Ebook: le cahier Hadopi 2010
Le roman-feuilleton Hadopi a continué sur sa belle lancée de 2009, sur le mode "mieux vaut en rire de peur d'être obligé d'en pleurer".
C’était il y (plus d’) un an, il y a un siècle, il y a une éternité dans notre monde de flux constant: des individus connectés se réunissaient pour entamer une bataille au long cours contre Hadopi, et pour les libertés numériques. Au sein d’un éphémère “réseau des pirates”, ils affirmaient dans un “Pacte des libertés numériques” :
Il faut cesser de considérer l’Internet comme un espace où règne le non-droit, comme une zone de risques.
Internet est le laboratoire où la jeunesse invente de nouvelles manières de faire.
Le chantier où l’État et des collectivités publiques expérimentent de nouvelles relations avec les citoyens.
L’espace où s’invente peut-être la société de demain, fondée sur la coopération et l’échange : celle de “l’après-crise”.
Signé (entre autres) par une future eurodéputée (1), ce pacte marque aussi l’envol de la soucoupe OWNI, ce qui justifie que nous remontions aussi loin dans les archives.
La lutte contre la loi “Création et Internet” (plus connue sous le nom de loi Hadopi), prit plusieurs formes : travail juridique intense de la part de la Quadrature du Net, prise de position des acteurs de l”Internet français”, lol en barre, suivi efficace de l’actualité autour de cette question par Numerama, Ecrans, ReadWriteWeb ou PCInpact, et même manifestations.
Un ensemble de modalités d’action qui fit en sorte que des geeks de tous poils se penchent sur la manière dont des acteurs privés peuvent imposer une loi inefficace à nos représentants. Jamais le livestream de l’Assemblée n’a connu aussi forte affluence, et certains ont pu découvrir les joies de la fabrique de la loi à la française avec ses séances interminables, ses amendements par paquets, ses suspensions de séance stratégiques ou le désormais fameux “coup du rideau”.
Les débats qui agitaient Internet depuis un moment se sont rapidement retrouvés dans l’espace public, signe d’une perméabilité accrue entre nous autres, aliens surconnectés, et les médias dits “traditionnels”. Le 10 juin 2009, les détracteurs d’Hadopi gagnaient une bataille : le Conseil Constitutionnel censurait la loi (2). Du moins en partie. Sa décision reconnaissait en effet qu’on ne pouvait décider de suspendre l’accès à Internet d’un particulier sans intervention du juge.
Une bataille de gagnée, mais pas la guerre. Fin 2009, un nouveau texte prenant en compte les réserves du Conseil constitutionnel et baptisé Hadopi2 était voté. L’occasion pour la Quadrature du Net de rappeler que le grand perdant de cette bataille a été l’État de droit (3).
Benjamin Bayart élargit quant à lui le débat à un principe défendu en creux au cours de ces mobilisations, celui de neutralité du réseau (4) :
La bataille d’Hadopi n’a été, finalement, qu’une des batailles, ni la première, ni la dernière, de la guerre qui vise à obtenir ou maintenir la liberté d’expression sur les réseaux, et donc qui vise à consacrer le principe de la neutralité du réseau. C’est la première grande guerre des enjeux politiques du 21e siècle.
Imaginer un monde dans lequel ce principe serait foulée aux pieds, c’est ce que fait Emgenius dans long billet halluciné et fortement influencé par Star Wars (5), avant de laisser Bluetouff s’adresser à notre ministre de la Culture en revenant sur plus d’un an de bataille (6) :
Dans un siècle, HADOPI sera étudiée dans les classes d’histoire comme un épisode tragi-comique du 21e siècle.
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