Financement du journalisme : quel(s) modèle(s) économique(s) ?
Le journalisme, et plus généralement l’industrie du contenu sur internet, n’a pas encore trouvé de business model. Dans ce post, publié en deux fois pour rester digeste, j’examine les différentes possibilités de financement observées sur internet ou issues de mon imagination ...
Le journalisme, et plus généralement l’industrie du contenu sur internet, n’a pas encore trouvé de business model. Dans ce post, publié en deux fois pour rester digeste, j’examine les différentes possibilités de financement observées sur internet ou issues de mon imagination (*= les options qui me paraissent particulièrement novatrices):
Publicité : je ne vais pas détailler le constat qui a déjà été fait par beaucoup d’autres : baisse du CPM, explosion de l’inventaire, ad-blindness,… La publicité ne suffit pas et suffira de moins en moins à financer la création de contenus.
Subvention : la presse est déjà largement sponsorisée par l’Etat au titre de la pluralité. Cela pose cependant 2 questions :
- Comment décider qui reçoit les aides à l’heure où le journalisme ne se limite plus à la possession d’un carte de presse, à l’heure où les frontières entre la production de différents types de contenus sont plus en plus floues : art/journalisme/activisme/marketing/divertissement ?
- Ce type de financement est-il démocratique si la part de l’Etat devient prépondérante ?
Cross-financement avec d’autres services : sur le modèle du portail. La création de contenu est une sorte de produit d’appel qui permet de créer du trafic qui est ensuite monétisé avec d’autres services (annuaires, petites annonces, et…) Ce modèle me semble dépassé : il fait appel à des compétences qui ne sont pas au cœur du métier de la création de contenu. Et il n’assure pas à la création de contenu une autonomie de financement.
Vente d’un support : auparavant la vente du journal papier. Certains imaginent que les applis iPhone payantes peuvent devenir un relai. Je ne le crois pas : on n’achète qu’une seule foisune appli. Et l’élasticité prix des internautes sur ce genre de chose ne permet pas d’appliquer des prix élevés.
Abonnement à une source d’information : il s’agit là du bon vieux paywall binaire : si tu paies tu as accès au contenu, sinon non. Je ne crois pas non plus à ce modèle, et pas seulement parce que cela pose des problèmes pour tout ce qui est référencement et médias sociaux. Les utilisateurs sont désormais dans une logique “show me the value” avant d’être prêts à payer. L’absence de progressivité me semble être un problème.
Abonnement à une expérience* : je ne ferai que reprendre ici l’argumentaire de Nicholas Carr à propos de la formule adoptée par le New-York Times. Il sera possible de consulter autant d’articles que voulus à condition d’y accéder au travers des médias sociaux : la consultation d’articles à partir de liens externes au site n’entamera pas le “pack” d’articles autorisés dans la formule gratuite. Ce pack ne sera consommé qu’en cas de navigation interne au site. Nicholas Carr en déduit que l’abonné ne paie pas pour l’accès à la source d’information maisl’abonné paie pour l’accès à l’ergonomie New-York Times.
Crowdfinancing : il faut distinguer ce qui relève du financement “à perte”, c’est-à-dire du don, et ce qui relève de la production financée par l’internaute qui peut ensuite être monétisée par d’autres voies et qui rejoint de ce point de vue ce qui se fait pour la production de musique. Dans les deux cas cela reste au stade expérimental. J’y vois un avenir mais pas à grande échelle : ce type de financement nécessite une base d’utilisateurs active et engagée.
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> Article initialement publié sur SVN, sur lequel vous trouverez la deuxième partie /-)
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