Si Steve Jobs avait un journal intime, ça ressemblerait à quoi ? Depuis près de quatre ans, le blog FakeSteve.net tente de répondre à cette question, avec humour et causticité. Morceaux choisis.

On peut rester drôle en “bashant” Steve Jobs, on peut être constructif en dénonçant ses grands travers et ses petites manies. Ce n’est ni plus ni moins que la ligne éditoriale du blog collaboratif FakeSteve.net, qui imagine depuis quatre ans le blog du dirigeant… Le grand patron de Cupertino y est dépeint comme un mono-maniaque expéditif et de mauvaise foi, grossier, drôle et sans-pitié. Un petit florilège des morceaux de bravoure d’un Steve peut-être pas si imaginaire que ça.

Steve Jobs et Flash

On a beaucoup jasé sur les relations entre Adobe et Steve Jobs, entre la technologie Flash et le matériel Apple. Forcément, Fake Steve a beaucoup de choses à nous dire à ce sujet.

Nous allons retirer Flash de OS X.

1. Notre truc, c’est d’être ouverts. Le Mac avec OS X, c’est l’environnement le plus ouvert qui soit. Sauf quand il fait tourner Flash. Donc bye bye Flash.
2. Quasiment plus aucune vidéo n’utilise Flash aujourd’hui. Et ceux qui le font ne regarde pas vraiment. Croyez-moi.
3. Flash est la cause numéro 1 des plantages de Mac. Bon, plus maintenant.
4. La durée de la batterie. Je ne peux pas vous dire combien de mails je reçois de gens qui me demandent de désactiver Flash pour que leur MacBook Pro dure plus longtemps. Je veux dire, littéralement, je peux pas vous dire. Mais c’est beaucoup. Bon, les amis, votre souhait a été exaucé.
5. Les souris. Flash a été développé pour les souris. Le MacBook Pro n’en a pas.

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Adobe, voilà le truc. Je t’aime pas. Je t’ai jamais aimé. Je t’ai juste utilisé. Maintenant, tu te demandes pourquoi je t’évite dans la cafétéria à midi et pourquoi j’ignore tes messages de plus en plus pathétiques ?Adobe, la vérité c’est que je te kiffe pas. Je sais, ça fait mal d’entendre ça. Du moins, j’espère. Oui ? Bien. Maintenant, retourne à la table des tarés et mange ton repas, ok? Salut.

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Steve Jobs et ses concurrents

Parfois, on se dit que les mots de Fake Steve pourrait parfaitement se retrouver dans la bouche du vrai :

Huit mois après le début de leur Palm Tre, l’”iPhone-killer”, les chiffres sont mauvais et les objectifs sont revus à la baisse. Le PDG Jon Rubinstein, encore en plein déni, dit encore que les téléphones Palm sont les supers, les meilleurs, les plus fantastiques téléphones de tout le monde entier, même si, curieusement, “susciter la large adoption des produits Palm prend plus longtemps que ce que nous pensions“. Génial. Bonne nuit, et bonne chance, bande de loosers.

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“Don’t be evil“, nous dit Google. On dirait que Fake Steve n’y croit pas. Qu’en dirait le vrai ?

Selon Reuters, Eric [Schmidt, patron de Google, NdT.], était à Barcelone [pour le Mobile World Congress, en février dernier, NdT] pour essayer de convaincre les opérateurs de téléphonie mobile que Google était leur ami, pas leur ennemi. Passez ça au Schmidt-orateur et vous découvrez que Eric veut en fait dire que Google veut les attirer dans sa voiture en prétextant un plan restau/ciné; mais qu’une fois dans la voiture tu découvres que les portes sont verrouillées et ne peuvent plus être ouvertes, et avant que tu comprennes quoique ce soit, tu es drogué et bâillonné, et Google t’as amené dans une pièce effrayante et il porte un masque de cochon comme le mec dans Saw et il fait des choses terribles à ton arrière train.

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Steve Jobs et l’iPhone “volé”

Forcément, l’histoire de l’iPod volé a mis Fake Steve dans des états pas possible.

Avec un mandat, les flics sont rentrés dans la maison reporter/receleur-d’objets-volés Jason Chen et ont pris six ordinateurs. C’était il y a trois jours et Gizmodo vient juste de le dévoiler. Étrange non ?

