Le grand oral fuyant de François Hollande

Le 12 avril 2012

A l'occasion des grandes interviews présidentielles organisées par France 2 dans l'émission "Des Paroles et Des Actes", hier et aujourd'hui, les journalistes de données d'OWNI se mobilisent. Et vous livrent un résumé du grand oral des six principaux prétendants, à retrouver sur Le Véritomètre réalisé par OWNI et i>Télé. Morceaux choisis du passage de François Hollande.

À force de vouloir éviter les chiffres lors de son interview dans l’émission Des Paroles et Des Actes le 11 avril sur France 2, François Hollande s’est perdu dans les montants de la dette. Privilégiant l’approximations d’adjectifs tels que “lourds”, “considérable”, ou “record” à l’énoncé de nombres clairs, il a adopté une stratégie qui s’est avérée payante pour le début de son intervention en déclarant :

Des déficits qui sont lourds.

Il évoque le terme de déficit sans préciser exactement ce que cela signifie. Cependant, les données de l’Insee mettent en valeur l’évolution du déficit public en France qui s’élève à 136,5 milliards d’euros en 2010. Par ailleurs, dans un rapport sur la Sécurité sociale et les déficits des comptes sociaux, publié en septembre 2011, la Cour des comptes annonce effectivement que l’endettement de la Sécurité sociale et les déficits sociaux ont atteint des sommets “sans précédent” en 2010 (p 11). La Cour des comptes corrobore ainsi le constat du candidat socialiste.

Vagues records

Dans la même veine, François Hollande continue de surfer sur la vague des adjectifs et des adverbes en annonçant :

Une dette publique qui est considérable, record depuis l’histoire même de la République.

Le prétendant à la présidence poursuit sa stratégie de contournement des chiffres. Pourtant, même si les indicateurs de l’Insee sur la dette française commencent en 1978 et ne permettent pas d’évaluer son évolution depuis 1958, date du début de la Vème République, les chiffres de l’Institut statistique montrent que la dette française n’a cessé d’augmenter depuis 1978 (date de début de la série longue produite par l’Insee). Malgré l’absence de données entre 1958 et 1978, le constat de François Hollande est donc exact comme le montre l’évolution de la dette publique au sens de Maastricht.

La dette augmentée

Mais c’est surtout au moment où François Hollande s’est écarté de sa stratégie d’évitement du chiffre qu’il a écorné sa crédibilité statistique.

Ce n’est pas moi qui présente un bilan avec une dette publique de 600 milliards d’euros augmentés [pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy]

Ce n’est effectivement pas François Hollande qui est responsable des 600 milliards d’euros augmentés, ni Nicolas Sarkozy. Mais l’Insee indique néanmoins que le montant de la dette publique en 2007 s’élevait à 1 211,6 milliards d’euros et 1 717,3 milliards d’euros au quatrième trimestre 2011. La différence s’établit à 506 milliards d’euros et non 600 milliards comme le déclare François Hollande. À vouloir critiquer le bilan de Nicolas Sarkozy sur ce point, François Hollande s’est trompé de 94 milliards d’euros.


Les vérifications des interventions sont réalisées par l’équipe du Véritomètre : Sylvain Lapoix, Nicolas Patte, Pierre Leibovici, Grégoire Normand et Marie Coussin.
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