’une transformation des comportements mais d’une plus forte dénonciation de comportements classiques tels que les violences conjugales et les bagarres entre jeunes.

Des statistiques “indépendantes” ?

Afin d’asseoir la crédibilité de son propos, et de son graphique, Brice Hortefeux n’avait pas hésité à expliquer sur TF1 que les chiffres présentés “ne viennent pas du ministère de l’Intérieur, mais d’un observatoire indépendant“.

En l’espèce, il s’agit de l’Institut National des Hautes Études de la Sécurité et de la Justice (INHESJ), “établissement public national à caractère administratif placé sous la tutelle du Premier ministre“, sis à l’École militaire de Paris.

En matière d’indépendance, on a vu mieux : l’INHESJ est en effet dirigé par André Michel Ventre, ex-contrôleur général des services actifs de la police nationale, et ancien secrétaire général du syndicat des commissaires et haut fonctionnaires de la police nationale (SCHFPN, surnommé le Schtroumpf, et connu pour son soutien à Nicolas Sarkozy). Et sa création, en 2009, avait été saluée par une salve de chercheurs et magistrats dénonçant une “mise sous tutelle de la statistique pénale” par le ministère de l’intérieur…

L’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), le département de l’INHESJ chargé de la production statistique, est quant à lui présidé par Alain Bauer, le très contesté Mr Sécurité de Nicolas Sarkozy, ce qui faisait craindre à leurs opposants que ce “devienne une sorte de verrou pour ne laisser voir que le commentaire qu’il veut bien donner“… CQFD.

A toutes fins utiles, on rappellera que depuis 2002, Nicolas Sarkozy a fait adopter pas moins de 42 lois sécuritaires

PS : le théorème statistique qui sert de titre à cet article est directement inspiré de la maxime shadokienne selon laquelle « Ce n’est qu’en essayant continuellement que l’on finit par réussir. Autrement dit : plus ça rate, plus on a de chances que ça marche. »

Photo d’Alain Bauer, CC Cornouaille.

SUR LE MÊME SUJET:
- “La com’ rituelle du ministre de l’Intérieur”
-“La délinquance n’a pas diminué: la vérité sur les statistiques”

Illustration de Une Marion Boucharlat

Retrouvez le dossier complet :
La note à l’origine de la politique du chiffre
La politique du chiffre se calcule
Fillon a abrogé la culture du chiffre de Sarkozy #oupas

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La délinquance n’a pas diminué: la vérité sur les statistiques http://owni.fr/2011/01/25/la-delinquance-na-pas-diminue-la-verite-sur-les-statistiques/ http://owni.fr/2011/01/25/la-delinquance-na-pas-diminue-la-verite-sur-les-statistiques/#comments Tue, 25 Jan 2011 13:22:18 +0000 Jean-François Herdhuin http://owni.fr/?p=43793 Jean-François Herdhuin, fonctionnaire de police français, contrôleur général, puis inspecteur général de la police nationale, nous livre son expérience au sein de la police, et revient sur les chiffres de la délinquance.

La présentation des chiffres de la délinquance pour 2010 m’a inspiré les réflexions suivantes : à l’oral du concours de commissaires de police le jury m’avait demandé de commenter cette citation de Churchill :

Je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même falsifiées.

Je suis persuadé que les examinateurs ne pensaient pas aux statistiques de la délinquance. C’est ainsi que j’ai très prudemment évité ce sujet. Pour ne pas susciter des interrogations j’ai replacé la question dans le domaine économique. Et pour aller au devant de ce que l’on attendait de moi, j’ai ajouté que nous avions besoin d’instruments de mesure pour guider notre action, même si ceux ci ne pouvaient être parfaits. J’ai donc évité de contrarier le jury.

“On ne parlait déjà que de chiffres”

Depuis 2002 le thème de l’insécurité étant parmi les premières préoccupations des français, les statistiques de la délinquance font l’objet de toutes les attentions.