Le chef de Gawker a dit que le mandat était pas valide parce qu’en Californie on ne peut pas faire irruption dans la maison d’un reporter et prendre ses affaires. Bon, excuse moi, de ce que je peux dire ça vient juste d’arriver. Et tu sais pourquoi c’est arrivé ? Parce que c’est mon État, Gawker. C’est moi qui fait les règles.

Le code pénal ? S’il-te-plaît. Cite tes petites lois tout ce que tu veux. Écris un mémo aux flics. Les flics m’appartiennent. Ils travaillent pour moi. Comme les juges et les procureurs.

[...] Bienvenue dans la jungle, mes petits gars. Vous les petits blagueurs, c’était une mauvaise idée de vous embrouiller avec moi. Oh vous vous êtes bien marré. Vous avez eu un gros “scoop”. Vous pensiez que vous étiez des champions ?

Bon, maintenant c’est mon tour. Et je ne me reposerai pas avant que votre “empire” entier ne soit réduit en poussière sous mes baskets.

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Nous n’avons pas essayé de nous introduire par effraction dans la maison de celui qui a vendu le prototype du nouvel iPhone. C’était nos enquêteurs privés, pas nous. Et ils ne sont pas rentrés par effraction. Ils ont juste essayé. En fait, ce qui s’est passé, c’est qu’ils sont arrivés et qu’ils ont intimidé le gamin jusqu’à ce qu’il les laisse fouiller dans ses affaires.

Parfaitement légal. Comportement parfaitement acceptable. Il n’y a pas de loi en Californie ou ailleurs, qui dit que c’est un crime d’aller chez quelqu’un, de lui demander de vous inviter à l’intérieur et de vous laisser fouiller dans ses affaires. Il n’y en a juste pas. Bordel, les Témoins de Jéhovah font ça tout le temps ! Excepté la partie où on fouille dans les affaires. Mais pourquoi pinailler sur des détails ?

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Steve Jobs et les secrets de fabrication d’Apple

On a souvent parlé du secret et du mystère qui entourait la conception, la fabrication et le développement des innovations d’Apple. Fake Steve aussi :

Je voudrais aussi remercier tous les ingénieurs et designers et programmeurs au sein d’Apple qui ont travaillé d’arrache-pied sur ce produit, suant corps et âme dans le secret le plus total. Je sais que ce ne fut pas facile. Vous avez du travailler sur une machine posé au fond d’une boîte en métal scellée, sans pouvoir voir ce que vous faisiez. La boite était enchaînée à un bureau, riveté au sol dans un bunker de béton et de plomb sans fenêtres. Et vos chevilles étaient enchaînées à ce même bureau.

Je sais que certains d’entre vous ont trouvé ça humiliant. Je sais que plusieurs d’entre vous n’ont pas apprécié d’utiliser un pot de chambre parce qu’ils n’étaient pas autorisés à aller aux toilettes. Mais tout de même, le design du pot de chambre était signé Jonny Ive et c’est un modèle d’élégance et de simplicité. Néanmoins, c’était pas l’expérience la plus marrante qui soit.

Je sais que certains d’entre vous ont renâclé discrètement quand ils ont su que leurs e-mails étaient lus et leurs téléphones placées sur écoute. Vous n’avez pas apprécié que l’on suive vos enfants à l’école et qu’on les interroge pour savoir si Papa ou Maman avaient parlé de leur travail. Les voitures garées devant chez vous la nuit, les coups de fils étranges à vos voisins et vos proches, les questionnaires sur vos habitudes sexuelles, les listes de vos partenaires que vous avez du nous fournir – je sais. Travailler à Apple n’est pas chose aisée. Mais je pense que vous serez d’accord avec moi quand je dis que ça vaut le coup. Je respecte votre abnégation et j’espère que vous appréciez tous ce nouvel appareil merveilleux que vous avez aidé à enfanter.

Publié ici. Et déjà traduit là.

Le multitasking a été un grand sujet de spéculation. La question de savoir si la quatrième version du système d’exploitation de l’iPhone allait, à l’instar de celui de l’iPad, permettre de lancer plusieurs applications à la fois a agité de nombreux internautes. Au grand dam de Fake Steve.

Putain, vous avez rien d’autre à faire de vos vies que de vous inquiéter de ce qu’on va ou pas faire pour la future version de l’iPhone ? Vraiment ? C’est ce que vous passez votre temps à faire ? Essayer de mettre votre nez dans ce qui pourrait arriver dans la prochaine version du système d’exploitation d’un téléphone ? Et d’en débattre ensuite dans des blogs et des fils de commentaires, et vous la tripoter en essayant de savoir qui prédit le mieux l’avenir d’Apple ?

