Mrs Good – Moonlight

Le 7 décembre 2010

En plein développement, les quatre garçons de Mrs Good bichonnent leurs morceaux avec soin. Rencontre à l'occasion de la sortie de leur 4 titres.

Il y a dans la musique de Mrs Good une nostalgie assumée qui lorgne du côté des 60’s-70’s: un travail sur les harmonies vocales dont on a pas l’habitude en France, des moustaches et des chevelures déconcertantes, des mélodies ciselées et des morceaux construits avec l’amour de l’artisan qui aime le travail bien fait.

Car les quatre garçons qui servent Mme Good sont d’abord et avant tout musiciens, et même multi-instrumentistes.  C’est d’ailleurs par ce biais qu’ils se sont rencontrés: en école de musique. Trois d’entre eux (Arthur, Stéphane et Sacha) commencent à composer leurs morceaux à l’ancienne: guitare-voix. Edward (batterie) les rejoint par la suite, histoire de donner du corps à l’ensemble. Chacun compose de temps en temps, les autres apportant leur pierre à l’édifice qui grandit ainsi au fur et à mesure.

La bande de quatre garçons construit depuis un an et demi son univers avec soin, en architectes patients. C’est une histoire qui commence par des soirées avec des guitares qui traînent et continue là où on les a rencontré: un studio au Centre Barbara Fleury Goutte-d’Or.

Pas d’objectifs précis ni de plan de carrière: priorité à la musique, et advienne que pourra. Pour l’instant, “on y pense mais on sait pas encore. Tant que les propositions sont pas là c’est difficile de savoir si tu dis oui ou non. On envisage l’autoproduction, les choses comme ça. Visiblement, beaucoup de gens, fonctionnent de façon un peu hybride: ils ont leur structure et un distributeur extérieur. Nous on sait pas trop”.

Pourtant, ils ont déjà une BO de film “La lisère” (qui sort bientôt) à leur actif, expérience qui leur a permis de travailler dans une dynamique différente de celle dont ils ont l’habitude. “Le plan de rêve, celui dont on te dit qu’il arrivera jamais…”

Internet, “il faut faire avec”

Sur les sujets sur lesquels on peut être un peu monomaniaques par chez nous (Internet, l’industrie tout ça) les membres de Mrs Good n’ont pas d’avis tranché. Si on évoque le cas Arctic Monkeys et les possibilités offertes par Facebook ou MySpace, Encore une fois, c’est une douce nostalgie qui s’exprime chez ses amoureux de musique.

Si ils ont fait leur culture musicale avec Napster, ils considèrent que “à l’époque, même le temps du téléchargement faisait que quand l’album arrivait, il y avait quand même une petite valeur. Tu avais un petit pincement au cÅ“ur quand avec ton modem pérave tu voyais arriver le Black Album de Metallica. Aujourd’hui, tu télécharges une discographie complète en 40 minutes. Alors effectivement, c’est un outil génial: mon petit frère et ses potes ont une culture musicale gigantesque pour des gens de 16 ans”.

Le constat est ensuite fait que les maisons de disques ne développent plus les artistes. Internet est un “passage obligé”, mais il y a parfois comme un sentiment de dépossession :

Quand tu as vécu le processus de l’enregistrement de l’autre côté, tu vois la valeur que ça a, même un 4 titres. C’est vrai que tu y mets du temps, de l’argent aussi. Alors c’est paradoxal parce que nous on consomme, on va télécharger, mais quand c’est à notre tour de livrer notre musique, d’un coup, c’est plus compliqué. Et même artistiquement, il y a une vulgarisation de l’écoute.

Pourtant, quand j’évoque Hadopi, la réponse est claire: “C’est beaucoup trop tard. C’est fait maintenant, il faut faire avec: on va pas presser que des vinyles et les vendre dans des boutiques avec des chemises de bûcherons”.

Au moment de sortir un 4 titres, ils assument être “au moment où on essaye de perdre le moins d’argent possible avec notre musique”. Difficile, puisque l’exigence dont ils font preuve les pousse à enregistrer dans de bonnes conditions, en évitant le plus possible le home studio.

Après avoir évoqué Crosby Still Nash & Young, les Beatles, Gush ou encore Metallica, on sent que les inspirations du quatuor sont ancrées dans le temps: “Je dis pas que dans les années 1970 on aurait joué à Woodstock”.  Peut-être, si, et c’est même ça qui fait de MrsGood un groupe hors du temps, des trends et autres modes passagères…

Mon intime conviction, c’est que l’essentiel, c’est la musique. C’est tout.

Mrs Good organise sa Release Party au Bus Palladium (Paris) le 17 décembre

Mrs Good sur le web :

http://mrs-good.com

www.myspace.com/mrsgoodparis

Crédits photo : Raphael Desveaux

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