Appel au buzz: les impacts mondiaux du réchauffement en Arctique dépassent les prévisions
Par Isabelle Delannoy, d’Ecolo-Info, co-auteur du film Home, réalisé par Yann Arthus-Bertrand. Le WWF vient de sortir une étude compilant les études récentes sur l’Arctique. Elle confirme ce dont nous vous avions déjà parlé dans Ecolo-Info après l’échec des précédentes pré-négociations à Bonn (cf notre billet du 17 août, Copenhague : la moralité des pourparlers de [...]
Par Isabelle Delannoy, d’Ecolo-Info, co-auteur du film Home, réalisé par Yann Arthus-Bertrand.
Le WWF vient de sortir une étude compilant les études récentes sur l’Arctique. Elle confirme ce dont nous vous avions déjà parlé dans Ecolo-Info après l’échec des précédentes pré-négociations à Bonn (cf notre billet du 17 août, Copenhague : la moralité des pourparlers de Bonn): les estimations les plus pessimistes réalisées par les scientifiques ne cessent d’être dépassées et de plus en plus vite. La machine climatique semble bien être une boîte noire qui contient des éléments accélérateurs que nous n’avons pas identifiés ou dont nous sous-estimons l’action.
Cette étude du WWF vient à point nommé alors que les pré-négociations pour Copenhague se déroulent en ce moment à Genève. Seule une levée massive de la population peut conduire les dirigeants à prendre les mesures qui s’imposent en décembre. ET CE N’EST POUR L’INSTANT PAS LA VOIE QU’ILS PRENNENT.
Le climat des vingt prochaines années est joué. Mais celui de la fin du siècle dépend de nous. Limiter le réchauffement à deux degrés implique de limiter par deux les émissions d’ici à 2050 à l’échelle planétaire (c’est à dire de 80 % pour les pays industrialisés)?* Ceci est une fourchette basse. De nombreux scientifiques commencent à parler de 50 % avant 2020. C’est à dire encore d’une diminution de 80 % pour les pays industrialisés.
80 pays se sont déjà alliés pour demander un accord permettant de ne pas dépasser une hausse des températures de 1,5°C à l’échelle de la planète. Nous en sommes déjà à près de 1°C. A Bonn, il y a 15 jours, les pays du Nord, nos pays, historiquement responsables leur ont claqué la porte au nez. Comment pourrons-nous continuer à vivre ensemble sur cette planète de plus en plus petite si nous ne faisons pas face à nos responsabilités? Vers quelles tensions à l’échelle globale nous avançons-nous?
“Leurs conclusions dressent un tableau vraiment inquiétant” explique le Dr Martin Sommerkorn, conseiller scientifique sur le changement climatique pour le programme Arctique du WWF. “Ce que révèle ce rapport, c’est que le réchauffement de l’Arctique constitue bien plus qu’un problème local, c’est un problème mondial. En clair, si nous ne maintenons pas l’Arctique à des températures assez basses, des populations des quatre coins du monde en subiront les effets.”
Nous savons par l’étude des climats passés que le climat est un mécanisme qui peut s’emballer. A partir d’une certaine température, l’accélération n’est plus contrôlable et emmène vers une Terre aux mécanismes littéralement inconnus. Les études géologiques ont montré contrairement à ce que l’on pensait que ce changement peut être très brutal et se réaliser en quelques décennies. Tout montre que nous nous avançons vers cette phase. Nous n’en avons pas la mémoire car ces changements climatiques ne se sont pas passés du temps de l’homme, qui n’a que 200 000 ans sur une Terre qui a 4,5 milliards d’années.
C’est pourquoi il me semble que cette information sur l’accélération du changement climatique, doit être diffusée le plus largement possible. Toute pression citoyenne pour ne pas tourner Copenhague en échec, est bonne à prendre et nécessaire. Copenhague commence le 9 décembre. Il est temps de se mobiliser.
Vous avez un blog ? Diffusez ce communiqué de presse. et si vous ne bloguez pas, vous avez bien un mail et un carnet d’adresse ! Buzzez…!