Ecoutez-moi: trouvez-vous une vie. Allez dans les bois, promenez-vous. Faites du sport. Lisez un bon bouquin. Faites du bénévolat dans une banque alimentaire ou dans une association pour sans-abris. Allez dans une manif’ pour la réforme du système de santé. Mais Sainte Mère de Dieu, arrêtez de vous prendre la tête sur ce putain d’iPhone OK ? Répétez après moi : “c’est juste un iPhone”.

Prenez de la hauteur, bande de petites bites.

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Steve Jobs et l’actualité internationale

Plus loin que l’univers tech, ce faux Steve Jobs commente – au vitriol – l’actualité avec une acuité étonnante.

Je suis encore pas passé loin de la mort les mecs. J’exagère pas. Et j’ai pas d’assurance santé parce que je peux pas m’en offrir une, grâce à cette économie et à tous les étroits d’esprit qui ont une bonne assurance santé gratuite (les membres du Congrès et les Sénateurs) et qui ne veulent pas que nous ayons la même. J’ai vraiment la rage contre tout ces putains de politiciens, même Obama, qui va passer une demi-version de son truc, qui va se faire détruire par les Républicains dès qu’il en auront la possibilité.

C’est quoi le putain de bordel avec le modèle Allemand, didiou? Ce sont pas des putain de communistes, ils sont plus capitalistes qu’on ne le sera jamais, et leur système est en place depuis plus de 130 ans et a survécu à deux guerres mondiales, dont Hitler et la guerre froide, et leur économie est meilleure que la nôtre ne sera jamais, ils prêtent de l’argent aux Grecs, nous pas!

Comme je le vois, Goldman Sachs est la piqûre qui a bourré la gueule de nos alliés. J’espère que les trous du culs responsables vont être kidnappés par leurs services secrets, attachés à un vieux marbre Grec et jetés au fond de la mer Égée au milieu des vieilles épaves. Si j’étais Geithner, là je surveillerais mon cul de très près, parce que les Méditerranéens sont les bâtards revanchards avec la mémoire la plus longue de la planète. Aucun service secret, aucun Pinkerton, même pas Moïse peut te sauver de ces salauds.

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Steve Jobs et le messianisme illuminé

Mais là où Fake Steve atteint des sommets c’est sûrement quand il parle du “mysticisme” et des vues hautement philanthropiques du patron de Cupertino. C’est aussi là que la critique se fait la plus lisible et intéressante. A propos du lancement de l’iPad, il écrit :

Revenons à ces gens en train de faire la queue. C’est pas comme si vous étiez en Bolivie et qu’il venait d’y avoir un tremblement de terre et que vous aviez besoin de faire la queue pour de la nourriture et de l’eau potable. C’est pas comme si vous aviez fait un voyage dans le temps et étiez revenus à l’époque de la Grande Dépression, faisant la queue à la soupe populaire. Et pourtant c’est exactement ce que vous faites.

D’un point de vue spirituel, nous vivons bien dans une Grande Dépression et vous faites la queue par manque de subsistance. Nous vivons tous dans un monde que Deleuze et Guattari ont décrit de manière tellement visionnaire dans Capitalisme et Schizophrénie.

Si vous n’avez pas lu cette œuvre en 2 volumes absolument fondamentale, je vous recommande vivement d’attendre que nous mettions en vente les 2 livres sur notre magasin iBooks, où vous pourrez les commander sans problèmes. L’avantage, c’est que qu’à ce moment là, en les lisant, vous aurez l’impression étrange et circulaire de découvrir ce pourquoi vous avez acheté l’iPad dès le départ.

En vérité, c’est le vide spirituel qui est à l’origine de tout ça.

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Vous l’aurez compris, au delà de l’aspect humoristique, c’est une critique très intéressante et plutôt constructive de celui qui est sans aucun doute un des hommes qui a le plus influencé nos vies quotidiennes ces dix dernières années. Bien écrite et toujours pertinente, la critique, constamment présente en filigrane tout au long des articles (gros, parfois, le filigrane) est de fait bien loin des poncifs du genre.

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Crédit Photo CC Flickr : Jesusbelzunce.

Traduction / sélection : Martin U.