Les data en forme
Ta tête dans le flux... de data. Cette semaine, la veille des journalistes de données d'OWNI vous embarque dans un projet de démocratie ouverte et dans de jolis univers graphiques issus de l'Open Data. Le monde de la donnée peut être beau, et vous pouvez être beau ou belle à l'intérieur de ce monde-là .
Le Centre de pédagogie urbaine (CUP) est une organisation à but non-lucratif qui tente d’améliorer l’engagement citoyen au moyen de l’art et du design. Ses projets “démystifient les politiques urbaines et les problèmes d’organisation qui ont un impact sur nos quartiers, pour que davantage d’individus puissent participer à leur modélisation”. Le projet “Envisioning Development: What is Affordable Housing?” [en] apporte un souffle de vitalité passionnant dans le monde en mouvements qui est le nôtre, et qui tourbillonne chaque jour davantage sous les frétillements de la masse curieuse devant l’inévitable. Le monde change, les citoyens s’emparent des sujets centraux de la société. C’est nouveau, et ça va tout changer.
L’idée de “affordable housing” (logement abordable) peut paraître banale, comme l’indique le site, sauf qu’il revêt souvent de nombreuses significations selon la position que vous vous attribuez sur l’échelle sociale. Le CUP a donc réalisé un atelier interactif en kit permettant de comprendre pourquoi la seule question vraiment importante à se poser au moment de bâtir des logements est : “abordable pour qui ?”. Un kit qui encourage donc le citoyen à devenir le porte-voix de la raison par la data afin d’évangéliser d’autres citoyens ainsi que les élus. Sans aucun doute la première graine new-yorkaise d’une longue série d’initiatives populaires qui viendront essaimer nos contrées au gré du vent printanier.
La data è mobile
Plus près de chez nous, l’un des joyaux culturel européen a rouvert cette semaine son portail Open Data : Florence [it]. Après un lancement discret en octobre dernier, la cité toscane se relance modestement en ajoutant à son patrimoine 180 petits jeux de données en licence CC-BY, et en enrichissant son offre d’une section de geodata permettant la création aisée de cartes, ainsi qu’en commençant à publier tout le bazar en Linked Open Data, autant dire que ça rigole pas.
En tout cas, les Florentins devraient permettre à l’Italie de remonter au classement PSI [en] élaboré par la plate-forme européenne du même nom, PSI signifiant “Public sector information”. Ce classement, toujours en version beta, est “un outil pour mesurer le niveau de l’Open Data et de la réutilisation des données publiques à travers l’Europe”. Le principe est amusant, sans grande prétention, et possède deux atouts à nos yeux : tout d’abord, c’est un projet entièrement fondé sur le principe du crowdsourcing, c’est-à -dire que l’EPSI compte sur les spécialistes de l’Open Data locaux pour remonter les initiatives de chaque pays ; en échange de quoi, l’ensemble des données récoltées seront reversées à la communauté lorsque le classement sortira de sa phase beta – ce qui serait imminent. Deuxième initiative plaisante : l’utilisation de la toute jeune plate-forme de création de visualisation de données infogr.am. Et ça, c’est vraiment bon esprit.
Tête dans le flux
L’Open Data et l’Open Gov, on sait évidemment en faire en France. (Tiens, petite bulle hors du temps, la lecture d’un récent billet du jeune patron des Données Ouvertes tricolores cause démocratie et transparence, gardons-le sous le coude.) La Poste, elle aussi, aime ça. Elle aurait tort de se priver : avec son incomparable maillage, avec les flux continus de matière qu’elle transmet quotidiennement au cÅ“ur de la société, avec l’époustouflant réseau qui tisse et relaie l’information en permanence, elle possède une sacrée matière à exploiter. C’est d’ailleurs ce qu’elle a fait en s’associant avec le laboratoire FaberNovel : en se basant sur “le fichier anonymisé des changements d’adresse de La Poste”, elle a démontré sa dextérité dans le maniement de la visualisation dynamique en mettant en scène de manière fort esthétique “les mouvements des familles depuis et vers les Bouches-du-Rhône” en 2009. En vert c’est d’où ça vient, en rouge c’est où ça va. Le projet “Flux2” est tout simplement beau à regarder.
Puisque nous en sommes aux (télé-)communications, on pourra aussi jeter un oeil cette semaine à l’intéressante initiative Sensor.ly, qui “aide les opérateurs mobiles à améliorer la qualité de leurs réseaux” grâce à une communauté de testeurs enregistrant quotidiennement “la présence de couverture et la puissance du signal radio reçu par leur terminal”. On aura compris que le projet, qui veut offrir au grand public un moyen simple de comparer la couverture des opérateurs mobile à travers le pays, aura donc besoin d’étoffer ladite communauté de testeurs s’il veut gagner en ampleur et en crédibilité. En tout état de cause, l’idée est bonne, et nous avons hâte de voir comment elle évoluera, et de quelle manière les opérateurs – qui n’ont pas toujours énormément d’humour lorsqu’il s’agit de mettre le doigt publiquement sur la qualité de leur service – s’empareront de ce sujet qui concerne la majeure partie de la population.
Datalife
Et puisqu’on en est à parler mobile et qu’on a toujours un immense plaisir à faire tourner les jolies data, un hommage à la Suisse et au projet “Ville Vivante” qui (re)trace de manière enthousiasmante la circulation permanente des téléphones au sein de la ville de Genève. Ce n’est pas la première fois que nous partageons notre admiration pour cette façon originale, comme gavée aux particules élémentaires, de fabriquer des cartes (é)mouvantes pour représenter la data. Celle-ci comme les autres semble unique, figée dans une géographie temporelle et féérique, abîmée dans l’irréel et l’abstraction d’un monde pourtant bien concret au travers des milliards de bits de données qu’il a fallu rassembler pour la produire.
Un petit concerto de J.S. Bach et le talent de Stephen Malinowski pour vous souhaiter une magnifique semaine à tou(te)s !
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