A la tête de directions départementales de la sécurité publique pendant de longues années, j’avais aussi la responsabilité de l’élaboration des statistiques de la délinquance. En 2002 les responsables de la sécurité publique et de la gendarmerie ont été réunis à l’occasion ce que nous appelions une « grande messe ». Le discours du nouveau ministre de l’intérieur était mobilisateur, approuvé par la très grande majorité des auditeurs. A l’époque, j’ai regretté que les responsables du gouvernement précédent n’aient pas réussi, comme Nicolas Sarkozy, à créer cet élan de responsabilisation, voire d’optimisme chez les commissaires de police et dans la police en général.

Le Ministre de l’intérieur avait mis en place un système d’évaluation des performances, que nous appelions le « sarkomètre ». J’ai été convoqué à cette réunion d’évaluation pour une augmentation de 3% de la délinquance sur un seul mois. La réunion était présidée par le Ministre de l’Intérieur lui-même assisté de Claude Guéant et de Michel Gaudin, Directeur Général de la police Nationale. Quelqu’un m’avait prévenu, « si tu as ton nom en face, tu vas prendre ». Je ne suis pas sûr que cela soit vrai. Dès en entrant dans la salle, j’ai vérifié notre position, c’était sur la gauche du ministre, près d’un conseiller technique que j’appréciais beaucoup, il avait été mon directeur.

J’accompagnais mon Préfet, nous étions une douzaine de départements concernés. Pour nous, la Seine-Maritime, cela s’est plutôt bien passé, je n’en dirai pas autant pour certains préfets. J’étais gêné de voir ces grands serviteurs de l’Etat traités de la sorte devant nous, leurs subordonnés. Je me souviens de l’un d’entre eux qui, rouge de colère s’exclamait courageusement, « Mais nous avons travaillé Monsieur le Ministre ! » On ne parlait déjà que de chiffres. C’était avant notre tour, je me suis dit que si cela tournait mal, il valait mieux tenir tête. J’étais prêt, mais il m’a semblé que notre ministre était pressé de quitter la réunion.

La fabrique des statistiques

On me pardonnera la présentation un peu technique de l’élaboration des statistiques. Il s’agit de révéler les effets de cette pression sur les résultats et les chiffres de la délinquance. Cela peut varier en fonction des instructions qui sont données au plan départemental et aussi de pratiques locales plus ou moins répandues.

La manière la plus grossière, quoique très répandue de réduire la délinquance, est le refus de la prise de plainte. Cette attitude peut être due à l’insuffisance de la formation des personnels dédiés à l’accueil et aussi à l’affluence de plaignants. Des efforts ont toutefois été accomplis pour mieux accueillir le public avec des pratiques de testing de l’Inspection Générale de la Police Nationale.

L’utilisation abusive de la main courante, permet de masquer un nombre très important d’infractions. On enregistre dans la main courante sous l’appellation de« différents » voire même de « crimes et délits » des faits de toutes natures et de gravité parfois très importante.

Parmi les pratiques les plus productives de « bons résultats », il y a la possibilité de requalifier des délits en contraventions qui ne sont pas prises en compte dans l’état statistique. Il s’agit notamment des dégradations de biens privés ou publics. Les tentatives de cambriolages peuvent être enregistrées comme de simples dégradations contraventionnelles. Il en est de même pour des coups et blessures volontaires qui peuvent être convertis en violences légères afin d’être comptabilisées dans les contraventions de 5e classe. On oubliera souvent de mentionner les circonstances aggravantes de l’infraction pour ne pas la classer en délit. Il s’agit par exemple de la commission de l’infraction en réunion, ou encore des injures qui peuvent être en réalité des menaces sous conditions. On peut aussi omettre la présence d’une arme blanche ou d’une arme par destination. Pour éviter une plainte on peut encore « convertir » des violences familiales en simples différents, malgré la gravité des faits.

