The Atavist, XXI sur Internet?
Peut-on proposer du journalisme long et payant sur Internet ? C'est le pari de The Atavist, une application américaine destinée aux formats mobiles.
Et pourquoi pas ? On a tellement l’habitude de dire que sur le réseau les articles doivent être courts et gratuits, que le contraire doit certainement avoir un sens. De la même manière que le magazine XXI s’est construit en contraste avec le flux du web (un magazine papier, payant, avec des articles de 30.000 signes, vendu en librairie, pour arrêter le temps réel et retrouver le sens du récit), on se dit qu’il est possible de proposer un produit plus dense, présenté dans un emballage agréable, et le faire payer.
C’est ce propose The Atavist [en], une application iPhone, iPad, Android (également sur Kindle). Créée par Etan Ratliff, auteur pour le magazine Wired qui s’était fait connaître en tentant de disparaître aux yeux du monde et des réseaux [en].
The Atavist ne propose que des reportages longs (10 à 15.000 signes), qui se lisent comme des petits livres, mais avec de nombreuses options multimédia, ce qui rend l’interface un peu incompréhensible :
Depuis la barre de menus mais aussi à partir de certains mots soulignés, le lecteur peut sortir de sa lecture pour voir un diaporama (plutôt agréable), une note avec photo (très pratique), une vidéo (marche assez mal), un son, ou un lien (il faut être connecté !). Il peut même écouter une musique d’ambiance…
Bref, un bel objet éditorial, qui part un peu dans tous les sens, mais qui laisse une impression agréable de haut de gamme. Il se rapproche finalement plus du format du livre que du magazine. Jusqu’ici 40.000 exemplaires de l’application ont été téléchargés. Mais pas d’indications sur le nombre d’articles vendus.
Chaque reportage est proposé à 1,99 dollars. The Atavist paie les frais du reporter puis partage les revenus avec les ventes du reportage [en]. On verra si la formule fonctionne, mais elle valide une tendance : le réseau a rendu les moments de contact avec l’info plus nombreux, ce qui complexifie les modes de lecture. Tant mieux.
À côté du livre, moment solitaire et méditatif, forcément long, et de l’article web vite consommé, il y a sans doute une place pour un contenu entre l’article court et le livre long, que l’on peut consulter dans le bus, le métro, en attendant le médecin, ou simplement lorsque l’on est hors-ligne avec 30mn devant soi (c’est rare, je sais…).
Après Instapaper et Longread, et maintenant The Atavist, c’est la revanche des contenus longs sur Internet.
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Billet initialement publié sur la social NewsRoom de Benoit Raphaël
Crédits photo Flickr CC Rodrigo Galindez
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