“Digivision”: la télévision du futur
Entre innovations technologiques et développements des habitudes de consommation des médias, les modes de diffusion des flux vidéos restent encore à inventer. Alors que la télévision se cherche un avenir, voyons les pistes qui s'ouvrent.
Alors que Rémy Pflimlin annonce dans le Figaro sa volonté de donner la priorité au numérique, plusieurs modèles de télévision du futur semblent s’affronter aujourd’hui.
Rémy Pflimlin:
Nous devons entrer dans l’univers des réseaux sociaux, mais aussi être capables d’assumer en direct sur la Toile de grands événements à l’exemple de ce qui a été fait cette année sur les grands événements sportifs. Enfin, nous sommes en avance sur le développement des télévisions connectées tant pour définir la norme que pour proposer une offre de contenus interactifs accessibles à tous.
Ce n’est qu’un point de départ, dans un voyage qui, on le comprend à la lecture de l’interview, se déchire déjà en plusieurs chemins. Se déchire ou s’assemble.
Quel sera le vrai visage de la télévision dans quelques années ? Et quelles conséquences en terme de distribution et d’organisation ?
Quelques pistes
1) La télévision connectée
À lire également dans le Figaro daté du 30 août 2010 (édition papier seulement) l’union sacrée des chaînes de télé françaises (TF1, M6) et allemandes (ZDF, RTL…) autour de la télévision connectée et de la nouvelle norme HbbTV (Hybrid Broadcast Broadband TV). Ce standard permet de connecter sa télévision sur Internet et d’éviter aux téléspectateurs de jongler entre leur ordinateur et leur télé pour avoir accès aux bonus ou à l’interactivité. Ils pourront voir, revoir, payer pour les contenus, voter, jouer… Bref, la fusion de l’écran familial et du Net.
2) De l’autre côté, la fragmentation
Une génération digitale et mobile qui regarde toujours les programmes de télévision mais de moins en moins devant son téléviseur. De plus en plus sur l’écran d’ordinateur, en consommant plusieurs médias en même temps.
3) TV connectée ou multi-écrans, la télé de demain, c’est la télé partout, et Internet dans tous les écrans
Une télévision partout, à tout moment, qui n’est plus forcément un flux, sauf pour le direct. “Vous n’aurez pas 50 chaînes, 500 chaînes, mais des millions de chaînes”, prévoit le patron de Business Insider, Henry Blodget, qui envisage une révolution aussi violente que celle qui a bouleversé l’écosystème de la presse écrite :
Vous serez capable de voir tout ce que vous voulez, en direct ou enregistré, où vous voudrez: TV, ordinateur, écran mobile, vous aurez juste à brancher un tuyau (Internet) sur une boîte (écran), et regarder.
Sur tous ces terrains, les télévisions ne sont plus seules, même si elles essaient de maîtriser la fragmentation (surtout les droits d’auteur et le paiement…) avec des systèmes comme “TV Everywhere“.
Google, Apple, Microsoft ou Hulu en nouveaux maîtres
Google est déjà prêt pour la TV connectée. Installé sur votre téléviseur, Google TV vous permettra de rechercher vos programmes favoris, de programmer un enregistrement, ou de trouver une rediffusion, de mettre un show dans vos favoris…
De son côté, Apple aurait dans les cartons une nouvelle version de son Apple TV (qui était un échec). “iTV” s’appuierait sur l’OS de l’iPhone et de l’iPad. Même sans cela Apple est déjà présent sur le marché de la “cacth-up tv” via iTunes, où il est possible de voir et revoir quelques shows tv.
Microsoft apporte déjà la TV connectée avec sa XBox. Sur le XBox live on peut regarder des shows TV mais aussi jouer à des jeux tv virtuels en direct.
Demain, c’est l’écran qui s’adaptera au programme, pas l’inverse. Et le programme sera complètement fragmenté, avec des millions de télé-diffuseurs potentiels, pro ou amateurs.
Un flux multiformes et permanent
La TV de demain, c’est la connexion du meilleur de deux technologies:
- des écrans HD de plus en plus grands ou, au contraire, des écrans de plus en plus mobiles et de qualité comme l’iPad.
- l’Internet ! (et pas le “web”)
La télévision, demain, s’appellera “Digivision”, car il ne s’agira plus de diffuser un flux pour un téléviseur. Il s’agira de produire et de faire vivre des programmes vidéos stockés ou des flux live pour l’Internet. Et ce sera le rôle des moteurs de recherche et des réseaux sociaux de vous aider à les retrouver et les partager sur tous vos écrans, sans rupture (je commence sur mon plasma, je finis sur mon mobile).
Demain, il n’y aura plus que des écrans, il n’y aura plus d’interface, vous serez l’interface, la télécommande de vos multiples écrans. Peut-être n’y aura-t-il plus d’écran, ou que, en tout cas, toute surface pourra servir d’écran.
Peu importe.
L’important, et donc le cœur du business, c’est que tout sera digitalisé sur le réseau, c’est à dire sur Internet. Et que ces flux et ces données vidéos vivront partout où vous serez. En concurrence avec des millions d’autres programmes.
Ce qui signifie, pour les journalistes TV, que le digispectateur ne sera plus captif, qu’il passera d’un sujet à un autre instantanément. Et que nous aurons besoin de filtres, de prescripteurs, autant que de producteurs. Oui, comme pour la presse écrite.
Êtes vous prêts ?
Crédits photo cc FlickR brandon king, x-ray delta one.
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Article initialement publié sur La Social Newsroom.
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