Au sujet de l’enregistrement et la transmission des statistiques, l’Office National de la Délinquance et des Réponses Pénales a découvert récemment une pratique qui date de 2002. C’est la prise en compte retardée de procédures pour assurer une bonne présentation aux médias en fin d’année. Les commissariats étaient invités à arrêter l’enregistrement, dans l’état « 4001 », de certaines procédures, celles qui font du chiffre, comme les dégradations, les atteintes aux biens. Ce ralentissement pouvait être ordonné depuis l’administration centrale, plusieurs jours avant. Ordre était parfois donné d’arrêter toute intégration un jour entier avant la fin du mois. La prise en compte des weekends, des jours fériés était déterminante pour espérer l’arrêt de l’enregistrement sans instruction particulière. La communication des chiffres est désormais mensuelle, pour atténuer les effets de l’impact médiatique de toute évolution à la hausse. Lorsque la communication était semestrielle et annuelle, en cas de résultats médiocres, la pratique de l’enregistrement retardé était systématique. Il est intéressant à cet égard d’observer les statistiques du mois qui suit la communication de celles-ci. Mais comme il faut bien procéder à l’enregistrement des procédures, il fallait procéder à des corrections les mois suivants par une utilisation appropriée de la main courante.

La délinquance est-elle vraiment en baisse?

L’observation objective des chiffres qui nous sont fournis permet de faire douter sérieusement du bilan qui nous est aujourd’hui présenté

Selon les résultats qui viennent d’être communiqués et le rapport de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), les atteintes aux biens sont en diminution constante depuis 2004. On passe d’environ 2,7 millions d’atteintes aux biens en 2005 à 2,2 millions en 2010 soit une baisse de 17,1%. Il y aurait donc dans cette rubrique une diminution de 500 000 faits constatés.

Pour ce qui concerne les atteintes aux personnes entre 2005 et 2010 on enregistre une augmentation de 13,6%, (+57 998 faits constatés) avec 467 000 violences ou menaces constatées en 2010.

Pour ce qui est des escroqueries et des infractions économiques et financières l’ONDRP indique qu’elle n’est pas en mesure de « commenter les chiffres récents » car il y a une « rupture statistique (sic) dans le mode d’enregistrement des plaintes » en 2009. Il s’agit principalement des fraudes avec les cartes bancaires. Pour résumer on considère que ce sont les banques qui sont victimes de ce type de délit et non plus les détenteurs de ces moyens de paiement. Toutefois dans le bilan global de la délinquance cette catégorie d’infractions figure à la baisse avec -4,3% soit 16 072 faits constatés en moins avec 357 000 infractions. Comme l’indique les statistiques de l’ONDRP, si les règles d’enregistrement n’avaient pas évolué en 2009, elles auraient légèrement augmenté.

On peut aussi souligner la baisse des IRAS (infractions révélées par l’activité des services) ; il s’agit par exemple de l’usage de stupéfiants, du port d’arme, du recel. Pour ces faits il n’y a pas de plainte car tout dépend de l’initiative des services de police ; depuis 2009 ce chiffre est en baisse non négligeable, d’environ 3,3 % chaque année. Il est vrai qu’il avait augmenté les années précédentes.

Quel est l’impact de l’utilisation des mains courantes ?

La main courante informatisée, permet de recenser l’intégralité des mains courantes, elle a été mise en place progressivement et ce n’est qu’en 2008 que l’on peut établir une estimation presque exhaustive des mains courantes.

En 2010 le total des mains courantes établies s’élève à 1 046 151 contre 1 063 158 en 2009 soit une baisse plutôt modérée de 1,6 %.

En examinant par groupes les nomenclatures principales, les chiffres se présentent de la manière suivante :

En 2010 273 058 crimes et délits figurent dans les mains courantes, soit une baisse de 2%.

- 518 056 différends de toute nature ont été enregistrés par mains courantes, soit une baisse de 2,1%.

- et 123 503 faits de nuisances ou de troubles à l’ordre public, soit une baisse de 0,9%.

Nous n’avons retenu que les nomenclatures portant sur les chiffres les plus importants.

On peut constater que cette évolution à la baisse n’est pas aussi importante que celle présentée vendredi 21janvier 2011.

Il est important d’observer l’évolution du nombre de mains-courantes depuis 2008, puisque nous ne disposons pas de données exploitables pour les années antérieures.

