Les data en forme
La veille hebdomadaire des journalistes de données d'OWNI vous propose cette semaine de vous data-situer dans l'humanité, de visualiser votre dîner ou encore d'ouvrir les données de la Bible...
Présenter les volumes d’importations et d’exportations des pays du globe, depuis 1962 : complexe ? Un peu, mais the Observatory of Economic complexity (l’Observatoire de la complexité économique),1 ne recule pas devant la difficulté, comme son nom l’indique. Son but est de “cartographier les chemins vers la prospérité”.
Pour cela, ils proposent, outre un atlas papier bien dense, une application interactive qui permet ainsi de visualiser d’un coup d’œil les évolutions des échanges commerciaux des pays. Le tree map, associé à la timeline, est particulièrement efficace. Testez sur les importations des États-Unis de 1962 à 2008, et regardez les carrés bruns (le pétrole) et bleus clairs (les véhicules). La hausse est impressionnante.
7 milliards d’humains et moi et moi et moi
Le 31 octobre, la population mondiale atteindra les 7 milliards, d’après un rapport de l’ONU. Un chiffre qui en a inspiré plus d’un cette semaine, dans la galaxie data.
Les graphistes de la société Éclairage public ont ainsi proposé un “tour de l’humanité en une infographie”. Le monde est représenté dans un cercle, et la valeur (suivant les thématiques : âge, sexe, langues, localisation, religion, conditions) vient s’afficher au-dessus à la manière des graphiques en donuts.
Le choix d’un principe graphique unique pour toutes les représentations facilite les comparaisons et permet de retenir aisément quelques éléments clés. Au hasard : l’espagnol est autant parlé que l’anglais (4,8% de la population mondiale), 48% de la population vit avec moins de 2 € par jour, 13,3% souffrent de famine.
La BBC et The Guardian ont conçu une application similaire mettant en perspective, non seulement ce chiffre sacré de 7 milliards, mais l’ensemble des données qui y sont reliées : espérance de vie, croissance démographique des pays du globe, etc.
La BBC, qui a visiblement – et à raison – un faible pour la personnalisation des données (rappelez-vous de How big really et de How many really qui reliait l’importance des événements historiques ou des catastrophes naturelles à votre propre zone géographique ou votre nombre d’amis Facebook), propose cette fois-ci de découvrir votre “numéro d’humain” ou plus exactement de savoir combien de personnes vivaient déjà sur cette terre le jour de votre naissance. Ainsi, Paule d’Atha, selon des calculs hautement scientifiques, et surtout si elle était une vraie personne, aurait été le 4 379 504 601e humain de cette planète.
Vous pouvez également voir les données pour votre pays, selon votre sexe et obtenir un résultat d’ensemble.
We are all data
Data + humain est une équation qui a également inspiré le designer Evan Anthony pour son projet Bits and Base Pairs. Ce dernier est parti de l’idée que l’ensemble des informations contenues dans notre ADN pouvait être compressé jusqu’à 4MB (c’est-à -dire la part réellement “individuelle” de chaque génome). De ce lien entre données digitales et données génétiques, il en a tiré une poétique vidéo.
Plus terre-à -terre, Craig McAnuff, graphic designer, s’est offert pour ses 22 ans une petite data visualisation de sa vie, sobrement intitulée “plan.my.life”.
Il a disposé, autour d’un cercle, tant ses projets professionnels (“get a job”, “become a teacher”, “retire”) que sentimentaux (“get married”, “have children”) ou de loisirs (“Japan, life time dream trip”), avec des précisions parfois étranges (“more children, with american accent”). Craig McAnuff précise qu’il s’agit surtout d’un projet étudiant et que, en tant que croyant, “this is just a visual of how I want parts of plan of my life to map out, but it’s all in God’s hands” (“c’est juste une image représentant la manière dont je voudrais que les différents aspects de ma vie se déroulent, mais tout ça est entre les mains de Dieu“). On est rassurés.
Revenons à du sérieux. Nous avons bien aimé cette cartographie simple mais parlante de la diffusion de l’énergie nucléaire, par la BBC qui représente le nombre de réacteurs nucléaires, par pays, entre 1955 et 2011. Radical.
Minute rétro
Il y a quelques semaines, le Guardian republiait ce qu’il considérait être son premier travail de datajournalisme, remontant à 1821.
