La politique, le sexe et Dieu dans Google Books
“Books Ngram Viewer”, le nouvel outil de Google, permet de visualiser des tendances culturelles, calculant la fréquence de n’importe quel mot sur les 5,2 millions que comporte la base de données Google Books. Études de cas.
Ce billet de Mary C Joyce a d’abord été publié sur Meta Activism Project, et repris sur OWNI.eu.
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La semaine dernière, Google a lancé un puissant outil de visualisation des tendances culturelles. Modestement nommé Books Ngram Viewer, il vous permet de chercher la fréquence de n’importe quel mot dans les 5,2 millions de livres que comporte la base de données Google Books, depuis les années 1800.
La semaine dernière, le site Read Write Web a publié un article [en] présentant dix fascinants graphs de mots, en utilisant cette application. En voici trois exemples de plus.
Guerre et Paix
Le premier graphique montre la fréquences des mots guerre, paix et démocratie depuis 1800. Sans surprise, les plus grand pics d’occurrence pour le mot guerre ont lieu durant la Première et la Seconde Guerre mondiale.
Chaque fois que de nombreux écrits sont consacrés à la guerre, une petite quantité parlent de paix, légèrement plus lors de la Première Guerre mondiale que pendant la Seconde. Il est intéressant de constater la façon dont les écrits à propos de la démocratie entraîne la production d’écrits sur la guerre et la paix durant ces grands conflits, avec la fréquence la plus importante durant la Seconde Guerre mondiale. Pourquoi un tel constat ? A mon avis, ce sont ces livres relevant de la catégorie : “Pourquoi nous nous battons ?”, qui réaffirment les valeurs culturelles des pays anglophones pour essayer de motiver les populations à se battre respectivement contre le fascisme et le communisme.
Gay, queer et homosexuel
La base de donnée révèle les tendances culturelles, incluant les changements dans la façon de percevoir les personnes GLTB. Au début du 20ème siècle, “queer” est lentement devenu péjoratif. Le terme gay a alors commencé a être attribué à des personnes qui n’étaient pas engagées dans une relation hétéro, y compris des femmes hétérosexuelles aux mœurs légères.
Dans les années 40 et 50, ces termes ont été de moins en moins utilisés, tandis que le mot homosexualité gagnait du terrain. La médicalisation de l’identité LGBT a été renforcée par la publication du premier Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) publié par le National Institute of Mental Health [en] en 1952, dans lequel l’homosexualité est considérée comme maladie.
Cette tendance se poursuit au début des années 80 quand les mouvements pour les droits des gay ont commencé à apparaître, et a connu un élan fort à la fin de cette décennie, en grande partie à cause de la crises du sida.
Depuis, le terme gay est monté en flèche dans les usages, alors que l’utilisation du terme homosexuel est de plus en plus faible. Queer, dans une moindre mesure, a également fait l’objet d’une réappropriation.
Et Dieu dans tout ça ?
Le dernier graphique que je souhaite vous présenter est celui montrant la très forte baisse de la présence du mot Dieu dans les livres anglais, qui peut être assimilée au déclin de la religiosité. Loin d’être un constat récent, selon cette mesure la religion est en déclin dans les pays anglophones depuis le milieu du 19ème siècle, diminuant durant la révolution industrielle, pour atteindre son niveau actuel autour des années vingt. Même les récentes périodes de conservatisme social dans les années 1950 et de libéralisme social des années 1960 ne sont que des soubresauts dans un contexte de déclin général des religions dans cette partie du monde. Alors que le conservatisme religieux semble de plus en plus important, nous devrions être conscients, du moins aux États-Unis, que c’est une vogue dans une société fondamentalement laïque.
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Ce billet de Mary C Joyce a d’abord été publié sur Meta Activism Project, et repris sur OWNI.eu.
Illustration FlickR CC another.point.in.time
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