A titre d’exemple la comparaison 2008-2009 fait apparaître une augmentation de 10% en matière de crimes et délits avec 278 484 signalements. Les différents de toutes natures ont augmenté de 3,4% avec 528 983 faits. Pour la même année le total des mains courantes s’établit à 1 063 158 soit une augmentation de 5,6% par rapport à l’année précédente.

L’Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales avance le chiffre de 805 341 mains courantes en 2005 et de 1 O46 151 en 2010, toutes affaires confondues, soit une augmentation de 30%. L’activité des services de police a-t elle été supérieure aux années précédentes ? Les victimes ont-elles signalé plus de faits fantaisistes dans les commissariats ? Ou bien le système a-t-il recensé plus de mains-courante que les années précédentes.

En se reportant aux commentaires de l’ONDRP. on verra que son président prend beaucoup de précautions pour indiquer que les statistiques de la délinquance sont issues de l’état 4001 et qu’ils ne peuvent être le reflet de la réalité du phénomène criminel. Dans ces mêmes commentaires, qui sont répétés sur plusieurs années, il espère que les enquêtes de « victimation » viendront compléter l’étude statistique. Or les enquêtes effectuées ne démontrent pas qu’il y ait une baisse sensible de la délinquance. A l’exception de certaines atteintes aux biens (vol automobile, par exemple).

Que faut-il en conclure ?

Contrairement aux affirmations du gouvernement la délinquance n’a pas baissé durant les huit dernières années. Au mieux cette délinquance a stagné, et elle a même augmenté dans les rubriques les plus sensibles.

Comme le disait William Ewart Gladstone, qui a inspiré Churchill,

les statistiques sont (vraiment) la forme la plus élaborée du mensonge.

Sources : Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales. Se reporter également à partir de ce lien aux rapports annuels des années précédentes.

Voir aussi : Jean-Paul Grémy, « Les “défaillances de la mémoire” dans les enquêtes de victimation » Bulletin de méthodologie sociologique, 94 | 2007, [En ligne], Mis en ligne le 01 avril 2010. URL : http://bms.revues.org/index464.html. Consulté le 23 janvier 2011.

Mon blog : http://Jeanfrancoisherdhuin.blog.lemonde.fr

Article initialement publié sur Police et banlieue

Crédits Photos CC FlickR: zigazou76, ILRI, Martin Leroy, zigazou76

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Réactions des internautes Brésiliens face aux violences de Rio http://owni.fr/2010/11/30/reactions-des-internautes-bresiliens-face-aux-violences-de-rio/ http://owni.fr/2010/11/30/reactions-des-internautes-bresiliens-face-aux-violences-de-rio/#comments Tue, 30 Nov 2010 14:48:43 +0000 Debora Baldelli (trad. Jean Saint-Dizier) http://owni.fr/?p=37557 Cet article a été initialement publié sur Global Voices, écrit par Debora Baldelli et traduit par Jean Saint-Dizier.

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Une vague de violence vient de terrifier les habitants de la ville de Rio de Janeiro. Outre des arrastões, des voitures incendiées, des bombes et des échanges de tirs, les bandits ont aussi attaqué des guérites de la police. Ces violentes attaques font ressurgir le vieux débat sur la sécurité dans la ville. Une grande vague de panique, en partie aggravée par les médias, met en lumière un nouveau problème, la grande prolifération de fausses rumeurs  sur internet. La blogosphère et la twittersphère commencent à s’interroger sur la raison de ces attaques, sur la véracité des faits et exigent des mesures.

Voir la carte, constamment actualisée, des attaques répertoriées :
Visualizar Ataques no Rio a e reação da polícia em um mapa maior

La carte montre une répartition des attaques dans toute la ville, leur déplacement ou leur diminution, en fonction des opérations de la police. Une grande attaque a été annoncée pour samedi 27 novembre, ce qui a donné lieu a une accélération des opérations, principalement dans les favelas de Vila Cruzeiro et du Complexe do Alemão.

