Pourquoi les développeurs devraient se présenter au Congrès
Pour le développeur et blogueur américain Clay Johnson, pas de doute, les codeurs devraient être plus présents sur les bancs de l'équivalent de notre Assemblée nationale outre-Atlantique. Il étaye son point de vue par plusieurs arguments.
Ce billet a été publié en anglais par Clay Johnson sur son site InfoVegan. Ce développeur américain est très impliqué dans les questions de gouvernement 2.0 et il milite pour l’utilisation de l’open source par le gouvernement fédéral. En 2004, il avait en charge la programmation de la campagne d’Howard Dean, candidat à l’investiture pour les Démocrates.
Ce point de vue a donné lieu à des posts en réaction, à lire pour compléter :
Keep developers out of politics, please par Andrea Di Maio, analyste chez Gartner Research, où il travaille entre autres sur les questions d’e-gouvernement. Son point de vue est très critique ; How developers can win Congress par Luke Fretwell, fondateur de GovFresh, un site sur le gouvernement 2.0.
Notre 111e Congrès comprend deux athlètes professionnels. Il y a également un astronaute, deux animateurs de talk show radio, et un moniteur d’auto-école. On compte également trois menuisiers, un boucher, un contrôleur aux douanes et un capitaine de bateau de rivière. Il comporte aussi un agent du FBI et même un assistant parlementaire à la Chambre des Communes britannique. Bien sûr, selon le service de recherche du Congrès par profil , la plupart des politiciens du 111e Congrès classent juste leur profession dans la catégorie “politique” ou “business”.
Notre Congrès a plus de propriétaires de vignoble que de développeurs. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’ingénieurs. C’est juste que la plupart d’entre eux ressemblent à Pete Olson, qui, c’est vrai, a un diplôme en sciences de l’informatique mais est passé tôt à la politique et serait probablement incapable de distinguer un serveur d’un barman (jeu de mot sur serve, servir, server, terme informatique, et waiter, une personne qui fait le service, ndlr). Scientists and Engineers for America tient une liste des membres du Congrès possédant un diplôme d’ingénieur ou en sciences, et s’ils sont en assez grand nombre, le seul membre que j’ai trouvé qui possède une réelle expérience récente en programmation est Steve Scalise de Louisiane. Selon sa biographie, il était ingénieur système pour une entreprise de technologie de Louisiane avant d’aller au Congrès, et d’après TransparencyData.com cette entreprise était Diamond Data Systems.
Nous avons besoin de plus de développeurs, en particulier de développeurs web, au Congrès. Voilà pourquoi :
D’abord, c’est une profession sous-représentée. Selon le Bureau des statistiques du travail, il y a 1.3 million de programmeurs dans notre pays, (je suspecte aussi que tous les développeurs ne se déclarent pas comme tels). Comparez-le aux 759.200 avocats qui ont réussi à accaparer un peu plus de 40% des sièges du 111e Congrès. Ceci dit, on peut faire valoir que les avocats sont mieux pourvus pour rédiger des lois et les programmeurs pour coder mais je ne suis pas sûr que les pères fondateurs ont établi la Chambre des représentants pour qu’elle fonctionne de cette façon. Je pense que les développeurs pourraient écrire des lois publiques plus rationnelles que les avocats et que les développeurs sont certainement de meilleurs communicants publics que les avocats.
Second point, les problèmes du gouvernement deviennent de plus en plus techniques. Ou les problèmes auxquels nous faisons face sont liés à la technologie sur certains aspects. Par exemple, jetez un coup d’Å“il à la première loi que ce Congrès a voté : l ‘American Recovery and Reinvestment Act of 2009 n’est pas qu’un projet de loi de plus de 1.000 pages qui est maintenant une loi, c’est aussi une spécification technique pour recovery.gov écrite par des gens qui ne savent pas écrire des spécifications. Et contrairement à un client ou un patron mal informé – si vous ne collez pas aux souhaits du client, vous enfreignez la loi. C’est le rêve de chaque consultant malhonnête d’avoir un client qui voit ce qu’ils vendent comme une forme de mysticisme. S’ils ne savent pas comment l’apprécier, cela signifie que le consultant peut fixer la valeur. Et c’est ce qui se passe. Et cela se passe tout le temps. Une poignée de développeurs pourrait réduire les dépenses et aider leurs pairs du Congrès à affecter l’argent au mieux. Si une revitalisation de la technologie du gouvernement se fait intelligemment et avec sagesse, nous avons besoin de quelques développeurs au Congrès pour ouvrir la voie.
Troisièmement, les grands développeurs sont des redresseurs et des hackers de systèmes. Il n’est pas de système plus mûr pour un élégant hack que la Chambre des représentants des États-Unis. Mettez des développeurs au Congrès, et ils commenceront à exposer les données d’eux mêmes. Ils construiront des systèmes pour arriver à mieux écouter leurs électeurs. Comme Ted Kennedy a fait faire par son staff le premier site du Congrès, un développeur au Congrès cherchera à utiliser la nouvelle technologie de façon à faciliter leur travail. C’est ce que font les hackers.
Quatrième point, les développeurs web emploient d’autres développeurs. Un développeur élu au Congrès qui est un vrai développeur se comportera probablement avec intelligence et prendra un ou deux développeurs dans son équipe. Et comme je disais précédemment, les développeurs sont vraiment importants. Une poignée d’entre eux travaillant au Congrès – avec un membre du Congrès qui est aussi développeur – peut commencer à combler le fossé entre les citoyens et leur gouvernement par des biais nouveaux. Les règles, par exemple, sur les types de technologie que les membres de la Chambre des représentants peuvent utiliser pour parler aux citoyens sont largement gouvernées par le Rules Commitee au sein de la Chambre et géré par Comité de l’administration des affaires intérieures. Aucun développeur qui se respecte laisserait le site de son comité ressembler à ça. Ah si seulement Robert Brady pouvait être remplacé par Adrian Holovaty pendant deux semaines !
Enfin, les développeurs sont de grands communicants numériques. Ils sont très bons pour utiliser le medium afin d’entrer directement en contact avec les gens, d’une manière dont les autres ne sont pas capables. Ils peuvent également construire leurs propres outils pour se connecter avec les gens. Avec un développeur qui comprend la tuyauterie du web à un poste de direction à l’intérieur du Congrès, le Congrès peut commencer à communiquer en ligne avec plus d’efficacité. Et comme ce développeur obtient de plus en plus de succès, le reste du Congrès peut très bien entrer dans la danse.
Paul Graham vient à l’esprit comme l’archétype idéal. Il serait un super membre du Congrès. Il a généralement envie de réussir, il est capable de prendre des décisions difficiles, et possède un esprit rationnel qui a été conditionné (à travers la lecture de centaines d’applications d’investissement chez ycombinator), capable de voir clair dans beaucoup de non-sens -, même le genre que Washington produit. Mais Graham est juste un des 1,3 millions de gens que je considère comme qualifiés pour le travail.
Donc si vous êtes développeur, réfléchissez à une candidature ! Cela paye vraiment bien, le bénéfice à long terme est sans doute aussi important que le lancement une petite start-up et l’impact potentiel sur votre pays est sans comparaison. De plus, vous devrez lever bien moins d’argent que pour votre prochaine brillante start-up. Essayez ! Il y a des chances pour que vous soyez insatisfait de votre représentant actuel. Et même si vous parvenez à jeter celui-ci cette année, vous serez aussi insatisfait avec le suivant, également. Alors pourquoi pas vous ?
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Billet initialement publié sur InfoVegan
Image CC Flickr Venn Diagram et slworking2
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