++ Notes ++
* jean Jouzel : interview donnée au Télégramme, le 5 janvier 2009
++ Liens ++
- Rapport Les rétroactions du climat en Arctique: implications mondiales (pdf, en anglais)
- La fonte des glace arctiques fait monter le niveau des océans 2 fois plus vite
- Sur le site du WWF: “Les impacts mondiaux du réchauffement en Arctique dépassent les prévisions, repris ci-dessous:
Le réchauffement en Arctique constitue une bombe à retardement car la fonte des glaces risque de provoquer un relargage de gaz à effet de serre et une montée des eaux menaçant 1/4 de la population mondiale. C’est ce que nous apprend le nouveau rapport du WWF.
Le rapport “Les rétroactions du climat en Arctique: implications mondiales” publié aujourd’hui, souligne les conséquences mondiales désastreuses du réchauffement de l’Arctique qui s’avèrent bien plus graves que les prévisions précédentes. Ce rapport inédit rédigé par des scientifiques leaders dans le domaine, fait le point sur les connaissances actuelles sur le réchauffement de l’Arctique.
“Leurs conclusions dressent un tableau vraiment inquiétant” explique le Dr Martin Sommerkorn, conseiller scientifique sur le changement climatique pour le programme Arctique du WWF. “Ce que révèle ce rapport, c’est que le réchauffement de l’Arctique constitue bien plus qu’un problème local, c’est un problème mondial. En clair, si nous ne maintenons pas l’Arctique à des températures assez basses, des populations des quatre coins du monde en subiront les effets.”
L’Arctique en état de fièvre
Le rapport montre clairement que de nombreuses rétroactions liées aux bouleversements du climat de l’Arctique rendront le dérèglement climatique mondial bien plus grave que ce que nous indiquaient les projections les plus récentes, notamment celle du dernier rapport du GIEC en 2007.
La fonte spectaculaire des glaces de mer – qui est deux fois plus rapide que la moyenne mondiale – influencera radicalement la circulation atmosphérique et les conditions météorologiques en Arctique et dans le monde. Cela pourrait changer radicalement le climat (températures et précipitations) en Europe et en Amérique du Nord, affectant ainsi l’agriculture, les forêts et les réserves d’eau.
Le dégel des sols et zones humides : une bombe à retardement dont le compte à rebours est déjà amorcé
Les sols et zones humides gelés contiennent deux fois plus de carbone que l’atmosphère. Etant donné le réchauffement en Arctique, ces sols vont fondre et relarguer du dioxyde de carbone et du méthane dans l’Atmosphère, à des rythmes bien plus rapides. Les taux de méthane dans l’atmosphère, un gaz à effet de serre particulièrement puissant, ont augmenté ces deux dernières années. Cette augmentation semble liée au réchauffement de la toundra septentrionale.
L’élévation du niveau des océans qui s’accélère
Cette étude du WWF, première en son genre, qui intègre le sort des calottes glaciaires du Groenland et de l’Ouest de l’Arctique dans des prévisions de niveau mondial des mers, conclut que le niveau des mers risque fortement de s’élever d’au moins un mètre d’ici à 2100 (plus de deux fois plus que ce que prédisait le rapport du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat). Les inondations provoquées par ce phénomène dans les régions côtières toucheront plus d’1/4 de la population mondiale.
Selon le Dr Sommerkorn “ce rapport montre qu’il est urgent de ralentir les émissions de gaz à effet de serre tant qu’il est encore temps. Si on laisse l’Arctique devenir trop chaud, il n’est pas sûr que nous puissions garder ces rétroactions sous contrôle“.
Voir l’interview video du Dr. Sommerkorn, ainsi que plusieurs vidéos d’illustration
En décembre 2009, les gouvernements de 191 pays vont se rencontrer à Copenhague pour le cycle final de négociations pour un nouvel accord mondial sur le climat. Les négociations à Copenhague doivent approuver un nouveau cadre légal pour une action mondiale sur le climat à partir de 2013. Ce cadre devra garantir des réductions d’émissions bien plus fortes et rapides de la part des pays industrialisés, et le financement destiné à permettre aux pays en développement de prendre également des mesures pour le climat. Nous n’avons plus le choix, face à l’ultimatum climatique nous devons agir.
“Il faut tenir compte de ces signaux de l’Arctique, et prendre les mesures nécessaires à Copenhague en décembre prochain pour parvenir à un accord qui limite rapidement et efficacement les émissions de gaz à effet de serre” déclare James Leape, Directeur Général du WWF International.
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