A 21 heure locale le 25 novembre, sept des dix trending topics [mots clés les plus souvent cités] sur Twitter au Brésil portait sur des thèmes en relation avec la situation à Rio de Janeiro, listés ici en ordre croissant :

  • #BOPE [Bataillon des Opérations Policière Spéciales]
  • #rio
  • #paznorio
  • #Vila Cruzeiro [quartier envahi par les trafiquants fuyant les attaques]
  • #Pimentel [Capitaine Rodrigo Pimentel, commissaire et co-auteur du film Tropa de Elite]
  • #Cabral [Gouverneur de l'État de Rio de Janeiro]
  • #Marinha [La Marine, citée en raison de l'aide apportée au travers du prêt d'équipements tels que des tanks flambant neufs, semblables à ceux utilisés en Irak]

Dans les Trending topics mondiaux, #BOPE a occupé la troisième position, suivi par #Vila Cruzeiro et #Pimentel.

Les opinions divergent sur ce qui est en train de se passer à Rio :

mitsudiz Et pendant ce temps-là, la Tijuca (un quartier central de la ville) s’en contrefout de la panique médiatique. Les mecs sont entrainés, depuis 2001, à faire la différence entre psychopathie collective et guerre civile.

jasomcox Maintenant ont fait courir le bruit qu’il y a des arrastões et des fusillades dans tous les coins de RJ (Rio de Janeiro), oh! y en a un, là, dans la cour de mon immeuble.

@danielefranco: ça fait du bien de voir les amis disant sur Twitter qu’ils sont bien arrivés à la maison ! #Soulagement

@LiraBellaqua la violence est plus que présente. J’ai passé toute la journée à entendre les sirènes. ça, c’est la réalité

@celsoathayde demain nouvelle guerre annoncée dans le complexe (do Alemão). La police ira faire son travail, le crime va contre-attaquer et les habitants vont mourir #illogique

"Tank ici à côté de chez moi #PEUR"- de l'utilisateur de Twitpic BrunoFq

"Tank ici à côté de chez moi #PEUR"- de l'utilisateur de Twitpic BrunoFq

Le besoin de savoir ce qui est vrai ou pas, quel endroit est en train de subir une attaque ou pas, a permis au compte Twitter de  @casodepolicia d’atteindre 10,000 followers au cinquième jour de terreur à Rio de Janeiro, en lançant deux hashtags (mots clés) :  #everdade (#c’est vrai) et #eboato (#c’est une rumeur), où sont vérifiées en temps réel les informations annoncées sur le web.

La couverture des grande chaines de télé est de plus en plus critiquée sur Twitter. Le propre compte du BOPE, selon le blog du Knight Center, a critiqué la couverture de certaines télés, alléguant qu’elles gêneraient les opérations en court [les tweets sur le compte du BOPE auraient été supprimés]:

Des utilisateurs se sont servis du hastag #globocop pour commenter la couverture des télévisions sur le site de microbloging. “La #Globo est en train de dévoiler le schéma tactique du Bope!” se plaint un internaute. “Si le #globocop n’était pas là, l’hélicoptère du Bope pourrait arriver et tirer sur leurs cibles”

Parmi les possibles raisons de la récente augmentation des attaques, les représailles à l’installation des UPP (Unités pacificatrices de la Police). Les UPP ont commencé à être installées il y a bientôt deux ans pour tenter de débarrasser la favela de ses trafiquants et “d’apporter” la paix aux habitants, par le biais de l’implantation d’une unité de police à chaque point stratégique. Une partie de la population croit réellement que les UPP aident à contrôler le problème, mais d’autres se demandent si cela est si simple  “d’expulser les bandits”. La principale question à se poser serait : “Où donc atterrissent ces bandits une fois expulsés par les UPP?”. Siron Nascimento, cité par le blog Vi O Mundo, répond :

Le gouvernement de l’état a “occupé” bien peu de favelas, avec dans certaines des résultats positifs, il a proclamé sa politique pacificatrice et s’est endormi sur ses lauriers. Allons, les bandits ont abandonné les favelas où étaient implantées les UPP et ils sont allés où ? Quelques uns dans la Baixada Fluminense et la Baixada Gonçalina. D’autres ont changé d’activité, ils sont passés du trafic à d’autres types de crimes. Agressions, invasions d’immeubles, arrastões comme ceux que l’on voit aujourd’hui.