Autre preuve de l’intérêt de se plonger dans le passé : Edward Tufte, professeur de statistiques, d’économie, de design d’informations, surnommé “le Léonard Vinci des données” par le New York Times, mettait en valeur sur son blog cette semaine le travail de Megan Jaegerman, qui a produit parmi les plus belles infographies du Times.
Parcourir ses plages sont comme une balade gentiment nostalgique dans l’infographie des années 1990. Et qui incarne particulièrement ce qu’Edward Tufte écrit à propos de Megan Jaegerman : “elle avait l’âme d’une journaliste, qui se retrouve à utiliser des graphiques, des tableaux et des illustrations – aussi bien que des mots – pour expliquer ses infos.” Difficile de mieux définir le journalisme de données, en fin de compte.
On apprend également plein de choses en se plongeant dans ces infographies : qu’un chat peut coûter jusqu’à 450 dollars par an à son propriétaire, ou comment faire un saut réussi depuis un plongeoir de dix mètres.
A l’inverse, cette infographie de Job Vine, qui représente le parcours d’embauche chez Google, n’est pas avare en formes et en couleurs… Et pourrait bien vous faire réfléchir à deux fois avant de postuler chez eux, sauf si vous ne regardez que la partie “salaires”…
Au croisement de la cartographie et de l’œuvre d’art, l’excellent site Brain Pickings met en valeur le travail de Paula Scher et de ses cartes. Un coup d’œil valant mieux que des longs discours, on vous laisse admirer.
Hope n’data
Deux initiatives à saluer sur la planète Open Data cette semaine : l’ouverture du site des données publiques de la Ville de Montréal (oui encore eux) et du gouvernement espagnol : qui fait d’ailleurs un travail particulièrement intéressant sur son site dédié au tourisme, avec des infographies colorées et sympathiques.
Du travail pour les vacances
Pour ceux qui s’ennuient pendant leurs vacances, on vous rappelle que le concours CheckMyMap, pour réaliser un nouveau plan du métro parisien, court jusqu’au 4 novembre.
Petit résumé des enjeux : lancée il y a presque un an, l’application CheckMyMetro a pour vocation de permettre aux usagers du métro parisien de s’échanger des informations sur l’état du réseau (retards, présence de musiciens, et… des contrôleurs, parfois aussi). Son fondateur Benjamin Suchar, a souhaité améliorer ce service en proposant aux utilisateurs de consulter les horaires et le plan du réseau. La RATP a alors demandé à Apple de bloquer l’application pour violation de la propriété individuelle qui s’applique sur le plan du métro. Pour contourner cet obstacle, CheckMyMetro a lancé avec l’agence Creads, l’opération CheckMyMap pour designer un nouveau plan du métro parisien. Tous les détails ici.
En parlant de RATP, nous n’avons pas pu nous empêcher de remarquer que même la Bible avait ouvert ses données avant la société de transports. Cette infographie a appliqué aux différents épisodes des livres de la Bible la technique de l’analyse de sentiment (positif/négatif). Résultat : si vous êtes dépressifs, évitez le Livre des Rois.
Surtout, allez jeter un coup d’œil au surprenant site openbible.info qui permet entre autres de télécharger les données géolocalisées de la Bible. A quand un crowdsourcing des miracles ?
Data, WTF
Pour finir cette veille de la semaine, deux liens un peu “What the f* ?” que nous avons eu du mal à catégoriser mais qui nous ont interpellés.
Baroque.me visualise la première Prélude des Suites pour violoncelle de Bach de manière mathématique. Le projet représente en effet les notes comme des cordes et transpose leur longueur et leur structure selon des points. Ou comment montrer de façon interactive et novatrice que la musique classique répond à des schémas organisationnels précis.
Enfin, bonne nouvelle : la data s’invite à votre table. Pour ceux qui auraient du mal à cuisiner et assortir leurs aliments, l’application par FoodParing vous permet de sélectionner un ingrédient (parmi une centaine dans la version gratuite) et de visualiser avec quel autre type d’aliments (ou de boisson) il se marierait le mieux : plus l’élément est proche, mieux il accompagnera l’ingrédient.
Bon datappétit.
Retrouvez les précédents épisodes des Data en forme !
- un conglomérat formé par l’Institut de technologie du Massachusetts, le Media Lab du groupe Macro Connections et le centre pour le développement international de l’Université de Harvard [↩]
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