Noomiz: un myspace français ?

Le 23 mai 2010

La start-up française Noomiz essaye d'innover dans la jungle hostile de la promotion de la musique sur Internet en proposant une solution de blogging et un algorithme sensé chiffrer le succès d'un artiste sur le web.

Calculer et prendre en compte la façon dont se propage une chanson sur les réseaux sociaux est une des clefs incontournables pour vendre de la musique, surtout sur Internet. C’est ce que ce propose Noomiz, qui table sur un nouvel algorithme pour proposer aux artistes une plateforme de blogging efficace et des solutions de marketing digital.

Ouvrir un myspace, c’est bien. Mais sans parler du design hideux de la plateforme, les possibilités et fonctionnalités du site en termes de gestion de communauté et de viralité ne sont finalement issues que de son effet de marché (ie. sa large utilisation). Myspace ayant clairement raté le tournant du web social, les artistes ont tout intérêt à envisager d’autres solutions, incluant des fonctionnalités plus riches en terme de suivi et de gestion.

Présentation  de cette initiative rafraîchissante.

Une solution de blogging

Sans se hisser au niveau de l’excellent Bandcamp, Noomiz propose une interface de blogging plutôt originale et intéressante, où les items (dates de concerts, news) sont organisés sur la page d’accueil par simple “glisser/ déposer” dans la page. Cependant, le tout est codé en flash, ce qui pose question à l’heure de l’avènement des iPhones et autres tablettes.

L’autre force du service c’est de prévoir (pour l’instant du moins) une sélection à l’entrée, ce qui a au moins le mérite de ne diffuser sur la plateforme que des profils et des groupes de bonne qualité et éviter les spams ou les profils non musicaux qui pullulent sur Myspace.

Les membres peuvent également partager ou exporter de widgets personnalisables (comme des players audio ou vidéo) et gratuits.

Des débuts prometteurs

Même si les chiffres officiels sont inconnus, on parle d’un millier de visiteurs uniques par jour alors que le site est encore en beta privée. Cela s’ajoute à l’autre bon millier de profils et de blogs  d’artistes de bonne qualité créés.

Rencontre avec des professionnels

L’autre particularité de Noomiz est que la plateforme sert d’interface entre des professionnels (Valéry Zeitoun, Marc Thonon, Julien Creuzard…) et artistes. Un terrain glissant ?

On se souvient évidemment de l’initiative piteuse d’Universal, My Music Pro. Ce service de coaching par téléphone proposait aux artistes d’y aller de leur poche pour s’entretenir, par téléphone, avec des “experts” du monde de la musique. Ingés-son, directeurs artistique ou managers vendaient leurs services à qui voulait bien dépenser quelques euros par minute d’entretien.

On est ici bien loin de ce modèle clientéliste et faussement 2.0, puisque les rencontres entre professionnels et musiciens hébergés sur le plateforme Noomiz sont décidées par le site, sans logique financière ou marchande. Surtout, l’artiste choisi ne débourse pas un sou. Le service ne refait pas l’erreur des labels participatifs en laissant le travail de sélection musicale entre les mains de professionnels… aidés par un algorithme.

L’algorithme

C’est sans doute l’innovation clé de la plateforme. Il prend en compte quatre facteurs et attribue en conséquence des “points” aux artistes :

> Audience (Volume / Comportement)
> Réseau / Amis
> Partage / Widgets
> Activité scénique

Si on jette une oreille attentive au “top” qui découle de cet algo, on s’aperçoit qu’il marche plutôt bien. Même si tout n’est pas d’une qualité exceptionnelle, on a droit a de belles pépites (Mondrian ,Captain Kid, Cercueil, FuryKane, Kitsch Device, par exemple). Ce qui est intéressant, c’est bel et bien le volet “partage / widget” de l’algorithme, qui permet de prendre en compte un aspect devenu crucial dans le marketing digital: la progression et la propagation de l’artiste sur les réseaux sociaux et sur les widgets “embeddables”.

Des conseils particuliers

Juste pour le plaisir, une vidéo qui a le mérite de prendre le parti d’une communication décalée.

L’interrogation demeure néanmoins quant au modèle économique de Noomiz, notamment à moyen-terme si les coûts de gestion augmentent avec la popularité du service. Les perspectives sont pourtant là : on peut par exemple envisager une monétisation de l’algorithme si ce dernier fait ses preuves, ou une prise de bénéfice sur les profits générés par un artiste estampillé “Noomiz”.

Sans être pleinement révolutionnaire mais loin des fumisteries faussement digitales des majors et des labels participatifs rouillés, Noomiz est probablement une des solutions – gratuite – les plus crédibles aujourd’hui pour un artiste français qui veut utiliser le web à bon escient.

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Merci à Valéry pour ses précieuses indications. Il est le manager de Clarys, un groupe qu’il a inscrit sur Noomiz. Son test et son verdict à cette adresse.

Crédit Photo Flickr : ivanzuber.

[Màj 25/05 : les services des professionnels sont facturés à la minute par My Music Pro, et non par heure]

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