Mauvais comptes financiers de Sarkozy
À l'occasion des grandes interviews présidentielles organisées par France 2 dans l'émission "Des paroles et des actes", les 11 et 12 avril, les journalistes de données d'OWNI se mobilisent. Et vous livrent un résumé du grand oral des six principaux prétendants, à retrouver sur Le Véritomètre. Morceaux choisis du passage de Nicolas Sarkozy.
La France aurait mieux survécu aux attaques de “la Finance” que ses voisins. C’est l’un des messages, tout en chiffres, délivré par Nicolas Sarkozy jeudi 12 avril au soir, lors de l’émission “Des paroles et des actes” diffusée sur France 2. Dette, taux d’intérêt sur l’emprunt et autres termes techniques ont constitué l’essentiel de l’argumentaire, souvent faussé, du président-candidat.
Il faut rembourser 42 milliards d’intérêts de la dette chaque année !
Les “intérêts de la dette” sont comptabilisés chaque année dans les lois de finances, à la catégorie “charge de la dette”. La loi de finances pour 2012 votée le 29 décembre 2011 prévoit un engagement financier de 48,773 milliards d’euros en 2012 pour la charge de la dette. Ce montant a été revu à la baisse, à 48,073 milliards d’euros, suite à la loi de finances rectificative pour 2012 du 14 mars dernier. Pour les intérêts de la dette payés en 2011, l’Agence France Trésor a publié le montant définitif, s’élevant à 46,82 milliards d’euros en 2011.
Le chiffre évoqué par Nicolas Sarkozy devant les téléspectateurs est donc faux, ne correspondant ni aux intérêts payés en 2011 ni à ceux provisionnés pour 2012.
Le candidat de l’UMP s’en sort mieux sur les taux d’emprunts :
Nous empruntons pour rembourser cette dette à un taux historiquement bas : moins de 3 %.
Le taux TEC 10, comptabilisé par l’Agence France Trésor et qui correspond à l’indice quotidien des rendements des emprunts d’État à long terme, indique que la France a emprunté à un taux moyen de 2,83 % en mars 2012, un niveau certes supérieur aux mois d’août, septembre et octobre 2010, et septembre 2011, mais qui n’avait jamais été atteint depuis 1996.
Si l’on considère que 16 ans (1996 – 2012) constituent une période suffisament longue pour être qualifiée “d’historique”, les propos tenus par Nicolas Sarkozy sont alors corrects1 : La France emprunte effectivement à un taux inférieur à 3 %.
Pour appuyer sa déclaration, le candidat de l’UMP a ensuite évoqué le taux d’emprunt de l’Espagne.
A la minute où je vous parle, l’Espagne, pays considérable, emprunte pour sa dette à un taux qui est le double, le double !
Le taux d’intérêt sur les emprunts à long terme de l’Etat français se situait, on l’a vu, à 2,83 % en mars 2012. Pour le même mois, l’Espagne a vu le taux d’intérêt de ses emprunts à long terme s’élever à 5,16 % en moyenne, d’après le site Internet de l’OCDE. Ce qui ne correspond pas au “double” des intérêts de la France (5,66 %). Sur ces sujets hautement quantifiés et quantifiables que sont la finance et la dette, Nicolas Sarkozy est imprécis.
Retrouvez notre série d’articles sur les passages des candidats dans l’émission “Des Paroles et Des Actes” sur France 2.
Les vérifications des interventions sont réalisées par l’équipe du Véritomètre : Sylvain Lapoix, Nicolas Patte, Pierre Leibovici, Grégoire Normand et Marie Coussin.
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- L’équipe du Véritomètre a fixé des seuils de tolérance pour l’évaluation des chiffres des candidats : si la marge d’erreur entre le chiffre évoqué par le candidat et la donnée officielle disponible est comprise entre 0 et 5 %, nous considérons la citation comme “correcte” ; si la marge est entre 5 et 10 % on la qualifiera d’”imprécise”, enfin si la marge est de plus de 10% nous l’évaluerons comme “incorrecte [↩]
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