Sur le même blog, le commentaire d’un lecteur sur les  UPP :

Il faut se demander: les UPP, ça marche ? ça suffit ? sans intelligence, on combat le crime, on attrape les bandits et on leur retire leurs armes ?

Il faut passer aux rayons X la politique de sécurité publique de Cabral [gouverneur de l'État de Rio de Janeiro]. L’UPP n’est pas une affaire sociale. C’est une affaire militaire. Il n’y a aucun civil dans les UPP. Un concours était prévu pour sélectionner des assistantes sociales, des psychologues, des avocats etc. Il a été annulé. Et les bandits, ils ont fini où ? Et leurs armes ?

Certains ne sont pas d’accord avec la “thèse” selon laquelle les attaques seraient une réponse aux UPP, comme Gustavo Barreto, du blog Consciência :

Les principaux chefs de la police militaires de Rio et le département de la sécurité publique veulent vendre la thèse déplorable selon laquelle les attentats seraient une ‘réaction aux politiques des UPP’, et les vieux médias avalent simplement la couleuvre. Ce qui est curieux c’est que les UPP sont présentes dans 13 favelas, dans l’univers des 1000 qui existent à Rio et dans sa région métropolitaine. Imaginez quand ce chiffre atteindra les 20, 30 ! Il vaut mieux déménager à Miami dès à présent.

Le plus intéressant est qu’une bonne partie des violences dénoncées suite à cette série d’attaques étaient déjà devenues habituelles auparavant. Entendre une fusillade n’est pas exactement une nouveauté à Rio de Janeiro. Ce qui est nouveau cette fois-ci, c’est que tout arrive en même temps et que tout est raconté, dénoncé, vérifié, comme faisant partie d’un unique et grand problème. La population essaie de parler et d’être entendue (que ce soit par Allo Denonciation ou Twitter), d’être prise au sérieux et la police aussi. Quand quelqu’un dénonce quelque chose par un tweet, il voit sa dénonciation vérifiée, il sait que la police agit, cela ne stimule pas seulement la participation de la population, mais cela donne aussi de la crédibilité à la police. Tout le monde sort gagnant.

@MatheusXLima Super que la police agisse contre le trafic à#RiodeJaneiro

@cibele2011 J’aime Rio de Janeiro. C’est surréaliste ce qui passe dans les médias, mais arrive finalement ce qui devait arriver, la police agissant comme la police [doit le faire].

La population attend, en fait,  que les forces de police réussissent vraiment à contenir cette série d’attaques et que cela serve de leçon pour solutionner les problèmes de violence dans la ville, que cette vague de violence aille au moins dans le sens d’un réajustement des actions du gouvernement avec pour résultat une réelle stratégie de pacification.

Statue du Christ Rédempteur, lieu touristique important de la ville, avec un aspect préoccupé - Image de @tcherol mise à disposition par Twitpic

Les problèmes doivent trouver leurs solutions pour que la population de Rio cesse de vivre dans la peur et non pour que Rio puisse accueillir en toute sécurité de grands événements tels que la coupe du monde en 2014 ou les Jeux Olympiques en 2016, toujours cités par les médias internationaux lorsqu’ils parlent de la situation actuelle à Rio. L’heure est à la pensée locale et pas à la pensée globale.

@andersonaragao1 C’est marrant… RJ qui agonise sous la violence et la préoccupation la plus apparente du gouvernement et de la presse c’est l’image de la ville qui reçoit la coupe du monde…

@ALB_Whiite comment le Brésil peut-il organiser la coupe du monde s’il ne peut même pas se débrouiller avec la violence qui envahit Rio. Quelqu’un peut m’expliquer ça ???

@NOGALMEIDA Je sais pas comment le Brésil peut accueillir la coupe avec toute cette violence ! Les journaux révèlent seulement ce que nos chers gouvernants tentent de cacher !:)

Illustration FlickR CC : cokada

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