L’avatar est un vêtement
Une étude publiée dans le Communication Research de Décembre 2009 a mis en évidence que le comportement hors ligne des participants est lié aux avatars qui les représente en ligne.
Une étude publiée dans le Communication Research de Décembre 2009 a mis en évidence que le comportement hors ligne des participants est lié aux avatars qui les représente en ligne. Ainsi, les sujets avaient des conduites d’autant plus antisociales qu’ils avaient été représenté par un personnage portant un vêtement sombre ou du style de celui du sinistre Klu Klux Klan.
Avoir un avatar n’est donc pas seulement avoir une image : c’est endosser les représentations et les normes qui lui sont liées. Cela n’est finalement pas tellement étonnant si l’on garde à l’esprit les pouvoirs de l’image (Tisseron, 2005). Les images ont en effet une puissance de sensorialité, de mémoire, d’accomplissement de désir, d’action et de sens.
J’ai précisé ailleurs à quel point les avatars et les identités en ligne procèdent d’un travail psychique pour la plus grand part inconscient.; il est possible de préciser un peu plus comment : ils fonctionnent comme des vêtements.
Les vêtements fonctionnent de plusieurs manières. Ils sont d’abord l’expression d’états internes en ce sens que ce que nous mettons reflète nos désirs et nos projets. Ils sont également une façon de mieux symboliser des émotions et de pensées. Les habits cérémoniels que l’on revêt à l’occasion de deuils ou de naissance en sont un exemple. Ils signalent un état interne, et imposent des façons d’être. Les vêtements sont donc bifaces :un coté est tourné vers le groupe et les normes sociales, et un coté est tourné vers l’individu. Ils nous permettent de mettre au dehors des états internes. En ce sens, ce sont des espaces de projection. Ils nous permettent également d’intégrer normes et des valeurs sociales: ce sont alors des espaces d’intériorisation.
Il ne s’agit pas seulement d’une alternance entre une mise au dehors et une mise au dedans. Ce que les vêtements permettent, ce sont des mouvements de subjectivation, c’est à dire la réorganisation d’émotion et de pensées. Au mieux, cette réorganisation abouti à des prises de conscience partageable en parole avec un tiers. Cela fait des habits de supports de symbolisation (Tisseron, 1999)
Les avatars sont les équivalents en ligne de nos vêtements. Ils sont l’objet des même investissements et des même désinvestissements.. Nous nous y attachons passionnément au point que nous prenons soin d’utiliser le même avatar dans les différents mondes que nous visitons puis les nous abandonnons sans égards. C’est que la dynamique inconsciente qui nous faisait maintenir l’avatar dans l’espace public n’est plus de mise : l’avatar peut être abandonné comme un vieux vêtement… ou une vieille peau.
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» Article initialement publié sur Psy et Geek (bienvenue à Yann Leroux, nouvel arrivant sur la soucoupe!)
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